Informatique: Un labo pour détecter les pirates avant intrusion

Le Professeur Jean-Yves Marion, directeur du Loria prononce un discours devant un écran montrant l'analyse dynamique d'un logiciel contenant un malware dans le logiciel de cybersécurité Gorille le 25 octobre 2023 (Photo, AFP).
Le Professeur Jean-Yves Marion, directeur du Loria prononce un discours devant un écran montrant l'analyse dynamique d'un logiciel contenant un malware dans le logiciel de cybersécurité Gorille le 25 octobre 2023 (Photo, AFP).
Short Url
Publié le Lundi 30 octobre 2023

Informatique: Un labo pour détecter les pirates avant intrusion

  • A Villers-lès-Nancy, est située une salle de recherche «hautement sécurisée»: ses fenêtres pourraient résister à sept coups de hache
  • La France compte deux laboratoires de haute sécurité, l'autre se trouve à Rennes, dans l'ouest du pays

NANCY: Détecter l'attaque informatique avant même qu'elle se concrétise : près de Nancy, dans l'est de la France, des chercheurs analysent le mode de fonctionnement des cybercriminels dans un programme de recherche unique en Europe.

Au sous-sol du Laboratoire lorrain de recherche en informatique et ses applications (Loria), à Villers-lès-Nancy, est située une salle de recherche "hautement sécurisée": ses fenêtres pourraient résister à sept coups de hache.

A l'intérieur du "laboratoire de haute sécurité" (LHS), des écrans d'ordinateur avec lesquels les chercheurs écoutent "les bruits de fond" des données, en partenariat avec le National Institute of Information and Communications Technology de Tokyo. Concrètement, des mouvements sont repérés sur des adresses IP "qui ne devraient pas être utilisées", ce qui peut présager d'une attaque à venir.

Et avec leur technique du "pot de miel", les universitaires attirent déjà au quotidien les attaquants dans des pièges, pour ensuite analyser leur mode de piratage.

La France compte deux laboratoires de haute sécurité, l'autre se trouve à Rennes, dans l'ouest du pays.

Fini le temps où les antivirus permettaient de protéger ses données face au pirate de base qui lançait ses attaques "au fond d'un garage", souligne Jean-Yves Marion, ancien directeur du Loria. Ils sont désormais plus organisés.

Ces dernières années, la menace s'est "démultipliée" selon lui, rendant "indispensable une mobilisation universitaire (...) en lien constant avec le monde de l'entreprise et des pouvoirs publics".

Attaques sophistiquées

Depuis la création du Loria en 2010, les chercheurs ont collecté plus de 35 millions de programmes malveillants. Si cela leur permet de les analyser et de les tester, "c'est insuffisant", insiste M. Marion.

Désormais, un nouveau programme de recherche lancé en juin, le "DefMal", pour "Défense contre les programmes malveillants", vient s'inscrire "dans une stratégie d'accélération annoncée par le président de la République", souligne Lorraine Université d'Excellence.

Présenté comme unique en Europe, un budget "inédit" de 5 millions d'euros sur six ans lui a été attribué. "Il permettra surtout d'embaucher des doctorants et des ingénieurs", selon Jean-Yves Marion.

L'enjeu, aujourd'hui, est "de détecter ces logiciels malveillants avant qu'ils ne passent à l'attaque".

Une attaque débute par l'exfiltration des données, qui sont ensuite chiffrées.

Certaines peuvent durer des mois, insistent les chercheurs: l'exfiltration se fait par petits morceaux, pour ne pas alerter.

Et signe de la professionnalisation des cybercriminels, les attaques sont de plus en plus sophistiquées, souligne Régis Lhoste, président de la société Cyber-Detect, qui a été créée dans la continuité des travaux du Loria: les programmes malveillants sont "aujourd'hui conçus spécifiquement pour attaquer votre entreprise", sur mesure, tout en reprenant quelques structures déjà vues par le passé.

Entreprises et institutions

Sa jeune pousse travaille avec de nombreuses entreprises ou institutions, leur proposant son expertise pour anticiper les attaques ou les comprendre, via des analyses des virus informatiques semblables à celles utilisées dans la recherche médicale.

Abdelkader Lahmadi, enseignant-chercheur au Loria et co-fondateur, avec d'autres chercheurs, de la jeune pousse Cybi, explique que les grandes entreprises "sont submergées" par les rapports de failles de vulnérabilité qui se multiplient.

La solution mise au point par les chercheuses et désormais commercialisées, fondée sur l'intelligence artificielle, permet de "révéler les chemins d'attaque" qui pourraient être utilisés: cela peut, par exemple, débuter par le piratage d'une caméra de surveillance sur un parking, pour ensuite porter atteinte à toute l'unité de production d'un industriel.

Avec DefMal, les universitaires vont aller plus loin, en cherchant à déterminer le mode de fonctionnement des organisations cybercriminelles: comment recrutent-elles et communiquent-elles? Comment blanchissent-elles l'argent?

Cette analyse nécessite un travail "main dans la main" avec juristes et économistes, selon Jean-Yves Marion.

Les chercheurs du Loria travaillent aussi avec la police ou la gendarmerie sur certaines enquêtes.


Automobile: les équipementiers français pressent Bruxelles d'imposer un contenu local

 Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi. (AFP)
Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi. (AFP)
Short Url
  • Les équipementiers européens "contribuent pour 75% à la valeur d'un véhicule et représentent 1,7 million d'emplois" en Europe
  • Mais "les surcapacités mondiales, les importations subventionnées (par le pays exportateur, NDLR) et un déséquilibre commercial accru érodent les fondations de notre industrie"

PARIS: Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi.

Dans cette missive adressée à la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et datée du 12 décembre, les dirigeants des équipementiers Valeo, Forvia et OPmobility demandent à la Commission "des mesures claires sur le contenu local lors des annonces du 16 décembre".

Les équipementiers européens "contribuent pour 75% à la valeur d'un véhicule et représentent 1,7 million d'emplois" en Europe, mais "les surcapacités mondiales, les importations subventionnées (par le pays exportateur, NDLR) et un déséquilibre commercial accru érodent les fondations de notre industrie", écrivent Christophe Périllat (Valeo), Martin Fisher (Forvia) et Félicie Burelle (OPmobility).

"Les perspectives actuelles indiquent que 350.000 emplois et 23% de la valeur ajoutée des automobiles dans l'UE sont en danger d'ici 2030 si des mesures fortes ne sont pas prises de manière urgente", ajoutent-ils.

Ces équipementiers soutiennent "la position des ministres français en faveur de +flexibilités ciblées+ dans la réglementation sur (les émissions de) CO2 si elle est assortie de conditions de critères de contenu local, dans l'intérêt des emplois, du savoir-faire dans l'automobile" et de "l'empreinte carbone" en Europe.

Les constructeurs automobiles européens et l'Allemagne notamment réclament depuis des semaines de nets assouplissements dans l'interdiction de vendre des voitures neuves thermiques ou hybrides prévue à partir de 2035.

Les annonces de la Commission sont attendues mardi après-midi.

La semaine dernière, plusieurs ministres français avaient envoyé une lettre aux commissaires européens pour dire qu'ils acceptaient des "flexibilités ciblées", à condition qu'elles s'accompagnent d'une règlementation incitative à la production en Europe.

"On est prêt à faire preuve de flexibilité", avait ensuite expliqué Roland Lescure, ministre français de l'Economie. "Si vous voulez vendre encore un peu de moteurs thermiques en 2035 très bien, mais il faut qu’ils soient faits en Europe", avec "au moins 75% de la valeur ajoutée faite en Europe", avait-il ajouté.


Espagne: amende de 64 millions d'euros contre Airbnb pour avoir publié des annonces de logements interdits

Le gouvernement espagnol a annoncé lundi avoir infligé une amende de 64 millions d'euros à la plateforme Airbnb pour avoir notamment publié des annonces de logements interdits, une infraction qualifiée de "grave", en pleine crise du logement dans le pays. (AFP)
Le gouvernement espagnol a annoncé lundi avoir infligé une amende de 64 millions d'euros à la plateforme Airbnb pour avoir notamment publié des annonces de logements interdits, une infraction qualifiée de "grave", en pleine crise du logement dans le pays. (AFP)
Short Url
  • L'amende qui vise Airbnb et atteint précisément 64.055.311 euros est "définitive", a précisé dans un communiqué le ministère de la Consommation
  • "Des milliers de familles vivent dans la précarité à cause de la crise du logement, tandis que quelques-uns s'enrichissent grâce à des modèles économiques qui expulsent les gens de chez eux"

MADRID: Le gouvernement espagnol a annoncé lundi avoir infligé une amende de 64 millions d'euros à la plateforme Airbnb pour avoir notamment publié des annonces de logements interdits, une infraction qualifiée de "grave", en pleine crise du logement dans le pays.

En Espagne, les plateformes de location de courte durée suscitent un vif débat, surtout dans les grandes villes touristiques, où de nombreux habitants leur reprochent de contribuer à la flambée des loyers.

L'amende qui vise Airbnb et atteint précisément 64.055.311 euros est "définitive", a précisé dans un communiqué le ministère de la Consommation, ajoutant que la plateforme basée aux Etats-Unis devait désormais "corriger les manquements constatés en supprimant les contenus illégaux".

"Des milliers de familles vivent dans la précarité à cause de la crise du logement, tandis que quelques-uns s'enrichissent grâce à des modèles économiques qui expulsent les gens de chez eux", a critiqué le ministre de la Consommation, Pablo Bustinduy, cité dans le communiqué.

"Aucune entreprise en Espagne, aussi grande ou puissante soit-elle, n'est au-dessus des lois", a-t-il poursuivi.

L'Espagne a accueilli en 2024 un nombre record de 94 millions de visiteurs, ce qui en fait la deuxième destination touristique dans le monde derrière la France. Ce chiffre pourrait être battu cette année.

Mais si le tourisme est un moteur de l'économie, de nombreux Espagnols dénoncent la congestion des infrastructures, la disparition des commerces traditionnels, remplacés par des boutiques touristiques, et surtout la flambée des loyers, les propriétaires de logements se tournant vers la location touristique, y compris sur Airbnb, nettement plus rentable.

Face à cette poussée de colère, plusieurs régions et municipalités ont annoncé des mesures ces derniers mois, à l'image de la mairie de Barcelone (nord-est), qui a promis de ne pas renouveler les licences de quelque 10.000 appartements touristiques, qui expireront en novembre 2028.

 


La RATP se cherche un ou une présidente

Cette photographie montre le logo de la société française de transports publics RATP, sur un bâtiment à Paris, le 3 mars 2025. (AFP)
Cette photographie montre le logo de la société française de transports publics RATP, sur un bâtiment à Paris, le 3 mars 2025. (AFP)
Short Url
  • Après le départ de Jean Castex à la SNCF, l’Élysée s’apprête à nommer rapidement le nouveau président ou la nouvelle présidente de la RATP
  • Plusieurs profils circulent, tandis que la régie fait face à d’importants défis

PARIS: Après le départ de Jean Castex à la SNCF, la RATP se cherche un ou une présidente, dont la nomination pourrait intervenir "rapidement", selon des sources concordantes.

L'annonce se fera par communiqué de l'Elysée en vertu de l'article 13 de la Constitution qui prévoit que le président de la République nomme aux emplois civils et militaires de l'Etat.

Suivront, deux semaines plus tard, deux auditions de l'impétrant devant les sénateurs, puis devant les députés. Les parlementaires ont la possibilité de s'opposer au candidat d'Emmanuel Macron s'ils réunissent trois cinquième de leurs votes cumulés contre le nom choisi par l'Elysée.

En revanche, si le candidat est adoubé par le Parlement, son nom est proposé en conseil d'administration comme nouvel administrateur, puis confirmé dans la foulée par un décret suivant le conseil des ministres.

Depuis l'arrivée de l'ancien Premier ministre Jean Castex à la tête de la SNCF début novembre, les rumeurs se multiplient sur le nom de celui ou celle qui sera chargé de lui succéder aux commandes de la Régie autonome des transports parisiens, vieille dame créée le 21 mars 1948 et désormais plongée dans le grand bain de l'ouverture à la concurrence.

Les articles de presse pèsent les différents "profils" pressentis, politiques ou techniques qui pourraient "faire le job".

Les noms qui reviennent le plus souvent sont ceux de Xavier Piechaczyk, président du directoire du distributeur d'électricité RTE et ex-conseiller énergie-transport de Jean-Marc Ayrault et François Hollande, Alain Krakovitch, actuel directeur des TGV et Intercités à SNCF Voyageurs, Jean-François Monteils, président du directoire de la Société des grands projets (SGP) et selon la Tribune, Valérie Vesque-Jeancard, présidente de Vinci Airways et directrice déléguée de Vinci Airports.

"Si le nom sort de l'Elysée avant la fin de l'année, cela permettrait au PDG de prendre ses fonctions fin janvier-début février" souligne un fin connaisseur des milieux ferroviaires qui requiert l'anonymat.

- "Aller vite" -

"Une entreprise industrielle comme la RATP ne peut pas rester sans pilote très longtemps" souligne une autre source, proche du dossier, qui requiert aussi l'anonymat, avant d'ajouter "il faut aller vite, car c'est aussi une boite politique, la RATP".

Une entreprise aux enjeux d'autant plus complexes, que malgré son ancrage initial parisien, la RATP dépend du financement de la région Ile-de-France pour ses matériels, s'étend de plus en plus loin dans la banlieue, voire en métropole, et gère des réseaux de transports dans 16 pays sur les cinq continents.

En France, elle est notamment pressentie pour gérer les transports ferroviaires régionaux autour de Caen en Normandie à partir de 2027 après avoir répondu - via sa filiale RATP Dev - à des appels d'offre d'ouverture à la concurrence.

A Paris, la RATP est en train d'introduire progressivement de nouveaux matériels sur son réseau. Le nouveau métro MF19 construit par Alstom, ira d'abord sur la ligne 10 puis sept autres lignes (7 bis, 3 bis, 13 d'ici 2027, puis 12, 8, 3 et 7 d'ici 2034).

L'ensemble du processus prendra une dizaine d'années environ de travaux de modernisation sur les lignes concernées: beaucoup d'ingénierie fine à organiser pour réaliser les travaux pendant la nuit sans interrompre le trafic diurne et de désagréments pour les voyageurs.

A échéance plus lointaine, le ou la future patronne devra déterminer la stratégie du groupe dans les nouvelles ouvertures à la concurrence qui se dessinent: les tramway en 2030 puis le métro en 2040.

Sur le réseau de bus francilien, où la RATP a d'ores et déjà perdu son monopole, elle est parvenue à conserver l'exploitation de 70% des lignes d'autobus qu'elle gérait à l'issue des dernières vagues d'appels d'offre de mise en concurrence qui se sont achevées cet automne.

En particulier, elle continue d'exploiter via RATP Dev tous les bus de Paris intra-muros et a engagé un processus de verdissement de sa flotte de bus, financé par Ile-de-France Mobilités (IDFM), l'autorité organisatrice des transports.

Ses concurrents Keolis (filiale de la SNCF), Transdev et l'italien ATM ont pris les rênes le 1er novembre des lignes remportées.