Les eurodéputés votent pour réduire drastiquement l'usage des pesticides dans l'UE

Texte-clé du Pacte vert, le projet législatif sur les pesticides proposé en juin 2022 par la Commission européenne prévoyait de réduire de moitié d'ici 2030, comparé à la période 2015-2017, l'utilisation et les risques à l'échelle de l'UE des produits phytosanitaires chimiques (Photo, AFP).
Texte-clé du Pacte vert, le projet législatif sur les pesticides proposé en juin 2022 par la Commission européenne prévoyait de réduire de moitié d'ici 2030, comparé à la période 2015-2017, l'utilisation et les risques à l'échelle de l'UE des produits phytosanitaires chimiques (Photo, AFP).
Short Url
Publié le Mercredi 25 octobre 2023

Les eurodéputés votent pour réduire drastiquement l'usage des pesticides dans l'UE

  • Les eurodéputés ont voté mardi pour réduire de moitié l'usage des pesticides dans l'UE, en dépit de l'hostilité de la droite
  • En revanche, au grand dam des élus écologistes, une déclaration symbolique distincte appelant à interdire complètement le glyphosate a été rejetée à une brève majorité en commission parlementaire

BRUXELLES: Les eurodéputés ont voté mardi pour réduire de moitié l'usage des pesticides dans l'UE, en dépit de l'hostilité de la droite et alors que s'enlisent les négociations entre les Etats membres sur ce texte.

En revanche, au grand dam des élus écologistes, une déclaration symbolique distincte appelant à interdire complètement le glyphosate a été rejetée à une brève majorité en commission parlementaire, avant un vote des Vingt-Sept en novembre sur le sort de cet herbicide considéré "cancérogène probable" par l'OMS.

Texte-clé du Pacte vert, le projet législatif sur les pesticides proposé en juin 2022 par la Commission européenne prévoyait de réduire de moitié d'ici 2030, comparé à la période 2015-2017, l'utilisation et les risques à l'échelle de l'UE des produits phytosanitaires chimiques.

Cet objectif contraignant a été repris par la commission Environnement du Parlement européen dans sa position (adoptée par 47 voix pour, 37 voix contre, 2 abstentions), qui élargit toutefois la période de référence.

Surtout, ce compromis, endossé par les élus de gauche et les centristes du groupe Renew, relève à 65% l'objectif de réduction, à même échéance, des "produits les plus dangereux", contre une baisse de 50% proposée par Bruxelles.

Le groupe PPE (droite) s'y opposait farouchement, à l'unisson de l'organisation des syndicats agricoles majoritaires (Copa-Cogeca) et d'Etats hostiles au texte, sur fond de résistances croissantes aux réglementations environnementales de l'UE, jugées trop contraignantes.

"Face à l'impact de la guerre en Ukraine (sur les marchés des céréales), cette proposition met gravement en danger l'indépendance (européenne) en termes de sécurité alimentaire", estimait lundi l'élu conservateur autrichien Alexander Bernhuber, évoquant le risque d'une chute des rendements qui entraînerait des importations agricoles accrues.

Il s'inquiétait également de l'interdiction des pesticides dans les zones Natura-2000, au risque "d'y condamner beaucoup d'exploitations".

«Contre-vérités»

La rapporteure du texte, l'écologiste autrichienne Sarah Wiener, s'est à l'inverse félicitée d'avoir trouvé des "compromis réalisables" à l'issue d'un débat "idéologiquement chargé et dominé par le lobbying" de l'agrochimie.

Elle a fustigé l'intransigeance du PPE: "Il ne peut rester figé et répandre des contrevérités pour semer l'effroi! Il faut dire aux agriculteurs d'être courageux, que cela peut fonctionner (...) Nous savons qu'il faut s'attaquer au problème des pesticides".

"Cela bénéficie autant à l'environnement qu'aux agriculteurs: l'utilisation abusive de pesticides rend les gens malades, décime les abeilles et abîme les sols", nuisant aux cultures, a abondé la socialiste belge Marie Arena.

Selon le texte voté mardi, les pesticides chimiques seraient bannis dans les "zones sensibles" (espaces verts urbains, terrains de sport, sentiers publics, aires Natura-2000...) ainsi qu'alentour sur une bande-tampon de cinq mètres, mais les eurodéputés ménagent d'éventuelles dérogations.

Surtout, afin de promouvoir l'usage de "composants de substitution", les élus réclament à la Commission de fixer un objectif à l'horizon 2030 pour l'augmentation des ventes de "pesticides à faible risque" et produits de biocontrôle, pour lesquels ils veulent des procédures d'autorisation accélérées.

«Irréalistes»

Enfin, pour tenir compte de situations de départ différentes --l'usage actuel de pesticides variant beaucoup entre les pays--, chaque État pourrait adopter ses propres objectifs en fonction de sa surface agricole, des ventes annuelles de pesticides et de leur niveau de danger. Charge à Bruxelles de vérifier si ces cibles nationales sont suffisamment ambitieuses.

En revanche, aucune modification significative n'est apportée à l'indicateur-clé utilisé pour mesurer la réduction des pesticides, dont le mode de calcul est pourtant vivement critiqué par les ONG.

Friends of the Earth a ainsi salué dans le vote "une lueur d'espoir" mais déploré l'absence "d'un indice permettant de mesurer correctement les progrès".

De son côté, le Copa-Cogeca a fustigé un texte "déconnecté des réalités agricoles (...) avec des objectifs irréalistes et peu de solutions concrètes". "Nous sommes clairement dans une posture politique, sans réelle évaluation des conséquences", a tancé l'organisation agricole.

Le texte fera désormais l'objet d'un vote en plénière par l'ensemble des eurodéputés en novembre, avant de futures négociations avec les Etats... une fois que ceux-ci auront arrêté leur position.

Alors que le calendrier s'annonce serré d'ici aux élections européennes de juin 2024, les discussions des ministres de l'Agriculture s'éternisent. Ils réclamaient à la Commission une nouvelle étude d'impact évaluant d'éventuelles chutes des rendements -- rapport finalement rendu cet été sans dissiper les préoccupations d'une partie des Etats.


La flottille pour Gaza quitte la Tunisie, direction le territoire palestinien

Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
Short Url
  • Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place
  • Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser"

BIZERTE: Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire.

"Nous essayons d'envoyer un message à la population de Gaza, (de lui dire) que le monde ne l'a pas oubliée", a dit à l'AFP la militante écologiste suédoise Greta Thunberg avant d'embarquer dans le port de Bizerte, dans le nord de la Tunisie.

"Lorsque nos gouvernements ne prennent pas leurs responsabilités, nous n'avons pas d'autre choix que de prendre les choses en main", a-t-elle ajouté.

Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place.

Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser", "nous partons par solidarité, dignité et pour la justice".

Les embarcations arrivées d'Espagne s'étaient transférées à Bizerte après un séjour mouvementé à Sidi Bou Saïd, près de Tunis.

La "Global Sumud Flotilla", accueillie par des rassemblements de soutien, a indiqué que deux de ses bateaux avaient été visés par des attaques de drones deux nuits de suite la semaine passée, publiant des vidéos à l'appui. Après la deuxième annonce, les autorités tunisiennes ont dénoncé "une agression préméditée" et dit mener une enquête.

L'eurodéputée franco-palestinienne Rima Hassan qui, comme Greta Thunberg, avait été détenue à bord du "Madleen" lors d'une précédente traversée vers Gaza, a dit à l'AFP redouter "bien entendu" de nouvelles attaques, ajoutant: "on se prépare aux différents scénarios".

Selon elle, les personnalités les plus en vue - dont l'actrice française Adèle Haenel - ont été réparties entre les deux plus gros bateaux de coordination "de manière à équilibrer et (ne) pas concentrer toutes les personnalités visibles dans un seul et même bateau".

Le départ de Tunisie a été repoussé à plusieurs reprises en raison de motifs de sécurité, de retard dans les préparatifs pour certains bateaux et de la météo.

La Global Sumud Flotilla ("sumud" signifie "résilience" en arabe), qui comprend aussi des embarcations parties ces derniers jours de Corse (France), Sicile (Italie) et Grèce, avait initialement prévu d'atteindre le territoire palestinien à la mi-septembre, après deux tentatives bloquées par Israël en juin et juillet.

 


Les ministres du Groupe E3 condamnent les frappes israéliennes à Doha

Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
Short Url
  • Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza
  • Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas

PARIS: Les ministres des Affaires étrangères de l’Allemagne, de la France et du Royaume-Uni ont condamné, dans une déclaration conjointe, les frappes israéliennes ayant visé Doha le 9 septembre. Ils estiment que ces attaques constituent une violation de la souveraineté du Qatar et représentent un risque d’escalade supplémentaire dans la région.

Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza. « Nous appelons toutes les parties à intensifier leurs efforts pour parvenir à un cessez-le-feu immédiat », ont-ils insisté.

Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas. Ils appellent les parties à « faire preuve de retenue » et à saisir l’opportunité de rétablir la paix.

Les ministres ont réaffirmé que la priorité devait rester la mise en place d’un cessez-le-feu permanent, la libération des otages et l’acheminement massif d’aide humanitaire à Gaza pour enrayer la famine. Ils demandent l’arrêt immédiat des opérations militaires israéliennes dans la ville de Gaza, dénonçant les déplacements massifs de civils, les pertes humaines et la destruction d’infrastructures vitales.

Ils exhortent par ailleurs à garantir aux Nations unies et aux ONG humanitaires un accès sûr et sans entrave à l’ensemble de la bande de Gaza, y compris dans le Nord.

Enfin, le Groupe E3 a rappelé sa condamnation « sans équivoque » des crimes commis par le Hamas, qualifié de mouvement terroriste, qui doit, selon eux, « libérer immédiatement et sans condition les otages, être désarmé et écarté définitivement de la gouvernance de la bande de Gaza ».


L’ONU adopte une résolution franco-saoudienne pour la paix israélo-palestinienne sans le Hamas

L'ancienne ministre allemande des Affaires étrangères et présidente de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, Annalena Baerbock, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale pour voter sur la solution de deux États à la question palestinienne au siège des Nations Unies (ONU), le 12 septembre 2025 à New York. (AFP)
L'ancienne ministre allemande des Affaires étrangères et présidente de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, Annalena Baerbock, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale pour voter sur la solution de deux États à la question palestinienne au siège des Nations Unies (ONU), le 12 septembre 2025 à New York. (AFP)
Short Url
  • Résolution adoptée par 142 voix pour, 10 contre — dont Israël et les États-Unis
  • Le vote précède un sommet de haut niveau co-présidé par Riyad et Paris le 22 septembre

​​​​​​NEW YORK : L’Assemblée générale des Nations unies a voté massivement vendredi en faveur de l’adoption de la « Déclaration de New York », une résolution visant à relancer la solution à deux États entre Israël et la Palestine, sans impliquer le Hamas.

Le texte a été approuvé par 142 pays, contre 10 votes négatifs — dont Israël et les États-Unis — et 12 abstentions. Il condamne fermement les attaques du Hamas du 7 octobre 2023, exige le désarmement du groupe, la libération de tous les otages, et appelle à une action internationale collective pour mettre fin à la guerre à Gaza.

Intitulée officiellement « Déclaration de New York sur le règlement pacifique de la question de Palestine et la mise en œuvre de la solution à deux États », la résolution a été présentée conjointement par l’Arabie saoudite et la France, avec le soutien préalable de la Ligue arabe et de 17 États membres de l’ONU.

Le texte souligne la nécessité de mettre fin à l’autorité du Hamas à Gaza, avec un transfert des armes à l’Autorité palestinienne, sous supervision internationale, dans le cadre d’une feuille de route vers une paix durable. Celle-ci inclut un cessez-le-feu, la création d’un État palestinien, le désarmement du Hamas, et une normalisation des relations entre Israël et les pays arabes.

L’ambassadeur de France, Jérôme Bonnafont, qui a présenté la résolution, l’a qualifiée de « feuille de route unique pour concrétiser la solution à deux États », soulignant l’engagement de l’Autorité palestinienne et des pays arabes en faveur de la paix et de la sécurité. Il a aussi insisté sur l’urgence d’un cessez-le-feu immédiat et de la libération des otages.

Ce vote intervient à quelques jours d’un sommet de haut niveau de l’ONU, co-présidé par Riyad et Paris le 22 septembre, où le président Emmanuel Macron s’est engagé à reconnaître officiellement un État palestinien.

La représentante américaine, Morgan Ortagus, s’est vivement opposée à la résolution, la qualifiant de « coup de communication malvenu et malavisé » qui récompenserait le Hamas et nuirait aux efforts diplomatiques authentiques.

Elle a dénoncé la mention du « droit au retour » dans le texte, estimant qu’il menace le caractère juif de l’État d’Israël.

« Cette résolution est un cadeau au Hamas,» a déclaré Mme Ortagus, ajoutant que le désarmement du Hamas et la libération des otages étaient la clé de la fin de la guerre. Elle a exhorté les autres nations à se joindre aux États-Unis pour s'opposer à la déclaration.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com