Goncourt des lycéens: parler aux auteurs pour «aller au-delà des mots»

L'écrivain franco-libanais Sabyl Ghoussoub pose avec des lycéens avant la cérémonie de remise du prix littéraire "Prix Goncourt des Lyceens 2022", pour son roman "Beyrouth-sur-Seine", à Paris le 24 novembre 2022. (Photo, AFP)
L'écrivain franco-libanais Sabyl Ghoussoub pose avec des lycéens avant la cérémonie de remise du prix littéraire "Prix Goncourt des Lyceens 2022", pour son roman "Beyrouth-sur-Seine", à Paris le 24 novembre 2022. (Photo, AFP)
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Publié le Lundi 23 octobre 2023

Goncourt des lycéens: parler aux auteurs pour «aller au-delà des mots»

  • Le dialogue s'instaure bien vite entre les candidats au Goncourt et leurs lecteurs en herbe
  • "Ils posent des questions très directes, parfois déstabilisantes, ce ne sont pas du tout les questions qu’on a d'habitude. Les lycéens n’hésitent pas à aller dans l’intimité des auteurs"

RENNES: "Pensez-vous que nous sommes tous un peu des vers de terre?", "j'ai une question sur la page 20": à un mois de la remise du prix Goncourt des lycéens des centaines d'élèves membres du jury sont venus passer au crible les auteurs en lice et leurs romans.

Candides ou extrêmement pointues, les questions fusent dans la salle du cinéma de Rennes où neuf classes, venues de Bretagne mais aussi de Caen ou de Niort, ont pris place pour cette septième et dernière journée de rencontres organisée avec les écrivains dans diverses villes de France.

Beaucoup s'interrogent sur le rapport entre réalité et fiction, la part d'eux-mêmes que les auteurs ont mis dans leur livre.

"Quand avez-vous découvert le passé nazi de votre mère ?", lance une lycéenne à Cécile Desprairies, historienne spécialiste de l'Occupation qui explore dans "La Propagandiste" le rôle des femmes de sa propre famille pendant cette période.

"J'ai toujours su mais je n'arrivais pas à mettre des mots dessus (...) Il m'a fallu du temps, l'âge adulte", répond l'autrice.

Le dialogue s'instaure bien vite entre les candidats au Goncourt et leurs lecteurs en herbe.

"Quel est l'impact du roman pour les jeunes?", demande un adolescent à Gaspard Koenig, dont le livre "Humus" aborde la crise écologique à travers deux étudiants en agronomie et le rôle crucial des lombrics pour la terre.

"C'est à moi de vous poser la question. C'est un roman qui s'adresse plutôt aux gens qui hésitent, j'aimerais bien vous entendre", rétorque le romancier, qui aura ces échanges lors de la séance de dédicaces.

"La rencontre avec les auteurs, c'est très différent que de choisir un livre dans une bibliothèque. Les voir et leur parler, c'est aller au-delà des mots", résume Jenna-Emilie, élève de 1ère au lycée Pierre Mendès-France de Rennes, les yeux brillants.

"Je lis beaucoup mais pas trop ce genre de romans, plutôt de la fantasy. Ca me fait découvrir d’autres choses que je n’aurais pas pensé à regarder", explique sa camarade de classe Deryn, pour qui "c'est une fierté, et une grande responsabilité aussi" de participer au Goncourt des lycéens.

«Cure de rajeunissement»

"Entendre les autres élèves parler d'un livre avec enthousiasme, ça peut donner envie à certains de lire", assure Marc Lecoustre, professeur documentaliste à Rennes.

"On a le droit de ne pas aller au bout d’un livre quand on n'accroche pas" mais c’est intéressant de pouvoir dire pourquoi on n'a pas aimé, ajoute Caroline Derlyn, sa collègue prof de lettres.

"Certains élèves liront juste un livre comme on leur a demandé, mais j’en ai d'autres qui sont partis pour lire les 16 romans de la sélection" dans le but de faire partie du jury final le 23 novembre, explique-t-elle.

Le lauréat sera proclamé ce jour-là à Rennes, berceau de ce prix, prescripteur en termes de ventes.

L'expérience est également très enrichissante pour les auteurs qui ont enchaîné les rencontres durant le mois d'octobre pour défendre leur copie devant ce jury si investi.

"C'est une grande découverte et c'est passionnant. Il ne faut jamais oublier qui sont nos lecteurs", estime Cécile Desprairies.

"Ca m'apporte beaucoup", confirme Antoine Sénanque, auteur de "Croix de cendre".

"Mon livre parle de la peste au Moyen-Age, d’un grand philosophe de cette période, maître Eckhart. Je me suis dit +franchement, les lycéens, c’est pas le public+. En réalité je me trompais totalement!", sourit-il.

"Ils posent des questions très directes, parfois déstabilisantes, ce ne sont pas du tout les questions qu’on a d'habitude. Les lycéens n’hésitent pas à aller dans l’intimité des auteurs", relève Antoine Sénanque, qui parle d'une "cure de rajeunissement".

Ces rencontres vont "changer quelque chose dans ma manière d'écrire, peut-être que ce sera plus accueillant pour les jeunes. Les lycéens participeront sûrement à mon prochain livre d'une manière plus ou moins consciente", affirme le romancier.


Diriyah: écrin d’histoire, une exposition qui transporte les parisiens au cœur de l’Arabie Saoudite

D’emblée, l’exposition plonge le public dans une expérience multisensorielle. Les projections géantes des portes sculptées des maisons de la cité, décorées de pigments minéraux aux motifs simples et joyeux, rappellent le raffinement discret de l’architecture locale. (Photo Arlette Khouri)
D’emblée, l’exposition plonge le public dans une expérience multisensorielle. Les projections géantes des portes sculptées des maisons de la cité, décorées de pigments minéraux aux motifs simples et joyeux, rappellent le raffinement discret de l’architecture locale. (Photo Arlette Khouri)
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  • D’emblée, l’exposition plonge le public dans une expérience multisensorielle
  • Les projections géantes des portes sculptées des maisons de la cité, décorées de pigments minéraux aux motifs simples et joyeux, rappellent le raffinement discret de l’architecture locale

PARIS: À peine franchi le seuil du Grand Palais Immersif à Paris, le visiteur de l’exposition « Diriyah : un écrin d’histoire » quitte le tumulte parisien pour se retrouver transporté au cœur de l’Arabie saoudite.
Le parcours débute par un long couloir aux murs sobres, délicatement éclairés, recouverts de tapis tissés artisanalement et ponctués de chants d’oiseaux.
À son terme, une porte massive en bois brut, sculptée selon la tradition ancestrale de Diriyah : l’immersion commence, dans une atmosphère d’apaisement et de sérénité.

D’emblée, l’exposition plonge le public dans une expérience multisensorielle. Les projections géantes des portes sculptées des maisons de la cité, décorées de pigments minéraux aux motifs simples et joyeux, rappellent le raffinement discret de l’architecture locale.
Plus loin, un salon inspiré des habitations traditionnelles accueille les visiteurs. Assis au son apaisant du oud, ils dégustent café et figues, un goûter authentique qui évoque l’hospitalité saoudienne.

L’exposition déroule ensuite une série d’images monumentales retraçant la vie quotidienne d’autrefois : cavalerie, danses, vannerie et artisanats. Mais le point d’orgue du parcours est une immersion totale d’environ quatre minutes dans les rues de Diriyah.
Le spectateur se retrouve au milieu des habitants, partagé entre marchés animés, activités agricoles et scènes de fête : une expérience surprenante, qui donne l’impression de voyager sans quitter Paris.

Diriyah ne se limite pas à son passé. Située aux portes de Riyad, elle est aujourd’hui au cœur de la Vision 2030 de l’Arabie saoudite, un vaste plan de développement qui fait du patrimoine et de la culture des leviers de rayonnement international.

Cette exposition n’est pas seulement une prouesse visuelle : elle incarne l’esprit d’une cité majeure de l’histoire saoudienne. Diriyah, berceau de l’État saoudien, est en effet le lieu où la dynastie Al Saoud a vu le jour au XVIIIᵉ siècle, au sein du site d’At-Turaif.
Inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO, At-Turaif est un ensemble exceptionnel de palais et de demeures en briques de terre crue, restaurés avec soin et visités aujourd’hui par des millions de personnes. Il permet de revivre les origines politiques et culturelles du Royaume.

Mais Diriyah ne se limite pas à son passé. Située aux portes de Riyad, elle est aujourd’hui au cœur de la Vision 2030 de l’Arabie saoudite, un vaste plan de développement qui fait du patrimoine et de la culture des leviers de rayonnement international.
Diriyah s’étend sur 11,7 km² et se compose de quartiers mêlant espaces résidentiels, commerciaux et culturels. Le projet de développement prévoit plus de 30 hôtels, des parcs, des zones de loisirs, ainsi que la création de 178 000 emplois.

Depuis son ouverture au public en 2022, Diriyah a déjà attiré plus de trois millions de visiteurs.

Parmi ses joyaux contemporains, les terrasses de Bujairi séduisent par leurs restaurants raffinés et leurs boutiques, tandis que le wadi Hanifa, une vallée verdoyante transformée en oasis moderne, invite à la promenade entre arbres nouvellement plantés, pistes cyclables et sentiers équestres.
Ce mélange de patrimoine et de modernité fait de Diriyah une destination unique, alliant mémoire historique, innovation et respect de l’environnement.

« Nous voulons que les visiteurs s’imprègnent pleinement de la vie de Diriyah, qu’ils ressentent son passé, son présent et son avenir », explique Saeed Abdulrahman Metwali, directeur général de la stratégie d’orientation touristique et du design.
Selon lui, l’expérience immersive proposée à Paris est une manière de donner un avant-goût de la richesse culturelle et humaine que Diriyah réserve à ses visiteurs : « À travers ces images, on découvre les habitants, les marchés, les maisons et l’âme de la cité. L’idée est d’offrir une perception vivante et authentique, qui incite à venir découvrir Diriyah sur place. »

Les chiffres confirment d’ailleurs cet engouement : depuis son ouverture au public en 2022, Diriyah a déjà attiré plus de trois millions de visiteurs.
L’objectif est ambitieux : en accueillir 50 millions d’ici 2030, grâce à une offre hôtelière et culturelle sans cesse enrichie.

L’exposition parisienne, de courte durée (du 12 au 14 septembre), illustre la volonté de Diriyah de s’ouvrir à l’international et témoigne de sa stratégie visant à se positionner comme un lieu mondial du tourisme culturel, où se conjuguent tradition et modernité.


Un documentaire met en lumière le patrimoine environnemental des monts Al-Arma

La chaîne de montagnes Al-Arma est située dans la réserve royale du roi Khalid, au nord-est de Riyad. (SPA)
La chaîne de montagnes Al-Arma est située dans la réserve royale du roi Khalid, au nord-est de Riyad. (SPA)
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  • Le film présente de superbes images panoramiques des montagnes d'Al-Arma
  • Le film sera diffusé sur la chaîne Thaqafiya et disponible sur la plateforme Shahid

RIYAD: L'Autorité de développement de la réserve royale Imam Abdulaziz bin Mohammed a annoncé la production d'un nouveau film documentaire sur les monts Al-Arma, un point de repère environnemental situé dans la réserve royale du roi Khalid, au nord-est de Riyad.

Sami Al-Harbi, directeur de la communication de l'autorité, a déclaré que le film présente des images panoramiques époustouflantes des monts Al-Arma, ainsi que des points de vue d'experts et de chercheurs qui discutent de leur importance environnementale et historique particulière.

Il a ajouté que le film sera diffusé sur la chaîne Thaqafiya et disponible sur la plateforme Shahid.

M. Al-Harbi a déclaré que cette production médiatique s'inscrivait dans le cadre des efforts déployés par l'autorité pour sensibiliser à l'environnement et promouvoir l'écotourisme durable, conformément aux objectifs de la Saudi Vision 2030.


Rare découverte d'un tableau de Rubens que l'on croyait disparu

Un tableau du célèbre peintre Pierre Paul Rubens (1577-1640), que l'on pensait disparu depuis 1613, a été retrouvé à Paris dans un hôtel particulier, a indiqué mercredi le commissaire-priseur à l'origine de cette découverte. (AP)
Un tableau du célèbre peintre Pierre Paul Rubens (1577-1640), que l'on pensait disparu depuis 1613, a été retrouvé à Paris dans un hôtel particulier, a indiqué mercredi le commissaire-priseur à l'origine de cette découverte. (AP)
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  • "C'est un chef d'oeuvre, un Christ en croix, peint en 1613, qui avait disparu, et que j'ai retrouvé en septembre 2024 lors de l'inventaire et de la vente d'un hôtel particulier du 6e arrondissement à Paris", a précisé à l'AFP Jean-Pierre Osenat
  • "C'est rarissime et une découverte inouïe qui marquera ma carrière de commissaire-priseur", a-t-il ajouté.

PARIS: Un tableau du célèbre peintre Pierre Paul Rubens (1577-1640), que l'on pensait disparu depuis 1613, a été retrouvé à Paris dans un hôtel particulier, a indiqué mercredi le commissaire-priseur à l'origine de cette découverte.

"C'est un chef d'oeuvre, un Christ en croix, peint en 1613, qui avait disparu, et que j'ai retrouvé en septembre 2024 lors de l'inventaire et de la vente d'un hôtel particulier du 6e arrondissement à Paris", a précisé à l'AFP Jean-Pierre Osenat, président de la maison de vente éponyme, qui mettra le tableau aux enchères le 30 novembre.

"C'est rarissime et une découverte inouïe qui marquera ma carrière de commissaire-priseur", a-t-il ajouté.

"Il a été peint par Rubens au summum de son talent et été authentifié par le professeur Nils Büttner", spécialiste de l'art allemand, flamand et hollandais du XVe au XVIe siècle et président du Rubenianum, un organisme situé à Anvers près de l'ancienne maison-atelier de Rubens et chargé de l'étude de son oeuvre, selon M. Osenat.

"J'étais dans le jardin de Rubens et je faisais les cent pas pendant que le comité d'experts délibérait sur l'authenticité du tableau quand il m'a appelé pour me dire +Jean-Pierre on a un nouveau Rubens !+", a-t-il raconté avec émotion.

"C'est tout le début de la peinture baroque, le Christ crucifié est représenté, isolé, lumineux et se détachant vivement sur un ciel sombre et menaçant. Derrière la toile de fond rocheuse et verdoyante du Golgotha, apparait une vue montrant Jérusalem illuminée, mais apparemment sous un orage", a-t-il détaillé.

Ce tableau "est une vraie profession de foi et un sujet de prédilection pour Rubens, protestant converti au catholicisme", a poursuivi M. Osenat, précisant que l'oeuvre est dans un "très bon état" de conservation.

Sa trace a été remontée à partir d'une gravure et il a été authentifié à l'issue d'une "longue enquête et d'examens techniques comme des radiographies et l'analyse des pigments", a encore précisé le commissaire-priseur.

Si le peintre a réalisé nombre de tableaux pour l'Eglise, ce chef d'oeuvre, d'une dimension de 105,5 sur 72,5 centimètres, était probablement destiné à un collectionneur privé. Il a appartenu au peintre académique du XIXe siècle William Bouguereau puis aux propriétaires de l'hôtel particulier parisien où il été retrouvé.