Ukraine: 51 morts dans une frappe russe en marge de funérailles

Les secouristes ukrainiens déblayent les débris à la recherche de victimes d'une frappe russe (Photo, AFP).
Les secouristes ukrainiens déblayent les débris à la recherche de victimes d'une frappe russe (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 06 octobre 2023

Ukraine: 51 morts dans une frappe russe en marge de funérailles

  • Le bombardement a entièrement détruit un magasin et un café où une soixantaine de personnes s'y trouvaient
  • Le ministre de la Défense ukrainien a exhorté les Occidentaux à fournir à Kiev davantage de systèmes de défense aérienne

GROZA: Cinquante-et-une personnes dont un enfant ont été tuées jeudi par une frappe russe à Groza, un petit village de l'est de l'Ukraine, en marge de funérailles.

Volodymyr Moukhovaty, un villageois de 70 ans, vient de voir le corps de son fils sorti des décombres et craint que son épouse avec laquelle il a partagé sa vie pendant 48 ans et leur belle-fille ne soient également parmi les morts.

"Mon fils vient d'être sorti, sans tête, sans bras, sans jambes... Il a été reconnu d'après ses documents, son permis de conduire", a raconté à l'AFP cet homme, qui semble être en choc.

"Ma femme et la belle-fille... Il se peut qu'elles ait été déchiquetées, qui le sait. Pour l'instant elles n'ont pas été retrouvées", poursuit Volodymyr, T-shirt noir et cheveux gris coupés très court.

Il espère que les deux femmes étaient parmi les blessés emportées par les ambulances tout en admettant qu'il y a "peu d'espoir". "Je ne survivrai pas longtemps tout seul. Ma femme m'a beaucoup aimé", dit-il.

Vers 19H00 (17H00 GMT), à la nuit tombée, les journalistes de l'AFP ont vu des militaires avec des gants bleus embarquer dans un camion de l'armée un à un des sacs mortuaires blancs contenant les corps de victimes.

Une vingtaine de sacs étaient encore présents juste devant le petit café entièrement détruit ou s'étaient réunies les victimes. Un peu plus  loin, près d'un portique avec deux balançoires, se trouvaient des petits tas avec des bouts de corps non identifiés.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky, actuellement en Espagne pour une réunion avec des dirigeants européens, a déclaré devant la presse une "attaque terroriste inhumaine" contre cette localité située dans la région de Kharkiv, près de Koupiansk, une ville à proximité de la ligne de front qui est régulièrement la cible de frappes russes.

"Il n'est possible de protéger les gens contre de telles attaques (...) qu'à l'aide de la défense antiaérienne", a ajouté M. Zelensky qui a évoqué la livraison à l'Ukraine d'un nouveau système. américain Patriot à l'occasion d'une rencontre avec le chancelier allemand Olaf Scholz.

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres "condamne fermement" la frappe, a déclaré son porte-parole. "Les attaques contre les civils et les infrastructures civiles sont interdites par le droit international humanitaire et elles doivent cesser immédiatement", a ajouté Stéphane Dujarric.

Le bombardement, effectué à l'aide d'un missile balistique Iskander selon les données préliminaires, a entièrement détruit un magasin et un café situé dans le même bâtiment au moment où une soixantaine de personnes s'y trouvaient, a indiqué le ministre de l'Intérieur Igor Klymenko à la télévision nationale.

Vaincre «le Mal»

"Il y avait des villageois dans le magasin et des villageois dans le café étaient également réunis" pour une réception organisée après un enterrement d'un villageois, a dit M. Klymenko, précisant que Groza comptait 330 habitants.

La frappe a eu lieu autour de 13H15 locales sur ce village à une trentaine de kilomètres à l'ouest de Koupiansk, a précisé le gouverneur régional Oleg Synegoubov sur Telegram. Un garçon de six ans figure parmi les morts, a-t-il ajouté.

Il a dénoncé l'attaque la plus meurtrière dans la région de Kharkiv depuis le début de l'invasion russe le 24 février 2022 et a déclaré trois jours de deuil sur ce territoire.

Le ministre de la Défense ukrainien a lui exhorté les Occidentaux à fournir à Kiev davantage de systèmes de défense aérienne.

"L'Ukraine a besoin de davantage de systèmes de défense antiaérienne pour protéger notre pays de la terreur", a-t-il plaidé sur X (ex-Twitter).

Un conseiller de la présidence ukrainienne Mykhaïlo Podoliak a dénoncé de son côté sur X une nouvelle "attaque insidieuse (russe) qui n'a aucune logique militaire" et qui doit servir de "rappel à tous ceux qui sont prêts à sourire et à serrer la main du criminel de guerre Poutine lors de conférences internationales".

"La Russie de (Vladimir) Poutine est un véritable Mal" et "nous devons la vaincre. Ensemble", a-t-il conclu.

Les forces russes se sont emparées de larges pans de la région de Kharkiv dès les premiers jours de l'invasion.

L'armée ukrainienne a ensuite libéré la quasi-totalité de cette zone à l'automne au cours d'une offensive éclair à l'automne 2022, mais cette zone et Kharkiv, un centre régional et la deuxième ville du pays subit des bombardements réguliers.

Et la Russie mène actuellement une offensive dans la zone de Koupiansk pour tenter de reprendre du terrain et gêner la contre-offensive ukrainienne en cours dans l'est et le sud pour libérer les territoires occupés par Moscou.


La flottille pour Gaza quitte la Tunisie, direction le territoire palestinien

Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
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  • Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place
  • Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser"

BIZERTE: Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire.

"Nous essayons d'envoyer un message à la population de Gaza, (de lui dire) que le monde ne l'a pas oubliée", a dit à l'AFP la militante écologiste suédoise Greta Thunberg avant d'embarquer dans le port de Bizerte, dans le nord de la Tunisie.

"Lorsque nos gouvernements ne prennent pas leurs responsabilités, nous n'avons pas d'autre choix que de prendre les choses en main", a-t-elle ajouté.

Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place.

Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser", "nous partons par solidarité, dignité et pour la justice".

Les embarcations arrivées d'Espagne s'étaient transférées à Bizerte après un séjour mouvementé à Sidi Bou Saïd, près de Tunis.

La "Global Sumud Flotilla", accueillie par des rassemblements de soutien, a indiqué que deux de ses bateaux avaient été visés par des attaques de drones deux nuits de suite la semaine passée, publiant des vidéos à l'appui. Après la deuxième annonce, les autorités tunisiennes ont dénoncé "une agression préméditée" et dit mener une enquête.

L'eurodéputée franco-palestinienne Rima Hassan qui, comme Greta Thunberg, avait été détenue à bord du "Madleen" lors d'une précédente traversée vers Gaza, a dit à l'AFP redouter "bien entendu" de nouvelles attaques, ajoutant: "on se prépare aux différents scénarios".

Selon elle, les personnalités les plus en vue - dont l'actrice française Adèle Haenel - ont été réparties entre les deux plus gros bateaux de coordination "de manière à équilibrer et (ne) pas concentrer toutes les personnalités visibles dans un seul et même bateau".

Le départ de Tunisie a été repoussé à plusieurs reprises en raison de motifs de sécurité, de retard dans les préparatifs pour certains bateaux et de la météo.

La Global Sumud Flotilla ("sumud" signifie "résilience" en arabe), qui comprend aussi des embarcations parties ces derniers jours de Corse (France), Sicile (Italie) et Grèce, avait initialement prévu d'atteindre le territoire palestinien à la mi-septembre, après deux tentatives bloquées par Israël en juin et juillet.

 


Les ministres du Groupe E3 condamnent les frappes israéliennes à Doha

Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
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  • Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza
  • Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas

PARIS: Les ministres des Affaires étrangères de l’Allemagne, de la France et du Royaume-Uni ont condamné, dans une déclaration conjointe, les frappes israéliennes ayant visé Doha le 9 septembre. Ils estiment que ces attaques constituent une violation de la souveraineté du Qatar et représentent un risque d’escalade supplémentaire dans la région.

Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza. « Nous appelons toutes les parties à intensifier leurs efforts pour parvenir à un cessez-le-feu immédiat », ont-ils insisté.

Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas. Ils appellent les parties à « faire preuve de retenue » et à saisir l’opportunité de rétablir la paix.

Les ministres ont réaffirmé que la priorité devait rester la mise en place d’un cessez-le-feu permanent, la libération des otages et l’acheminement massif d’aide humanitaire à Gaza pour enrayer la famine. Ils demandent l’arrêt immédiat des opérations militaires israéliennes dans la ville de Gaza, dénonçant les déplacements massifs de civils, les pertes humaines et la destruction d’infrastructures vitales.

Ils exhortent par ailleurs à garantir aux Nations unies et aux ONG humanitaires un accès sûr et sans entrave à l’ensemble de la bande de Gaza, y compris dans le Nord.

Enfin, le Groupe E3 a rappelé sa condamnation « sans équivoque » des crimes commis par le Hamas, qualifié de mouvement terroriste, qui doit, selon eux, « libérer immédiatement et sans condition les otages, être désarmé et écarté définitivement de la gouvernance de la bande de Gaza ».


L’ONU adopte une résolution franco-saoudienne pour la paix israélo-palestinienne sans le Hamas

L'ancienne ministre allemande des Affaires étrangères et présidente de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, Annalena Baerbock, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale pour voter sur la solution de deux États à la question palestinienne au siège des Nations Unies (ONU), le 12 septembre 2025 à New York. (AFP)
L'ancienne ministre allemande des Affaires étrangères et présidente de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, Annalena Baerbock, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale pour voter sur la solution de deux États à la question palestinienne au siège des Nations Unies (ONU), le 12 septembre 2025 à New York. (AFP)
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  • Résolution adoptée par 142 voix pour, 10 contre — dont Israël et les États-Unis
  • Le vote précède un sommet de haut niveau co-présidé par Riyad et Paris le 22 septembre

​​​​​​NEW YORK : L’Assemblée générale des Nations unies a voté massivement vendredi en faveur de l’adoption de la « Déclaration de New York », une résolution visant à relancer la solution à deux États entre Israël et la Palestine, sans impliquer le Hamas.

Le texte a été approuvé par 142 pays, contre 10 votes négatifs — dont Israël et les États-Unis — et 12 abstentions. Il condamne fermement les attaques du Hamas du 7 octobre 2023, exige le désarmement du groupe, la libération de tous les otages, et appelle à une action internationale collective pour mettre fin à la guerre à Gaza.

Intitulée officiellement « Déclaration de New York sur le règlement pacifique de la question de Palestine et la mise en œuvre de la solution à deux États », la résolution a été présentée conjointement par l’Arabie saoudite et la France, avec le soutien préalable de la Ligue arabe et de 17 États membres de l’ONU.

Le texte souligne la nécessité de mettre fin à l’autorité du Hamas à Gaza, avec un transfert des armes à l’Autorité palestinienne, sous supervision internationale, dans le cadre d’une feuille de route vers une paix durable. Celle-ci inclut un cessez-le-feu, la création d’un État palestinien, le désarmement du Hamas, et une normalisation des relations entre Israël et les pays arabes.

L’ambassadeur de France, Jérôme Bonnafont, qui a présenté la résolution, l’a qualifiée de « feuille de route unique pour concrétiser la solution à deux États », soulignant l’engagement de l’Autorité palestinienne et des pays arabes en faveur de la paix et de la sécurité. Il a aussi insisté sur l’urgence d’un cessez-le-feu immédiat et de la libération des otages.

Ce vote intervient à quelques jours d’un sommet de haut niveau de l’ONU, co-présidé par Riyad et Paris le 22 septembre, où le président Emmanuel Macron s’est engagé à reconnaître officiellement un État palestinien.

La représentante américaine, Morgan Ortagus, s’est vivement opposée à la résolution, la qualifiant de « coup de communication malvenu et malavisé » qui récompenserait le Hamas et nuirait aux efforts diplomatiques authentiques.

Elle a dénoncé la mention du « droit au retour » dans le texte, estimant qu’il menace le caractère juif de l’État d’Israël.

« Cette résolution est un cadeau au Hamas,» a déclaré Mme Ortagus, ajoutant que le désarmement du Hamas et la libération des otages étaient la clé de la fin de la guerre. Elle a exhorté les autres nations à se joindre aux États-Unis pour s'opposer à la déclaration.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com