En Ecosse, le Brexit dope le combat pour l'indépendance

Dans les casiers de James Cook, dans le sud-est de l'Ecosse, crabes et homards sont prêts à rejoindre les tables des restaurants de l'Union européenne (Photo, AFP)
Dans les casiers de James Cook, dans le sud-est de l'Ecosse, crabes et homards sont prêts à rejoindre les tables des restaurants de l'Union européenne (Photo, AFP)
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Publié le Lundi 21 décembre 2020

En Ecosse, le Brexit dope le combat pour l'indépendance

  • «Le moindre temps perdu dans ce processus et c'est le reste de la chaîne de distribution qui s'effondre», explique-t-il 
  • «La France est notre principal marché»

EYEMOUTH: Dans les casiers de James Cook, dans le sud-est de l'Ecosse, crabes et homards sont prêts à rejoindre les tables des restaurants de l'Union européenne. A condition d'arriver à temps pour rester frais, un défi à partir du 1er janvier à cause du Brexit. 

James Cook dirige l'un des plus grands exportateurs de fruits de mer écossais, DR Collins. L'entreprise, basée dans le port d'Eyemouth, envoie ses cargaisons, fournies par les bateaux de pêche locaux, vers Boulogne-sur-Mer, dans le nord de la France, en vue de les vendre à des restaurateurs et hôteliers français. 

La livraison doit se faire en 48 heures. 

« Le moindre temps perdu dans ce processus et c'est le reste de la chaîne de distribution qui s'effondre », explique-t-il. 

Depuis que James Cook, 64 ans, a repris l'entreprise en 1990, l'envoi vers la France se déroule sans accroc. Mais cela va changer quand, à l'issue de la période de transition post-Brexit au soir du 31 décembre, le Royaume-Uni va sortir du marché unique européen et de l'union douanière. 

Paperasse à remplir et contrôles douaniers risquent fort de créer de longues files d'attente vers les ports de la Manche, mettant en danger ses produits frais. 

L'enjeu est considérable pour cet entrepreneur qui tire 80% de son chiffre d'affaires (plus de 60 millions d'euros annuels) de ses livraisons vers l'UE. 

Et si Londres et Bruxelles n'arrivent pas à conclure dans les temps un accord de libre-échange, des droits de douanes vont renchérir ses produits, les rendant peu compétitifs et le forçant à chercher des acheteurs ailleurs. 

Mais pour James Cook, qui s'estime ignoré des autorités, trouver de nouveaux marchés prêts à payer des prix élevés pour des fruits de mer écossais s'annonce difficile. 

Pression de l'opinion 

La pêche est devenue l'un des points de discorde les plus difficiles dans les négociations commerciales post-Brexit. Le sujet représente à la fois un symbole de la souveraineté que veut retrouver le Royaume-Uni, mais aussi les liens étroits du pays avec ses voisins européens, qui remontent pour ce secteur bien au-delà du demi-siècle d'union avec les Européens. 

En Ecosse, le sujet est étroitement lié au mouvement pour l'indépendance. 

« Notre aspiration à rester dans l'Europe n'a jamais été reconnue", regrette James Cook. « Nous avons clairement signalé vouloir rester." 

Avant le référendum pour l'indépendance de 2014, le gouvernement a prévenu qu'une victoire du « oui" priverait la province britannique de son accès à l'UE. Les Ecossais ont voté à 55% contre. 

Deux ans plus tard, ils ont voté à 62% contre le Brexit, approuvé 52% à l'échelle du Royaume-Uni. 

Ce résultat a créé un sentiment de trahison pour bien des Ecossais et a relancé le mouvement indépendantiste, encore dopé depuis par la gestion chaotique de la pandémie de nouveau coronavirus par le gouvernement du conservateur Boris Johnson. 

Un nouveau sondage réalisé par l'institut Savanta ComRes et publié jeudi par le journal The Scotsman a donné une nouvelle fois une majorité souhaitant mettre un terme à 300 ans d'union avec l'Angleterre. 

Le parti indépendantiste de la Première ministre Nicola Sturgeon, le SNP, est donné largement favori des élections locales de mai prochain et martèle vouloir obtenir un nouveau référendum d'autodétermination.  

La décision revient à Boris Johnson, qui refuse fermement toute nouvelle consultation. 

Néanmoins, selon Nicola McEwen, politologue à l'université d'Edimbourg, une forte victoire du SNP l'année prochaine renforcera la pression sur Londres pour accepter un deuxième référendum, déjà surnommé « indyref2». 

« Tout ce dont le SNP a besoin de parler, c'est du droit à décider », explique-t-elle. « Il n'a pas besoin de rentrer dans les détails ou les difficultés liées à l'indépendance ». 

Dans le port d'Eyemouth, qui se trouve tout près de la frontière anglaise, James Cook explique qu'il voulait rester dans l'UE en raison des liens noués par son entreprise. Il se dit triste de voir l'Ecosse renoncer à ce partenariat contre son gré. 

« Nous sommes très dépendants des associations que nous avons établies en Europe », souligne l'exportateur de fruits de mer. « La France est notre principal marché ».


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.


Ouragan Melissa: près de 50 morts dans les Caraïbes, l'aide afflue

Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
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  • L’ouragan Melissa, le plus puissant à frapper la Jamaïque en près de 90 ans, a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque, laissant derrière lui des destructions massives et des centaines de milliers de sinistrés
  • L’aide internationale afflue vers les Caraïbes, avec des secours venus des États-Unis, du Venezuela, de la France et du Royaume-Uni, alors que les experts rappellent le rôle du réchauffement climatique dans l’intensification de ces catastrophes

CUBA: L'aide internationale afflue vendredi vers les Caraïbes dévastées par le passage de l'ouragan Melissa qui a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque.

Habitations en ruines, quartiers inondés et communications coupées... L'heure est à l'évaluation des dégâts causés par Melissa qui devrait désormais faiblir au dessus dans l'Atlantique nord après avoir passé les Bermudes.

Selon le Centre national américain des ouragans (NHC), les inondations devraient s'atténuer aux Bahamas, mais les crues pourraient demeurer à un niveau élevé à Cuba, en Jamaïque, en Haïti et en République dominicaine voisine.

Rendu plus destructeur par le réchauffement climatique, l'ouragan a été le plus puissant à toucher terre en 90 ans lorsqu'il a frappé la Jamaïque mardi en catégorie 5, la plus élevée sur l'échelle Saffir-Simpson, avec des vents d'environ 300 km/h.

"Le bilan confirmé est désormais de 19 morts" dont neuf à l'extrémité ouest de l'île, a déclaré jeudi soir la ministre jamaïcaine de l'Information Dana Morris Dixon, citée par les médias locaux.

De nombreux habitants n'ont toujours pas pu contacter leurs proches, ont expliqué les autorités. L'armée jamaïcaine s'emploie à dégager les routes bloquées, selon le gouvernement.

"Il y a eu une destruction immense, sans précédent, des infrastructures, des propriétés, des routes, des réseaux de communication et d'énergie", a déclaré depuis Kingston Dennis Zulu, coordinateur pour l'ONU dans plusieurs pays des Caraïbes. "Nos évaluations préliminaires montrent que le pays a été dévasté à des niveaux jamais vus auparavant".

- Melissa "nous a tués" -

A Haïti, pas directement touché par l'ouragan mais victime de fortes pluies, au moins 30 personnes, dont dix enfants, sont mortes, et 20 portées disparues, selon le dernier bilan des autorités communiqué jeudi. Vingt-trois de ces décès sont dus à la crue d'une rivière dans le sud-ouest du pays.

A Cuba, les communications téléphoniques et routières restent largement erratiques.

A El Cobre, dans le sud-ouest de l'île communiste, le son des marteaux résonne sous le soleil revenu: ceux dont le toit s'est envolé s'efforcent de réparer avec l'aide d'amis et de voisins, a constaté l'AFP.

Melissa "nous a tués, en nous laissant ainsi dévastés", a déclaré à l'AFP Felicia Correa, qui vit dans le sud de Cuba, près d'El Cobre. "Nous traversions déjà d'énormes difficultés. Maintenant, évidement, notre situation est bien pire."

Quelques 735.000 personnes avaient été évacuées, selon les autorités cubaines.

- Secouristes -

L'aide promise à l'internationale s'achemine dans la zone dévastée.

Les États-Unis ont mobilisé des équipes de secours en République dominicaine, en Jamaïque et aux Bahamas, selon un responsable du département d'État. Des équipes étaient également en route vers Haïti.

Le secrétaire d'État Marco Rubio a également indiqué que Cuba, ennemi idéologique, est inclus dans le dispositif américain.

Le Venezuela a envoyé 26.000 tonnes d'aide humanitaire à son allié cubain.

Le président du Salvador Nayib Bukele a annoncé sur X envoyer vendredi "trois avions d'aide humanitaire en Jamaïque" avec "plus de 300 secouristes" et "50 tonnes" de produits vitaux.

Kits de première nécessité, unités de traitement de l'eau: la France prévoit de livrer "dans les prochains jours" par voie maritime une cargaison d'aide humanitaire d'urgence en Jamaïque, selon le ministère des Affaires étrangères.

Le Royaume-Uni a débloqué une aide financière d'urgence de 2,5 millions de livres (2,8 millions d'euros) pour les pays touchés.

Le changement climatique causé par les activités humaines a rendu l'ouragan plus puissant et destructeur, selon une étude publiée mardi par des climatologues de l'Imperial College de Londres.

"Chaque désastre climatique est un rappel tragique de l'urgence de limiter chaque fraction de degré de réchauffement, principalement causé par la combustion de quantités excessives de charbon, de pétrole et de gaz", a déclaré Simon Stiell, secrétaire exécutif de l'ONU chargé du changement climatique, alors que la grande conférence climatique des Nations unies COP30 s'ouvre dans quelques jours au Brésil.

Avec le réchauffement de la surface des océans, la fréquence des cyclones (ou ouragans ou typhons), les plus intenses augmente, mais pas leur nombre total, selon le groupe d'experts du climat mandatés par l'ONU, le Giec.