L'Allemagne scelle avec Israël un accord «historique» sur l'achat du bouclier antimissiles Arrow

Le ministre allemand de la Défense Boris Pistorius (à droite) et son homologue israélien Yoav Gallant se donnent la main après avoir signé une déclaration d'intention sur le projet de défense antimissile ARROW 3 au ministère de la Défense à Berlin le 28 septembre 2023. (AFP)
Le ministre allemand de la Défense Boris Pistorius (à droite) et son homologue israélien Yoav Gallant se donnent la main après avoir signé une déclaration d'intention sur le projet de défense antimissile ARROW 3 au ministère de la Défense à Berlin le 28 septembre 2023. (AFP)
Short Url
Publié le Vendredi 29 septembre 2023

L'Allemagne scelle avec Israël un accord «historique» sur l'achat du bouclier antimissiles Arrow

  • Le système Arrow, dont la livraison est attendue en 2025, "préparera la défense aérienne allemande pour l'avenir", a déclaré le ministre allemand de la Défense lors de la signature de l'accord commercial à Berlin avec son homologue israélien
  • Israël avait présenté ce contrat, d'une valeur estimée à 3,5 milliards de dollars, comme "le plus gros jamais signé" par Israël, dont l'industrie de la défense est un secteur phare

FRANCFORT: L'Allemagne, en phase de réarmement depuis l'invasion russe de l'Ukraine, a entériné jeudi l'achat à Israël du système de défense antimissiles Arrow-3, un accord "historique" qui doit aussi contribuer à sécuriser le ciel européen.

Le système Arrow, dont la livraison est attendue en 2025, "préparera la défense aérienne allemande pour l'avenir", a déclaré le ministre allemand de la Défense Boris Pistorius lors de la signature de l'accord commercial à Berlin avec son homologue israélien Yoav Gallant.

"C'est, sans exagération, un jour historique pour nos deux nations", a souligné M. Pistorius.

Israël avait présenté ce contrat, d'une valeur estimée à 3,5 milliards de dollars, comme "le plus gros jamais signé" par Israël, dont l'industrie de la défense est un secteur phare.

Cet accord est "émouvant pour chaque juif", intervenant "80 ans seulement après la fin de la Seconde Guerre mondiale" et de la "tragédie de l'Holocauste", a déclaré de son côté M. Gallant.

La santé florissante de l'industrie de défense israélienne

Elle se nourrit d'un état de conflit permanent depuis 1948 et surfe sur la course aux armements, relancée notamment par la guerre en Ukraine : l'industrie de défense israélienne jouit d'une croissance soutenue et d'une image flatteuse auprès de ses clients.

Les exportations israéliennes d'armement ont atteint un record de 12,5 milliards de dollars (11,5 milliards d'euros) en 2022 contre 7,2 milliards en 2019. L'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri) classe Israël comme le 9e exportateur mondial du secteur.

Dernier succès en date: l'Allemagne, en phase de réarmement depuis l'invasion russe de l'Ukraine, a entériné jeudi l'achat à Israël du système de défense antimissiles Arrow-3, un accord "historique" qui doit aussi contribuer à sécuriser le ciel européen.

Israël avait présenté ce contrat, d'une valeur estimée à 3,5 milliards de dollars, comme "le plus gros jamais signé" par le pays.

Développé par Israel Aerospace Industries (IAI) avec l'Américain Boeing, Arrow-3 est censé intercepter des engins - éventuellement porteurs d'ogives nucléaires - au-dessus de l'atmosphère avec une portée qui irait jusqu'à 2.400 km.

Autre contrat de prestige, la Finlande, le lendemain de son adhésion à l'Otan en avril, a annoncé convoiter la "Fronde de David" (David’s Sling) pour 316 millions d'euros, pour contrer missiles de croisières, drones et roquettes à une distance comprise entre 40 et 300 kilomètres.

«Efficaces»
Des succès largement soutenus par Washington. En 2021, le Département d'Etat évoquait plus de 125 milliards de dollars versés depuis la création d'Israël en 1948 dans le cadre de l'assistance militaire bilatérale. Ces programmes ont permis "la transformation des forces de défense israéliennes en une des armées (...) les plus efficaces", assurait-il alors.

En février 2022, l'invasion de l'Ukraine par la Russie a douché les espoirs de paix en Europe. Israël s'est abstenu de vendre des armes à l'Ukraine.

Mais la guerre "a créé une demande pour les systèmes militaires partout dans le monde, bénéficiant à toutes les industries de défense occidentales, de même qu'à Israël", explique Uzi Rubin, expert à l'Institut de Jérusalem pour la stratégie et la sécurité (JISS) et père du programme de défense anti-missiles israélien.

Elliot Chapman, analyste Moyen-Orient et Afrique du Nord pour la société britannique de renseignement Janes, relève que 41% des pays ciblés à l'export par Israël en 2019 étaient des pays européens.

Pour autant, ces derniers "sont plus attentifs que jamais à la conservation de leurs capacités propres", tempère-t-il. Notamment Paris, dont le président Emmanuel Macron défend avec ardeur "l'autonomie stratégique" du vieux continent.

Enjeux régionaux

L'affrontement entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan, dont le dernier avatar a tourné à la victoire éclair de Bakou, a aussi permis à Israël de s'illustrer : ses drones vendus à l'Azerbaïdjan ont démontré leur efficacité lors de leur précédent affrontement en 2020.

La normalisation depuis 2020, sous l'impulsion des Etats-Unis, des relations entre Israël et les Emirats arabes unis, Bahreïn, le Maroc et le Soudan dans le cadre des accords dits d'Abraham, a aussi largement pesé. Les ventes d'armes vers ces pays ont représenté 24% du total des exportations en 2022.

Mais sur le long terme, Israël, en situation de guerre quasi permanente depuis 1948, recueille le bénéfice de sa propre situation géopolitique.

Groupe public, IAI défend ainsi sa capacité d'adaptation par la nécessité de défendre son propre territoire. "Chaque guerre apporte de nouvelles compétences, de nouvelles capacités et nous ne devons pas nous laisser surprendre", résume Boaz Levy, son PDG.

Yuval Steinitz, patron de Rafael, l'autre mastodonte public des industries de défense israéliennes, relève pour sa part que son groupe dépense annuellement jusqu'à 5 mds de shekels (1,2 md d'euros) pour la recherche. "Nous avons toujours été dans une course aux armements avec nos ennemis, c'est quelque chose que nous savons gérer".

M. Rubin confirme à cet égard qu'Israël exporte "des systèmes militaires développés pour sa propre défense, basés sur les leçons de ses guerres récentes et souvent déjà éprouvés au combat".

Reste à gérer l'adéquation entre les besoins d'un tout petit pays et les logiques des puissances occidentales.

"La priorité de l'industrie de défense d'Israël est de répondre avant toute chose à ses besoins stratégiques. Là où ces exigences divergent de celles de l'Europe, il est peu probable qu'elle fasse des adaptations significatives pour répondre aux marchés à l'exportation", estime M. Chapman.

Le système Arrow est développé et fabriqué par l'entreprise Israel Aerospace Industries (IAI) en collaboration avec le constructeur d'avions américain Boeing.

Arrow-3, le niveau supérieur de ce dispositif antimissiles, est destiné à intercepter des engins au-dessus de l'atmosphère avec une portée qui pourrait aller jusqu'à 2.400 km.

Cet armement a ainsi une portée nettement supérieure à celle du système américain de défense antiaérienne Patriot et du système IRIS-T utilisés jusqu'à présent en Allemagne.

Berlin a prévu d'ajouter le dispositif Arrow à ces deux systèmes pour former son projet de bouclier antimissile européen, lancé par Olaf Scholz après le début de l'invasion russe en Ukraine.


Les Etats-Unis prennent de nouvelles sanctions contre le Venezuela qui dénonce un acte de «piraterie»

Le gouvernement américain a annoncé jeudi de nouvelles sanctions contre des compagnies maritimes opérant au Venezuela et des proches du président Nicolas Maduro, qui a dénoncé un acte de "piraterie maritime" après l'arraisonnement spectaculaire d'un pétrolier par les Etats-Unis au large de son pays. (AFP)
Le gouvernement américain a annoncé jeudi de nouvelles sanctions contre des compagnies maritimes opérant au Venezuela et des proches du président Nicolas Maduro, qui a dénoncé un acte de "piraterie maritime" après l'arraisonnement spectaculaire d'un pétrolier par les Etats-Unis au large de son pays. (AFP)
Short Url
  • L'administration du président américain Donald Trump accuse Nicolas Maduro d'être à la tête d'un vaste réseau de narcotrafic, ce que l'intéressé dément catégoriquement, affirmant que Washington cherche à le renverser pour s'emparer du pétrole de son pays
  • L'annonce de ces nouvelles sanctions intervient après la saisie par les forces américaines mercredi en mer des Caraïbes d'un pétrolier, le Skipper, qui selon des responsables américains transportait du pétrole en provenance du Venezuela et d'Iran

WASHINGTON: Le gouvernement américain a annoncé jeudi de nouvelles sanctions contre des compagnies maritimes opérant au Venezuela et des proches du président Nicolas Maduro, qui a dénoncé un acte de "piraterie maritime" après l'arraisonnement spectaculaire d'un pétrolier par les Etats-Unis au large de son pays.

Ces sanctions contre "le régime illégitime de Nicolas Maduro au Venezuela" visent trois neveux de l'épouse du président que Washington accuse d'être des narcotrafiquants, un homme d'affaires panaméen soupçonné d'avoir facilité les transactions pétrolières de Caracas, et six compagnies maritimes accusées d'avoir transporté du pétrole vénézuélien, a annoncé le Trésor américain dans un communiqué.

Ces personnes et entreprises se voient interdire toute transaction avec une société ou individu américains et leurs avoirs aux Etats-Unis sont gelés.

L'administration du président américain Donald Trump accuse Nicolas Maduro d'être à la tête d'un vaste réseau de narcotrafic, ce que l'intéressé dément catégoriquement, affirmant que Washington cherche à le renverser pour s'emparer du pétrole de son pays.

L'annonce de ces nouvelles sanctions intervient après la saisie par les forces américaines mercredi en mer des Caraïbes d'un pétrolier, le Skipper, qui selon des responsables américains transportait du pétrole en provenance du Venezuela et d'Iran à destination de Cuba.

"Ils ont enlevé les membres d'équipage, volé le navire et inauguré une nouvelle ère, l'ère de la piraterie navale criminelle dans les Caraïbes", a protesté jeudi soir M. Maduro à la télévision publique.

Résumant la stratégie américaine, la porte-parole de la Maison Blanche, Karoline Leavitt, a déclaré que le président Donald Trump n'entendait pas "rester les bras croisés à regarder des navires sanctionnés naviguer sur les mers avec du pétrole provenant du marché noir, dont les profits alimenteront le narcoterrorisme de régimes voyous et illégitimes".

Elle a précisé que le navire serait dirigé vers un port américain et que les Etats-Unis avaient "l'intention d'en saisir le pétrole", reconnaissant cependant que cela posait des questions légales.

Washington a déployé un important dispositif militaire dans les Caraïbes depuis cet été, et bombardé des embarcations suspectées de narcotrafic en provenance du Venezuela. Mais c'est la première fois que le président américain ordonne la saisie d'un pétrolier, visant à priver Caracas de sa principale source de revenus.

Soumis à un embargo depuis 2019, Caracas est obligé d'écouler sa production pétrolière sur le marché noir à des prix nettement plus bas, à destination en particulier de la Chine. La saisie du pétrolier pourrait peser sur ces exportations, en dissuadant les acheteurs potentiels.

Soutien de Moscou 

M. Maduro a indiqué que Caracas allait lancer "les actions juridiques et diplomatiques appropriées". Sans dire que quelle nationalité était le navire, il a précisé qu'il transportait "vers les marchés internationaux 1.900.000 barils de pétrole — pétrole qui a été payé au Venezuela, car quiconque importe du pétrole le paie d’abord".

La ministre américaine de la Justice, Pam Bondi, a publié sur son compte X une vidéo de 45 secondes montrant l'assaut de soldats américains armés débarquant sur le pont d'un navire depuis un hélicoptère.

Selon les données du site Vesselfinder vendredi à 05H30 GMT, le Skipper se trouvait dans les eaux internationales au sud-est de l'archipel français de la Guadeloupe, et se dirigeait vers le nord.

Le navire en question a été sanctionné par le Trésor américain en 2022 pour des liens présumés avec le Corps des gardiens de la révolution islamique iranien et le Hezbollah.

Lors d'un échange téléphonique avec M. Maduro, le président russe, Vladimir Poutine, lui "a exprimé sa solidarité" et a "confirmé son soutien" à sa politique "visant à protéger ses intérêts nationaux et sa souveraineté dans un contexte de pressions extérieures croissantes", a expliqué le Kremlin dans un communiqué.

Aux Etats-Unis, l'opposition démocrate s'est inquiétée de cette escalade et des intentions réelles du président Trump.

Le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva a affirmé jeudi avoir mis en garde son homologue américain lors d'un appel téléphonique le 2 décembre.

"Je lui ai dit: Trump, nous ne voulons pas d'une guerre en Amérique latine", a déclaré Lula, selon qui le président américain a alors répondu: "mais moi j'ai plus d'armes, plus de bateaux, plus de bombes".


Japon: séisme de magnitude 6,7 au nord du pays, fin de l'alerte au tsunami

Un séisme de magnitude 6,7 s'est produit vendredi au large du nord du Japon, quelques jours après une secousse de niveau 7,5 dans la même zone, qui avait fait au moins 50 blessés. (AFP)
Un séisme de magnitude 6,7 s'est produit vendredi au large du nord du Japon, quelques jours après une secousse de niveau 7,5 dans la même zone, qui avait fait au moins 50 blessés. (AFP)
Short Url
  • La chaîne de télévision publique NHK a précisé qu'aucun changement notable du niveau de l'eau n'avait été observé dans les deux ports
  • L'Institut d'études géologiques américain USGS avait également mesuré à une magnitude de 6,7 cette secousse survenue à 11h44 (02H44 GMT), précisant qu'elle s'est produite à 130 kilomètres au large de Kuji, dans le département d'Iwate

TOKYO: Un séisme de magnitude 6,7 s'est produit vendredi au large du nord du Japon, quelques jours après une secousse de niveau 7,5 dans la même zone, qui avait fait au moins 50 blessés.

L'agence météorologique japonaise (JMA) avait dans un premier temps mis en garde contre des vagues de tsunami pouvant atteindre un mètre sur la côte Pacifique au nord.

Au final, des vagues atteignant 20 centimètres ont été enregistrées à deux endroits, sur l'île septentrionale d'Hokkaido et au nord de l'île principale de Honshu, a annoncé l'agence, qui a ensuite indiqué qu'il n'y avait plus de risque de tsunami.

La chaîne de télévision publique NHK a précisé qu'aucun changement notable du niveau de l'eau n'avait été observé dans les deux ports.

L'Institut d'études géologiques américain USGS avait également mesuré à une magnitude de 6,7 cette secousse survenue à 11h44 (02H44 GMT), précisant qu'elle s'est produite à 130 kilomètres au large de Kuji, dans le département d'Iwate, sur l'île principale de Honshu.

La NHK a précisé que l'intensité des secousses était inférieure à celle du tremblement de terre de lundi soir, qui avait fait tomber des objets des étagères, endommagé des routes, brisé des vitres et déclenché des vagues de tsunami atteignant 70 centimètres.

À la suite de ce premier séisme, un ordre d'évacuation a été émis jeudi pour les habitants vivant près d'une tour métallique de 70 mètres endommagée à Aomori (nord), ont rapporté des médias locaux, les autorités évoquant un risque d'effondrement.

L'Autorité de régulation nucléaire a de son côté indiqué qu'aucune anomalie n'avait été détectée dans les installations nucléaires de la région.

Après la secousse de lundi, la JMA avait adressé une rare mise en garde contre un éventuel nouveau tremblement de terre pour les sept jours suivants, d'une magnitude supérieure ou égale.

L'alerte concerne la zone de Sanriku - la pointe nord-est de la grande île de Honshu - ainsi que l'île septentrionale de Hokkaido.

La région est toujours traumatisée par le séisme de magnitude 9,0 de mars 2011, qui avait déclenché un tsunami, à l'origine de quelque 18.500 morts ou disparus.

En août 2024, la JMA avait émis son tout premier avertissement spécial, cette fois-ci pour la partie sud de la côte pacifique du Japon, face à l'éventualité d'une secousse de forte ampleur le long de la fosse de Nankai, au large du pays.

Cette fosse sous-marine de 800 kilomètres est la zone où la plaque océanique de la mer des Philippines "s'enfonce" lentement sous la plaque continentale sur laquelle repose le Japon.

Le gouvernement estime qu'un séisme dans la fosse de Nankai, suivi d'un tsunami, pourrait tuer jusqu'à 298.000 personnes et causer jusqu'à 2.000 milliards de dollars de dégâts.

L'avis de l'an dernier avait été levé une semaine plus tard, mais il avait provoqué des achats massifs de produits de base comme du riz et poussé des vacanciers à annuler leurs réservations.

Le Japon se trouve à la jonction de quatre grandes plaques tectoniques, sur la bordure occidentale de la "ceinture de feu" du Pacifique, et figure parmi les pays les plus actifs sismiquement au monde.

L'archipel, qui compte environ 125 millions d'habitants, subit quelque 1.500 secousses chaque année. La grande majorité sont légères, bien que les dégâts varient selon leur localisation et leur profondeur sous la surface terrestre.


Le Soudan du Sud annonce un accord avec les belligérants soudanais sur un champ pétrolier frontalier

Les autorités du Soudan du Sud ont annoncé mercredi avoir conclu un accord avec les belligérants du conflit au Soudan voisin, chargeant l'armée sud-soudanaise de sécuriser un champ pétrolier-clé situé sur une zone frontalière, dont les paramilitaires soudanais se sont emparés lundi. (AFP)
Les autorités du Soudan du Sud ont annoncé mercredi avoir conclu un accord avec les belligérants du conflit au Soudan voisin, chargeant l'armée sud-soudanaise de sécuriser un champ pétrolier-clé situé sur une zone frontalière, dont les paramilitaires soudanais se sont emparés lundi. (AFP)
Short Url
  • Le Kordofan est devenue l'épicentre actuel des combats, après la prise de contrôle en octobre de la totalité de celle du Darfour, dans l'ouest du pays, par les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) qui affrontent les Forces armées soudanaises
  • "Un accord tripartite a été conclu entre les SSPDF (Forces armées sud-soudanaises), les SAF et les FSR, accordant aux SSPDF la responsabilité principale de la sécurité du champ pétrolier de Heglig (...) dans un contexte de tensions croissantes"

JUBA: Les autorités du Soudan du Sud ont annoncé mercredi avoir conclu un accord avec les belligérants du conflit au Soudan voisin, chargeant l'armée sud-soudanaise de sécuriser un champ pétrolier-clé situé sur une zone frontalière, dont les paramilitaires soudanais se sont emparés lundi.

Le site de Heglig, qui abrite la principale installation de traitement du pétrole sud-soudanais destiné à l'exportation via Port-Soudan, est situé à l'extrême sud de la région soudanaise méridionale du Kordofan, frontalière du Soudan du Sud.

Le Kordofan est devenue l'épicentre actuel des combats, après la prise de contrôle en octobre de la totalité de celle du Darfour, dans l'ouest du pays, par les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) qui affrontent les Forces armées soudanaises (SAF) depuis 2023.

"Un accord tripartite a été conclu entre les SSPDF (Forces armées sud-soudanaises), les SAF et les FSR, accordant aux SSPDF la responsabilité principale de la sécurité du champ pétrolier de Heglig (...) dans un contexte de tensions croissantes", a déclaré le porte-parole du gouvernement du Soudan du Sud, Ateny Wek Ateny.

Le Soudan du Sud, préoccupé par l'insécurité croissante le long du champ pétrolier, a "toujours plaidé en faveur d'une solution pacifique et diplomatique", a souligné M. Ateny lors d'une conférence de presse, sans donner de détails supplémentaires sur le contenu de l'accord.

Importantes réserves pétrolières 

"La production pétrolière se poursuit", a assuré le porte-parole, assurant ne pas avoir d'informations sur des "dégâts importants ayant pu faire cesser la production".

L'AFP n'a pas pu vérifier ces informations.

Contactés par l'AFP, le RSF et l'armée soudanaise n'ont pas réagi dans l'immédiat sur l'accord.

Les FSR ont annoncé en début de semaine avoir pris le contrôle de Heglig "après la fuite de l'armée" soudanaise.

Selon Juba, quelque 1.650 sous-officiers et 60 officiers ayant abandonné leurs positions sur le site pétrolier et déposé leurs armes au Soudan du Sud devraient être rapatriés vers le Soudan.

Les FSR ont cette semaine accusé l'armée soudanaise d'avoir mené une attaque de drone contre le champ pétrolier, qui aurait tué "des dizaines" de personnes, dont des ouvriers et des ingénieurs.

Lors de son indépendance du Soudan en 2011, le Soudan du Sud a hérité de 75% des réserves pétrolières du Soudan pré-sécession, mais, enclavé, continue de dépendre des infrastructures soudanaises pour l'exporter.

Malgré l'exploitation de ce pétrole, le plus jeune pays du monde connaît depuis des années une grande instabilité et un très fort taux de pauvreté.

Au Soudan, la guerre entre l'armée et les paramilitaires a tué depuis deux ans et demi des dizaines de milliers de personnes et provoqué le déplacement de douze millions d'habitants, mais aussi dévasté les infrastructures du pays.