La comparaison par Darmanin de la «haine du juif» à celle «du flic» indigne la gauche

Le ministre français de l'Intérieur, Gerald Darmanin, prononce un discours lors de la séance des questions au gouvernement à l'Assemblée nationale française, le 17 octobre 2023. (Photo, AFP)
Le ministre français de l'Intérieur, Gerald Darmanin, prononce un discours lors de la séance des questions au gouvernement à l'Assemblée nationale française, le 17 octobre 2023. (Photo, AFP)
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Publié le Jeudi 19 octobre 2023

La comparaison par Darmanin de la «haine du juif» à celle «du flic» indigne la gauche

  • « La haine du juif et la haine du flic se rejoignent. Pas par conviction mais par calcul électoral», a déclaré le ministre mardi lors d'un discours à Créteil devant la communauté juive du Val-de-Marne
  • « Honte d'un gouvernement français qui invente des polémiques intérieures au lieu d'aller au secours des victimes des crimes de guerre à Gaza», a réagi sur X (ex-Twitter) mercredi Jean-Luc Mélenchon

PARIS: "Honte", "double faute": plusieurs personnalités de gauche se sont indignées mercredi du parallèle effectué la veille entre "la haine du juif" et "la haine du flic" par le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, qui visait notamment LFI.

"La haine du juif et la haine du flic se rejoignent. Pas par conviction mais par calcul électoral", a déclaré le ministre mardi lors d'un discours à Créteil devant la communauté juive du Val-de-Marne.

Critiquant les "hypocrites", il a estimé que la crise actuelle avait "permis de révéler quel était le projet politique d'un certain nombre de responsables qui parlent à des millions de personnes et dont la voix porte".

"Le cynisme pousse à penser qu'en portant des messages aussi décalés, aussi incompréhensibles, aussi ignominieux, on arrivera à récupérer quelques pourcentages de plus dans des endroits où on pense que certains Français sont pris à souhaiter la haine de l'autre, la haine d'Israël, la haine des juifs", a-t-il ajouté.

Le ministre a souhaité que les attaques "ignobles et dramatiques" perpétrées par le Hamas en Israël le 7 octobre permettent d'identifier "ceux qui n'ont pas été là au moment où il fallait utiliser des mots justes", pour "s'en souvenir".

"Honte d'un gouvernement français qui invente des polémiques intérieures au lieu d'aller au secours des victimes des crimes de guerre à Gaza", a réagi sur X (ex-Twitter) mercredi Jean-Luc Mélenchon, le leader de La France insoumise, directement visé par le ministre - qui ne l'a pas nommé - parce que refusant de qualifier le Hamas d'organisation terroriste.

"La politique de caniveau plutôt que la condamnation des crimes de guerre", a abondé le député LFI Thomas Portes. Son collègue Ugo Bernalicis a dénoncé un parallèle qui "exacerbe les tensions au sein de la communauté nationale".

M. Darmanin a saisi la justice mardi contre la députée LFI Danièle Obono qui avait caractérisé le Hamas comme "un groupe politique islamiste" qui "résiste à une occupation".

Pour le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, M. Darmanin commet "une double faute": "c'est une instrumentalisation odieuse de la lutte nécessaire contre l'antisémitisme" et "une banalisation de l'antisémitisme qui a conduit à l’extermination de 6 millions de juifs".

"Des policiers avec des insignes néonazis ont été épargnés par leur hiérarchie de sanction disciplinaire à la hauteur. A quoi jouez-vous M. Darmanin ?", a insisté la députée écologiste Sandrine Rousseau.


Macron fustige les «bourgeois des centres-villes» qui financent «parfois» le narcotrafic

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  • Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international"
  • La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic

PARIS: Le président Emmanuel Macron a estimé mercredi lors du Conseil des ministres que ce sont "parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants", selon des propos rapportés par la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon lors de son compte-rendu.

Le chef de l'État a appuyé "l'importance d'une politique de prévention et de sensibilisation puisque, je reprends ses mots, +c'est parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants+", a précisé Maud Bregeon, ajoutant: "on ne peut pas déplorer d'un côté les morts et de l'autre continuer à consommer le soir en rentrant du travail".

Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international". La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic.

 


Amiante dans les écoles: plus de 50 personnes et sept syndicats portent plainte à Marseille

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
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  • "La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu
  • Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent"

MARSEILLE: Ils sont parents d'élèves, enseignants, agents municipaux: une cinquantaine de personnes, toutes exposées à l'amiante dans des écoles des Bouches-du-Rhône, vont déposer mercredi à Marseille une plainte contre X pour "mise en danger délibérée de la vie d'autrui".

Sept syndicats et trois associations de victimes de l'amiante sont aussi plaignants dans ce dossier, qui concerne 12 établissements scolaires, la plupart à Marseille.

"La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu, qui représente ces plaignants d'une douzaine d'établissements scolaires et dont la plainte va être déposée à 14h.

Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent".

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire.

"Une collègue est décédée en avril 2024 des suites d’un cancer lié à l’amiante, reconnu comme maladie professionnelle", a expliqué dans un dossier de presse le collectif stop amiante éducation, dans lequel sont réunis les syndicats et associations plaignants.

Le collectif dénonce "de nombreuses défaillances", notamment une absence d'information sur l'amiante, malgré les obligations réglementaires, ou encore une absence de protection pendant les travaux.

En mars, les syndicats enseignants avaient révélé que plus de 80% des bâtiments scolaires en France étaient potentiellement concernés par la présence d'amiante.

Un rapport du Haut Conseil de la Santé Publique publié en 2014, prévoit que d’ici 2050, 50.000 à 75.000 décès par cancer du poumon dus à l’amiante aient lieu, auxquels s’ajoutent jusqu'à 25.000 décès par mésothéliome (un autre type de cancer).

 


Assassinat de Mehdi Kessaci: «Non, je ne me tairai pas» face au narcotrafic, dit son frère dans une tribune au Monde

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  • "Je dirai et répéterai que mon frère Mehdi est mort pour rien. Je dirai la violence du narcotrafic"
  • "On me parle de crime d’avertissement. Mais un crime n'est jamais un avertissement"

PARIS: "Non, je ne me tairai pas" face au narcotrafic, a déclaré mercredi dans une tribune publiée dans le journal Le Monde Amine Kessaci, le frère de Mehdi, abattu jeudi à Marseille par deux personnes à moto.

"Je dirai et répéterai que mon frère Mehdi est mort pour rien. Je dirai la violence du narcotrafic", a également écrit le militant écologiste de 22 ans, engagé dans la lutte contre le narcobanditisme. En 2020, cette famille de six enfants avait déjà été endeuillée par l'assassinat d'un autre de ses frères, Brahim, 22 ans, dont le corps avait été retrouvé carbonisé dans un véhicule.

"On me parle de crime d’avertissement. Mais un crime n'est jamais un avertissement", a encore déclaré Amine Kessaci, qui a enterré mardi son frère Mehdi. "Voici ce que font les trafiquants : ils tentent d’annihiler toute résistance, de briser toute volonté, de tuer dans l’œuf tout embryon de révolte pour étendre leur pouvoir sur nos vies", a-t-il ajouté.

La protection policière qui lui a été accordée ne l'a pas été à ses proches, a souligné le militant écologiste de 22 ans. "Pourtant, qui ignorait que ma famille avait déjà payé un tribut de sang? Comment ne pas savoir que ma famille pouvait être touchée ?", s'est-il interrogé.

"Face à un tel ennemi, l’Etat doit prendre la mesure de ce qu'il se passe et comprendre qu'une lutte à mort est engagée", a-t-il encore prévenu.

"Il est temps d’agir, par exemple de faire revenir les services publics dans les quartiers, de lutter contre l’échec scolaire qui fournit aux trafiquants une main-d’œuvre soumise, de doter les enquêteurs et les forces de police des moyens dont ils ont besoin, de renforcer, de soutenir réellement les familles de victimes du narcotrafic. Nous comptons nos morts, mais que fait l’Etat ?"

Medhi Kessaci, 20 ans, a été assassiné jeudi à Marseille près d'une salle de concert par deux hommes à moto, activement recherchées, un "crime d'intimidation" et "un assassinat d'avertissement" pour les autorités.