PARIS: Pour atteindre l’autosuffisance alimentaire, l’Algérie mise sur les potentialités agricoles du sud du pays. Lors de sa visite dans la wilaya de Touggourt, le 21 août 2023, le ministre algérien de l’Agriculture et du Développement rural, Mohamed Abdelhafid Henni, a souligné l’importance d’orienter le secteur vers l’agriculture saharienne, qualifiant ce choix de stratégique pour le pays.
Il a ainsi mis l’accent sur la nécessité d’augmenter les investissements dans les potentialités agricoles dans les régions du Sud. «Il convient d’investir dans les atouts agricoles que recèle le sud du pays pour atteindre l’autosuffisance alimentaire, et de relever les défis conjoncturels et futurs», a-t-il déclaré lors de cette visite. Il a également précisé que «Touggourt recèle d’importantes potentialités agricoles lui permettant de jouer un premier rôle en termes de rentabilité agricole qualitative».
Mohamed Abdelhafid Henni a rappelé l'engagement des autorités publiques à accompagner tous les projets prometteurs et à répondre aux préoccupations des investisseurs dans le secteur, notamment celles liées à l’électrification des terres agricoles et à la mobilisation des eaux pour l’irrigation.
Encouragement et développement
Le ministre de tutelle n’a pas manqué de souligner que la stratégie de son département repose, entre autres, sur l’encouragement et le développement de produits stratégiques tels que les céréales, les fourrages, la betterave sucrière ou encore le tournesol.
En effet, en juin 2023, l’Office de développement de l’agriculture industrielle en terres sahariennes (Odas) a lancé son troisième appel à projets d’investissement agricole et agro-industriel dans les régions sahariennes, visant le développement des secteurs stratégiques. Ce dernier concerne une surface totale de près de 227 500 hectares, comprenant une quarantaine de périmètres répartis à travers huit wilayas: Illizi, Ouargla, Adrar, Djanet, Timimoune, Touggourt, Laghouat et El-Meniaa.
EN BREF
Le portefeuille foncier de l’Odas dédié aux cultures stratégiques couvre désormais une superficie totale d’environ 460 000 hectares.
Ces périmètres s’étendent sur neuf wilayas du Grand Sud: El Meniaa (75 700 hectares), Ouargla (72 141), Illizi (71 991), Adrar (58 807), Timimoune (38 773), Touggourt (28 452), Djanet (20 964), Ghardaïa (17 895) et, enfin, Laghouat (17 466).
Pour garantir la sécurité alimentaire, des mesures ont été adoptées afin de stimuler les investissements dans le secteur agricole, en mettant particulièrement l’accent sur le développement de l’agriculture céréalière. Plus concrètement, un plan stratégique pour la période 2023-2028, articulé autour de trois axes stratégiques et dix-sept objectifs opérationnels, a été présenté aux professionnels et institutions du secteur lors d’une journée consacrée à la filière céréalière. Élaboré en collaboration avec le ministère de l’Enseignement supérieur, ce plan propose des mesures concrètes comme la subvention des semences, des engrais et du matériel d’irrigation, l’octroi de crédits ainsi qu’une augmentation du prix d’achat du blé.
Économiser l’eau
Dans une interview accordée à Arab News en français, Ahmed Kettab, expert international des questions de l'eau et de l'environnement, aborde l'optimisation de l'utilisation de l'eau pour l'irrigation agricole dans les zones semi-arides. Il explique que «les méthodes traditionnelles d'irrigation, telles que l'épandage d'eau ou l'utilisation de rigoles, entraînent une consommation d'eau de l'ordre 8 000 m3 par hectare par an. En revanche, l’irrigation par aspersion, qui simule l’arrosage par la pluie, permet de réduire cette consommation de moitié, soit l’équivalent de 3 000 à 5 000 m3 par hectare par an».
Ahmed Kettab souligne également les avantages de l'irrigation «goutte à goutte» ou localisée, qui consiste «à ramener l’eau jusqu’aux racines des plantes. Cette technique permet d’économiser beaucoup d’eau, avec une consommation d'environ 800 à 1 000 m3 par hectare par an au lieu des 8 000 habituels». L’expert insiste par ailleurs sur la nécessité «d’adopter des irrigations goutte à goutte localisées et informatisées, et d’investir dans le matériel, la formation des agriculteurs ainsi que la recherche».
Enfin, M. Kettab insiste: « Il est utile, pour ne pas dire indispensable et obligatoire, d’irriguer d’abord avec les eaux usées traitées avant d’utiliser les eaux des barrages ou des eaux souterraines.»