En Pologne, les réfugiés ukrainiens ouvrent des entreprises en masse

Un homme portant un drapeau polonais et ukrainien écoute le président ukrainien Volodymyr Zelensky s'exprimer dans la cour du château royal de Varsovie, en Pologne, le 5 avril 2023. (Photo de Wojtek Radwanski / AFP)
Un homme portant un drapeau polonais et ukrainien écoute le président ukrainien Volodymyr Zelensky s'exprimer dans la cour du château royal de Varsovie, en Pologne, le 5 avril 2023. (Photo de Wojtek Radwanski / AFP)
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Publié le Dimanche 22 octobre 2023

En Pologne, les réfugiés ukrainiens ouvrent des entreprises en masse

  • Le phénomène est tel qu'une entreprise sur dix nouvellement créées est détenue par des Ukrainiens, qui sont près d'un million à vivre en Pologne, selon les chiffres du gouvernement
  • Nova Poshta, le plus grand service postal d'Ukraine, dessert également l'importante communauté ukrainienne résidant en Pologne

VARSOVIE: Olena Romanova a fui l'Ukraine pour la Pologne lorsque la Russie a lancé son invasion en février 2022, laissant derrière elle un salon de massage prospère. Comme elle, des dizaines de milliers de réfugiés ont rebâti leurs commerces.

Avec trois partenaires, cette femme de 52 ans propose désormais le même service en Pologne, où quelque 30 000 entreprises ont été créées par des réfugiés ukrainiens depuis la guerre.

"Nous avons réalisé que nous devions nous développer pour ne pas devenir fous", explique Mme Romanova, qui a quitté Kiev avec l'une de ses filles au lendemain de l'invasion russe mais a laissé son mari en Ukraine.

Le phénomène est tel qu'une entreprise sur dix nouvellement créées est détenue par des Ukrainiens, qui sont près d'un million à vivre en Pologne, selon les chiffres du gouvernement.

"Lorsque nous avons commencé à travailler en Pologne, c'était très difficile, car nous ne connaissions ni la langue, ni les lois. On ne connaissait pas le marché du travail, ni les produits, ni les services", poursuit l'entrepreneuse.

Au début, ses partenaires et elle se "tiraient mutuellement vers le haut". "Je ne suis pas sûre que j'aurais été capable de le faire si j'avais été seule, compte tenu de mon état psychologique", souligne-t-elle.

Moins chaotique qu'en Ukraine

Un secteur est particulièrement florissant, malgré la morosité de l'économie polonaise: celui de la construction. Un cinquième des entreprises ukrainiennes qui voient le jour sont actives dans ce secteur.

De nombreuses autres s'occupent de technologies de l'information ou fournissent des services, notamment les salons de coiffure, selon un rapport datant de juillet de l'Institut polonais d'économie.

Karina Synevytch, 36 ans, originaire de Kiev, travaille pour la populaire chaîne ukrainienne de restaurants de poisson Chornomorka, qui a ouvert deux succursales à Varsovie.

Elle se félicite de constater que la création et la gestion d'une entreprise en Pologne sont mieux organisées et plus transparentes qu'en Ukraine.

"En Pologne, cela prend plus de temps. En Ukraine, on peut tout ouvrir plus rapidement, mais c'est plus chaotique", relève-t-elle.

Lorsque le premier Chornomorka a ouvert ses portes à Varsovie en décembre, les premiers clients étaient tous des Ukrainiens qui ont laissé des commentaires vantant le plaisir de goûter leur cuisine nationale et de parler leur langue maternelle.

"Nous avons pleuré en les lisant", raconte Karina Synevytch.

Peu à peu, les Ukrainiens ont commencé à y amener leurs amis polonais et, aujourd'hui, la plupart des clients sont polonais.

«Une vie différente»

Nova Poshta, le plus grand service postal d'Ukraine, dessert également l'importante communauté ukrainienne résidant en Pologne.

Il a ouvert son premier point de vente en octobre sous le nom de Nova Post, qui permet aux clients d'envoyer et de recevoir rapidement des colis en provenance et à destination de l'Ukraine.

"Actuellement, il y a sept succursales à Varsovie et nous en avons 34 dans toute la Pologne", se félicite le directeur de la succursale polonaise de la société, Ievguen Tafiïtchouk, 34 ans.

Maryna Ivanova, une coach fitness qui s'est rendue au bureau de poste de Varsovie pour récupérer un colis, utilise régulièrement ce service.

"Aujourd'hui, par exemple, j'ai commandé des chemises brodées ukrainiennes. D'une certaine manière, je voulais soutenir un fabricant ukrainien", explique cette trentenaire.

Elle dit envoyer régulièrement des colis à l'armée ukrainienne par l'intermédiaire de Nova Poshta. "Mes amis les reçoivent à Odessa et les remettent aux soldats. C'est très rapide et pratique", poursuit-elle.

Pour de nombreux Ukrainiens, même ceux qui ont ouvert des entreprises prospères en Pologne, il est toutefois difficile de se projeter sur le long terme.

"Je vis dans l'instant présent", explique Olena Romanova.

Karina Synevytch, elle, peine à dire si sa nouvelle vie en Pologne est pire ou meilleure que l'ancienne, en Ukraine. "C'est juste différent, une vie différente", lance-t-elle.

"J'essaie de ne rien programmer. Tout au plus, je planifie un mois à l'avance. Que se passera-t-il dans six mois? C'est difficile à dire", explique-t-elle. "L'essentiel, c'est que (la guerre) se termine."


Zelensky va rencontrer des responsables du Pentagone sur fond d'initiative américaine pour régler le conflit

 Volodymyr Zelensky va rencontrer jeudi à Kiev des haut responsables du Pentagone, a annoncé son administration, au lendemain du dévoilement des éléments d'un plan américain pour mettre fin à la guerre menée par la Russie en Ukraine, à des conditions favorables au Kremlin. (AFP)
Volodymyr Zelensky va rencontrer jeudi à Kiev des haut responsables du Pentagone, a annoncé son administration, au lendemain du dévoilement des éléments d'un plan américain pour mettre fin à la guerre menée par la Russie en Ukraine, à des conditions favorables au Kremlin. (AFP)
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  • Depuis le retour au pouvoir de Donald Trump en janvier, peu de responsables américains se sont rendus en Ukraine
  • Selon un média américain Axios, Washington et Moscou préparent discrètement un plan pour mettre fin à la guerre en Ukraine, lancée en février 2022 avec l'invasion russe du pays voisin

KIEV: Volodymyr Zelensky va rencontrer jeudi à Kiev des haut responsables du Pentagone, a annoncé son administration, au lendemain du dévoilement des éléments d'un plan américain pour mettre fin à la guerre menée par la Russie en Ukraine, à des conditions favorables au Kremlin.

Cette réunion intervient au retour d'une visite infructueuse mercredi en Turquie du président ukrainien, qui espérait que Washington s'investisse à nouveau dans les négociations de paix. Mais l'émissaire de Donald Trump, Steve Witkoff, ne s'est pas déplacé.

Elle intervient également au lendemain d'une frappe russe ayant tué au moins 26 personnes dans une ville de l'ouest de l'Ukraine, l'une des attaques les plus meurtrières de Moscou sur son voisin ukrainien cette année.

La délégation du Pentagone, conduite par le secrétaire à l'Armée américaine, Daniel Driscoll, a rencontré mercredi le commandant en chef des armées ukrainiennes Oleksandre Syrsky et le ministre ukrainien de la Défense Denys Chmygal, selon leurs communiqués respectifs.

Le président Zelensky doit recevoir la délégation jeudi soir, a indiqué la présidence.

Depuis le retour au pouvoir de Donald Trump en janvier, peu de responsables américains se sont rendus en Ukraine.

Selon un média américain Axios, Washington et Moscou préparent discrètement un plan pour mettre fin à la guerre en Ukraine, lancée en février 2022 avec l'invasion russe du pays voisin.

Un haut responsable ukrainien a indiqué à l'AFP que ce plan requiert notamment que l'Ukraine cède à la Russie des territoires qu'elle occupe et réduise son armée de moitié.

Le Kremlin s'est refusé à tout commentaire et Washington et Kiev n'ont pas commenté publiquement les propositions de ce plan.

 


Grèce: découverte d'une toile géante avec 111.000 araignées dans une grotte

Appelée la "Sulfur cave", exceptionnellement riche en soufre, la grotte est située dans les gorges de Vromoner, une zone géologique à la frontière entre l'Albanie et la Grèce (nord-ouest), à 450km d'Athènes. (AFP)
Appelée la "Sulfur cave", exceptionnellement riche en soufre, la grotte est située dans les gorges de Vromoner, une zone géologique à la frontière entre l'Albanie et la Grèce (nord-ouest), à 450km d'Athènes. (AFP)
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  • La toile d'araignée découverte couvre quelque 106 m2 et comprend "69.000 individus de tégénaires domestiques (Tegenaria domestica) et plus de 42.000 de Prinerigone vagans (Linyphiidae)"
  • Des images, reçues mercredi par l'AFP, montrent des pans de cette immense toile, pendant sur la paroi comme un lourd rideau de velours noir, dans les profondeurs de cette grotte sous le regard fasciné d'un scientifique équipé comme un spéléologue

ATHENES: Des scientifiques ont récemment découvert une toile d'araignée géante de plus de 100 m2 avec quelque 111.000 araignées dans une grotte à la frontière entre la Grèce et l'Albanie, selon une étude publiée dans la revue Subterranean Biology.

Appelée la "Sulfur cave", exceptionnellement riche en soufre, la grotte est située dans les gorges de Vromoner, une zone géologique à la frontière entre l'Albanie et la Grèce (nord-ouest), à 450km d'Athènes.

La toile d'araignée découverte couvre quelque 106 m2 et comprend "69.000 individus de tégénaires domestiques (Tegenaria domestica) et plus de 42.000 de Prinerigone vagans (Linyphiidae)".

Des images, reçues mercredi par l'AFP, montrent des pans de cette immense toile, pendant sur la paroi comme un lourd rideau de velours noir, dans les profondeurs de cette grotte sous le regard fasciné d'un scientifique équipé comme un spéléologue.

"Mon dieu, incroyable! Quelle texture!", s'exclame en anglais ce scientifique touchant la toile avec ses doigts.

Selon lui, dans chacun de ces trous il y a une arachnide à l'origine de ces "mégapoles" d'araignées. On voit ensuite un membre de l'équipe réussir à attraper une araignée et la poser dans une tube à essai.

Dans la revue, les chercheurs évoquent "la découverte (...) d’un assemblage extraordinaire d’araignées coloniales" alors que ces deux espèces sont normalement solitaires.

Il s'agit du "premier cas documenté de formation de toile coloniale chez ces espèces", notent d'ailleurs les experts qui précisent que cette immense toile est formée "de nombreuses toiles individuelles, (...) chacune étant stratégiquement placée à un endroit où les ressources trophiques (la nourriture disponible, ndlr) sont abondantes".

"Certaines sections de la toile peuvent se détacher de la paroi sous leur propre poids", expliquent-ils.

Des sources d'eau situées dans les recoins profonds de la grotte alimentent un ruisseau sulfuré qui traverse toute la longueur du passage principal de la grotte, selon l'étude.

Les araignées partagent la grotte avec de nombreux autres insectes, notamment des mille-pattes, des scorpions et des coléoptères.

La découverte de cette immense toile a été rapportée pour la première fois par des membres de la Société spéléologique tchèque, selon l'étude.

 


Trump désigne l’Arabie saoudite comme allié majeur hors OTAN

Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane et le président américain Donald Trump. (AP)
Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane et le président américain Donald Trump. (AP)
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  • L’annonce a été faite lors d’un dîner de gala à la Maison-Blanche en l’honneur du prince héritier
  • Mohammed ben Salmane salue une nouvelle phase dans la coopération bilatérale et les liens économiques

WASHINGTON : Le président Donald Trump a annoncé mardi que les États-Unis désigneront officiellement l’Arabie saoudite comme allié majeur hors OTAN, marquant une élévation significative des liens de défense entre les deux pays.

Il a révélé cette décision lors d’un dîner de gala à la Maison-Blanche en l’honneur du prince héritier Mohammed ben Salmane.

« Ce soir, j’ai le plaisir d’annoncer que nous portons notre coopération militaire à un niveau encore plus élevé en désignant officiellement l’Arabie saoudite comme allié majeur hors OTAN — quelque chose de très important pour eux », a déclaré Trump.

« Et je vous le dis pour la première fois, car ils voulaient garder un petit secret pour ce soir. »

Ce nouveau statut ouvre la voie à une coopération militaire plus profonde et revêt un poids symbolique fort, Trump affirmant qu’il fera progresser la coordination militaire américano-saoudienne « à des sommets encore plus élevés ».

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Le prince héritier a remercié Trump pour un « accueil chaleureux et formidable », ajoutant : « Nous nous sentons chez nous. » Il a évoqué les fondements historiques de la relation entre les États-Unis et l’Arabie saoudite, rappelant que leur partenariat remonte à près de neuf décennies, à la rencontre entre le président Franklin D. Roosevelt et le roi Abdelaziz, fondateur de l’Arabie saoudite moderne.

Il a également souligné les jalons à venir pour les deux nations, les États-Unis approchant de leur 250e anniversaire et l’Arabie saoudite de son 300e, estimant que ces célébrations mettent en lumière la longue trajectoire d’une coopération partagée.

En retraçant l’histoire de l’alliance, le prince héritier a mis en avant les efforts communs durant la Seconde Guerre mondiale, la Guerre froide, et la longue lutte contre l’extrémisme et le terrorisme.

Mais il a insisté sur le fait qu’aujourd’hui marque une nouvelle phase de la coopération bilatérale, les liens économiques s’étendant à des secteurs sans précédent.

« Aujourd’hui est un jour particulier », a déclaré le prince héritier. « Nous pensons que l’horizon de la coopération économique entre l’Arabie saoudite et l’Amérique est plus vaste dans de nombreux domaines.

« Nous avons signé de nombreux accords qui peuvent ouvrir la voie à un approfondissement de la relation dans plusieurs secteurs, et nous allons travailler dessus. »

Il a ajouté : « Nous estimons que les opportunités sont immenses ; nous devons donc nous concentrer sur la mise en œuvre et continuer à accroître les opportunités entre nos deux pays. »

Trump a exprimé à plusieurs reprises son appréciation pour le partenariat et le leadership du prince héritier, mettant en avant les accords majeurs signés lors de la visite, notamment dans l’énergie nucléaire civile, les minéraux critiques et l’intelligence artificielle, qualifiant l’ampleur des investissements d’inédite.

Trump a souligné que l’Arabie saoudite entreprend une expansion majeure de ses capacités de défense, évoquant les projets du Royaume portant sur près de 142 milliards de dollars d’achats d’équipements et de services militaires américains, qu’il a qualifiés de « plus grande acquisition d’armement de l’histoire ».

Il a présenté ces acquisitions comme faisant partie d’une stratégie plus large visant à renforcer la sécurité au Moyen-Orient et à consolider le rôle du Royaume comme force de stabilité.

En plus de la désignation d’allié majeur hors OTAN, Trump a annoncé que les États-Unis et l’Arabie saoudite avaient signé un accord stratégique de défense historique qui permettra de créer « une alliance plus forte et plus capable » et de soutenir ce qu’il a décrit comme le moment où le Moyen-Orient est le plus proche d’une « paix véritablement durable ».

Trump a remercié le prince héritier « pour toute l’aide » dans ce qu’il a décrit comme un moment historique pour la paix régionale et la coopération américano-saoudienne, et pour son rôle central dans les avancées diplomatiques récentes, notamment des étapes ayant contribué à la fin de la guerre à Gaza.

« Même les grands experts… appellent cela un miracle », a-t-il dit à propos des évolutions régionales récentes. Les deux dirigeants ont présenté ce moment comme le début d’un nouveau chapitre.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com