La justice américaine accuse Walmart d'avoir alimenté la crise des opiacés

Le groupe Walmart est l’un des plus grands distributeurs de médicaments des Etats-Unis (Photo, AFP).
Le groupe Walmart est l’un des plus grands distributeurs de médicaments des Etats-Unis (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 23 décembre 2020

La justice américaine accuse Walmart d'avoir alimenté la crise des opiacés

  • Le ministère de la Justice demande «des sanctions au civil qui pourraient se solder en milliards de dollars», indique-t-il mardi dans un communiqué
  • Selon le ministère, Walmart «a distribué illégalement des substances réglementées et sous ordonnance au plus fort de la crise des opiacés»

WASHINGTON: Malgré les tentatives de Walmart d'allumer un contre-feu, la justice américaine a décidé de poursuivre le géant de la distribution, l'accusant d'avoir alimenté la crise des opiacés qui a fait des centaines de milliers de morts aux Etats-Unis.

Le ministère de la Justice demande « des sanctions au civil qui pourraient se solder en milliards de dollars », indique-t-il mardi dans un communiqué. 

Selon le ministère, Walmart « a distribué illégalement des substances réglementées et sous ordonnance au plus fort de la crise des opiacés » dans les pharmacies que le groupe exploite à travers les Etats-Unis.

« Etant l'une des plus grandes chaînes de pharmacies et l'un des plus grands distributeurs de médicaments du pays, Walmart avait la responsabilité et les moyens d'aider à prévenir le détournement d'opiacés », a estimé Jeffrey Bossert Clark, procureur général adjoint par intérim, cité dans le communiqué.

« Au lieu de cela, et pendant des années, (Walmart) a fait le contraire : accepter des milliers d'ordonnances invalides dans ses pharmacies et omettre de signaler les ordonnances suspectes d'opiacés », a-t-il ajouté, soulignant que « ce comportement illégal a contribué à l'épidémie d'abus d'opiacés à travers les Etats-Unis ». 

La justice s'est appuyée notamment sur les déclarations de responsables du groupe ayant fait état d'une « énorme pression pour traiter les ordonnances ». 

Il fallait à tout prix « stimuler les ventes » et traiter vite les ordonnances pour fidéliser la clientèle, selon l'un d'entre eux. 

Walmart a réagi en affirmant que les poursuites du ministère de la Justice étaient « entachées par des violations éthiques historiques et que ce procès invente une théorie juridique qui force, de manière illégale, les pharmaciens à se placer entre les patients et leurs docteurs, qui est truffé d'erreurs factuelles et qui sélectionne des documents en les sortant de leur contexte ».

La dépendance aux médicaments opiacés a fait près de 450 000 morts aux Etats-Unis entre 1999 et 2018, selon les dernières estimations des Centres de prévention des maladies (CDC). 

Leur consommation a explosé à partir de 2013, conduisant le président Donald Trump à déclarer une « urgence de santé publique » en 2017.

Cette crise a même été jugée responsable de la baisse de l'espérance de vie aux Etats-Unis entre 2014 et 2017.

« Porter le chapeau »

L'annonce du ministère de la Justice intervient deux mois jour pour jour après la plainte déposée par Walmart devant un tribunal du Texas.

Le groupe se disait alors victime d'une tentative injuste du gouvernement de lui faire « porter le chapeau » pour la surconsommation de médicaments opiacés ultra-addictifs.

Dans sa plainte, la chaîne de supermarchés - qui compte quelque 5 000 magasins aux Etats-Unis, avec presque tous des points pharmacie - estimait qu'en reprochant à ses pharmaciens de ne pas avoir refusé de fournir des opiacés prescrits par les médecins, le ministère de la Justice et la DEA, agence chargée de la lutte contre les drogues, mettaient les pharmaciens « dans une position intenable ».

Poussée par un marketing agressif des laboratoires pharmaceutiques, auprès des médecins surtout, la prescription de médicaments anti-douleur opiacés, jusque-là réservés aux maladies graves, a explosé.

Walmart accuse la DEA de chercher à se dédouaner de ses « profondes erreurs » dans la gestion de cette crise : des audits ont en effet conclu que l'agence fédérale n'avait pas, comme elle aurait dû, empêché les laboratoires de produire des quantités toujours plus importantes de ces médicaments ni, dans 70% des cas, retiré leur licence aux médecins dont les ordonnances étaient mises en cause.

A en croire la plainte, le ministère et la DEA s'acharnent contre Walmart, en dépensant depuis plusieurs années des sommes considérables pour une enquête qui, faute de déboucher sur des poursuites pénales, viserait maintenant à lui arracher des dommages substantiels au civil.

Le groupe a demandé au tribunal texan de dire clairement que le groupe et ses pharmaciens n'avaient pas les responsabilités légales que voudraient lui attribuer le gouvernement et la DEA.

Pour l'heure, cette plainte n'a pas abouti.

D'autres grands distributeurs de médicaments américains - comme Cardinal Health ou McKesson - ont été attaqués par le passé en justice par des autorités locales ou des Etats, qui les accusaient d'avoir fermé les yeux sur des millions d'ordonnances de médicaments opiacés alors qu'ils les savaient addictifs.

Un règlement à l'amiable avait notamment été trouvé entre trois distributeurs et deux comtés de l'Ohio en octobre 2019.


France: la pleine puissance du nouveau réacteur nucléaire EPR repoussée à la fin de l'automne

Cette photographie prise le 25 avril 2024 montre la centrale nucléaire de Flamanville, dans le nord-ouest de la France, alors que la centrale nucléaire Flamanville 3 est prête à démarrer. (AFP)
Cette photographie prise le 25 avril 2024 montre la centrale nucléaire de Flamanville, dans le nord-ouest de la France, alors que la centrale nucléaire Flamanville 3 est prête à démarrer. (AFP)
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  • EDF prévoit désormais que son nouveau réacteur EPR de Flamanville, en Normandie dans l'ouest du pays, atteindra sa pleine puissance "avant la fin de l'automne"
  • Le redémarrage du réacteur est désormais prévu au 1er octobre, décalant de fait le passage à 100% de puissance du réacteur

PARIS: Electricité de France (EDF) prévoit désormais que son nouveau réacteur EPR de Flamanville, en Normandie dans l'ouest du pays, atteindra sa pleine puissance "avant la fin de l'automne", alors que le groupe espérait jusqu'à présent pouvoir franchir cette étape d'ici la fin de l'été.

La prolongation d'un arrêt "pour réaliser une opération de contrôle et de maintenance préventive sur une soupape de protection du circuit primaire principal" conduit à modifier "la date d'atteinte de la pleine puissance, désormais prévue avant la fin de l'automne", a indiqué l'électricien public français sur son site internet vendredi.

Alors que le réacteur à eau pressurisée de nouvelle génération était à l'arrêt depuis le 19 juin pour des opérations d'essais de mise en service, classiques pour de nouvelles installations nucléaires, EDF a décidé le 2 juillet de le maintenir à l'arrêt pour intervenir sur des soupapes.

EDF avait en effet constaté pendant les essais que deux des trois soupapes placées au sommet du pressuriseur qui permet de maintenir l'eau du circuit primaire à une pression de 155 bars "n'étaient pas complètement conformes" aux attendus en termes d'"étanchéité".

En raison de ces "aléas", EDF a décidé vendredi de prolonger cet arrêt pour mener une opération de maintenance préventive sur la 3e soupape.

"Les expertises menées sur les deux premières soupapes conduisent EDF, dans une démarche pro-active de sûreté, à étendre les vérifications à la troisième soupape en profitant de la logistique déjà en place et mobilisant les compétences disponibles", a expliqué le groupe.

Le redémarrage du réacteur est désormais prévu au 1er octobre, décalant de fait le passage à 100% de puissance du réacteur.

"Il y a 1.500 critères de sûreté qui sont testés lors d'un premier démarrage" de réacteur, a expliqué à l'AFP une porte-parole d'EDF. Lors de ces phases d'essais et de contrôle, il est parfois nécessaire de "refaire des réglages", selon elle.

Le réacteur de nouvelle génération a été raccordé au réseau électrique le 21 décembre 2024, avec douze ans de retard par rapport à la date prévue. Son coût a explosé par rapport au devis initial de 3,3 milliards d'euros: selon un rapport de la Cour des comptes française publié en,janvier, EDF l'estime aujourd'hui à 22,6 milliards d'euros aux conditions de 2023.


Engie confirme ses perspectives 2025 malgré un contexte "incertain et mouvant"

Cette photographie montre le parc éolien offshore de Yeu-Noirmoutier au large de l'Ile-d'Yeu, dans l'ouest de la France, le 23 juin 2025. (AFP)
Cette photographie montre le parc éolien offshore de Yeu-Noirmoutier au large de l'Ile-d'Yeu, dans l'ouest de la France, le 23 juin 2025. (AFP)
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  • Engie a confirmé vendredi ses perspectives pour 2025 malgré un contexte "incertain" et une baisse des prix qui a pesé sur ses résultats au premier semestre
  • L'énergéticien se dit confiant sur la suite et maintient ses prévisions pour 2025

PARIS: Engie a confirmé vendredi ses perspectives pour 2025 malgré un contexte "incertain" et une baisse des prix qui a pesé sur ses résultats au premier semestre, et se dit désormais plus confiant pour ses projets renouvelables aux Etats-Unis après une période d'incertitude.

Son résultat net récurrent a reculé de 19% à 3,1 milliards d’euros au cours des six premiers mois de l'année. Le résultat opérationnel (Ebit) hors nucléaire est ressorti à 5,1 milliards d'euros, en baisse de 9,4% en raison d'une base de comparaison élevée par rapport au premier semestre 2024 et "dans un contexte de baisse des prix".

Mais l'énergéticien se dit confiant sur la suite et maintient ses prévisions pour 2025.

"Nous abordons les prochains mois avec confiance et nous confirmons notre +guidance+ annuelle", a commenté Catherine MacGregor, sa directrice générale, citée dans le communiqué de résultats.

Elle a néanmoins insisté sur le contexte économique et géopolitique "assez incertain et mouvant", lors d'une conférence téléphonique.

A la Bourse de Paris, Engie cédait 2,45% à 10H53 (8H53 GMT) à 19,15 euros vendredi, après avoir lâché 5% à l'ouverture.

Interrogée sur les Etats-Unis, Catherine MacGregor s'est montrée plus confiante après une période d'incertitude qui a suivi l'entrée en fonction du gouvernement Trump.

"Avec la promulgation du +Big beautifull bill+ (la loi budgétaire de Donald Trump, ndlr) et une première clarification du cadre réglementaire et fiscal qui était attendue, nous nous apprêtons à lancer trois projets pour plus de 1,1 GW de capacité totale, éolien, solaire et batteries qui vont conforter notre croissance jusqu'en 2028", a-t-elle déclaré.

Engie a pour l'heure "juste en dessous de 9 GW en opération aux États-Unis", a-t-elle rappelé.

"Il y avait beaucoup, beaucoup d'incertitudes sur le traitement qui serait donné à ces projets", a-t-elle souligné, mais avec cette nouvelle loi, "on a beaucoup plus de clarté".

"Le marché aux États-Unis reste évidemment très, très porteur", a-t-elle poursuivi. "Les projections de demande d'électricité sont absolument massives et aujourd'hui, il n'y a pas de scénarios (...) sans une grande partie de projets renouvelables", notamment en raison du fort développement des centres de données dans le pays.

Le groupe table sur un résultat net récurrent - qui exclut des coûts de restructuration et la variation de la valeur de ses contrats de couverture - "entre 4,4 et 5,0 milliards d'euros" en 2025.

Engie vise par ailleurs un Ebit hors nucléaire "dans une fourchette indicative de 8,0 à 9,0 milliards d'euros" en 2025.

"Comme prévu, l'Ebit hors nucléaire va atteindre son point bas cette année et le second semestre 2025 sera en hausse par rapport à 2024", a indiqué Catherine MacGregor.

Le bénéfice net en données publiées s'établit à 2,9 milliards d'euros au premier semestre, en hausse de 50%, en raison d'un impact moindre de la variation de la valeur de ses contrats de couverture.

Le chiffre d'affaires a atteint 38,1 milliards d'euros au premier semestre, en croissance de 1,4%.

Engie disposait d'une capacité totale renouvelables et de stockage de 52,7 gigawatts (GW) à fin juin 2025, en hausse de 1,9 GW par rapport à fin 2024. A cela s'ajoutent 95 projets en cours de construction qui représentent une capacité totale de près de 8 GW.

Le groupe dispose d'un portefeuille de projets renouvelables et de batteries en croissance qui atteint 118 GW à fin juin 2025, soit 3 GW de plus qu'à fin décembre 2024.


ArcelorMittal: les taxes douanières américaines érodent la rentabilité au premier semestre

La cokerie d'ArcelorMittal Bremen sur le site de Bottrop est photographiée depuis la plate-forme d'observation Tetraeder à Bottrop, dans l'ouest de l'Allemagne, le 21 juillet 2025. (AFP)
La cokerie d'ArcelorMittal Bremen sur le site de Bottrop est photographiée depuis la plate-forme d'observation Tetraeder à Bottrop, dans l'ouest de l'Allemagne, le 21 juillet 2025. (AFP)
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  • ArcelorMittal a vu sa rentabilité érodée au premier semestre par les taxes douanières de Donald Trump sur les importations d'acier depuis le Canada ou le Mexiqu
  • ArcelorMittal espère la mise en place effective de mesures de soutien à l'acier en Europe d'ici à la fin de l'année

PARIS: ArcelorMittal, qui a vu sa rentabilité érodée au premier semestre par les taxes douanières de Donald Trump sur les importations d'acier depuis le Canada ou le Mexique, espère la mise en place effective de mesures de soutien à l'acier en Europe d'ici à la fin de l'année.

Malgré un résultat net en hausse de 39% au premier semestre 2025, à 2,6 milliards de dollars, le bénéfice avant intérêt, impôt, dépréciation et amortissement (Ebitda) du deuxième fabricant d'acier mondial a reculé de 10%, à 3,4 milliards de dollars, notamment après l'application de droits de douane de 50% sur l'acier importé aux Etats-Unis depuis le Canada et le Mexique à partir du 4 juin, a expliqué le groupe dans un communiqué jeudi.

Le chiffre d'affaires a aussi pâti du recul de 7,5% des prix moyens de l'acier dans le monde: les ventes se sont amoindries de 5,5%, à 30,72 milliards de dollars au premier semestre.

Jeudi à la Bourse de Paris, après ces annonces, le titre ArcelorMittal a terminé la séance en recul de 2,58%, à 27,52 euros.

Le directeur général du groupe, Aditya Mittal, s'est félicité de la reprise à 100% du site de Calvert aux Etats-Unis, qui devient un site d'acier bas carbone grâce à la construction d'un nouveau four à arc électrique.

En Europe, les tendances à l'accroissement des dépenses publiques sur la défense et les infrastructures "sont un encouragement pour l'industrie de l'acier", a jugé M. Mittal.

Néanmoins, alors que le plan d'action annoncé en mars par la Commission européenne a lancé des "signaux clairs" pour défendre la production européenne d'acier, "nous attendons toujours la concrétisation des mesures de sauvegarde (ou quotas sur les importations d'acier en Europe, NDLR) du mécanisme d'ajustement carbone aux frontières et sur les prix de l'énergie", a-t-il souligné.

A condition que ces mesures soient mises en place, le groupe prévoit d'investir 1,2 milliard d'euros pour un four à arc électrique sur son site français de Dunkerque (Nord), a-t-il rappelé.

Au total, ArcelorMittal en exploite 29 dans le monde, pour une capacité de production de 21,5 millions de tonnes d'acier recyclé par an, qui augmentera à 23,4 millions de tonnes en 2026 après la mise en service des deux sites espagnols de Gijon et Sestao.