En Grèce, les inondations dévastatrices ont ravagé la « capitale de la pomme »

Des versants entiers de la péninsule fertile de Pélion, bordée par les plages de la mer Egée et du golfe Pagasétique, ont été détruits par cette tempête d'une rare violence. (AFP).
Des versants entiers de la péninsule fertile de Pélion, bordée par les plages de la mer Egée et du golfe Pagasétique, ont été détruits par cette tempête d'une rare violence. (AFP).
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Publié le Mercredi 04 octobre 2023

En Grèce, les inondations dévastatrices ont ravagé la « capitale de la pomme »

  • La tempête Daniel a tué 17 personnes, des centaines de milliers d'animaux et provoqué d'immense dégâts dans cette région agricole de prime importance
  • "Une centaine d'arbres ont disparu, ils ont été déracinés par l'eau et ont fini dans la mer", se désole Antonis Laskos, 62 ans

ZAGORA: Sur les pentes du mont Pélion, ravagé par les pluies diluviennes qui ont frappé la Grèce début septembre, Thymios Ikonomou se débat avec son volant alors que son pick-up s'enlise dans la boue.

Sur cette route jonchée de pierres, le producteur de pommes finit par renoncer à grimper la colline.

"Il y avait une plantation de pommiers ici. Tous les arbres ont été emportés par les inondations", explique à l'AFP cet agriculteur de 53 ans, habitant de Zagora.

La tempête Daniel a tué 17 personnes, des centaines de milliers d'animaux et provoqué d'immense dégâts dans cette région agricole de prime importance.

"Une centaine d'arbres ont disparu, ils ont été déracinés par l'eau et ont fini dans la mer", se désole aussi Antonis Laskos, 62 ans, un autre agriculteur de Zagora.

Ce village perché de 3.500 habitants est considéré comme "la capitale de la pomme" en Grèce.

Le fruit produit ici, qui bénéficie d'une appellation d'origine protégée (AOP), est réputé pour son goût sucré, astringent et rafraîchissant et est vendu dans tout le pays.

Mais cet automne, à la coopérative agricole de Zagora, fondée en 1916, la joie des années précédentes a cédé la place à la désolation.

"L'année dernière, nous avions 18.500 tonnes de pommes mais cette année, nous allons à peine dépasser les 5.000" tonnes, pronostique Julia Papoulia, agronome de cette coopérative qui compte 800 membres.

"Jusqu'ici, il n'y a que 1.300 tonnes de pommes (stockées) dans les entrepôts et destinées surtout à la vente sur le marché intérieur", assure-t-elle. "La production ne sera pas suffisante pour des exportations".

Zéro revenu

Des versants entiers de la péninsule fertile de Pélion, bordée par les plages de la mer Egée et du golfe Pagasétique, ont été détruits par cette tempête d'une rare violence imputée par le gouvernement grec au réchauffement climatique.

De gros troncs de platanes centenaires et des arbres fruitiers déracinés ont été retrouvés en bord de mer.

Les ponts ont également subi d'importants dégâts et le réseau routier rural a été détruit à 80%, selon des habitants de Zagora.

Conséquence: comme Thymios Ikonomou, certains producteurs ne peuvent plus se rendre dans leurs vergers pour sauver ce qui reste de la récolte. "Leurs revenus seront nuls cette année", déplore M. Ikonomou.

A Zagora, l'Observatoire national d'Athènes a enregistré un record de précipitations, soit 1.096,2 mm entre les 4 au 8 septembre.

Sur la seule journée du 5 septembre, il est tombé 759,6 mm de pluie alors que le précédent record s'était établi à 231 mm en 2018.

Une tempête de grêle a immédiatement suivi ces pluies diluviennes.

La semaine dernière, une seconde tempête, moins violente, est venue s'abattre sur cette région de Thessalie, provoquant de nouveaux dégâts.

Sommé de réagir face à la colère de nombreux habitants de la région, le gouvernement de Kyriakos Mitsotakis a promis que près de 690 millions d'euros seraient consacrés à la remise sur pied des infrastructures touchées par les inondations et les incendies qui ont également frappé la Grèce durant l'été.

Transport entravé 

Les efforts de restauration des routes sont en cours, mais les dégâts sont si importants qu'il est impossible de tout réparer.

Le seul pont encore debout dans la région ne peut pas supporter les camions de 45 tonnes normalement utilisés pour le transport, selon le président de la coopérative Yiannis Kravvaris.

"Il faudra utiliser des camions plus petits, ce qui augmentera considérablement les coûts", fulmine-t-il.

Mais avant même cette catastrophe naturelle, la récolte des célèbres pommes de couleur rouge foncé ne s'annonçait pas sous les meilleurs auspices en raison d'un printemps particulièrement pluvieux.

"Nous avons eu beaucoup de maladies sur les arbres à cause de pluies fréquentes en juin", explique ainsi Kostas Zervas, 50 ans, qui travaille dans une ferme où la majorité des pommes sont tombées par terre.

"Et l'hiver a été doux. Les pommiers ont besoin de froid, de 800 à 1 600 heures de gel par an", explique-t-il.


Tanzanie : la présidente investie malgré les violences électorales

Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan. (AFP)
Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan. (AFP)
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  • Mme Hassan, 65 ans, avait été promue à la tête de la Tanzanie à la mort de John Magufuli en 2021
  • Saluée au début pour avoir assoupli les restrictions instaurées par son prédécesseur, elle a été accusée ensuite de réprimer ses détracteurs, notamment en amont du scrutin

NAIROBIE: Samia Suluhu Hassan a été investie lundi présidente de la Tanzanie, où l'internet reste coupé depuis les manifestations réprimées dans le sang contre son élection, l'opposition évoquant au moins 800 morts.

Mme Hassan, 65 ans, avait été promue à la tête de la Tanzanie à la mort de John Magufuli en 2021. Saluée au début pour avoir assoupli les restrictions instaurées par son prédécesseur, elle a été accusée ensuite de réprimer ses détracteurs, notamment en amont du scrutin.

"Moi, Samia Suluhu Hassan, jure que je remplirai mes fonctions de présidente de la République (...) avec diligence et un cœur sincère", a-t-elle affirmé. La cheffe de l'Etat, qui portait un voile rouge et un long vêtement noir, a également prôné dans un discours "l'unité et la solidarité".

Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan.

La cérémonie, qui n'était pas ouverte au public, contrairement aux précédentes, s'est tenue dans un espace ressemblant à un terrain de parade militaire de la capitale Dodoma, où quelques podiums dressés ne réussissaient pas à masquer un grand vide.

Des chanteurs et chanteuses se sont succédé, avant l'arrivée de la présidente, pour chanter les louanges de "Mama Samia", son surnom parmi ses soutiens, devant un parterre de dignitaires et de militaires. Parmi les invités étaient notamment présents les présidents de la Zambie, de la Somalie et du Burundi.

Mme Hassan a, selon la commission électorale, obtenu 97,66% des suffrages. L'élection a été qualifiée de "parodie de démocratie" par l'opposition, les deux principaux opposants ayant été soit emprisonné, soit disqualifié.

L'opposition a également dénoncé d'importantes tricheries le jour de l'élection, mais aussi sur le taux de participation de 87% selon la commission électorale.

Le scrutin a surtout été marqué par un fort niveau de violence, des manifestations anti-régime ayant été réprimées dans le sang et la Tanzanie mise sous cloche: l'internet reste coupé depuis mercredi, ce qui ralentit considérablement la sortie d'informations.

Cadavres 

De premières photos et vidéos de cadavres, parfois empilés les uns sur les autres, mais aussi d'hommes en uniforme usant de leur arme à feu, commencent à apparaître sur les réseaux sociaux.

Le service de fact-checking de l'AFP a pu vérifier que certaines d'entre elles n'avaient jamais été postées auparavant. Plusieurs éléments montrent qu'elles ont été prises en Tanzanie.

Un porte-parole du principal parti d'opposition, Chadema, a estimé vendredi qu'au moins 700 manifestants hostiles au régime ont été tués en Tanzanie en trois jours. Un chiffre estimé crédible par une source sécurité, qui a alors mentionné "des centaines de morts".

Le samedi, ce porte-parole, John Kitoka, a ensuite fait état d'au moins 800 tués.

Des informations crédibles corroborent l'idée que des centaines, et peut-être même des milliers de personnes ont été tuées lors des violences électorales, a de son côté estimé une source diplomatique interrogée par l'AFP.

D'après des "rapports préoccupants", la police utilise également le blocage d'internet pour "traquer les membres de l'opposition et les manifestants qui pourraient avoir des vidéos" de ses atrocités, a poursuivi cette source.

La Mission d'observation électorale de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC), dont la Tanzanie fait partie, a pointé lundi dans un rapport préliminaire "un faible nombre d'électeurs dans tous les bureaux de vote" où ses observateurs se trouvaient, avec parfois "plus de policiers que de votants", des irrégularités et des incidents violents "au cours desquels des membres de la police ont fait usage d'armes à feu".

Les écoles restent fermées lundi et les transports publics à l'arrêt. La capitale économique Dar es Salaam et les principales villes du pays ont retrouvé un peu de calme depuis le week-end.

Dimanche, le pape Léon XIV a indiqué prier "pour la Tanzanie" et évoqué les "nombreuses victimes" des affrontements ayant éclaté après les élections.

L'élection présidentielle était couplée avec les législatives.

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a réclamé vendredi une "enquête minutieuse et impartiale sur les accusations d'utilisation excessive de la force".


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.