La traque du financement du Hamas par les cryptomonnaies s'intensifie

Il y a deux semaines, Israël a localisé et gelé des comptes qui servaient au Hamas «pour solliciter des dons sur les réseaux sociaux» sur la plus grande plateforme mondiale d'échange de cryptomonnaies, Binance, a indiqué la police israélienne (Photo, AFP).
Il y a deux semaines, Israël a localisé et gelé des comptes qui servaient au Hamas «pour solliciter des dons sur les réseaux sociaux» sur la plus grande plateforme mondiale d'échange de cryptomonnaies, Binance, a indiqué la police israélienne (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 25 octobre 2023

La traque du financement du Hamas par les cryptomonnaies s'intensifie

  • La traque des financements du Hamas à travers les cryptomonnaies par Israël et les Etats-Unis s'est renforcée depuis le début de la guerre
  • D'après Ari Redbord, un ancien haut responsable du Trésor américain, le Hamas a eu recours très tôt aux cryptomonnaies, dès 2019 au moins, pour ses collectes de fonds

LONDRES: La traque des financements du Hamas à travers les cryptomonnaies par Israël et les Etats-Unis s'est renforcée depuis le début de la guerre entre le mouvement islamiste palestinien et Israël, rapportent des analystes.

"Nous constatons beaucoup moins d'activité depuis le début de la guerre, principalement parce qu'Israël a été très agressif dans ses efforts pour réduire ces efforts de collectes de fonds" en cryptomonnaies, estime Ari Redbord, en charge des sujets de politique mondiale chez TRM Labs, société spécialisée dans la traque de fonds illicites en cryptomonnaies.

Il y a deux semaines, Israël a localisé et gelé des comptes qui servaient au Hamas "pour solliciter des dons sur les réseaux sociaux" sur la plus grande plateforme mondiale d'échange de cryptomonnaies, Binance, a indiqué la police israélienne.

Questionné par l'AFP, Binance a répondu suivre "les règles de sanctions internationalement reconnues", en "bloquant le petit nombre de comptes liés à des fonds illicites".

Facilement transférables et moins facilement traçables qu'un transfert de fonds depuis un compte bancaire classique, les cryptomonnaies, actifs numériques reposant sur la technologie de la blockchain ("chaîne de bloc"), un registre virtuel décentralisé, sont parfois utilisées par des acteurs illégaux.

Le numéro deux du Trésor veut une «coalition internationale» contre le «réseau financier du Hamas»

"Je voyage en Europe (à partir de) vendredi, je vais rencontrer nos alliés et partenaires et parler de ce que nous pouvons faire de manière coordonnée pour nous attaquer au réseau financier du Hamas", a indiqué le secrétaire adjoint au Trésor, en marge d'une visite à Washington.

"Notre objectif est de construire une coalition avec des pays de la région mais aussi du monde entier pour lutter contre leur financement", a-t-il ajouté.

Wally Adeyemo a également précisé que les Etats-Unis ont, au cours des dernières années, "pris un certain nombre de sanctions contre le Hamas", qui, "comme tout autre acteur, a innové et essayé de trouver des moyens de contourner nos sanctions", notamment via les cryptomonnaies.

Pièce du puzzle

D'après Ari Redbord, un ancien haut responsable du Trésor américain, le Hamas a eu recours très tôt aux cryptomonnaies, dès 2019 au moins, pour ses collectes de fonds, sur le réseau Telegram voire sur son propre site internet.

En avril, le mouvement islamiste a annoncé qu'il ne collecterait plus d'argent en bitcoin à cause de la surveillance de plus en plus accrue des autorités. Les levées de fonds en cryptomonnaies passent désormais par des groupes de soutien au Hamas.

Depuis le début de la guerre, déclenchée par l'attaque meurtrière du Hamas le 7 octobre en Israël, les adresses des portefeuilles virtuels en cryptomonnaies liés aux groupes de soutien surveillés par TRM Labs ont vu transiter des sommes bien plus faibles qu'habituellement.

Deux semaines après les attaques, l'un de ces groupes, Gaza Now, a ainsi reçu environ 6.000 dollars sur l'une de ses adresses, contre 800.000 dollars au total depuis la création de celle-ci en août 2021, précise M. Redbord.

Les cryptomonnaies ne sont également qu'une "toute petite pièce d'un puzzle plus vaste de financement pour le Hamas", ajoute-t-il.

Le groupe islamiste compte notamment sur l'Iran --qui verse cent millions de dollars par an à des groupes palestiniens classés comme terroristes par les Etats-Unis, dont le Hamas, selon le département d'Etat américain--, sur "les impôts imposés aux Palestiniens, un réseau d'associations caritatives et une diaspora de sympathisants qui envoient des dons", énumère l'expert.

Le poids des cryptomonnaies dans cette constellation de financements n'est pour autant pas négligeable: des adresses identifiées par Israël comme associées au Hamas ont reçu environ 41 millions de dollars en cryptomonnaies entre août 2020 et juillet dernier, d'après la société d'analyse et de logiciel israélienne BitOK.

D'autres, liées au Djihad islamique, un groupe allié au Hamas, ont capté selon BitOK l'équivalent de plus de 154 millions de dollars entre octobre 2022 et septembre dernier --certaines étant toujours actives.

Certaines plateformes d'échanges de cryptomonnaies ferment les yeux, surtout celles "basées dans des juridictions peu ou pas réglementées", remarque Joby Carpenter, spécialiste en cryptoactifs pour l'Acams, un groupe de lutte contre le blanchiment d'argent interrogé par l'AFP.

Le Trésor américain a ainsi adopté la semaine dernière des sanctions ciblant les responsables de l'échange de cryptomonnaies Buy Cash, basé à Gaza, dont plusieurs comptes impliqués dans des levées de fonds pour le Hamas avaient été gelés en 2021.

Les patrons de ces entreprises, de leur côté, se défendent, à l'instar de Paolo Ardoino, PDG de la société Tether, émettrice d'une cryptomonnaie éponyme, qui assure que "contrairement aux croyances", les cryptomonnaies "sont les actifs les plus traçables".

Chaque transaction en cryptomonnaies est enregistrée dans un registre immuable et public, contrairement aux méthodes de blanchiment d'argent classiques.

Tether a annoncé mi-octobre avoir gelé plus de 873.000 dollars sur 32 adresses liées au terrorisme, et aux guerres en Ukraine et entre Israël et le Hamas.

La semaine dernière, l'administration américaine a également proposé d'imposer davantage de transparence aux "mixeurs" --des services utilisés selon elle par des acteurs malveillants, dont le Hamas, pour anonymiser des fonds en cryptomonnaies autrement retraçables.


IA: Google investit 5 milliards de livres au Royaume-Uni avant la visite de Trump

Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
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  • Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat
  • Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres

LONDRES: Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays.

Cette somme financera "les dépenses d'investissement, de recherche et développement" de l'entreprise dans le pays, ce qui englobe Google DeepMind (le laboratoire d'IA du géant californien), a indiqué le groupe dans un communiqué.

Google ouvre mardi un centre de données à Waltham Cross, au nord de Londres, dans lequel il avait déjà annoncé l'an dernier injecter un milliard de dollars (850 millions d'euros). La somme annoncée mardi viendra aussi compléter ce financement, a précisé un porte-parole de l'entreprise à l'AFP.

Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat.

Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres.

Selon un responsable américain, qui s'exprimait auprès de journalistes, dont l'AFP, en amont de la visite, les annonces se porteront à "plus de dix milliards, peut-être des dizaines de milliards" de dollars.

Le gouvernement britannique avait déjà dévoilé dimanche plus d'un milliard de livres d'investissements de banques américaines dans le pays, là aussi en amont de la visite d'Etat du président Trump.

Et l'exécutif britannique a annoncé lundi que Londres et Washington allaient signer un accord pour accélérer les délais d'autorisation et de validation des projets nucléaires entre les deux pays.

Depuis le début de la guerre en Ukraine, Londres redouble d'efforts pour se dégager des hydrocarbures et a fait du nucléaire l'une de ses priorités.

Le partenariat avec Washington, baptisé "Atlantic Partnership for Advanced Nuclear Energy", doit lui aussi être formellement signé lors de la visite d'État de Donald Trump.

 


La note française menacée de passer en catégorie inférieure dès vendredi

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
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  • La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne
  • Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie

PARIS: Fitch sera-t-elle vendredi la première agence de notation à faire passer la note souveraine française en catégorie inférieure? Les économistes, qui le pensaient il y a quelques jours, discernent des raisons d'en douter, mais ce ne pourrait être que partie remise.

Fitch ouvre le bal des revues d'automne des agences de notation. Toutes, au vu de l'état des finances publiques françaises et de la crise politique persistante depuis la dissolution, classent la France AA- ou équivalent (qualité de dette "haute ou bonne"), avec, pour certaines comme Fitch, une "perspective négative".

Ce qui préfigure une dégradation: en ce cas, la France basculerait en catégorie A (qualité "moyenne supérieure"), et devrait verser à ceux qui investissent dans sa dette une prime de risque supérieure, accroissant d'autant les remboursements de cette dette.

Pour Eric Dor, directeur des études économiques à l'IESEG School of Management, une dégradation serait "logique". D'abord parce que la situation politique n'aide pas à mettre en œuvre "un plan crédible d'assainissement budgétaire", comme Fitch l'exigeait en mars.

Mais aussi pour effacer "une incohérence" : 17 pays européens sont moins bien notés que la France alors qu'ils ont - à très peu d'exceptions près - des ratios de finances publiques meilleurs que les 5,8% du PIB de déficit public et 113% du PIB de dette publique enregistrés en France en 2024.

Coup d'envoi 

Depuis mardi, la nomination rapide à Matignon de Sébastien Lecornu pour succéder à François Bayrou, tombé la veille lors du vote de confiance, ravive l'espoir d'un budget 2026 présenté en temps et heure.

Lucile Bembaron, économiste chez Asterès, juge ainsi "plausible" que Fitch "attende davantage de visibilité politique" pour agir.

D'autant, remarque Hadrien Camatte, économiste France chez Natixis, que les finances publiques n'ont pas enregistré cette année de nouveau dérapage inattendu, et que "la croissance résiste".

L'Insee a même annoncé jeudi qu'en dépit du "manque de confiance" généralisé, celle-ci pourrait dépasser la prévision du gouvernement sortant - 0,7% - pour atteindre 0,8% cette année.

Anthony Morlet-Lavidalie, responsable France à l'institut Rexecode, observe aussi que Fitch, la plus petite des trois principales agences internationales de notation, "donne rarement le coup d'envoi" des dégradations.

Mais il estime "très probable" que la principale agence, S&P Global, abaissera le pouce lors de sa propre revue, le 28 novembre.

Selon ses calculs, la France ne sera en effet pas en mesure de réduire à moins de 5% son déficit public l'an prochain, contre les 4,6% qu'espérait François Bayrou.

Les économistes affirment cependant qu'une dégradation ne troublerait pas les marchés, "qui l'ont déjà intégrée", relève Maxime Darmet, économiste senior chez Allianz Trade.

Syndrome 

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne.

Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie.

Il craint des taux qui resteraient "durablement très élevés", provoquant "un étranglement progressif", avec des intérêts à rembourser captant "une part significative de la dépense publique, alors qu'on a des besoins considérables sur d'autres postes".

L'économiste décrit une France en proie au "syndrome du mauvais élève".

"Lorsqu'on avait 20/20", explique-t-il - la France était jusqu'à 2012 notée AAA, note maximale qu'a toujours l'Allemagne - "on faisait tout pour s'y maintenir. Maintenant on dit que 17/20 (AA-) ça reste une très bonne note. Bientôt ce sera +tant qu'on est au-dessus de la moyenne, c'est pas si mal+. Quand on est la France, en zone euro, on devrait quand même être un peu plus ambitieux que cela!", dit-il à l'AFP.

Pour autant, même abaissée à A+, "la dette française resterait de très bonne qualité", relativise M. Camatte, préférant souligner "la forte épargne des ménages et une position des entreprises qui reste très saine".


La précarité s'ancre dans le quotidien des Français, alerte le Secours populaire

Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier. (AFP)
Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier. (AFP)
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  • "La précarité est toujours plus ancrée en France, elle interfère dans tous les aspects de la vie, que ce soit la santé, les loisirs, la vie familiale", estime auprès de l'AFP Henriette Steinberg, secrétaire générale du Secours populaire
  • "La situation en France s'est détériorée" depuis une quinzaine d'années et dernièrement "on observe une stabilisation", précise Henriette Steinberg

PARIS: La précarité s'ancre dans le quotidien des Français, touchant tous les aspects de la vie des plus fragiles, alerte jeudi le Secours Populaire, qui publie un baromètre témoignant de cette situation jugée préoccupante.

"La précarité est toujours plus ancrée en France, elle interfère dans tous les aspects de la vie, que ce soit la santé, les loisirs, la vie familiale", estime auprès de l'AFP Henriette Steinberg, secrétaire générale du Secours populaire.

L'association publie un baromètre qui indique qu'un tiers des Français (31%) rencontrent des difficultés financières pour se procurer une alimentation saine permettant de faire trois repas par jour. De même 39% ont du mal à payer leurs dépenses d'électricité et 49% à partir en vacances au moins une fois par an, selon ce sondage réalisé par l'Institut Ipsos, auprès d'un échantillon de 1.000 personnes, représentatif de la population nationale âgée de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas.

"La situation en France s'est détériorée" depuis une quinzaine d'années et dernièrement "on observe une stabilisation", précise Henriette Steinberg.

Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier.

Malgré un "léger mieux" constaté sur certains indicateurs lié au "ralentissement de l'inflation", ce baromètre révèle "une situation sociale toujours très préoccupante", selon le Secours populaire.

En début de semaine, la déléguée interministérielle à la prévention et la lutte contre la pauvreté, Anne Rubinstein, a évoqué des "difficultés" rencontrées par l'Etat pour résorber un taux de pauvreté qui a atteint un niveau record en 2023 en France métropolitaine.

Face à cette situation, la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS) a appelé mardi à une "mobilisation collective" pour "débloquer la lutte contre la précarité".

Au niveau européen, 28% de la population déclare se trouver en situation précaire, également selon ce baromètre du Secours Populaire, qui s'appuie aussi sur des échantillons de 1.000 personnes représentatifs de neuf autres pays (Allemagne, Grèce, Italie, Pologne, Royaume-Uni, Moldavie, Portugal, Roumanie, Serbie).

La part des personnes se considérant comme précaires demeure à un niveau "très alarmant" en Grèce (46%) et en Moldavie (45%), pointe le baromètre.

En 2024, le Secours populaire a soutenu 3,7 millions de personnes en France. L'association fournit notamment de l'aide alimentaire et organise des activités pour différents publics pour rompre l'isolement.