Les grâces accordées par Trump provoquent l'indignation

Donald Trump, actuel président des Etats-Unis en fin de mandat. (AFP)
Donald Trump, actuel président des Etats-Unis en fin de mandat. (AFP)
Short Url
Publié le Jeudi 24 décembre 2020

Les grâces accordées par Trump provoquent l'indignation

  • Le président américain a annoncé mardi soir une quinzaine de grâces et cinq autres mesures de clémence, qui bénéficient notamment à quatre ex-agents de la sulfureuse société de sécurité privée Blackwater
  • La fusillade avait fait 17 morts selon les autorités irakiennes mais l'implication des mercenaires n'avait été établie que pour 14 cas, dont des femmes et des enfants

WASHINGTON : «Choquantes», «ignobles», «déshonorantes»: les grâces accordées par Donald Trump à d'ex-mercenaires condamnés pour les meurtres d'Irakiens en 2007 et à des personnalités mises en cause dans l'enquête russe ont provoqué l'indignation, à Washington comme à Bagdad.

Le président américain a annoncé mardi soir une quinzaine de grâces et cinq autres mesures de clémence, qui bénéficient notamment à quatre ex-agents de la sulfureuse société de sécurité privée Blackwater, reconnus coupables du meurtre de 14 civils irakiens en 2007 à Bagdad.

L'un de ces gardes de sécurité, Nicholas Slatten, a été condamné à une peine de prison à vie, les trois autres à des peines de 12 à 15 ans.

Ils avaient été reconnus coupables d'avoir ouvert le feu à la mitrailleuse et jeté des grenades sur un carrefour très fréquenté de Bagdad, alors qu'ils circulaient en véhicules blindés, un carnage qui avait suscité une indignation mondiale. 

La fusillade avait fait 17 morts selon les autorités irakiennes mais l'implication des mercenaires n'avait été établie que pour 14 cas, dont des femmes et des enfants.

A Bagdad, l'officier de police irakien qui a mené les enquêtes sur la fusillade a exprimé son indignation. «Je m'en souviens comme si c'était hier», a déclaré à l'AFP Fares Saadi. «Je savais que nous ne verrions pas la justice».

La Maison Blanche a affirmé que les quatre hommes, tous anciens militaires, avaient «un long passé de service à la nation», mais Donald Trump a été accusé de recourir une fois de plus de façon abusive au droit de grâce.

«Je sais que rien de ce qu'il fait ne me surprend plus, mais quel abus de pouvoir choquant, partisan et répugnant!», a tweeté le sénateur démocrate Chris Van Hollen.  

«Tout ceci me donne envie de vomir», a jugé l'ancienne sénatrice démocrate Claire McCaskill, qui siégeait à la commission des Forces armées de la Chambre haute. «Cette grâce déshonore notre armée de façon indicible».

- Loyauté avant tout -

Pour Mark Hertling, un ancien général ayant combattu en Irak, «la grâce accordée aux employés de Blackwater est l'acte de Donald Trump le plus scandaleux et le plus ignoble». «C'était un crime de guerre lâche qui a causé la mort de 17 civils. Honte à vous, M. le président!», a-t-il tweeté.

La société Blackwater, qui a depuis disparu, avait été fondée par l'un des plus farouches partisans de Donald Trump, Eric Prince, qui est aussi le frère de la ministre de l'Education Betsy DeVos.

«Trump place la loyauté au-dessus de tout le reste: au-dessus de l'Etat de droit, au-dessus de notre démocratie, et certainement au-dessus de la justice», s'est insurgé Adam Schiff, président de la commission du renseignement de la Chambre des représentants.

Le président américain a aussi gracié deux de ses alliés mis en cause dans l'enquête du procureur spécial Robert Mueller sur une possible collusion entre la Russie et son équipe de campagne en 2016: un ancien conseiller diplomatique, George Papadopoulos, et un avocat néerlandais, Alex van der Zwaan.

Fin novembre, Donald Trump avait déjà gracie Michael Flynn, son ancien conseiller à la sécurité nationale, également mis en cause dans la même affaire.

D'autres grâces ont été accordées à trois élus républicains condamnés pour corruption, Duncan Hunter, Chris Collins et Steve Stockman.

Pour le groupe anticorruption Citizens for Responsibility and Ethics in Washington (CREW), «le message de Trump est clair: la justice ne s'applique pas à vous si vous lui êtes loyal».

Selon une analyse d'un professeur de droit de Harvard, Jack Goldsmith, au moins 42 des 65 grâces accordées à ce jour par Donald Trump ont été décidées à des fins politiques, et cinq seulement ont été recommandées par les conseillers juridiques de la Maison Blanche.

Donald Trump envisagerait également, selon la presse américaine, d'accorder une grâce préventive à ses enfants, à son gendre Jared Kushner et à son avocat personnel Rudy Giuliani, avant de quitter la Maison Blanche en janvier.

Le milliardaire aurait aussi évoqué l’éventualité de se gracier lui-même de crimes pour lesquels il pourrait être poursuivi en relation avec son mandat. En 2018, il avait affirmé avoir «le droit absolu» de prendre cette mesure, qui serait un précédent.

 


Les forces américaines restent «dans une posture défensive» au Moyen-Orient annonce la Maison Blanche

Les forces américaines "sont dans une posture défensive" au Moyen-Orient "et cela n'a pas changé", a indiqué lundi un porte-parole de la Maison Blanche, Alex Pfeiffer, sur X. (AFP)
Les forces américaines "sont dans une posture défensive" au Moyen-Orient "et cela n'a pas changé", a indiqué lundi un porte-parole de la Maison Blanche, Alex Pfeiffer, sur X. (AFP)
Short Url
  • "Ce que vous voyez en temps réel, c'est la paix par la force et l'Amérique d'abord. Nous sommes en position défensive dans la région, pour être forts, dans la poursuite d'un accord de paix, et nous espérons certainement que c'est ce qui se passera"
  • "Et le président (Donald) Trump l'a dit clairement, c'est sur la table. La question est de savoir si l'Iran l'acceptera"

WASHINGTON: Les forces américaines "sont dans une posture défensive" au Moyen-Orient "et cela n'a pas changé", a indiqué lundi un porte-parole de la Maison Blanche, Alex Pfeiffer, sur X.

"Nous défendrons les intérêts américains" dans la région, a-t-il ajouté, alors que le conflit entre Israël et l'Iran se poursuit pour la cinquième nuit consécutive.

"Ce que vous voyez en temps réel, c'est la paix par la force et l'Amérique d'abord. Nous sommes en position défensive dans la région, pour être forts, dans la poursuite d'un accord de paix, et nous espérons certainement que c'est ce qui se passera", a déclaré de son côté le ministre de la Défense, Pete Hegseth, interrogé sur la chaîne Fox News.

"Et le président (Donald) Trump l'a dit clairement, c'est sur la table. La question est de savoir si l'Iran l'acceptera", a-t-il ajouté.

Le président américain va écourter sa participation au sommet du G7 au Canada pour rentrer à Washington dans la soirée en raison de la situation au Moyen-Orient, a indiqué la Maison Blanche.

Ces déclarations sur la posture "défensive" des forces américaines surviennent alors que des informations diffusées par des médias israéliens ont fait état d'une supposée participation directe des Américains aux frappes contre l'Iran.

Entretemps, le porte-avions américain Nimitz, qui croisait en mer de Chine méridionale, a mis le cap à l'ouest et prend la direction du Moyen-Orient, a confirmé un responsable du Pentagone.

Il remonte actuellement le détroit de Malacca, entre l'île indonésienne de Sumatra et la Malaisie.

Des sites qui géolocalisent en temps réel les positions des avions dans le monde entier ont identifié pour leur part dans la nuit de dimanche à lundi le mouvement d'une trentaine d'avions ravitailleurs américains, qui ont décollé des Etats-Unis et se sont dirigés vers différentes bases militaires en Europe.

Israël, allié des Etats-Unis, a lancé vendredi une campagne aérienne massive d'une ampleur sans précédent contre l'Iran, en ciblant des centaines de sites militaires et nucléaires, avec l'objectif affiché de l'empêcher de se doter de l'arme nucléaire. L'Iran tire depuis des salves de missiles en riposte.

Le président américain a appelé sur son réseau Truth Social "tout le monde à évacuer Téhéran immédiatement".

"L'Iran aurait dû signer l'+accord+ quand je leur ai dit de signer. Quel dommage et quel gâchis de vies humaines. Pour le dire simplement, L'IRAN NE PEUT PAS AVOIR D'ARME NUCLEAIRE", a-t-il aussi écrit.

Les Etats-Unis aident déjà Israël à intercepter les missiles iraniens visant son territoire.

 

 


Conflit Israël-Iran: Trump quitte prématurément le G7

Short Url
  • Le président américain, dont le séjour dans les Rocheuses canadiennes devait se prolonger jusqu'à mardi en fin de journée et se conclure par une conférence de presse, "rentre à Washington pour s'occuper de nombreux sujets importants"
  • Cette annonce vient peu après que Donald Trump a écrit sur son réseau Truth Social: "Tout le monde devrait évacuer Téhéran immédiatement."

KANANASKIS: "A cause de ce qui se passe au Moyen-Orient, le président Trump va partir ce soir après le dîner" avec les autres dirigeants du sommet du G7 au Canada, un jour plus tôt que prévu, a annoncé lundi sa porte-parole Karoline Leavitt sur X.

Le président américain, dont le séjour dans les Rocheuses canadiennes devait se prolonger jusqu'à mardi en fin de journée et se conclure par une conférence de presse, "rentre à Washington pour s'occuper de nombreux sujets importants", a-t-elle déclaré par ailleurs dans un court communiqué.

Cette annonce vient peu après que Donald Trump a écrit sur son réseau Truth Social: "Tout le monde devrait évacuer Téhéran immédiatement."


Trump reproche à Macron de ne pas avoir « compris » ses intentions concernant le conflit Iran-Israël

Le président français Emmanuel Macron, le premier ministre canadien Mark Carney, le président américain Donald Trump et le premier ministre britannique Keir Starmer participent à une photo de groupe devant les Rocheuses canadiennes au Kananaskis Country Golf Course lors du sommet des dirigeants du G7, le 16 juin 2025 à Kananaskis, en Alberta.(Getty Images via AFP)
Le président français Emmanuel Macron, le premier ministre canadien Mark Carney, le président américain Donald Trump et le premier ministre britannique Keir Starmer participent à une photo de groupe devant les Rocheuses canadiennes au Kananaskis Country Golf Course lors du sommet des dirigeants du G7, le 16 juin 2025 à Kananaskis, en Alberta.(Getty Images via AFP)
Short Url
  • Donald Trump a assuré lundi que son départ anticipé du G7 n'avait « rien à voir avec un cessez-le-feu » entre Israël et l'Iran.
  • Il a reproché au président français Emmanuel Macron de ne pas avoir « compris » ses intentions.

CALGARY, CANADA : Donald Trump a assuré lundi que son départ anticipé du G7 n'avait « rien à voir avec un cessez-le-feu » entre Israël et l'Iran, et a reproché au président français Emmanuel Macron de ne pas avoir « compris » ses intentions.

« Le président Emmanuel Macron, de France, a dit par erreur, dans le but de faire de la publicité, que j'avais quitté le sommet du G7 au Canada pour retourner à Washington afin de travailler à un cessez-le-feu entre Israël et l'Iran. Faux ! Il n'a aucune idée de la raison pour laquelle je suis maintenant en route pour Washington, mais cela n'a certainement rien à voir avec un cessez-le-feu. C'est beaucoup plus gros que ça », a-t-il tempêté sur son réseau Truth Social.

« Emmanuel ne comprend jamais rien, que ce soit volontairement ou non », a asséné le président américain, peu après avoir quitté le rassemblement des chefs d'État et de gouvernement du G7 dans les Rocheuses canadiennes, un jour plus tôt que prévu.

Le président français avait affirmé plus tôt, lors d'un point presse en marge du sommet, qu'« une offre avait été faite » de la part des Américains pour « une rencontre et des échanges » avec les Iraniens, ajoutant : « Si les États-Unis peuvent obtenir un cessez-le-feu, c'est une très bonne chose. » 

Ces dernières heures, Donald Trump a envoyé des signaux confus sur le conflit en cours entre Israël et l'Iran, alors que les spéculations vont bon train sur un éventuel engagement militaire direct des États-Unis.

Tout en exhortant l'Iran à conclure un « accord » sur son programme nucléaire « avant qu'il ne soit trop tard », il a aussi appelé à « évacuer » Téhéran dans un message particulièrement alarmiste sur Truth Social.

Le gouvernement américain a toutefois assuré que la posture des forces américaines dans la région restait « défensive ».

Selon le site Axios, l'exécutif américain n'a pas abandonné la voie diplomatique et discute d'une possible rencontre entre l'émissaire spécial pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, et le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi.