Le Royaume-Uni sort lentement de son isolement, les routiers excédés

Un autocar transportant des travailleurs des ferries P&O est temporairement bloqué alors qu'il traverse le blocus du port de Douvres dans le Kent, au sud-est de l'Angleterre. (AFP)
Un autocar transportant des travailleurs des ferries P&O est temporairement bloqué alors qu'il traverse le blocus du port de Douvres dans le Kent, au sud-est de l'Angleterre. (AFP)
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Publié le Mercredi 23 décembre 2020

Le Royaume-Uni sort lentement de son isolement, les routiers excédés

  • Les ministres se sont réunis mercredi afin de déterminer les «mesures nécessaires» face à «l'augmentation des cas entraînée par le nouveau variant»
  • A cran, quelques dizaines d'entre eux, bloqués depuis dimanche, souvent sans toilettes ni repas chaud, ont eu des échanges tendus et brièvement musclés avec la police tôt mercredi matin. Un homme qui obstruait une autoroute a été arrêté

DOUVRES : Le Royaume-Uni a lentement commencé à sortir de son isolement mercredi avec la reprise limitée des liaisons vers la France, mais quelques jours seront nécessaires pour désengorger le port de Douvres, au désespoir de milliers de routiers impatients de rentrer chez eux pour Noël.

«Ils disent qu'il y aura un test Covid pour nous» mais «rien ne vient», déplore, très ému, Ezdrasz Szwaja, un routier polonais pris au piège, comme des milliers d'autres, par la fermeture de la frontière française pendant 48 heures après l'identification d'une nouvelle souche potentiellement plus contagieuse du nouveau coronavirus.

Les ministres se sont réunis mercredi afin de déterminer les «mesures nécessaires» face à «l'augmentation des cas entraînée par le nouveau variant», selon un haut responsable de santé, faisant craindre un élargissement du confinement instauré à Londres et dans le sud-est. Le ministre de la Santé Matt Hancock doit tenir une conférence de presse dans l'après-midi.

Une course contre la montre a commencé, avec l'aide de l'armée, pour dépister les routiers, souvent excédés, condition préalable à leur entrée en France, mais aussi permettre à la chaîne d'approvisionnement britannique de revenir à plein régime avant que ne pointent des pénuries.

A cran, quelques dizaines d'entre eux, bloqués depuis dimanche, souvent sans toilettes ni repas chaud, ont eu des échanges tendus et brièvement musclés avec la police tôt mercredi matin. Un homme qui obstruait une autoroute a été arrêté.

Moyennant un test négatif, le trafic sortant de marchandises accompagnés et de certains passagers peut en théorie reprendre à Douvres, principal port transmanche anglais avec la réouverture partielle par la France de ses frontières pour les personnes venant du Royaume-Uni.

Mais de très longues queues de camions à l'arrêt s'étendaient dans la zone portuaire, dans le Kent (sud-est), et «il faudra quelques jours pour nous sortir de cette situation», a averti le ministre britannique des Collectivités locales, Robert Jenrick.

«Les tests ont commencé» mais il y a toujours «d'importants retards», a-t-il dit ultérieurement sur Twitter, appelant à éviter la zone. 

«Dernière» fois en Angleterre

«C'était une première pour moi en Angleterre, et possiblement la dernière», confie l'Allemand Sergej Merkel à l'AFP, assis dans la cabine de son camion, résigné à y passer Noël.

Selon le gouvernement, quelque 5 000 poids lourds sont bloqués mercredi dans le Kent, autour de la zone portuaire, dont 3 800 sur l'ancien aéroport voisin de Manston, où les chauffeurs pourront se faire tester.

Cet énorme défi logistique sera relevé dans un premier temps avec le soutien de l'armée. Si un chauffeur est positif à la suite d'un dépistage rapide livrant un résultat en environ 30 minutes, il sera soumis à un test PCR et placé à l'isolement dans un hôtel pendant dix jours en cas de nouveau résultat positif.

Confronté à une nouvelle vague de contaminations attribuée à la nouvelle souche, partiellement reconfiné et isolé par la décision d'une cinquantaine de pays de couper leurs liaisons, le Royaume-Uni affiche l'un des bilans de la pandémie les plus lourds en Europe, avec plus de 68 000 morts et un record de près de 37 000 contaminations enregistrées mardi.

Rationnement

Malgré l'accord de sortie de crise avec la France, la congestion du port de Douvres continue à alimenter les craintes pour le ravitaillement du pays, très dépendant des rotations de camions. 

«Jusqu'à ce le retard soit résorbé et que les chaînes d'approvisionnement retournent à la normale, nous anticipons des problèmes en termes de disponibilité de certains produits frais», a indiqué l'organisme représentant les distributeurs.

Face à ce risque, amplifié par les courses de Noël et certains achats de panique qui ont laissé vides des étagères de magasins, le géant des supermarchés Tesco a annoncé mardi rationner certains produits de première nécessité comme les œufs, le riz et le papier toilette. 

La crainte est d'autant plus forte que les jours sont comptés avant la fin de la période de transition post-Brexit le 31 décembre, qui pourrait s'accompagner de graves perturbations dans les échanges en cas d'absence d'accord commercial entre Londres et l'UE.

A condition de s'être organisés pour se faire dépister à temps, des passagers ont également sauté dans les premiers Eurostar repartant de Londres lundi, après le débarquement dans la nuit à Calais des premiers passagers par ferry.

Seuls les Français et les étrangers qui résident en France ou dans l'espace européen, ainsi que ceux qui «doivent effectuer des déplacements indispensables», sont pour le moment autorisés à passer la frontière en montrant patte blanche sur le plan sanitaire.


France: la pleine puissance du nouveau réacteur nucléaire EPR repoussée à la fin de l'automne

Cette photographie prise le 25 avril 2024 montre la centrale nucléaire de Flamanville, dans le nord-ouest de la France, alors que la centrale nucléaire Flamanville 3 est prête à démarrer. (AFP)
Cette photographie prise le 25 avril 2024 montre la centrale nucléaire de Flamanville, dans le nord-ouest de la France, alors que la centrale nucléaire Flamanville 3 est prête à démarrer. (AFP)
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  • EDF prévoit désormais que son nouveau réacteur EPR de Flamanville, en Normandie dans l'ouest du pays, atteindra sa pleine puissance "avant la fin de l'automne"
  • Le redémarrage du réacteur est désormais prévu au 1er octobre, décalant de fait le passage à 100% de puissance du réacteur

PARIS: Electricité de France (EDF) prévoit désormais que son nouveau réacteur EPR de Flamanville, en Normandie dans l'ouest du pays, atteindra sa pleine puissance "avant la fin de l'automne", alors que le groupe espérait jusqu'à présent pouvoir franchir cette étape d'ici la fin de l'été.

La prolongation d'un arrêt "pour réaliser une opération de contrôle et de maintenance préventive sur une soupape de protection du circuit primaire principal" conduit à modifier "la date d'atteinte de la pleine puissance, désormais prévue avant la fin de l'automne", a indiqué l'électricien public français sur son site internet vendredi.

Alors que le réacteur à eau pressurisée de nouvelle génération était à l'arrêt depuis le 19 juin pour des opérations d'essais de mise en service, classiques pour de nouvelles installations nucléaires, EDF a décidé le 2 juillet de le maintenir à l'arrêt pour intervenir sur des soupapes.

EDF avait en effet constaté pendant les essais que deux des trois soupapes placées au sommet du pressuriseur qui permet de maintenir l'eau du circuit primaire à une pression de 155 bars "n'étaient pas complètement conformes" aux attendus en termes d'"étanchéité".

En raison de ces "aléas", EDF a décidé vendredi de prolonger cet arrêt pour mener une opération de maintenance préventive sur la 3e soupape.

"Les expertises menées sur les deux premières soupapes conduisent EDF, dans une démarche pro-active de sûreté, à étendre les vérifications à la troisième soupape en profitant de la logistique déjà en place et mobilisant les compétences disponibles", a expliqué le groupe.

Le redémarrage du réacteur est désormais prévu au 1er octobre, décalant de fait le passage à 100% de puissance du réacteur.

"Il y a 1.500 critères de sûreté qui sont testés lors d'un premier démarrage" de réacteur, a expliqué à l'AFP une porte-parole d'EDF. Lors de ces phases d'essais et de contrôle, il est parfois nécessaire de "refaire des réglages", selon elle.

Le réacteur de nouvelle génération a été raccordé au réseau électrique le 21 décembre 2024, avec douze ans de retard par rapport à la date prévue. Son coût a explosé par rapport au devis initial de 3,3 milliards d'euros: selon un rapport de la Cour des comptes française publié en,janvier, EDF l'estime aujourd'hui à 22,6 milliards d'euros aux conditions de 2023.


Engie confirme ses perspectives 2025 malgré un contexte "incertain et mouvant"

Cette photographie montre le parc éolien offshore de Yeu-Noirmoutier au large de l'Ile-d'Yeu, dans l'ouest de la France, le 23 juin 2025. (AFP)
Cette photographie montre le parc éolien offshore de Yeu-Noirmoutier au large de l'Ile-d'Yeu, dans l'ouest de la France, le 23 juin 2025. (AFP)
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  • Engie a confirmé vendredi ses perspectives pour 2025 malgré un contexte "incertain" et une baisse des prix qui a pesé sur ses résultats au premier semestre
  • L'énergéticien se dit confiant sur la suite et maintient ses prévisions pour 2025

PARIS: Engie a confirmé vendredi ses perspectives pour 2025 malgré un contexte "incertain" et une baisse des prix qui a pesé sur ses résultats au premier semestre, et se dit désormais plus confiant pour ses projets renouvelables aux Etats-Unis après une période d'incertitude.

Son résultat net récurrent a reculé de 19% à 3,1 milliards d’euros au cours des six premiers mois de l'année. Le résultat opérationnel (Ebit) hors nucléaire est ressorti à 5,1 milliards d'euros, en baisse de 9,4% en raison d'une base de comparaison élevée par rapport au premier semestre 2024 et "dans un contexte de baisse des prix".

Mais l'énergéticien se dit confiant sur la suite et maintient ses prévisions pour 2025.

"Nous abordons les prochains mois avec confiance et nous confirmons notre +guidance+ annuelle", a commenté Catherine MacGregor, sa directrice générale, citée dans le communiqué de résultats.

Elle a néanmoins insisté sur le contexte économique et géopolitique "assez incertain et mouvant", lors d'une conférence téléphonique.

A la Bourse de Paris, Engie cédait 2,45% à 10H53 (8H53 GMT) à 19,15 euros vendredi, après avoir lâché 5% à l'ouverture.

Interrogée sur les Etats-Unis, Catherine MacGregor s'est montrée plus confiante après une période d'incertitude qui a suivi l'entrée en fonction du gouvernement Trump.

"Avec la promulgation du +Big beautifull bill+ (la loi budgétaire de Donald Trump, ndlr) et une première clarification du cadre réglementaire et fiscal qui était attendue, nous nous apprêtons à lancer trois projets pour plus de 1,1 GW de capacité totale, éolien, solaire et batteries qui vont conforter notre croissance jusqu'en 2028", a-t-elle déclaré.

Engie a pour l'heure "juste en dessous de 9 GW en opération aux États-Unis", a-t-elle rappelé.

"Il y avait beaucoup, beaucoup d'incertitudes sur le traitement qui serait donné à ces projets", a-t-elle souligné, mais avec cette nouvelle loi, "on a beaucoup plus de clarté".

"Le marché aux États-Unis reste évidemment très, très porteur", a-t-elle poursuivi. "Les projections de demande d'électricité sont absolument massives et aujourd'hui, il n'y a pas de scénarios (...) sans une grande partie de projets renouvelables", notamment en raison du fort développement des centres de données dans le pays.

Le groupe table sur un résultat net récurrent - qui exclut des coûts de restructuration et la variation de la valeur de ses contrats de couverture - "entre 4,4 et 5,0 milliards d'euros" en 2025.

Engie vise par ailleurs un Ebit hors nucléaire "dans une fourchette indicative de 8,0 à 9,0 milliards d'euros" en 2025.

"Comme prévu, l'Ebit hors nucléaire va atteindre son point bas cette année et le second semestre 2025 sera en hausse par rapport à 2024", a indiqué Catherine MacGregor.

Le bénéfice net en données publiées s'établit à 2,9 milliards d'euros au premier semestre, en hausse de 50%, en raison d'un impact moindre de la variation de la valeur de ses contrats de couverture.

Le chiffre d'affaires a atteint 38,1 milliards d'euros au premier semestre, en croissance de 1,4%.

Engie disposait d'une capacité totale renouvelables et de stockage de 52,7 gigawatts (GW) à fin juin 2025, en hausse de 1,9 GW par rapport à fin 2024. A cela s'ajoutent 95 projets en cours de construction qui représentent une capacité totale de près de 8 GW.

Le groupe dispose d'un portefeuille de projets renouvelables et de batteries en croissance qui atteint 118 GW à fin juin 2025, soit 3 GW de plus qu'à fin décembre 2024.


ArcelorMittal: les taxes douanières américaines érodent la rentabilité au premier semestre

La cokerie d'ArcelorMittal Bremen sur le site de Bottrop est photographiée depuis la plate-forme d'observation Tetraeder à Bottrop, dans l'ouest de l'Allemagne, le 21 juillet 2025. (AFP)
La cokerie d'ArcelorMittal Bremen sur le site de Bottrop est photographiée depuis la plate-forme d'observation Tetraeder à Bottrop, dans l'ouest de l'Allemagne, le 21 juillet 2025. (AFP)
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  • ArcelorMittal a vu sa rentabilité érodée au premier semestre par les taxes douanières de Donald Trump sur les importations d'acier depuis le Canada ou le Mexiqu
  • ArcelorMittal espère la mise en place effective de mesures de soutien à l'acier en Europe d'ici à la fin de l'année

PARIS: ArcelorMittal, qui a vu sa rentabilité érodée au premier semestre par les taxes douanières de Donald Trump sur les importations d'acier depuis le Canada ou le Mexique, espère la mise en place effective de mesures de soutien à l'acier en Europe d'ici à la fin de l'année.

Malgré un résultat net en hausse de 39% au premier semestre 2025, à 2,6 milliards de dollars, le bénéfice avant intérêt, impôt, dépréciation et amortissement (Ebitda) du deuxième fabricant d'acier mondial a reculé de 10%, à 3,4 milliards de dollars, notamment après l'application de droits de douane de 50% sur l'acier importé aux Etats-Unis depuis le Canada et le Mexique à partir du 4 juin, a expliqué le groupe dans un communiqué jeudi.

Le chiffre d'affaires a aussi pâti du recul de 7,5% des prix moyens de l'acier dans le monde: les ventes se sont amoindries de 5,5%, à 30,72 milliards de dollars au premier semestre.

Jeudi à la Bourse de Paris, après ces annonces, le titre ArcelorMittal a terminé la séance en recul de 2,58%, à 27,52 euros.

Le directeur général du groupe, Aditya Mittal, s'est félicité de la reprise à 100% du site de Calvert aux Etats-Unis, qui devient un site d'acier bas carbone grâce à la construction d'un nouveau four à arc électrique.

En Europe, les tendances à l'accroissement des dépenses publiques sur la défense et les infrastructures "sont un encouragement pour l'industrie de l'acier", a jugé M. Mittal.

Néanmoins, alors que le plan d'action annoncé en mars par la Commission européenne a lancé des "signaux clairs" pour défendre la production européenne d'acier, "nous attendons toujours la concrétisation des mesures de sauvegarde (ou quotas sur les importations d'acier en Europe, NDLR) du mécanisme d'ajustement carbone aux frontières et sur les prix de l'énergie", a-t-il souligné.

A condition que ces mesures soient mises en place, le groupe prévoit d'investir 1,2 milliard d'euros pour un four à arc électrique sur son site français de Dunkerque (Nord), a-t-il rappelé.

Au total, ArcelorMittal en exploite 29 dans le monde, pour une capacité de production de 21,5 millions de tonnes d'acier recyclé par an, qui augmentera à 23,4 millions de tonnes en 2026 après la mise en service des deux sites espagnols de Gijon et Sestao.