AL-MUKALLA: Des proches de dizaines de personnes enlevées et malades se sont insurgés lundi contre les Houthis pro-iraniens, alors que ces derniers continuent de refuser soins médicaux et vêtements d'hiver à leurs prisonniers, mettant leur vie en danger.
L’Association des mères de personnes enlevées, qui représente des milliers de proches de personnes enlevées au Yémen, a organisé un rare sit-in devant le bureau du Comité international de la Croix-Rouge à Sanaa. Le rassemblement a eu lieu dans la ville contrôlée par les Houthis pour attirer l'attention sur leurs 50 proches incarcérés dans la Prison de sécurité politique à Sanaa, souvent dans des conditions de détention abusives ponctuées de séances de torture.
L'organisation affirme que les prisonniers voient leur état de santé se détériorer, et que leurs geôliers refusent de leur donner accès à des soins pharmaceutiques. Leurs proches sont interdits d'apporter des vêtements d'hiver, même dans le cas de prisonniers qui souffrent de maladies chroniques telles que les accidents vasculaires cérébraux, l'insuffisance rénale, le diabète ou la spondylose.
Les participantes au sit-in arboraient des pancartes qui exigent des médiateurs de l'ONU d'intervenir pour obtenir la libération de leurs proches malades. Elles accusent par ailleurs les miliciens de mettre en danger la vie des prisonniers. «Nous demandons à l'envoyé de l'ONU de faire pression sur les Houthis pour qu'ils libèrent sans délai les malades enlevés détenu à la Prison de sécurité politique», indique une affiche.
Cinq journalistes yéménites libérés des prisons houthies lors d’un échange de prisonniers en octobre racontent l'horreur vécue en détention. Ils assurent avoir été torturés, battus et maltraités, ils se sont vu refuser des médicaments de base, ou ont reçu des médicaments inadaptés à leur diagnostic.
Amnesty International a accusé les Houthis il y a quelques semaines de mettre en danger la vie de Tawfiq Al-Mansouri, un journaliste yéménite condamné à mort en avril. On lui aurait refusé de le traiter, en plus de le soumettre à des «conditions de détention épouvantables».
Le ministère de la Défense du Yémen a par ailleurs accusé un nombre de dirigeants houthis de torture et de cruauté systématique contre les personnes enlevées. Ces pratiques sont monnaie courante à Sanaa, que la prison soit officielle ou secrète.
A la suite d’entretiens avec d'anciens prisonniers enlevés, le ministère a accusé dimanche Abdul Kader Al-Murtada, chef du comité des affaires des prisonniers houthi, et son adjoint Murad Qassim Hanen de mener des séances de torture à l’aide de de Yahyia Mohammed Hamadi Sarae, chef de prison de sécurité politique et son adjoint Hayel Juma'n. Il est allégué de plus que des prisonniers ont été battus, torturés et insultés verbalement par des agents houthis. Les anciens détenus racontent que les Houthis les ont privés de sommeil, d'eau et de nourriture.
Depuis qu’ils ont usurpé le pouvoir en 2014, les Houthis ont enlevé des centaines de militants, journalistes, politiciens, et officiers militaires qui contestent leur régime. Les figures de l'opposition qui ont réussi à fuir la persécution houthie se sont réfugiées dans les zones contrôlées par le gouvernement, ou se sont exilées.
Le gouvernement yéménite et les Houthis ont échangé des centaines de prisonniers le mois dernier, un pas important vers une relation de confiance, négocié par l'ONU préalablement à d’éventuels pourparlers de paix pour mettre un terme à la guerre.
Hadi Al-Haej, chef de la délégation yéménite officielle aux discussions d'échange de prisonniers, a confié à Arab News que ces pourparlers sont dans l’impasse, car les deux parties n’ont pas réussi à s'entendre sur une date pour l'échange de prisonniers. Il s’est dit «préoccupé» par les médias qui font état de la détérioration des conditions de santé des détenus.
Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com