A Gaza, chanter pour couvrir le bruit des raids israéliens et pour «la paix mentale»

Des membres d'une famille sont assis ensemble dans la cour de récréation d'une école gérée par l'Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine (UNRWA), transformée en refuge pour les Palestiniens déplacés à Khan Yunis, dans le sud de la bande de Gaza, le 25 octobre. 2023. (AFP)
Des membres d'une famille sont assis ensemble dans la cour de récréation d'une école gérée par l'Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine (UNRWA), transformée en refuge pour les Palestiniens déplacés à Khan Yunis, dans le sud de la bande de Gaza, le 25 octobre. 2023. (AFP)
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Publié le Mercredi 25 octobre 2023

A Gaza, chanter pour couvrir le bruit des raids israéliens et pour «la paix mentale»

  • «Les scènes dont je suis témoin m'emplissent de colère. Je n'ai que le chant pour exprimer mes sentiments et ceux des gens qui ont perdu leurs proches et leurs maisons»
  • «Ma paix mentale passe par la musique et le chant»

DEIR EL BALAH: L'année dernière, Jawaher al-Aqraa confiait que la musique était un "échappatoire" dans sa vie quotidienne à Gaza, territoire conservateur et sous blocus israélien. Aujourd'hui, la jeune Palestinienne chante pour "couvrir le bruit des bombardements" israéliens.

L'AFP avait rencontré en 2022 cette professeure d'anglais dans une école de musique de Gaza, dans le cadre d'un projet sur les jeunes au Moyen-Orient.

Elle l'a retrouvée réfugiée chez son frère dans le camp palestinien de Deir el-Balah (centre), en pleine guerre entre le Hamas et Israël, déclenchée le 7 octobre par l'attaque sanglante du mouvement palestinien sur le sol israélien.

"Parfois, j'essaye de dissimuler les bruits des bombardements et des drones en chantant mais les frappes deviennent plus importantes alors je m'arrête, je récite la chahada (profession de foi musulmane) puis je reprends", dit Jawaher al-Aqraa, 28 ans.

"Les scènes dont je suis témoin m'emplissent de colère. Je n'ai que le chant pour exprimer mes sentiments et ceux des gens qui ont perdu leurs proches et leurs maisons", poursuit-elle. "Ma paix mentale passe par la musique et le chant".

Plus de 5 791 personnes ont été tuées dans la bande de Gaza, dont 2 360 enfants, depuis le début de la guerre, selon le Hamas, mouvement islamiste qui contrôle la bande de Gaza depuis 2007.

La guerre a débuté le 7 octobre lorsque des commandos du Hamas infiltrés depuis la bande de Gaza ont commis l'attaque la plus meurtrière en Israël depuis sa création en 1948.

Plus de 1 400 personnes, en majorité des civils, ont été tuées en Israël selon les autorités et quelque 220 otages israéliens, étrangers ou binationaux ont été recensés.

«Miracle»

"Cette guerre ne peut pas être décrite avec des mots, elle ne peut être comparée à celle qui a précédé (2021)", estime Jawaher al-Aqraa, qui dit avoir perdu trois amis la veille dans des raids israéliens.

Entourée des enfants de son frère qui applaudissent timidement, elle joue du violon et chante une chanson en anglais composée par des amis.

"Je suis invincible, incassable, inarrêtable, inébranlable. Ils me renversent et je me relève", chantonne-t-elle. "Je suis née pour être libre, je suis Palestinienne."

"Les bombardements n'ont en rien affecté ma détermination", dit-elle, rêvant de "chanter encore davantage et de voyager pour diffuser la cause palestinienne".

En 2022, elle disait vouloir "mettre à profit les difficultés pour être plus forte", dans une société conservatrice où il est mal vu pour une jeune femme de chanter ou jouer de la musique en public et dans un territoire sous blocus israélien depuis 2007 et appauvri par les guerres.

"J'ai survécu à cinq guerres et un million d'escalades", souligne-t-elle aujourd'hui, tout de noir vêtue. "Mais avec cette guerre, j'ai l'impression de ne faire qu'attendre mon tour pour mourir".

"Si je survis, c'est un miracle".


Le navire humanitaire des Émirats arabes unis pour Gaza arrive en Égypte

Le navire, qui fait partie de l'opération "Chivalrous Knight 3" des Émirats arabes unis, était chargé de 7 000 tonnes de nourriture, d'aide médicale et de secours. (WAM)
Le navire, qui fait partie de l'opération "Chivalrous Knight 3" des Émirats arabes unis, était chargé de 7 000 tonnes de nourriture, d'aide médicale et de secours. (WAM)
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  • La cargaison d'aide comprend 5 000 tonnes de colis alimentaires, 1 900 tonnes de fournitures pour les cuisines communautaires, 100 tonnes de tentes médicales ainsi que cinq ambulances entièrement équipées
  • En août, les Émirats arabes unis ont inauguré une conduite d'eau de 7,5 kilomètres qui acheminera vers la bande de Gaza de l'eau dessalée provenant d'usines de dessalement émiraties situées en Égypte

DUBAI : Le navire humanitaire Hamdan des Émirats arabes unis, qui a quitté le port de Khalifa le 30 août, est arrivé au port d'Al-Arish, en Égypte, où des denrées alimentaires et des fournitures médicales seront déchargées puis livrées aux habitants de la bande de Gaza assiégée.

Le navire, qui fait partie de l'initiative humanitaire "Operation Chivalrous Knight 3" des Émirats arabes unis pour Gaza, qui fournit une aide essentielle par le biais de convois terrestres, d'expéditions maritimes et de largages aériens, a été chargé de 7 000 tonnes de nourriture, de matériel médical et d'aide d'urgence, a rapporté l'agence de presse nationale WAM.

La cargaison d'aide comprend 5 000 tonnes de colis alimentaires, 1 900 tonnes de fournitures pour les cuisines communautaires, 100 tonnes de tentes médicales ainsi que cinq ambulances entièrement équipées.

Les Émirats ont jusqu'à présent envoyé 20 navires d'aide à Gaza et ont livré environ 90 000 tonnes d'aide humanitaire, pour un coût de 1,8 milliard de dollars, depuis le lancement de l'opération "Chivalrous Knight 3".

En août, les Émirats arabes unis ont inauguré une conduite d'eau de 7,5 kilomètres qui acheminera vers la bande de Gaza de l'eau dessalée provenant d'usines de dessalement émiraties situées en Égypte. Le pipeline a une capacité d'environ 2 millions de gallons par jour et pourrait desservir plus d'un million de personnes.


L'ambassadeur saoudien aux Etats-Unis visite le bureau de l'attaché militaire à Washington

L'ambassadeur saoudien aux Etats-Unis, la princesse Reema bint Bandar, visite le bureau de l'attaché militaire à Washington (SPA)
L'ambassadeur saoudien aux Etats-Unis, la princesse Reema bint Bandar, visite le bureau de l'attaché militaire à Washington (SPA)
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  • La princesse Reema a été informée des fonctions, des tâches et des départements du bureau de l'attaché militaire
  • Elle a également été informée du soutien que l'attaché reçoit de la part des dirigeants saoudiens pour renforcer les intérêts communs entre l'Arabie saoudite et les États-Unis en matière de défense et de coopération militaire

RIYADH : La princesse Reema bint Bandar, ambassadrice saoudienne aux Etats-Unis, a visité lundi le bureau de l'attaché militaire saoudien à Washington.

La princesse Reema a été informée des fonctions, des tâches et des départements du bureau de l'attaché au cours de sa visite, a rapporté l'agence de presse saoudienne.

Elle a également été informée du soutien que l'attaché reçoit de la part des dirigeants saoudiens pour renforcer les intérêts communs entre l'Arabie saoudite et les États-Unis en matière de défense et de coopération militaire.

La princesse Reema a été reçue par le ministre adjoint saoudien de la Défense pour les affaires exécutives, Khaled Al-Biyari, qui est en visite officielle à Washington, ainsi que par l'attaché militaire saoudien à Washington et Ottawa, le général de division Abdullah bin Khalaf Al-Khathami, et les chefs des départements de l'attaché.


Turquie: le principal parti d'opposition dans l'attente d'une décision judiciaire cruciale

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  • "Ecoute cette place Erdogan", a lancé dimanche soir le président de ce parti, Özgür Özel, devant les manifestants qui scandaient "Erdogan, démission !"
  • "Aujourd'hui, nous sommes confrontés aux graves conséquences de l'abandon du train de la démocratie par le gouvernement démocratiquement élu en Turquie, qui a choisi de gouverner le pays par l'oppression plutôt que par les urnes"

ANKARA: Le principal parti d'opposition au président turc Recep Tayyip Erdogan, le CHP, attend lundi une décision judiciaire cruciale qui pourrait chambouler sa direction en raison d'une accusation de fraudes.

Des dizaines de milliers de personnes ont défilé dimanche à Ankara à la veille de cette audience pour soutenir le CHP (Parti républicain du peuple, social démocrate) qui rejette les accusations et estime que les autorités tentent de l'affaiblir par un "procès politique".

"Ecoute cette place Erdogan", a lancé dimanche soir le président de ce parti, Özgür Özel, devant les manifestants qui scandaient "Erdogan, démission !".

"Aujourd'hui, nous sommes confrontés aux graves conséquences de l'abandon du train de la démocratie par le gouvernement démocratiquement élu en Turquie, qui a choisi de gouverner le pays par l'oppression plutôt que par les urnes. Quiconque représente une menace démocratique pour lui est désormais sa cible", a affirmé M. Özel.

"Ce procès est politique, les allégations sont calomnieuses. C'est un coup d'État et nous résisterons", a-t-il martelé.

"Il ne s'agit pas du CHP mais de l'existence ou de l'absence de démocratie en Turquie", a déclaré pour sa part Ekrem Imamoglu aux journalistes vendredi, après avoir comparu devant un tribunal pour des accusations sans lien avec cette affaire.

Lorsque Özgür Özel a pris sa direction en novembre 2023, le CHP était en crise mais, en mars 2024, il a conduit le parti à une éclatante victoire aux élections locales.

Depuis l'arrestation du maire d'Istanbul en mars dernier, M. Özel a su galvaniser les foules, s'attirant les foudres du pouvoir en organisant chaque semaine des rassemblements, jusque dans des villes longtemps considérées comme des bastions du président Erdogan.

Peines de prison 

L'audience doit débuter à 10H00 (07H00 GMT), devant le 42e tribunal civil de première instance de la capitale turque. Elle doit statuer sur la possible annulation des résultats du congrès du CHP en novembre 2023.

Pendant ce congrès, les délégués avaient évincé le président de longue date du parti, Kemal Kilicdaroglu, tombé en disgrâce, et élu Özgür Özel.

L'acte d'accusation désigne M. Kilicdaroglu comme étant la partie lésée et réclame des peines de prison pouvant aller jusqu'à trois ans pour M. Imamoglu et dix autres maires et responsables du CHP, accusés de "fraude électorale".

Si la justice le décidait, M. Özel pourrait donc se voir démettre de ses fonctions à la tête de cette formation.

Le 2 septembre, un tribunal a destitué la direction de la branche d'Istanbul du CHP en raison d'accusations d'achats de votes au cours de son congrès provincial et nommé un administrateur pour prendre le relais.

Cette décision, qui a été largement perçue comme pouvant faire jurisprudence, a déclenché de vives protestations et entraîné une chute de 5,5% de la Bourse, faisant craindre que le résultat de lundi ne nuise également à la fragile économie de la Turquie.

Si le tribunal d'Ankara déclarait les résultats du congrès du CHP nuls et non avenus, cela pourrait annoncer le retour de son ancien leader Kemal Kilicdaroglu, qui a accumulé une série de défaites électorales ayant plongé le parti dans une crise.

Selon certains observateurs, l'affaire s'apparente à une tentative des autorités de saper le plus ancien parti politique de Turquie, qui a remporté une énorme victoire contre l'AKP (Parti de la justice et du développement, conservateur) du président Erdogan aux élections locales de 2024 et gagne en popularité dans les sondages.

Sa popularité a augmenté depuis qu'il a organisé les plus grandes manifestations de rue de Turquie en une décennie, déclenchées par l'emprisonnement en mars de son candidat à la présidence de la République, le maire d'Istanbul Ekrem Imamoglu.

Dans une tentative de protéger sa direction, le CHP a convoqué un congrès extraordinaire le 21 septembre. Si le tribunal destituait M. Özel et rétablissait M. Kilicdaroglu, les membres du parti pourraient donc tout simplement réélire Özgür Özel six jours plus tard.