Étoiles de David taguées: Le parquet ouvre une enquête, Borne condamne

Un homme entre dans un immeuble dont la façade est recouverte d'étoiles de David peintes la nuit, dans le quartier Alésia à Paris, le 31 octobre 2023 (Photo, AFP).
Un homme entre dans un immeuble dont la façade est recouverte d'étoiles de David peintes la nuit, dans le quartier Alésia à Paris, le 31 octobre 2023 (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 01 novembre 2023

Étoiles de David taguées: Le parquet ouvre une enquête, Borne condamne

  • Une soixantaine d'étoiles de David ont été dessinées au pochoir bleu sur plusieurs façades d'immeubles du 14e arrondissement de Paris
  • SOS Racisme a appelé «à refuser ces logiques d’importation des haines»

PARIS: Le parquet de Paris a indiqué mardi avoir ouvert une enquête après la découverte d'étoiles de David, symbole de la religion juive et de l'Etat d'Israël, taguées en bleu sur plusieurs bâtiments de la capitale, des "agissements ignobles" selon Elisabeth Borne.

L'enquête, ouverte pour dégradation du bien d'autrui aggravée par la circonstance qu'elle a été commise en raison de l'origine, la race, l'ethnie ou la religion, a été confiée à la Sûreté territoriale de Paris, a précisé le parquet, sollicité par l'AFP.

Interrogée mardi à l'Assemblée nationale, la Première ministre Élisabeth Borne a condamné "avec la plus grande fermeté" ces "agissements ignobles" et affirmé que l'exécutif "ne laisser(ait) rien passer".

"C'est le devoir de la République de protéger tous les juifs de France", a-t-elle insisté, affirmant que "tous ceux qui se rendent coupables de ces actes doivent être interpellés et condamnés" et que "rien ne peut être toléré, justifié ou excusé".

Une soixantaine d'étoiles de David ont été dessinées au pochoir bleu sur plusieurs façades d'immeubles du 14e arrondissement de Paris, a indiqué le parquet à l'AFP.

Il a précisé ne pas savoir si ces tags "ont pour but d'insulter le peuple juif ou d'en revendiquer l'appartenance, notamment puisqu'il s'agit de l'étoile bleue" et non jaune, tout en estimant nécessaire d'enquêter, "au regard du contexte géopolitique et à son retentissement au sein de la population".

Dans un communiqué relayé sur le réseau social X (ex-Twitter), la maire du 14e arrondissement Carine Petit les a cependant qualifiés d'"actes antisémites et racistes".

"Cet acte de marquage rappelle les procédés des années 1930 et la Seconde guerre mondiale qui ont conduit à l'extermination de millions de juifs", a-t-elle dénoncé, à l'instar du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) qui s'est aussi exprimé en ce sens.

La Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (Licra) a dénoncé sur X "une vague de haine (...) d'une ampleur inédite, (qui) gangrène le tissu social, la cohésion nationale et les valeurs de la République".

"Il y a clairement chez les personnes qui ont fait ça une volonté de terrifier", a déclaré à l'AFP le président de l'Union des étudiants juifs de France (UEJF), Samuel Lejoyeux.

SOS Racisme a appelé de son côté "à refuser ces logiques d’importation des haines". "Les Français juifs n'ont de compte à rendre ni d'agression à subir du fait du conflit israélo-palestinien", estime l'association dans un communiqué.

A la Grande synagogue de Paris, solidarité autour des familles des otages

Plus de 500 personnes étaient réunies mardi soir dans la Grande synagogue de la Victoire, lieu emblématique de la communauté juive à Paris, pour entendre les témoignages de familles d'otages du Hamas.

"C'est une tragédie qui nous réunit ce soir", déclare au début de la cérémonie l'ambassadeur d'Israël à Paris, Raphaël Morav, exhortant à "la libération de tous les otages du Hamas, sans conditions". "L'urgence vitale est l'accès de la Croix-rouge" à ces 240 otages, ajoute-t-il, une demande récurrente au cours de la soirée.

L'affluence est telle, à la Grande synagogue, que l'étage a été ouvert. Des avis de recherche sont placardés sur les piliers du bâtiment, en écho aux témoignages qui se succèdent au micro, livrés par plusieurs proches d'otages, reçus dans la journée à l'Assemblée nationale.

«857 actes antisémites»

Des "tags antisémites" ont aussi été découverts dans le 18e arrondissement, a indiqué sur X son maire Éric Lejoindre, précisant qu'une plainte a été déposée et dénonçant un acte "intolérable".

Des tags similaires sont apparus le weekend dernier à Vanves et Fontenay-aux-Roses (Hauts-de-Seine), ainsi qu'à Aubervilliers et Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis), où les pochoirs étaient accompagnés d'inscriptions telles que "De la mer au Jourdain, Palestine vaincra".

Au Petit-Quevilly (Seine-Maritime), le parquet a également ouvert une enquête après la découverte de tags "à caractère antisémite" parmi lesquels des croix gammées, des injures contre les juifs, l’État d'Israël et des menaces visant directement la maire de la ville Charlotte Goujon, qui a déposé une plainte.

La maire d'Aubervilliers Karine Franclet a dénoncé des actes "en contradiction totale avec les valeurs fondamentales que nous portons (...), tout particulièrement dans le contexte actuel" de la guerre entre Israël et le Hamas.

La mairie de Saint-Ouen, où des tags ont été découverts lundi matin, a effectué un signalement au parquet. "Les auteurs devront être poursuivis et sanctionnés par la justice avec la plus grande sévérité et avec intransigeance", a commenté le maire Karim Bouamrane sur X.

Depuis le 7 octobre, date du début du conflit entre Israël et le Hamas, "857 actes antisémites" ont été recensés, soit "autant en trois semaines" que sur "toute l'année écoulée", a indiqué Gérald Darmanin mardi lors de la séance des questions au gouvernement à l'Assemblée nationale.

Le ministre de l'Intérieur a également indiqué que 425 personnes avaient été interpellées et "27 personnes placées en centre de rétention administrative". Près de 6.000 signalements ont par ailleurs été effectués sur la plateforme Pharos.


Paris salue la conférence de New York et poursuit l’initiative avec Riyad

Le président français Emmanuel Macron s'adresse aux médias lors d'une visite des entrepôts du Croissant-Rouge égyptien où est stockée l'aide destinée à Gaza, dans la ville frontalière égyptienne d'El-Arish, en Égypte, le 8 avril 2025. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron s'adresse aux médias lors d'une visite des entrepôts du Croissant-Rouge égyptien où est stockée l'aide destinée à Gaza, dans la ville frontalière égyptienne d'El-Arish, en Égypte, le 8 avril 2025. (AFP)
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  • Paris et Riyad poussent pour une reconnaissance collective de l’État palestinien
  • La France appelle à un cessez-le-feu, la levée du blocus et le désarmement du Hamas

PARIS: Sur fond de crise humanitaire d’une cruauté inqualifiable dans la bande de Gaza, le président Emmanuel Macron a annoncé une opération de largage de vivres conduite par la France, avec le soutien de la Jordanie, des Émirats arabes unis et de l’Allemagne.

« Face à l’urgence absolue, nous venons de conduire une opération de largage de vivres à Gaza », a déclaré le chef de l’État sur X, en remerciant les partenaires impliqués et saluant l’engagement des forces armées françaises.

Mais, de son point de vue, ces largages restent insuffisants : « Il faut qu’Israël ouvre un plein accès humanitaire », a-t-il insisté, réitérant l’exigence française d’une levée immédiate du blocus des aides.

Au-delà de la réponse d’urgence, Paris entend porter une initiative diplomatique structurante : la conférence internationale co-présidée à New York par la France et l’Arabie saoudite a marqué un tournant en posant un cadre politique ambitieux.

Cette conférence, tenue en l’absence des États-Unis et d’Israël, a réuni plus de 40 ministres et 120 participants, aboutissant à l’adoption d’un plan d’action en 42 points.

Malgré les réticences et le scepticisme ambiants, elle a permis l’émergence d’une dynamique inédite vers la reconnaissance de l’État palestinien et un processus de paix régional.

Le plan d’action validé à New York constitue désormais un socle politique partagé entre acteurs européens, puissances arabes, Union européenne et Ligue arabe.

Ce texte appelle à un cessez-le-feu immédiat à Gaza, à la libération de tous les otages, à l’acheminement massif de l’aide humanitaire, mais surtout à la mise en œuvre concrète de la solution à deux États.

Il prévoit notamment un processus progressif de désarmement du Hamas, condition indispensable à la stabilisation durable de la région.

Pour la France, ce texte marque une rupture avec l’impasse diplomatique des dernières décennies et propose pour la première fois un mécanisme concerté de démilitarisation et de réintégration de Gaza dans le giron de l’Autorité palestinienne.

Le document évoque même la possibilité de confier les armes du Hamas à une tierce partie sous supervision internationale, afin de garantir qu’elles ne soient plus utilisées.

Ce volet, essentiel pour Israël, est aussi le fruit d’un consensus entre les États arabes partenaires, y compris ceux perçus comme proches du Hamas.

Sur le front politique, Paris se réjouit de l’effet de levier de la conférence : peu après, plusieurs pays — Portugal, Royaume‑Uni, Canada — ont annoncé leur volonté de reconnaître l’État palestinien, à l’occasion de l’Assemblée générale des Nations unies en septembre.

Une coalition de volontaires est en train de se constituer : quinze États, aux côtés de la Ligue arabe et de l’Union européenne, ont d’ores et déjà signé une déclaration commune en ce sens.

La France espère ensuite entraîner d’autres partenaires européens, notamment l’Allemagne. « Nous continuons à travailler en E3 avec nos partenaires allemands et britanniques », indique une source haut placée.

Si Berlin reste prudent, des signes d’évolution apparaissent dans les récentes déclarations de sa ministre des Affaires étrangères. Paris entend maintenir ces échanges diplomatiques jusqu’à septembre.

Contrairement aux critiques israéliennes et américaines, la France affirme que cette dynamique de reconnaissance ne constitue pas un obstacle à la paix, mais un levier pour la relancer.

Le président Macron estime que cette reconnaissance, inscrite dans un cadre politique exigeant — avec une gouvernance palestinienne réformée et un désarmement du Hamas — peut rebâtir les conditions d’une solution durable.

Les ruptures des négociations avec le Hamas sont antérieures aux annonces de Paris, souligne-t-on à l’Élysée, et ne peuvent donc pas lui être imputées.

La reconnaissance collective envisagée en septembre serait également un signal fort en direction des modérés palestiniens, en particulier l’Autorité palestinienne, qui s’est engagée début juin à respecter une série d’exigences posées par la communauté internationale en matière de gouvernance et de lutte contre la corruption.

Un des apports majeurs de la conférence de New York est l’introduction formelle de la question du désarmement du Hamas dans un cadre diplomatique multilatéral.

Jusqu’ici marginalisée ou qualifiée d’irréaliste, cette exigence est clairement codifiée dans le plan d’action. Des discussions sont en cours, y compris sur l’exil éventuel de certains cadres du mouvement auprès d’États tiers.

Le Hamas n’a pas accepté ces conditions, mais le message politique est clair : son isolement au sein du monde arabe s’accentue et sa marge de manœuvre se rétrécit.

Face à cette dynamique, Israël et l’administration américaine ont haussé le ton, estimant qu’une reconnaissance unilatérale de la Palestine constituerait une « insulte » aux victimes israéliennes du 7 octobre.

Le président américain Donald Trump a même imposé des sanctions ciblées contre certains membres de l’Autorité palestinienne et de l’OLP, en contradiction avec les efforts en cours pour renforcer cette autorité.

La position américaine révèle un décalage croissant avec une partie de la communauté internationale, y compris des alliés traditionnels, en raison de son soutien inconditionnel à Israël, malgré l’ampleur des pertes civiles à Gaza et la persistance de la colonisation en Cisjordanie.

Cet état de fait suscite déjà des interrogations en Europe, où des pays comme la Suède exigent, par exemple, le gel de la partie commerciale de l’accord d’association entre l’Union européenne et Israël.

La France, de son côté, entend poursuivre cette dynamique au-delà de la conférence de New York. Un sommet est prévu les 21 et 22 septembre, juste avant l’Assemblée générale de l’ONU, pour réunir les États prêts à reconnaître collectivement la Palestine et à faire vivre ce nouveau cadre politique.

« Il s’agit d’une coalition inédite, qui repose sur un équilibre entre exigences sécuritaires et reconnaissance des droits politiques du peuple palestinien », souligne-t-on à Paris.

En réaffirmant l’exigence d’un cessez-le-feu immédiat, la levée du blocus humanitaire, la libération des otages, mais aussi le désarmement du Hamas et la mise en place d’un État palestinien souverain, la France, de concert avec l’Arabie saoudite, tente de reconstruire une architecture de paix.


La défiance à l'égard de Macron et de Bayrou au plus haut, selon un sondage Paris, France

Le Premier ministre français François Bayrou et le président français Emmanuel Macron assistent à une réunion avec les élus de Nouvelle-Calédonie et les représentants de l'État au palais de l'Élysée, à Paris, le 12 juillet 2025. (AFP)
Le Premier ministre français François Bayrou et le président français Emmanuel Macron assistent à une réunion avec les élus de Nouvelle-Calédonie et les représentants de l'État au palais de l'Élysée, à Paris, le 12 juillet 2025. (AFP)
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  • La défiance à l'égard du président Emmanuel Macron s'est accrue en juillet pour atteindre le niveau le plus élevé de son second quinquennat
  • Le Premier ministre François Bayrou a établi un nouveau record d'impopularité, selon un sondage Elabe pour Les Echos publié jeudi

PARIS: La défiance à l'égard du président Emmanuel Macron s'est accrue en juillet pour atteindre le niveau le plus élevé de son second quinquennat, tandis que le Premier ministre François Bayrou a établi un nouveau record d'impopularité, selon un sondage Elabe pour Les Echos publié jeudi.

Près des trois quarts des Français interrogés (73%) affirment ne pas faire confiance au chef de l'Etat et la moitié (49%) va jusqu'à "ne pas lui faire du tout confiance", le niveau le plus élevé atteint de son second mandat, qu'il n'a dépassé qu'une seule fois depuis son arrivée à l'Elysée en 2017 au plus fort de la crise des gilets jaunes en décembre 2018.

Selon le sondage, seuls 21% des Français font confiance à Emmanuel Macron, soit un point de moins qu'en juin et 6 de perdus par rapport à mars.

Pour François Bayrou, qui a présenté à la mi-juillet les mesures d'économie prévues par le gouvernement dans son projet de budget pour l'année prochaine, la chute se poursuit avec seulement 12% des Français qui disent lui faire confiance, soit un nouveau record d'impopularité (-2 points).

La défiance à l'égard du chef du gouvernement a progressé, avec 80% des Français (+5 points en un mois) qui disent ne pas lui faire confiance et 56% qui affirment ne pas lui faire "du tout" confiance, soit un bond de 9 points depuis juin.

Au classement des personnalités, le RN Jordan Bardella conserve la première place avec 39% des Français (+3 points) qui ont une image positive de lui, devant l'ancien Premier ministre Edouard Philippe (37%) et Marine Le Pen (35%).

A gauche, le mieux classé est l'ancien président François Hollande qui s'installe en huitième position grâce à un bond de 6 points en un mois.

Sondage réalisé par internet les 29 et 30 juillet auprès d'un échantillon de 1.000 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas. Marge d'erreur entre 1,4 et 3,1 points.


Accord EU-USA: Bayrou juge que la France a été "un peu seule"

Le Premier ministre français, François Bayrou, s'adresse à la presse après une visite au siège de Tracfin, le service de lutte contre le blanchiment d'argent du ministère des Finances, à Montreuil, près de Paris, le 31 juillet 2025. (AFP)
Le Premier ministre français, François Bayrou, s'adresse à la presse après une visite au siège de Tracfin, le service de lutte contre le blanchiment d'argent du ministère des Finances, à Montreuil, près de Paris, le 31 juillet 2025. (AFP)
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  • Le Premier ministre, François Bayrou, a jugé jeudi que la France avait été "un peu seule" dans la bataille commerciale face aux Etats-unis
  • Le chef du gouvernement, qui avait vivement critiqué lundi l'accord commercial conclu entre l'Union européenne et les Etats-Unis, déplorant une "soumission" de l'Europe, a estimé que ce n'était "pas la fin de l'histoire"

PARIS: Le Premier ministre, François Bayrou, a jugé jeudi que la France avait été "un peu seule" dans la bataille commerciale face aux Etats-unis, en marge d'un déplacement dans les locaux de Tracfin, organisme de lutte contre la criminalité financière, à Montreuil (93).

Le chef du gouvernement, qui avait vivement critiqué lundi l'accord commercial conclu entre l'Union européenne et les Etats-Unis, déplorant une "soumission" de l'Europe, a estimé que ce n'était "pas la fin de l'histoire", et qu'il fallait "un processus encore pas totalement élucidé de ratification" de cet accord.

"Il y a à vérifier quelle est la portée exacte de ces accords, et les Etats auront d'une manière ou d'une autre leur mot à dire", a-t-il ajouté.

"Je sais que toutes les autorités françaises, et en particulier le président de la République (Emmanuel Macron), ont été ceux qui se sont battus le plus contre des concessions qu'on considérait comme excessives", a-t-il affirmé avant de s'interroger: "Est-ce que nous avons été un peu seuls? Oui".

"Est-ce qu'on a le sentiment qu'à l'intérieur de l'Union européenne, des forces politiques et économiques étaient plutôt sur une ligne de trouver des accommodements? Oui", a-t-il ajouté, en estimant que de son point de vue, "la voie pour l'Europe est une voie d'affirmation et de résistance quand il faut et de fierté le plus souvent possible".

La classe politique française a été unanime à dénoncer l'accord conclu entre le président américain, Donald Trump, et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, qui prévoit notamment une hausse de 15% des droits de douane sur les exportations européennes.

Le président Emmanuel Macron a déploré mercredi en Conseil des ministres que l'Union européenne n'ait pas été assez "crainte" dans ses négociations commerciales avec les Etats-Unis, affirmant que la France continuerait de faire montre "d'exigence et de fermeté" dans la suite des discussions.