L’Agriculture saharienne, un choix stratégique?

Des cultures de blé en Algérie. (Photo fournie).
Des cultures de blé en Algérie. (Photo fournie).
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Publié le Lundi 02 octobre 2023

L’Agriculture saharienne, un choix stratégique?

  • Mohamed Abdelhafid Henni a rappelé l'engagement des autorités publiques à accompagner tous les projets prometteurs et à répondre aux préoccupations des investisseurs dans le secteur
  • Ahmed Kettab, expert international des questions de l'eau et de l'environnement, aborde l'optimisation de l'utilisation de l'eau pour l'irrigation agricole dans les zones semi-arides

PARIS: Pour atteindre l’autosuffisance alimentaire, l’Algérie mise sur les potentialités agricoles du sud du pays. Lors de sa visite dans la wilaya de Touggourt, le 21 août 2023, le ministre algérien de l’Agriculture et du Développement rural, Mohamed Abdelhafid Henni, a souligné l’importance d’orienter le secteur vers l’agriculture saharienne, qualifiant ce choix de stratégique pour le pays.

Il a ainsi mis l’accent sur la nécessité d’augmenter les investissements dans les potentialités agricoles dans les régions du Sud. «Il convient d’investir dans les atouts agricoles que recèle le sud du pays pour atteindre l’autosuffisance alimentaire, et de relever les défis conjoncturels et futurs», a-t-il déclaré lors de cette visite. Il a également précisé que «Touggourt recèle d’importantes potentialités agricoles lui permettant de jouer un premier rôle en termes de rentabilité agricole qualitative».

Mohamed Abdelhafid Henni a rappelé l'engagement des autorités publiques à accompagner tous les projets prometteurs et à répondre aux préoccupations des investisseurs dans le secteur, notamment celles liées à l’électrification des terres agricoles et à la mobilisation des eaux pour l’irrigation.

Encouragement et développement

Le ministre de tutelle n’a pas manqué de souligner que la stratégie de son département repose, entre autres, sur l’encouragement et le développement de produits stratégiques tels que les céréales, les fourrages, la betterave sucrière ou encore le tournesol.

En effet, en juin 2023, l’Office de développement de l’agriculture industrielle en terres sahariennes (Odas) a lancé son troisième appel à projets d’investissement agricole et agro-industriel dans les régions sahariennes, visant le développement des secteurs stratégiques. Ce dernier concerne une surface totale de près de 227 500 hectares, comprenant une quarantaine de périmètres répartis à travers huit wilayas: Illizi, Ouargla, Adrar, Djanet, Timimoune, Touggourt, Laghouat et El-Meniaa.

EN BREF

 

Le portefeuille foncier de l’Odas dédié aux cultures stratégiques couvre désormais une superficie totale d’environ 460 000 hectares.

Ces périmètres s’étendent sur neuf wilayas du Grand Sud: El Meniaa (75 700 hectares), Ouargla (72 141), Illizi (71 991), Adrar (58 807), Timimoune (38 773), Touggourt (28 452), Djanet (20 964), Ghardaïa (17 895) et, enfin, Laghouat (17 466).

Pour garantir la sécurité alimentaire, des mesures ont été adoptées afin de stimuler les investissements dans le secteur agricole, en mettant particulièrement l’accent sur le développement de l’agriculture céréalière. Plus concrètement, un plan stratégique pour la période 2023-2028, articulé autour de trois axes stratégiques et dix-sept objectifs opérationnels, a été présenté aux professionnels et institutions du secteur lors d’une journée consacrée à la filière céréalière. Élaboré en collaboration avec le ministère de l’Enseignement supérieur, ce plan propose des mesures concrètes comme la subvention des semences, des engrais et du matériel d’irrigation, l’octroi de crédits ainsi qu’une augmentation du prix d’achat du blé.

Économiser l’eau

Dans une interview accordée à Arab News en français, Ahmed Kettab, expert international des questions de l'eau et de l'environnement, aborde l'optimisation de l'utilisation de l'eau pour l'irrigation agricole dans les zones semi-arides. Il explique que «les méthodes traditionnelles d'irrigation, telles que l'épandage d'eau ou l'utilisation de rigoles, entraînent une consommation d'eau de l'ordre 8 000 m3 par hectare par an. En revanche, l’irrigation par aspersion, qui simule l’arrosage par la pluie, permet de réduire cette consommation de moitié, soit l’équivalent de 3 000 à 5 000 m3 par hectare par an».

Ahmed Kettab souligne également les avantages de l'irrigation «goutte à goutte» ou localisée, qui consiste «à ramener l’eau jusqu’aux racines des plantes. Cette technique permet d’économiser beaucoup d’eau, avec une consommation d'environ 800 à 1 000 m3 par hectare par an au lieu des 8 000 habituels». L’expert insiste par ailleurs sur la nécessité «d’adopter des irrigations goutte à goutte localisées et informatisées, et d’investir dans le matériel, la formation des agriculteurs ainsi que la recherche».

Enfin, M. Kettab insiste: « Il est utile, pour ne pas dire indispensable et obligatoire, d’irriguer d’abord avec les eaux usées traitées avant d’utiliser les eaux des barrages ou des eaux souterraines.»


Taxe Zucman : «truc absurde», «jalousie à la française», selon le patron de Bpifrance

Nicolas Dufourcq, patron de Bpifrance, la banque publique d'investissement, a critiqué avec virulence mercredi l'idée d'une taxe Zucman, évoquant un "truc absurde", et "une histoire de jalousie à la française". (AFP)
Nicolas Dufourcq, patron de Bpifrance, la banque publique d'investissement, a critiqué avec virulence mercredi l'idée d'une taxe Zucman, évoquant un "truc absurde", et "une histoire de jalousie à la française". (AFP)
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  • M. Dufourcq, qui était interrogé sur RMC, a estimé que la taxe, dont le principe est d'imposer chaque année les contribuables dont la fortune dépasse 100 millions d'euros à hauteur de 2% de celle-ci, était "un truc complètement absurde"
  • Notant qu'avec la taxe Zucman, ils "paieraient tous en papier (en actions, NDLR) leurs 2%", M. Dufourcq a observé : "C'est moi, c'est la Bpifrance qui va gérer ce papier"

PARIS: Nicolas Dufourcq, patron de Bpifrance, la banque publique d'investissement, a critiqué avec virulence mercredi l'idée d'une taxe Zucman, évoquant un "truc absurde", et "une histoire de jalousie à la française".

M. Dufourcq, qui était interrogé sur RMC, a estimé que la taxe, dont le principe est d'imposer chaque année les contribuables dont la fortune dépasse 100 millions d'euros à hauteur de 2% de celle-ci, était "un truc complètement absurde", mais qui selon lui "n'arrivera pas".

Mais "ça panique les entrepreneurs : ils ont construit leur boîte et on vient leur expliquer qu'on va leur en prendre 2% tous les ans. Pourquoi pas 3? Pourquoi pas 4? C'est invraisemblable!", a-t-il déclaré.

Notant qu'avec la taxe Zucman, ils "paieraient tous en papier (en actions, NDLR) leurs 2%", M. Dufourcq a observé : "C'est moi, c'est la Bpifrance qui va gérer ce papier" : "Donc demain j'aurai 2% du capital de LVMH, dans 20 ans 20%, 20% du capital de Pinault-Printemps-Redoute (Kering, NDLR), 20% du capital de Free. C'est délirant, c'est communiste en réalité, comment est-ce qu'on peut encore sortir des énormités comme ça en France!?"

"Ces gens-là tirent la France. Il faut les aider (...) au lieu de leur dire qu'on va leur piquer 2% de leur fortune".

Il a observé que "si on pique la totalité de celle de Bernard Arnault, ça finance 10 mois d'assurance-maladie", mais qu'après "il n'y a plus d'Arnault".

"Il n'y a pas de trésor caché", a estimé M. Dufourcq, qui pense que cette taxe "n'arrivera jamais", et n'est évoquée que "pour hystériser le débat" politique.

Pour lui, il s'agit "d'une pure histoire de jalousie à la française, une haine du riche, qui est soi-disant le nouveau noble", rappelant les origines modestes de François Pinault ou Xavier Niel: "c'est la société française qui a réussi, on devrait leur dresser des statues".

"Il y a effectivement des fortunes qui passent dans leur holding des dépenses personnelles", a-t-il remarqué, "c'est ça qu'il faut traquer, et c'est ce sur quoi le ministère des Finances, je pense, travaille aujourd'hui".

Mais il y a aussi "beaucoup de Français qui passent en note de frais leurs dépenses personnelles", a-t-il observé. "Regardez le nombre qui demandent les tickets dans les restaus", pour se les faire rembourser.


IA: Google investit 5 milliards de livres au Royaume-Uni avant la visite de Trump

Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
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  • Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat
  • Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres

LONDRES: Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays.

Cette somme financera "les dépenses d'investissement, de recherche et développement" de l'entreprise dans le pays, ce qui englobe Google DeepMind (le laboratoire d'IA du géant californien), a indiqué le groupe dans un communiqué.

Google ouvre mardi un centre de données à Waltham Cross, au nord de Londres, dans lequel il avait déjà annoncé l'an dernier injecter un milliard de dollars (850 millions d'euros). La somme annoncée mardi viendra aussi compléter ce financement, a précisé un porte-parole de l'entreprise à l'AFP.

Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat.

Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres.

Selon un responsable américain, qui s'exprimait auprès de journalistes, dont l'AFP, en amont de la visite, les annonces se porteront à "plus de dix milliards, peut-être des dizaines de milliards" de dollars.

Le gouvernement britannique avait déjà dévoilé dimanche plus d'un milliard de livres d'investissements de banques américaines dans le pays, là aussi en amont de la visite d'Etat du président Trump.

Et l'exécutif britannique a annoncé lundi que Londres et Washington allaient signer un accord pour accélérer les délais d'autorisation et de validation des projets nucléaires entre les deux pays.

Depuis le début de la guerre en Ukraine, Londres redouble d'efforts pour se dégager des hydrocarbures et a fait du nucléaire l'une de ses priorités.

Le partenariat avec Washington, baptisé "Atlantic Partnership for Advanced Nuclear Energy", doit lui aussi être formellement signé lors de la visite d'État de Donald Trump.

 


La note française menacée de passer en catégorie inférieure dès vendredi

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
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  • La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne
  • Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie

PARIS: Fitch sera-t-elle vendredi la première agence de notation à faire passer la note souveraine française en catégorie inférieure? Les économistes, qui le pensaient il y a quelques jours, discernent des raisons d'en douter, mais ce ne pourrait être que partie remise.

Fitch ouvre le bal des revues d'automne des agences de notation. Toutes, au vu de l'état des finances publiques françaises et de la crise politique persistante depuis la dissolution, classent la France AA- ou équivalent (qualité de dette "haute ou bonne"), avec, pour certaines comme Fitch, une "perspective négative".

Ce qui préfigure une dégradation: en ce cas, la France basculerait en catégorie A (qualité "moyenne supérieure"), et devrait verser à ceux qui investissent dans sa dette une prime de risque supérieure, accroissant d'autant les remboursements de cette dette.

Pour Eric Dor, directeur des études économiques à l'IESEG School of Management, une dégradation serait "logique". D'abord parce que la situation politique n'aide pas à mettre en œuvre "un plan crédible d'assainissement budgétaire", comme Fitch l'exigeait en mars.

Mais aussi pour effacer "une incohérence" : 17 pays européens sont moins bien notés que la France alors qu'ils ont - à très peu d'exceptions près - des ratios de finances publiques meilleurs que les 5,8% du PIB de déficit public et 113% du PIB de dette publique enregistrés en France en 2024.

Coup d'envoi 

Depuis mardi, la nomination rapide à Matignon de Sébastien Lecornu pour succéder à François Bayrou, tombé la veille lors du vote de confiance, ravive l'espoir d'un budget 2026 présenté en temps et heure.

Lucile Bembaron, économiste chez Asterès, juge ainsi "plausible" que Fitch "attende davantage de visibilité politique" pour agir.

D'autant, remarque Hadrien Camatte, économiste France chez Natixis, que les finances publiques n'ont pas enregistré cette année de nouveau dérapage inattendu, et que "la croissance résiste".

L'Insee a même annoncé jeudi qu'en dépit du "manque de confiance" généralisé, celle-ci pourrait dépasser la prévision du gouvernement sortant - 0,7% - pour atteindre 0,8% cette année.

Anthony Morlet-Lavidalie, responsable France à l'institut Rexecode, observe aussi que Fitch, la plus petite des trois principales agences internationales de notation, "donne rarement le coup d'envoi" des dégradations.

Mais il estime "très probable" que la principale agence, S&P Global, abaissera le pouce lors de sa propre revue, le 28 novembre.

Selon ses calculs, la France ne sera en effet pas en mesure de réduire à moins de 5% son déficit public l'an prochain, contre les 4,6% qu'espérait François Bayrou.

Les économistes affirment cependant qu'une dégradation ne troublerait pas les marchés, "qui l'ont déjà intégrée", relève Maxime Darmet, économiste senior chez Allianz Trade.

Syndrome 

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne.

Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie.

Il craint des taux qui resteraient "durablement très élevés", provoquant "un étranglement progressif", avec des intérêts à rembourser captant "une part significative de la dépense publique, alors qu'on a des besoins considérables sur d'autres postes".

L'économiste décrit une France en proie au "syndrome du mauvais élève".

"Lorsqu'on avait 20/20", explique-t-il - la France était jusqu'à 2012 notée AAA, note maximale qu'a toujours l'Allemagne - "on faisait tout pour s'y maintenir. Maintenant on dit que 17/20 (AA-) ça reste une très bonne note. Bientôt ce sera +tant qu'on est au-dessus de la moyenne, c'est pas si mal+. Quand on est la France, en zone euro, on devrait quand même être un peu plus ambitieux que cela!", dit-il à l'AFP.

Pour autant, même abaissée à A+, "la dette française resterait de très bonne qualité", relativise M. Camatte, préférant souligner "la forte épargne des ménages et une position des entreprises qui reste très saine".