Maroc: reconstruire après le séisme sans tomber dans le «piège» du béton

Des tentes sont installées le long de la route dans le village d'Imi N'Tala, touché par le tremblement de terre, le 19 septembre 2023. (Photo, AFP)
Des tentes sont installées le long de la route dans le village d'Imi N'Tala, touché par le tremblement de terre, le 19 septembre 2023. (Photo, AFP)
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Publié le Samedi 07 octobre 2023

Maroc: reconstruire après le séisme sans tomber dans le «piège» du béton

  • Les architectes se mobilisent et esquissent des idées en vue d'une reconstruction qui respecte les habitats traditionnels de ces régions isolées, largement défavorisées
  • Dans les zones touchées par le séisme, les bâtisses traditionnelles en terre ou en pierre ont petit à petit laissé place, ces dernières années, à des constructions en béton moins chères mais « souvent mal faites»

RABAT: Reconstruire sans bétonner les villages. C'est l'un des enjeux de la réhabilitation des "douars" montagneux décimés par le puissant séisme qui a frappé le Maroc il y a un mois, pour allier durabilité et respect de l'architecture traditionnelle.

Le tremblement de terre du 8 septembre, qui a fait environ 3 000 morts et 5 600 blessés d'après le dernier bilan des autorités diffusé à la mi-septembre, a endommagé quelque 60 000 habitations dans près de 3 000 villages dans le Haut-Atlas et ses environs.

Un mois plus tard, les rescapés vivent sous tente et les autorités ont mis en place des hôpitaux de campagne et des écoles temporaires. De leur côté, les architectes se mobilisent et esquissent des idées en vue d'une reconstruction qui respecte les habitats traditionnels de ces régions isolées, largement défavorisées.

Après avoir visité une trentaine de villages, notamment à Al-Haouz, la province la plus touchée par le séisme, l'architecte marocain Karim Rouissi estime qu'il faut y "encourager l'auto-construction encadrée, avec des matériaux locaux".

"Il est important que la réponse urbaine ne soit pas la même que pour les douars (villages) et les centres ruraux", dit à l'AFP l'architecte, qui a récemment participé à des missions de diagnostic dans les zones sinistrées aux côtés d'autres bénévoles, architectes, ingénieurs, représentants du ministère de l'Habitat.

Dans les zones touchées par le séisme, les bâtisses traditionnelles en terre ou en pierre ont petit à petit laissé place, ces dernières années, à des constructions en béton moins chères mais "souvent mal faites", regrette l'architecte marocain Elie Mouyal.

"La confiance exagérée dans le béton a été un piège", affirme ce spécialiste de l'habitat traditionnel et de la construction en terre au Maroc.

Après le séisme, "j'ai vu beaucoup plus de maisons en béton par terre", ajoute-t-il, précisant que les bâtisses en terre qui se sont effondrées étaient déjà en mauvais état avant le tremblement de terre.

«L'hiver m'inquiète»

Aujourd'hui, il s'agit d'éviter "de calquer des expériences externes ou opter pour un habitat uniformisé", avance Philippe Garnier, architecte français ayant étudié les séismes de Bam en Iran (2003) ou en Haïti (2010).

"L'idée est de partir des expériences de construction traditionnelle des populations locales en y apportant des améliorations et ainsi revaloriser leur savoir-faire", explique ce spécialiste de l'architecture en terre et des constructions parasismiques.

Un budget de 120 milliards de dirhams (environ 11 milliards d'euros), devant bénéficier à 4,2 millions d'habitants sur cinq ans, a été annoncé par Rabat, tandis que le roi Mohammed VI a lui-même insisté sur l'importance "d'être à l'écoute permanente de la population locale" et du respect du "patrimoine unique" et des "traditions" de chaque région, lors de la reconstruction.

Mais celle-ci risque de durer "quelques années", prévient M. Garnier, qui insiste sur la nécessité de respecter les normes parasismiques alors qu'une réglementation spécifique aux habitats en terre en vigueur depuis 2013 n'est pas systématiquement respectée.

Il faut par exemple se positionner sur des lieux favorables à l'atténuation des ondes sismiques, opter pour des constructions symétriques et homogènes ou éviter les étages "transparents" (des commerces avec de grandes ouvertures en rez-de-chaussée), dit-il.

Prendre le temps est primordial pour assurer des bases solides et pérennes, assurent les architectes.

Face à cette situation, Elie Mouyal a réalisé un prototype de nouala (cabane traditionnelle) comme piste de relogement provisoire.

Ces habitations de 15 m2 sont fabriquées à partir de canisses de roseaux enveloppées de terre et de paille. Pour l'isolation, l'architecte a opté dans un premier temps pour de la mousse avant de choisir le chanvre et les bâches en PVC.

Ces cabanes peuvent être construites en une semaine pour un coût de 6 000 dirhams (553 euros) hors isolation, selon M. Mouyal, qui a déjà commencé à former d'autres personnes pour multiplier les prototypes.

Mais sans-abri depuis un mois, Abderrahim Akbour s'inquiète. Cet habitant d'Imi N'Tala, un village montagneux situé à 75 kilomètres au sud de Marrakech et complètement rasé par le tremblement de terre, a été relogé dans un village voisin.

"Rester sous une tente alors que l'hiver approche à grands pas m'inquiète beaucoup", confie M. Akbour: "La situation risque d'être plus dure que le séisme lui-même".


Le désarmement du Hezbollah est une question "délicate", souligne le président libanais

Une photo fournie par les forces armées libanaises le 20 avril 2025 montre des armes qui, selon l'armée, ont été saisies après la perquisition d'un appartement dans la région de Sidon-Zahrani, dans le sud du Liban. L'armée a déclaré le 20 avril que ses forces avaient confisqué des roquettes et des lanceurs dans la région de Sidon-Zahrani, dans le sud du Liban, et arrêté un certain nombre de personnes en raison d'un projet de tir en direction du territoire tenu par Israël, sans préciser si les personnes arrêtées étaient affiliées à un groupe quelconque. (Photo de l'armée libanaise / AFP)
Une photo fournie par les forces armées libanaises le 20 avril 2025 montre des armes qui, selon l'armée, ont été saisies après la perquisition d'un appartement dans la région de Sidon-Zahrani, dans le sud du Liban. L'armée a déclaré le 20 avril que ses forces avaient confisqué des roquettes et des lanceurs dans la région de Sidon-Zahrani, dans le sud du Liban, et arrêté un certain nombre de personnes en raison d'un projet de tir en direction du territoire tenu par Israël, sans préciser si les personnes arrêtées étaient affiliées à un groupe quelconque. (Photo de l'armée libanaise / AFP)
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  • M. Aoun a fait cette déclaration après que le ministère libanais de la Santé a annoncé la mort de deux personnes dans de nouvelles attaques israéliennes dans le sud du pays, malgré la trêve en vigueur entre Israël et le Hezbollah.
  • M. Aoun a fait cette déclaration après que le ministère libanais de la Santé a annoncé la mort de deux personnes dans de nouvelles attaques israéliennes dans le sud du pays, malgré la trêve en vigueur entre Israël et le Hezbollah.

BEYROUTH : Le président libanais, Joseph Aoun, a qualifié dimanche le désarmement du Hezbollah de question « délicate », avertissant que l'imposer par la force pourrait conduire le pays à la « ruine ».

M. Aoun a fait cette déclaration après que le ministère libanais de la Santé a annoncé la mort de deux personnes dans de nouvelles attaques israéliennes dans le sud du pays, malgré la trêve en vigueur entre Israël et le Hezbollah.

Le monopole étatique des armes est une « question sensible, délicate et fondamentale pour la préservation de la paix civile », a déclaré M. Aoun à des journalistes, soulignant qu'elle devait être abordée avec « discernement et responsabilité ».

« Nous le mettrons en place, mais il faut d'abord que les circonstances le permettent », a-t-il assuré. Personne ne parle de calendrier ou de pression. »

« Les questions intérieures controversées ne peuvent être abordées que dans un esprit de dialogue et de concertation, sans confrontation. Sinon, nous mènerons le Liban à la ruine », a-t-il mis en garde. 

Le Hezbollah pro-iranien, longtemps force dominante au Liban, est sorti affaibli de plus d'un an d'hostilités avec Israël, dont deux mois de conflit ouvert, déclenchées par la guerre à Gaza.

« Le Hezbollah ne permettra à personne de le désarmer », a affirmé vendredi son secrétaire général, Naïm Qassem, alors que Washington, grand allié d'Israël, fait pression sur Beyrouth pour cela.

Il s'est dit prêt à engager un « dialogue » voulu par l'État libanais sur une « stratégie de défense », « mais pas sous la pression de l'occupation et de l'agression israéliennes. 

Israël  poursuit ses attaques au Liban, ciblant le Hezbollah, en dépit du cessez-le-feu en vigueur depuis le 27 novembre. Le pays occupe toujours cinq positions qu'il juge « stratégiques » dans le sud du pays.

Dimanche encore, le ministère de la Santé a fait état d'un raid israélien « contre un véhicule à Kaouthariyet al-Saiyad », entre les villes méridionales de Saïda et Tyr, qui a fait un mort et deux blessés.

Peu après, il a annoncé qu'une attaque séparée de l'« ennemi israélien » sur « une maison à Houla », à proximité de la frontière, avait fait un mort.

L'armée israélienne ne s'est pas exprimée dans l'immédiat sur ces attaques.

Vendredi, un autre haut responsable du Hezbollah avait affirmé que le mouvement refuserait toute discussion sur la remise de ses armes tant qu'Israël ne se serait pas totalement retiré du Liban. 

Morgan Ortagus, émissaire américaine adjointe pour le Moyen-Orient, a récemment déclaré que le désarmement du Hezbollah devait se faire dans les meilleurs délais.

L'accord de trêve prévoit notamment le démantèlement de l'infrastructure militaire du Hezbollah entre le fleuve Litani et la frontière israélienne, ainsi que le retrait total des forces israéliennes d'une trentaine de kilomètres au sud.

L'armée libanaise a entamé ces derniers mois son déploiement dans le sud, près de la frontière avec Israël, parallèlement au retrait israélien et au démantèlement des infrastructures militaires du Hezbollah.

Dimanche, elle a indiqué y avoir saisi des roquettes et leurs lanceurs dans la région de Saïda-Zahrani, et arrêté plusieurs personnes soupçonnées de préparer des tirs vers des zones sous contrôle israélien, sans préciser leur obédience.

Mercredi, elle avait indiqué avoir interpellé plusieurs suspects de tirs de roquettes vers Israël le mois dernier, parmi lesquels, selon un responsable de la sécurité, trois membres du Hamas palestinien.

 


Gaza: la Défense civile annonce 25 morts dans des frappes israéliennes dimanche

Des personnes en deuil font leurs adieux à un enfant palestinien tué lors d'une frappe israélienne, à l'hôpital Nasser de Khan Yunis, dans le sud de la bande de Gaza, le 19 avril 2025. (Photo par AFP)
Des personnes en deuil font leurs adieux à un enfant palestinien tué lors d'une frappe israélienne, à l'hôpital Nasser de Khan Yunis, dans le sud de la bande de Gaza, le 19 avril 2025. (Photo par AFP)
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  • La Défense civile palestinienne a annoncé dimanche que des frappes aériennes israéliennes avaient fait au moins 25 morts, dont des femmes et des enfants, depuis le début de la journée dans la bande de Gaza.
  • Rompant une trêve de près de deux mois, Israël a repris le 18 mars son offensive aérienne, puis terrestre, contre le mouvement islamiste palestinien Hamas à Gaza.

GAZA, TERRITOIRES PALESTINIENS : La Défense civile palestinienne a annoncé dimanche que des frappes aériennes israéliennes avaient fait au moins 25 morts, dont des femmes et des enfants, depuis le début de la journée dans la bande de Gaza.

Rompant une trêve de près de deux mois, Israël a repris le 18 mars son offensive aérienne, puis terrestre, contre le mouvement islamiste palestinien Hamas à Gaza.

Samedi, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a déclaré être déterminé à poursuivre le conflit et a rejeté les « diktats » du Hamas.

« Depuis l'aube, les frappes aériennes de l'armée israélienne ont tué 20 personnes et en ont blessé des dizaines d'autres, dont des enfants et des femmes, dans toute la bande de Gaza », a déclaré à l'AFP Mahmoud Bassal, le porte-parole de la Défense civile.

Dans un communiqué, cette organisation de secours a ensuite fait état de cinq morts dans une frappe de drone sur un groupe de civils dans l'est de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza.

Selon M. Netanyahu, seule une pression militaire permettra le retour des otages encore détenus à Gaza.

« Nous sommes dans une phase décisive du conflit, et cette étape exige de la patience et de la détermination », a-t-il affirmé samedi, en excluant de retirer les troupes israéliennes du territoire comme l'exige le Hamas.

 


Dans Gaza affamée, des Palestiniens se rabattent sur la viande de tortue

(Photo AFP)
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  • Faute de mieux, c'est la troisième fois que cette Palestinienne de 61 ans prépare un repas à base de tortue pour sa famille déplacée, qui vit aujourd'hui sous une tente à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza.
  • « La famine n'est pas seulement un risque, mais elle semble se développer rapidement dans presque toutes les régions de Gaza », a averti un collectif d'ONG internationales cette semaine.

KHAN YOUNES, TERROIRES PALESTINIENS : Dans une bande de Gaza où les protéines sont rares, certains se résignent à manger des tortues marines.

« Les enfants étaient réticents, on leur a dit que c'était aussi délicieux que du veau », explique Majida Qanan, qui surveille les morceaux de viande rouge mijotant sur un feu de bois.

« Certains en ont mangé, d'autres pas. »

Faute de mieux, c'est la troisième fois que cette Palestinienne de 61 ans prépare un repas à base de tortue pour sa famille déplacée, qui vit aujourd'hui sous une tente à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza.

Depuis 18 mois de guerre dévastatrice entre Israël et le mouvement islamiste Hamas, le territoire et ses 2,4 millions d'habitants se trouvent dans une situation humanitaire critique.

« La famine n'est pas seulement un risque, mais elle semble se développer rapidement dans presque toutes les régions de Gaza », a averti un collectif d'ONG internationales cette semaine.

Depuis le 2 mars, Israël bloque toute livraison humanitaire, accusant le Hamas de détourner l'aide. Le mouvement palestinien dément ces accusations et accuse en retour Israël d'utiliser « la famine comme arme de guerre ».

Selon le Bureau des affaires humanitaires de l'ONU (OCHA), la bande de Gaza est aujourd'hui probablement plongée dans « la pire » situation humanitaire depuis le début de la guerre déclenchée le 7 octobre 2023 par une attaque sans précédent du Hamas contre Israël.

En juin dernier, les acteurs du secteur humanitaire avaient évoqué des Palestiniens si démunis qu'ils en étaient parfois réduits à se nourrir d'aliments pour animaux ou d'herbe, et à boire l'eau des égouts.

Entretemps, une trêve, entrée en vigueur le 19 janvier, a permis d'augmenter les livraisons humanitaires, jusqu'au nouveau blocage israélien du 18 mars, suivi de la reprise de ses opérations militaires.

Les tortues, elles, sont tuées selon les rites halal, c'est-à-dire conformément aux préceptes de la religion musulmane, affirme Abdul Halim Qanan.

« S'il n'y avait pas de famine, on n'en mangerait pas, mais il faut bien compenser le manque de protéines avec quelque chose ».