Crise économique au Liban: la présidente de l’Institut Basil Fuleihan insiste sur la nécessité de réformes urgentes

Lamia Moubayed, présidente de l’Institut Basil Fuleihan, a répondu aux questions d’Arab News en français dans le cadre de la mission économique et commerciale de la francophonie, organisée par l’Organisation internationale de la francophonie (OIF), à Beyrouth au Liban (Photo capture d'écran, Tanguy Gadin)
Lamia Moubayed, présidente de l’Institut Basil Fuleihan, a répondu aux questions d’Arab News en français dans le cadre de la mission économique et commerciale de la francophonie, organisée par l’Organisation internationale de la francophonie (OIF), à Beyrouth au Liban (Photo capture d'écran, Tanguy Gadin)
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Publié le Jeudi 26 octobre 2023

Crise économique au Liban: la présidente de l’Institut Basil Fuleihan insiste sur la nécessité de réformes urgentes

  • Pour Lamia Moubayed, «il faut que le Liban se mette sur la voie de réformes sérieuses, à commencer par celle des finances publiques, à l'origine de beaucoup des crises touchant le pays»
  • Pour la présidente de l’Institut Basil Fuleihan, les défis de la réglementation au Liban sont un frein important pour les investisseurs étrangers

BEYROUTH: L’actualité au Moyen Orient risque de ne pas arranger la situation déjà dramatique du Liban. Le conflit israélo-palestinien a en effet des ramifications profondes qui dépassent les frontières de ces deux pays.

Le Liban, voisin du nord d’Israël, a subi directement et indirectement les répercussions de ce conflit à plusieurs reprises au fil des ans, tant sur le plan politique, social qu’économique. Si le Liban s’est relevé à plusieurs reprises après des décennies de conflit (internes et externes), dont chacun a laissé ses propres cicatrices, le Liban traverse aujourd’hui la pire crise économique de son histoire, avec une dépréciation spectaculaire de la livre libanaise et une inflation galopante de 165%.

Le chômage et l’émigration ont considérablement augmenté et la pauvreté a atteint des niveaux historiquement élevés. Selon l’ONU, plus de 80% de la population vit sous le seuil de pauvreté. Le pays a d'ailleurs conclu un accord de principe avec le FMI, le Fonds monétaire international, mais le gouvernement (actuellement démissionnaire) doit au préalable engager des réformes cruciales pour débloquer les aides afin de relancer l'économie du pays, ce qu’il ne semble pas prêt de faire.

Selon le FMI, en dépit d’une contraction brutale de l’économie de près de 40% depuis le début de la crise en 2019, l'activité économique semble cependant s'être légèrement stabilisée en 2022 grâce à une reprise partielle du tourisme. Cependant, certains indicateurs, comme l’indice PMI (indice des directeurs des achats) et celui du niveau des importations, suggèrent une reprise limitée de l'économie réelle, s’appuyant désormais principalement sur la diaspora et l’économie informelle.

Dans ce contexte complexe, des institutions spécialisées libanaises, telles que l’Institut des Finances Basil Fuleihan, peuvent jouer un rôle central. En tant qu’entité publique autonome, cet institut, portant le nom de celui qui a contribué à sa création, l’ancien ministre de l’Économie, décédé lors d’un attentat en 2005 ayant visé l’ancien Premier ministre, Rafic Hariri, est dédié à la mise en œuvre et à la promotion de réformes des finances publiques au Liban. Très rapidement, l’établissement est devenu une référence en matière de gestion des finances publiques et de modernisation de l’État dans la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (Mena).

L’institut a par le passé démontré son importance, non seulement au Liban, mais également dans la région. Depuis 2006, il est reconnu comme étant le centre régional de formation de l'Organisation mondiale des douanes, mais aussi le siège du Secrétariat du réseau des écoles et instituts de formation du service public, Gift Mena.

L’institut est-il aujourd’hui en mesure d’influencer et d’orienter les réformes financières cruciales dont le Liban a désespérément besoin? Lamia Moubayed, présidente de l’Institut Basil Fuleihan, a répondu aux questions d’Arab News en français dans le cadre de la mission économique et commerciale de la francophonie, organisée par l’Organisation internationale de la francophonie (OIF), à Beyrouth au Liban en octobre.

Pour Lamia Moubayed, «les voies de sortie de crise au Liban ne sont pas très nombreuses et il faut que le Liban se mette impérativement sur la voie de réformes sérieuses, à commencer par les finances publiques, à l'origine de beaucoup des crises touchant le Liban». Selon l’experte, la crise est due en partie à «une dette qui a augmenté phénoménalement, une économie tournée vers l’importation et non productive et des dépenses publiques très aggravées par des choix politiques inefficaces».

«Réformes, réformes, réformes!»

La présidente de l’Institut Basil Fuleihan le martèle, il n’y a pas d’autre solution que «des réformes, des réformes, des réformes». Elle plaide pour «une réforme des finances publiques  commençant par la réforme de la commande publique, des impôts, du budget, de la comptabilité publique, mais aussi du secteur bancaire, de la Banque centrale et de tout le système financier qui a causé la crise», assure-t-elle.

Lamia Moubayed rappelle que l'institut a tiré la sonnette d’alarme avant la crise avec la publication d’un rapport de 2016. «Il a été publié en deux versions, 2016 et 2017. Quand on a vu la situation grave vers laquelle se dirigeait le pays, nous avons immédiatement privilégié une réforme clé, celle de la commande publique. C’est la clé de voûte de l'économie, de la dépense publique, de la corruption ou l'anticorruption.»

Vers plus de transparence

Au Liban, la corruption atteint des sommets, que ce soit dans le secteur public ou privé. Selon l’indice de perception de la corruption (IPC) de 2022, de l’organisation Transparency International, le Liban se classe 150ᵉ sur 180 des pays. Pour Lamia Moubayed, il existe plusieurs moyens d’améliorer la transparence, notamment en passant par les systèmes informatiques et la numérisation. «Lorsqu’on travaille avec des cadres réglementaires datant des années 1950, il est très difficile de s'assurer que les choix et les promesses ont été vraiment honorés», assure-t-elle.

L’Institut des Finances a initié il y a quatre ans un projet de «budget citoyen», une version simplifiée des projets de loi ou de la loi budgétaire pour faciliter l’accès à l’information aux citoyens, mais également en pratique aux parlementaires. «Cet outil a permis aux citoyens de mieux comprendre comment le pays en était arrivé là, pourquoi les dépenses publiques ont augmenté à ce point», affirme Mme Moubayed. «Avec ce projet, le citoyen contribue,  participe, regarde, pose des questions et demande des réponses sur la gestion de l’argent public.»

Le Liban: un paradis fiscal pour les investisseurs?

Autre projet clé sur lequel se penche actuellement l’Institut Basil Fuleihan: l’épineuse réforme des impôts. Une réforme que Lamia Moubayed juge cruciale. «Il faut plus d'équité dans un système qui est complètement inéquitable et contient de nombreuses exemptions, des fragmentations, de non-transparence», affirme-t-elle. Pour la présidente de l’institut, il est urgent de réformer les impôts pour pouvoir financer la protection sociale, particulièrement des Libanais les plus vulnérables.

Le Liban a a priori tout pour encourager les investissements. Il figure en effet parmi les pays du monde taxant le moins les entreprises, avec un impôt sur les sociétés de 17% et et un impôt libératoire de 10% sur la distribution de dividendes. «Il faut à la fois créer de l'équilibre pour les finances publiques, mais aussi dérégulariser et faciliter la vie des entrepreneurs, des PME, des entreprises fraîchement créées et soutenir l’innovation», indique Mme Moubayed.

La présidente de l’Institut des Finances est consciente qu’attirer les investissements en période de crise économique – qui plus est dans un pays en instabilité politique et sécuritaire permanente – n’est pas une mince affaire. Mais pour elle, ce sont des facteurs «que les entreprises savent gérer», et ce sont les défis de la réglementation qui s’avèrent être les plus pénalisants. «L’investisseur se sent en confiance lorsqu’il il y a une loi des marchés publics qu’il connaît, en harmonie avec les réglementations internationales, notamment onusiennes, celles de l’Uncitral (La Commission des Nations unies pour le droit commercial international) et les 12 principes de l'OCDE». Elle appelle aussi à davantage de transparence dans le système économique en général pour rassurer les investisseurs.

La nécessaire coopération internationale

L’institut Basil Fuleihan, créé en 1996 pour aider le Liban à sortir de sa crise d’après-guerre (1975-1990), est «un vecteur de la création du capital compétence», rappelle Mme Moubayed. L’institut s’est focalisé sur trois priorités: les politiques publiques intelligentes, la formation des finances publiques pour une gouvernance meilleure et plus efficace, et les partenariats et la coopération du développement, indique-t-elle.

Elle lance un appel à la coopération. «Nous ne pouvons pas avancer seuls. Nous avons besoin de travailler avec les internationaux, avec les multilatéraux, mais aussi avec les pays amis, les réseaux de la francophonie», explique-t-elle en rappelant l’importance de la mission économique et commerciale de la francophonie. «Ce sont des occasions vraiment extraordinaires pour que les entreprises se connaissent, pour tisser des relations humaines, mais aussi pour créer de la valeur commune à tous.»

Par le passé, l’Institut des Finances publiques a jouté un rôle clé au-delà des frontières libanaises. Il a en effet été un acteur majeur de la coopération en matière de finances publiques dans la région, notamment pour développer les compétences des acteurs de la fonction publique. Il a œuvré à la mise en place de multiples projets de collaboration, notamment entre l'ENA France et Bahreïn ou un programme des cadres dirigeants au Koweït, également créé avec l'ENA. Pendant treize ans, assure-t-elle,  ce «Walk-in/Walk-out» marchait à merveille et a su créer de la valeur. Plus de 400 dirigeants ont été formés et plus de 13 accords de coopération conclus. Six autres Instituts de Finances ont également été lancés dans la région. Mme Moubayed indique fièrement que le modèle libanais a marché et a attiré l'attention d'autres pays comme le Maroc, l'Irak, la Jordanie, la Palestine, le Yémen ou encore la Côte d'Ivoire. Un partage d’expérience aujourd’hui difficile à poursuivre en raison de la crise économique.

Lamia Moubayed reste toutefois optimiste malgré les tensions géopolitiques dans la région. «La seule constance, c’est l’évolution. On a besoin de rester optimistes, même si les chiffres aujourd'hui sont dans le rouge et font mal», explique-t-elle, en concluant sur une citation de l’écrivain français Georges Bernanos: «L'espérance est un risque à courir.»


L’autorité portuaire saoudienne renforce l’attractivité de Dammam avec une zone logistique ambitieuse

La zone logistique de Dammam fait partie d'un plan d'investissement plus large de 10 milliards de SR visant à établir 20 centres logistiques intégrés à travers le Royaume.
La zone logistique de Dammam fait partie d'un plan d'investissement plus large de 10 milliards de SR visant à établir 20 centres logistiques intégrés à travers le Royaume.
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  • L'Autorité portuaire générale d'Arabie saoudite, connue sous le nom de Mawani, a signé un nouvel accord pour développer une zone logistique d'une valeur de 300 millions de riyals saoudiens (79 millions de dollars) dans le port Roi Abdulaziz de Dammam
  • Le projet renfore l'ambition du Royaume de devenir une plaque tournante mondiale de la logistique

RIYAD : L'Autorité portuaire générale d'Arabie saoudite, connue sous le nom de Mawani, a signé un nouvel accord pour développer une zone logistique d'une valeur de 300 millions de riyals saoudiens (79 millions de dollars) dans le port Roi Abdulaziz de Dammam, renforçant ainsi l'ambition du Royaume de devenir une plaque tournante mondiale de la logistique.

Le projet, lancé en partenariat avec Alissa International Motors - une filiale du groupe Abdullatif Alissa Holding - couvrira 382 000 mètres carrés. La nouvelle installation servira de plaque tournante pour l'importation et la réexportation de véhicules et de pièces détachées, a indiqué l'autorité dans un communiqué.

Cette initiative s'aligne sur les objectifs de la stratégie nationale de l'Arabie saoudite en matière de transport et de logistique, qui vise à améliorer l'efficacité de la chaîne d'approvisionnement et à attirer les investissements étrangers et nationaux. La zone logistique de Dammam fait partie d'un plan d'investissement plus large de 10 milliards de RS visant à établir 20 centres logistiques intégrés à travers le Royaume sous la supervision de l'autorité.

La nouvelle installation comprendra un entrepôt de 7 000 mètres carrés consacré au stockage des pièces détachées et conçu pour accueillir plus de 13 000 véhicules.

"Ce développement renforcera l'avantage concurrentiel du port et sa position en tant que centre logistique régional en fournissant des services logistiques de haute qualité", selon Mawani.

L'autorité a également souligné que le projet contribuerait à la diversification de l'économie et renforcerait la participation du secteur privé à la croissance du Royaume.

Le port Roi Abdulaziz, qui constitue déjà un lien vital entre l'Arabie saoudite et les marchés internationaux, offre des infrastructures et des capacités logistiques de pointe, ce qui en fait une destination attrayante pour les entreprises de commerce international.

Par ailleurs, Mawani a signé un autre contrat avec Sultan Logistics pour l'établissement d'une zone logistique supplémentaire dans le port du roi Abdulaziz, d'une valeur de 200 millions de RS. D'une superficie de 197 000 mètres carrés, l'installation comprendra 35 000 mètres carrés d'espace d'entreposage, des bureaux administratifs, des parcs de stockage pour les conteneurs secs et réfrigérés, ainsi qu'une zone de réexportation dédiée.

"Ces installations amélioreront la qualité des services logistiques offerts dans le port et soutiendront le commerce grâce à une efficacité opérationnelle accrue", a ajouté Mawani.

La création de ces nouvelles zones devrait considérablement renforcer la capacité opérationnelle et la compétitivité du port Roi Abdulaziz.

En 2024, l'Arabie saoudite a lancé, développé et inauguré huit zones et centres logistiques, soutenus par environ 2,9 milliards de RS d'investissements du secteur privé. Ces efforts s'inscrivent dans le cadre d'une stratégie plus large visant à consolider la position du Royaume en tant que puissance logistique mondiale de premier plan.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Moody’s et Fitch attribuent des notes de qualité à AviLease, société du PIF

Détenue par le Fonds d'investissement public d'Arabie saoudite, la société AviLease a annoncé que Moody's lui avait attribué la note Baa2 avec une perspective stable et que Fitch lui avait attribué la note BBB avec une perspective stable. (Photo fournie)
Détenue par le Fonds d'investissement public d'Arabie saoudite, la société AviLease a annoncé que Moody's lui avait attribué la note Baa2 avec une perspective stable et que Fitch lui avait attribué la note BBB avec une perspective stable. (Photo fournie)
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  • Les deux agences ont mis en avant le portefeuille de haute qualité d'AviLease, composé d'avions de nouvelle technologie, ainsi que la solidité de son bilan et sa trajectoire de croissance
  •  Elles ont noté que la société devrait devenir l'un des principaux acteurs du secteur mondial du leasing d'ici à 2030

RIYAD: La société saoudienne AviLease a reçu des notations de crédit de premier ordre de la part des agences Moody’s et Fitch Ratings, alors qu’elle poursuit l’expansion de son portefeuille et renforce son rôle stratégique dans le secteur aéronautique du Royaume.

Détenue par le Fonds d'investissement public d'Arabie saoudite, AviLease a annoncé que Moody's lui avait attribué la note Baa2 avec une perspective stable et que Fitch lui avait attribué la note BBB avec une perspective stable.

Les deux agences ont mis en avant le portefeuille de haute qualité d'AviLease, composé d'avions de nouvelle technologie avec une forte combinaison de crédit, ainsi que la solidité de son bilan et sa trajectoire de croissance.

Elles ont noté que la société devrait devenir l'un des principaux acteurs du secteur mondial du leasing d'ici à 2030.

«Les notations ouvrent la voie à une flexibilité financière encore plus grande, car nous pourrons accéder aux marchés des capitaux de la dette non garantie», a déclaré Edward O'Byrne, PDG d'AviLease, dans un communiqué de presse.

Il poursuit: «L'obtention d'une notation de qualité en moins de trois ans depuis notre création est un exploit remarquable, et nous pensons qu'elle positionne AviLease dans un groupe restreint de bailleurs de l'industrie en un temps record.»

Les notations reconnaissent également le rôle stratégique d'AviLease dans le soutien des initiatives du secteur de l'aviation du PIF dans le cadre de la Vision 2030 de l'Arabie saoudite.

«Ces notations permettront à AviLease d'accéder aux marchés de capitaux mondiaux pour financer ses stratégies commerciales, en se positionnant à l'avant-garde de l'industrie du leasing d'avions, en parfaite adéquation avec la stratégie nationale de l'aviation et la Vision 2030 de l'Arabie saoudite», a déclaré Fahad al-Saif, président d'AviLease.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Les actifs du Fonds public d'investissement saoudien ont triplé depuis 2016, l’objectif 2030 ayant été relevé

Les actifs du Fonds public d'investissement saoudien ont triplé depuis 2016, l’objectif 2030 ayant été relevé
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  • La croissance record alimente la création d'emplois, l'expansion du secteur et un puissant changement au-delà du pétrole.
  • L'influence du fonds est évidente dans le lancement de plusieurs mégaprojets visant à redéfinir le paysage économique du Royaume, allant de destinations touristiques de classe mondiale à des zones industrielles avancées.

RIYAD : Le Fonds public d'investissement (PIF) de l'Arabie saoudite a enregistré une hausse de 390% de ses actifs sous gestion depuis le lancement de Vision 2030, selon le dernier rapport annuel de l'initiative.

Les actifs du PIF sont passés de 160 milliards de dollars en 2016 à 941,3 milliards de dollars en 2024, dépassant son objectif annuel de 880 milliards de dollars et soulignant la trajectoire de croissance rapide du fonds dans le cadre du programme de transformation du Royaume.

S'appuyant sur cette dynamique, le fonds a révisé son objectif pour 2030, en augmentant son objectif de gestion d'actifs de 1,87 trillion de dollars à 2,67 trillions de dollars. Cette nouvelle ambition reflète la position renforcée et l'influence croissante du fonds dans l'élaboration de l'économie future de l'Arabie saoudite.

Entre 2016 et 2024, le PIF a affiché un taux de croissance annuel composé de 22%, soulignant sa capacité constante à générer des rendements élevés tout en faisant progresser les priorités de développement nationales.

Les moteurs de l'expansion du PIF

À la suite de sa restructuration dans le cadre de Vision 2030, le PIF est passé d'un fonds souverain traditionnel à un moteur de diversification économique et d'innovation reconnu à l'échelle mondiale.

La croissance du fonds a été propulsée par une approche d'investissement proactive et diversifiée, avec 40% de son portefeuille alloué à des entreprises saoudiennes et à des giga-projets. Parallèlement, il a réalisé des investissements internationaux stratégiques dans des secteurs à fort potentiel.

Cette stratégie équilibrée a contribué à l'expansion des industries prioritaires au sein du Royaume, notamment le tourisme, l'exploitation minière, la culture, la logistique et la technologie, soutenant ainsi les efforts visant à construire une économie résiliente et diversifiée.

Impact économique et croissance sectorielle

Les investissements stratégiques du PIF ont non seulement stimulé la croissance économique, mais aussi la participation du secteur privé, créé des opportunités d'emploi et attiré des investissements directs étrangers.

D'ici à 2024, les initiatives du fonds auront contribué à la création de 1,1 million d'emplois, un bond significatif par rapport aux 77 700 emplois directs et indirects enregistrés en 2021. Au cours de la même période, le nombre d'entreprises créées avec le soutien du PIF a plus que doublé, passant de 45 à 93 dans 13 secteurs stratégiques.

Le fonds a atteint un contenu local de 48% dans l'ensemble de ses projets d'ici à 2024, ce qui témoigne de son engagement ferme à stimuler la croissance économique nationale.

Entre 2021 et le troisième trimestre 2024, le PIF a attiré plus de 37,33 milliards de dollars d'investissements privés dans le cadre d'une série d'initiatives, selon le rapport.

Par le biais de son initiative Private Sector Hub, il a publié plus de 200 opportunités au cours de cette période, représentant une valeur d'investissement totale de 10,67 milliards de dollars.

En outre, plus de 300 entrepreneurs ont été présélectionnés et plus de 200 petites et moyennes entreprises ont été formées pour collaborer avec les entreprises du portefeuille du PIF.

Le rôle du PIF dans le renforcement de l'économie non pétrolière de l'Arabie saoudite a été déterminant.

Selon le rapport, les secteurs non pétroliers représenteront 51% du produit intérieur brut réel du Royaume d'ici 2024, une étape clé dans la réalisation des objectifs de la Vision 2030.

L'influence du fonds est évidente dans le lancement de plusieurs mégaprojets visant à redéfinir le paysage économique du Royaume, allant de destinations touristiques de classe mondiale à des zones industrielles avancées.

Le PIF a également joué un rôle crucial dans l'avancement des réformes du secteur financier. Le nombre de gestionnaires d'actifs agréés en Arabie saoudite a fortement augmenté, passant de seulement cinq en 2019 à 36 en 2024, ce qui témoigne de l'élargissement du paysage d'investissement et de la sophistication des marchés financiers du Royaume.

Renforcer la résilience financière

Le fonds a renforcé sa base financière pour soutenir sa stratégie d'investissement ambitieuse, comme en témoigne le transfert de 8% des actions d'Aramco. Cette opération a réduit la participation directe du gouvernement dans le géant pétrolier à 82,186%, renforçant ainsi la solidité des actifs et la capacité d'investissement du PIF.

En outre, le PIF a obtenu 15 milliards de dollars de facilités de crédit syndiquées auprès de 23 institutions financières mondiales, ce qui a considérablement augmenté ses liquidités et sa flexibilité financière. Ces initiatives s'inscrivent dans le droit fil des objectifs stratégiques du PIF, qui consistent à développer de nouveaux secteurs, à localiser les connaissances et les technologies et à créer des emplois durables et de qualité dans tout le Royaume.

Reconnaissance mondiale

La transformation du PIF n'est pas passée inaperçue sur la scène internationale. Le fonds a été désigné comme la première marque de fonds souverain au monde par Brand Finance, la valeur de sa marque étant estimée à 1,1 milliard de dollars.

En outre, PIF a remporté quatre prix lors de la 2024 Middle East Bonds, Loans & Sukuk Conference, à savoir le meilleur contrat de Sukuk, le meilleur contrat historique, la meilleure équipe de trésorerie et de financement semi-souveraine et le meilleur contrat sur les marchés de capitaux islamiques.

Expansion des marchés de capitaux

Les marchés de capitaux de l'Arabie saoudite se sont développés parallèlement à l'essor du PIF, jouant un rôle essentiel dans l'élargissement de la base économique du pays depuis le lancement de Vision 2030.

Les réformes réglementaires, telles que les mises à jour de la loi sur les sociétés et de la loi sur les appels d'offres et les marchés publics, ont amélioré la transparence, renforcé la confiance des investisseurs et ouvert la voie à une augmentation du nombre d'offres publiques initiales.

La bourse saoudienne a connu une expansion remarquable, le nombre de sociétés cotées passant de 205 en 2019 à 353 en 2024. La participation des investisseurs étrangers a plus que doublé, atteignant 112,8 milliards de dollars en 2024 contre 52,8 milliards de dollars en 2019, tandis que la participation des portefeuilles non saoudiens est passée de 29,3 milliards de dollars en 2016 à 131,5 milliards de dollars.

Le nombre de portefeuilles individuels sur le Saudi Exchange a également fortement augmenté, passant de 9,2 millions en 2016 à 13 millions en 2024.

Parallèlement, la capitalisation boursière du Tadawul (hors Aramco) est passée de 66,5% du PIB en 2019 à 86,7% en 2024, ce qui témoigne de la maturité et de la profondeur croissantes des marchés de capitaux saoudiens. Le secteur bancaire a reflété cette croissance, le total des actifs passant de 693,3 milliards de dollars en 2019 à 1,12 billion de dollars d'ici le deuxième trimestre 2024.

Ces développements ont positionné le secteur financier de l'Arabie saoudite comme l'un des plus dynamiques et des plus accessibles de la région, offrant des opportunités accrues aux investisseurs locaux et mondiaux.

Reflétant cette confiance, les agences de notation internationales ont réaffirmé les solides perspectives économiques de l'Arabie saoudite en 2024. Moody's a attribué la note AA3, Fitch la note A+ et S&P Global Ratings la note A/A-1, toutes avec des perspectives stables.

Au-delà de la Vision 2030

Alors que le Royaume se prépare à entrer dans la phase finale de la mise en œuvre de la Vision 2030 en 2026, l'accent sera de plus en plus mis sur la construction d'un secteur privé durable et résilient. Les principales priorités consistent à réduire la dépendance à l'égard du soutien de l'État tout en favorisant la croissance par des améliorations réglementaires, le développement des infrastructures et des investissements ciblés.

L'Arabie saoudite envisage que le secteur privé joue un rôle de premier plan dans l'avancement de l'économie, en particulier dans des domaines à fort impact tels que la fabrication de pointe, l'intelligence artificielle et l'économie numérique.

En donnant aux entreprises privées les moyens d'agir, le Royaume vise à atteindre son objectif de générer 65% du PIB à partir des activités du secteur privé, le positionnant comme un moteur essentiel de la croissance durable dans les décennies qui suivront la Vision 2030. 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com