Le musée du foot replonge Blatter dans la tourmente

Sepp Blatter, entouré de faux billets en dollars, lancés par un comédien britannique lors d'une conférence de presse au siège de l'instance mondiale de la FIFA à Zurich. (AFP)
Sepp Blatter, entouré de faux billets en dollars, lancés par un comédien britannique lors d'une conférence de presse au siège de l'instance mondiale de la FIFA à Zurich. (AFP)
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Publié le Mardi 22 décembre 2020

Le musée du foot replonge Blatter dans la tourmente

  • Réagissant à l'annonce de dépôt de plainte de la Fifa auprès du procureur de Zurich, l'avocat de M. Blatter, Lorenz Erni, a dit à l'AFP que «les accusations sont sans fondement et niées avec véhémence»
  • Selon la Fifa, il a généré une facture de 500 millions de francs suisses (462 millions d'euros) qui «aurait pu et dû être consacré au développement du football mondial»

GENEVE : L'ex-patron du football mondial Sepp Blatter s'est vu accusé mardi par la Fifa de «mauvaise gestion criminelle» en lien avec le projet de musée du foot à Zurich, en Suisse.

Réagissant à l'annonce de dépôt de plainte de la Fifa auprès du procureur de Zurich, l'avocat de M. Blatter, Lorenz Erni, a dit à l'AFP que «les accusations sont sans fondement et niées avec véhémence».

Pour sa part, l'organisation sportive, dont le siège se trouve à Zurich, explique qu'«une enquête menée par des experts externes a fait apparaître des preuves de mauvaise gestion criminelle présumée visant l'ancienne direction de la Fifa et des entreprises nommées par cette dernière dans le cadre du projet» du musée du football.

Selon la Fifa, il a généré une facture de 500 millions de francs suisses (462 millions d'euros) qui «aurait pu et dû être consacré au développement du football mondial».

«Nous sommes arrivés à la conclusion que nous n'avions pas d'autre choix que de signaler cette affaire au procureur général, car la direction actuelle de la Fifa a des responsabilités fiduciaires vis-à-vis de l'organisation et entend les assumer pleinement, même si sa devancière est bien loin d'en avoir fait de même», déclare le secrétaire général adjoint de la Fifa, Alasdair Bell, dans le communiqué.

Le musée de la Fifa à Zurich, dont la construction avait été voulue par Sepp Blatter, président déchu et suspendu, avait été inauguré en février 2016 par l'actuel président Gianni Infantino, au lendemain de son élection.

Mais fin octobre 2016, son directeur Stefan Jost avait quitté ses fonctions, à la suite de «divergences de vue quant à la stratégie future du musée du football», avait alors expliqué la Fifa. 

Moins d'un mois après, le musée était menacé de fermeture à cause des pertes financières, et celle-ci avait même été annoncée aux salariés. Le musée est finalement resté ouvert.

- Dix étages -

Le bâtiment de dix étages comprend 3000 m2 de surface d'exposition, des espaces événementiels, des salles de restauration, 34 appartements ainsi que des bureaux pouvant accueillir environ 140 employés. Le musée prévoyait entre 130 000 et 150 000 visiteurs pour 2016 et tablait sur 250 000 en 2018. Finalement, 161 700 visiteurs ont passé les portes du musée durant l'année 2019, selon la Fifa.

Selon le communiqué de la Fifa, l'ancienne administration de l'instance sportive a consacré CHF 140 millions francs suisses à la rénovation et la modernisation du bâtiment dont elle n'est pas propriétaire, «tout en s'engageant dans un contrat de location à long terme supérieur à la valeur du marché, qui coûtera à la Fifa un total de CHF 360 millions d'ici à la date d'expiration dudit contrat en 2045».

«Les chiffres que la Fifa communique sont faux», a indiqué à l'AFP l'entourage de Sepp Blatter, en faisant valoir notamment que le loyer annuel de l'immeuble s'élève à 8,9 millions de francs suisses et qu'il n'est pas tenu compte «du fait que la Fifa peut louer une vingtaine d'appartements et de bureaux».

«En raison des sommes considérables investies dans le musée et du mode de fonctionnement général de l'ancienne direction de la Fifa, un audit judiciaire a été effectué afin de découvrir ce qu'il s'était réellement passé», a expliqué mardi Alasdair Bell.

«Cet audit a révélé de nombreuses instances de mauvaise gestion ainsi que des circonstances suspectes, dont certaines pourraient être de nature criminelle et doivent par conséquent faire l'objet d'une enquête approfondie par les autorités compétentes», a-t-il souligné.

La Fifa indique qu'elle entend également soumettre à sa Commission d'Ethique indépendante toute la documentation relative à ce dossier afin que cette dernière puisse initier d'éventuelles investigations.

Sepp Blatter fait déjà face à une enquête de la justice suisse, qui porte sur le paiement par la Fifa de 2 millions de francs suisses (1,8 million d'euros) à Michel Platini début 2011.

Dans cette affaire, les deux hommes sont désormais poursuivis pour «escroquerie» et «abus de confiance, après l'élargissement de l'enquête initialement ouverte contre eux pour «gestion déloyale», et qui a brisé en 2015 leur parcours de dirigeants dans le football.

 


La fête de la musique sous le signe du dialogue culturel franco-saoudien

Du 20 au 26 juin 2025, la Fête de la Musique résonnera dans trois grandes villes d’Arabie saoudite : Riyad, Khobar et Djeddah. (Photo Fournie)
Du 20 au 26 juin 2025, la Fête de la Musique résonnera dans trois grandes villes d’Arabie saoudite : Riyad, Khobar et Djeddah. (Photo Fournie)
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  • Née en France en 1982, la Fête de la Musique s’est imposée comme un événement planétaire célébré dans plus de 120 pays.
  • L’édition 2025 proposera une programmation riche et éclectique, reflet de la vitalité des scènes française et saoudienne contemporaines.

RIYAD : Du 20 au 26 juin 2025, la Fête de la Musique résonnera dans trois grandes villes d’Arabie saoudite : Riyad, Khobar et Djeddah. À l’initiative de l’ambassade de France, en collaboration avec l’Alliance française, Saudi Music Hub, Unstable, Hayy Jameel et MDL Beast, une série d’événements musicaux viendra marquer ce rendez-vous culturel international devenu emblématique.

Née en France en 1982, la Fête de la Musique s’est imposée comme un événement planétaire célébré dans plus de 120 pays. Fidèle à son principe fondateur, elle vise à rendre la musique accessible à tous gratuitement. Elle reste, cette année encore, un puissant vecteur de dialogue culturel. En Arabie saoudite, cette célébration musicale prend une dimension particulière, s’inscrivant dans un contexte de renouveau artistique et d’ouverture culturelle, en pleine résonance avec les objectifs de Vision 2030.

L’édition 2025 proposera une programmation riche et éclectique, reflet de la vitalité des scènes française et saoudienne contemporaines. Des artistes français seront présents, comme Karimouche, figure singulière du spoken word et de la chanson engagée, ou DJ SÔNGE, productrice électro aux univers immersifs et afro-futuristes.

Ces artistes partageront la scène avec des talents saoudiens tels que Kosh, beatmaker fusionnant rythmes traditionnels et basses électroniques, ou Seera, jeune espoir de la scène folk locale. Plusieurs artistes émergents, sélectionnés avec soin en collaboration avec les partenaires saoudiens, viendront compléter cette mosaïque sonore.

Chacune des villes participantes offrira une atmosphère unique. Riyad ouvrira le bal le 20 juin avec une nuit musicale au Unstable, lieu hybride emblématique de la scène urbaine saoudienne. Le 21 juin, Khobar prendra le relais au Saudi Music Hub, un espace dédié à la formation musicale, pour une soirée plus intimiste. Enfin, Djeddah clôturera cette semaine de célébration les 25 et 26 juin, au cœur du centre culturel Hayy Jameel, avec deux concerts présentés par des artistes féminines marquantes.

Au-delà des concerts, ces rencontres musicales seront l'occasion de moments de partage, de découvertes et d'échanges, favorisant la création de liens entre artistes et publics des deux pays. En soutenant la circulation des talents et la coopération artistique, la France réaffirme son engagement en faveur de la diversité culturelle et du dialogue entre les sociétés.

La Fête de la Musique 2025 est ainsi bien plus qu’un simple rendez-vous festif : elle est le symbole vivant d’une amitié en construction, portée par des sons, des voix et des émotions partagées.


La bibliothèque Jadal est une oasis culturelle dans la province orientale de l'Arabie saoudite

Ali Al-Herz (photo) a transformé sa maison en une bibliothèque contenant plus de 37 000 livres. (Photo Fournie)
Ali Al-Herz (photo) a transformé sa maison en une bibliothèque contenant plus de 37 000 livres. (Photo Fournie)
Ali Al-Herz (photo) a transformé sa maison en une bibliothèque contenant plus de 37 000 livres. (Photo Fournie)
Ali Al-Herz (photo) a transformé sa maison en une bibliothèque contenant plus de 37 000 livres. (Photo Fournie)
Ali Al-Herz (photo) a transformé sa maison en une bibliothèque contenant plus de 37 000 livres. (Photo Fournie)
Ali Al-Herz (photo) a transformé sa maison en une bibliothèque contenant plus de 37 000 livres. (Photo Fournie)
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  • Ali Al-Herz a transformé sa maison en une bibliothèque contenant plus de 37 000 livres, offrant aux visiteurs un espace où la mémoire, la philosophie et la culture prennent vie.
  • adal n'est pas seulement une bibliothèque, c'est bien plus que cela. C'est un musée à explorer, un espace philosophique propice à la réflexion et un rempart contre l'oubli des histoires culturelles importantes.

DHAHRAN : Dans le village tranquille d'Umm Al-Hamam, situé dans la province orientale de l'Arabie saoudite, une passion de longue date pour les livres s'est transformée en un havre culturel.

Ali Al-Herz, bibliophile et archiviste littéraire, a transformé sa maison en une bibliothèque d'exception nommée Jadal, un véritable trésor contenant plus de 37 000 livres, plus de 100 000 journaux et magazines, ainsi que des antiquités, dont certaines datent de plus d'un siècle.

Mais Jadal n'est pas seulement une bibliothèque, c'est bien plus que cela. C'est un musée à explorer, un espace philosophique propice à la réflexion et un rempart contre l'oubli des histoires culturelles importantes.

Al-Herz a déclaré à Arab News : « Depuis ma naissance, j'ai été entouré des livres de ma mère. J'ai grandi immergé dans cette passion, à tel point qu'elle m'a complètement envahi ; je suis devenu un rat de bibliothèque. »

L'étincelle qui a tout déclenché a été la rencontre d'Al-Herz avec l'épopée Sirat Antar à l'âge de 13 ans. « À partir de cette épopée, et à travers elle, j'ai commencé à explorer d'autres mondes », a-t-il déclaré. 

C'est cette curiosité et cette fascination qui ont finalement conduit Al-Herz à créer l'une des initiatives les plus originales du royaume d'Arabie saoudite.

Le nom « Jadal » signifie « débat » ou « discussion » en arabe, reflétant l'esprit curieux de la bibliothèque. Pour Al-Herz, l'objectif n'est pas seulement de préserver les textes, mais aussi l'idée de questionner et d'explorer les idées.

Al-Herz a déclaré : « J'ai choisi ce nom pour la bibliothèque, car il est profondément ancré dans l'histoire philosophique de la Grèce antique, ainsi que dans notre propre tradition culturelle arabo-islamique, en particulier dans notre héritage religieux. »

L'atmosphère philosophique imprègne les trois salles principales, nommées d'après Socrate, Platon et Aristote, qui accueillent les visiteurs dans un univers dédié à la lecture et à la réflexion. 

Des manuscrits rares, des textes anciens, des journaux et des antiquités ont été soigneusement archivés. Chaque pièce est un murmure du passé qui s'adresse à l'avenir. 

Al-Herz explique : « Même mon intérêt récent pour l'achat de livres s'est principalement orienté vers les éditions rares et les imprimés anciens, afin de créer une harmonie entre patrimoine et modernité. »

Mais Jadal ne se laisse pas envahir par la nostalgie, car Al-Herz organise toutes les deux semaines une réunion littéraire. Cet événement fait revivre une tradition qui était autrefois importante dans la vie intellectuelle des Arabes.

C'est un environnement où écrivains, universitaires et penseurs se réunissent autour d'un café arabe pour échanger des idées dans une atmosphère animée. 

À une époque où les gens recherchent des informations instantanées en ligne, Al-Herz continue d'utiliser des méthodes traditionnelles. « Il y a une lutte permanente entre deux générations », observe-t-il. « La victoire reviendra finalement à cette dernière génération, une fois que ma génération aura disparu. Les bibliothèques papier seront alors transformées en musées. »

Il a peut-être raison, mais pour l'instant, au cœur de la campagne de Qatif, la bibliothèque Jadal continue d'exister, et c'est un lieu où l'encre, la mémoire, le débat et le patrimoine continuent de façonner l'âme culturelle du Royaume. 

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com 


Amin Maalouf apporte un soutien inattendu aux langues régionales

Cette photographie montre la façade de l'Institut de France avant la présentation de la 9e édition du Dictionnaire de l'Académie française, qui est le dictionnaire officiel de la langue française, à Paris, le 14 novembre 2024. (Photo de Ludovic MARIN / POOL / AFP)
Cette photographie montre la façade de l'Institut de France avant la présentation de la 9e édition du Dictionnaire de l'Académie française, qui est le dictionnaire officiel de la langue française, à Paris, le 14 novembre 2024. (Photo de Ludovic MARIN / POOL / AFP)
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  • Ce dernier a écrit au Premier ministre François Bayrou et à la ministre de l'Éducation nationale, Elisabeth Borne, pour leur proposer un corpus d'œuvres en langues régionales destiné aux professeurs,
  • Le Collectif pour les littératures en langues régionales a constitué, avec l'aide de spécialistes, un recueil intitulé Florilangues, comprenant 32 textes en langue originale.

PARIS : Une initiative d'un collectif visant à enseigner le patrimoine littéraire dans les langues régionales de France a reçu lundi  un soutien inattendu : celui du secrétaire perpétuel de l'Académie française, Amin Maalouf.

M. Maalouf, écrivain franco-libanais, a été élu en 2023 à la tête d'une institution dont la mission est de veiller au rayonnement et à l'intégrité de la langue française.

Toutefois, il soutient la démarche du Collectif pour les littératures en langues régionales, qui suggère un enseignement de ce type au collège ou au lycée, a indiqué ce collectif à l'AFP.

Ce dernier a écrit au Premier ministre François Bayrou et à la ministre de l'Éducation nationale, Elisabeth Borne, pour leur proposer un corpus d'œuvres en langues régionales destiné aux professeurs, afin de sensibiliser à la « richesse de la production littéraire » dans d'autres langues que le français. 

« M. Maalouf, comme nous, est convaincu qu'il est nécessaire que les élèves français découvrent ces trésors culturels », écrit ce collectif à M. Bayrou, qui parle lui-même le béarnais.

Le Collectif pour les littératures en langues régionales a constitué, avec l'aide de spécialistes, un recueil intitulé Florilangues, comprenant 32 textes en langue originale (de l'alsacien au tahitien, en passant par le basque ou le corse), traduits en français.

On y trouve entre autres un poème en provençal de Frédéric Mistral (prix Nobel de littérature en 1904) intitulé Mirèio, une chronique en breton de Pierre-Jakez Hélias intitulée Bugale ar Republik, un court récit en créole martiniquais de Raphaël Confiant intitulé Bitako-a, ainsi qu'une chanson en picard d'Alexandre Desrousseaux intitulée Canchon dormoire (plus connue sous le nom de P'tit Quinquin).

« Il ne s'agit pas de donner des cours de langues régionales, mais de présenter des œuvres issues des littératures en langues régionales, que ce soit en français ou en version bilingue », précise le collectif.

Idéalement, selon lui, les élèves aborderaient des langues issues d'autres régions que la leur. « Pourquoi seuls les élèves antillais apprendraient-ils qu'il existe une littérature en créole ? », demande ce collectif, qui présente son initiative à la presse lors d'une visioconférence lundi après-midi.