Bassem Youssef donne une leçon d'histoire dans sa deuxième interview avec Piers Morgan

On voit Youssef offrir au présentateur de télévision une carafe d’huile d’olive de Cisjordanie. (Capture d’écran, Piers Morgan Uncensored)
On voit Youssef offrir au présentateur de télévision une carafe d’huile d’olive de Cisjordanie. (Capture d’écran, Piers Morgan Uncensored)
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Publié le Vendredi 03 novembre 2023

Bassem Youssef donne une leçon d'histoire dans sa deuxième interview avec Piers Morgan

  • Lors de son deuxième interview avec Bassam Youssef, Piers Morgan s’en est étonnamment pris au Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, qu’il accuse d’être «complice du maintien du Hamas au pouvoir»
  • Lors de l’entretien, l’humoriste et acteur égypto-américain a mis en lumière le déni permanent des droits des Palestiniens et a dénoncé l’«apartheid» israélien

LONDRES: Bassem Youssef a donné une leçon d'histoire magistrale, à sa manière satirique et subversive inimitable, lors de sa deuxième interview avec Piers Morgan le 2 novembre, soulignant que les droits des Palestiniens étaient continuellement bafoués par le puissant État «d’apartheid» d’Israël et ses alliés.

L’interview de deux heures, dans le cadre de l’émission Piers Morgan Uncensored, a été visionnée plus de 6,6 millions de fois depuis sa mise en ligne. Elle contraste fortement avec la rigidité de leur entretien viral du 17 octobre, qui avait été houleux, gâché par des retards de signal et au cours duquel Morgan avait du mal à répondre à l’humour satirique de l’humoriste égypto-américain sur les conditions de vie des Palestiniens sous l’occupation israélienne.

Cette fois, l’interaction entre le présentateur et l’humoriste était nettement plus chaleureuse, Morgan ayant voyagé à l’autre bout du monde pour rencontrer Youssef dans un comedy club de Los Angeles.

On voit Youssef offrir au présentateur de télévision une carafe d’huile d’olive de Cisjordanie, où les oliviers centenaires sont transmis de génération en génération et reconnus comme des symboles de fierté nationale palestinienne.

Revenant sur leur précédente conversation, Morgan a admis qu’il avait d’abord été mal à l’aise lorsque Youssef avait eu recours à l’humour noir pour répondre à ses arguments sur la guerre qu'Israël a lancée dans la bande de Gaza occupée. «J’ai ensuite réalisé que ce que vous faisiez était très puissant. C’était sauvagement satirique et extrêmement efficace», a-t-il ajouté.

Pour Bassem Youssef, la satire n’est pas utilisée pour argumenter, mais plutôt pour exagérer la réalité de la situation. Le rire, explique-t-il, est un moyen efficace de mettre l’accent sur la nature extrême de la réponse d’Israël à l’attaque du Hamas le 7 octobre.

Se confiant davantage, l’humoriste a avoué que son refus initial de participer à l’émission de Morgan était dû au fait qu’il craignait qu’une critique d’Israël ne soit un «suicide professionnel».

«J’ai quitté l’Égypte et je suis venu aux États-Unis: le pays de la liberté, la patrie des braves. Mais je ne savais pas qu’il existait une clause imprimée en petits caractères interdisant de parler d’Israël», a indiqué Youssef.

L’humoriste affirme que le mot antisémitisme est utilisé de manière abusive pour diffamer quiconque s’oppose au sionisme. Il précise que cette pratique s’étend même aux défenseurs juifs de la paix qui défendent une Palestine libre et qui sont qualifiés de «juifs qui se haïssent eux-mêmes» ou de «kapos», terme désignant les prisonniers juifs des camps nazis qui étaient forcés de servir de gardiens.

Youssef a indiqué que, bien qu’il n’approuve pas les célébrations qui ont suivi les attentats du 7 octobre, il a expliqué pourquoi beaucoup les considéraient comme une victoire sur un «État criminel qui tue son peuple tout en bénéficiant du soutien de la communauté internationale». «Depuis leur plus jeune âge, ces personnes ont constaté qu’elles n’étaient pas entendues par les médias et que la détresse de leurs frères et sœurs en Palestine et dans le monde arabe n’était pas prise en compte», a-t-il ajouté.

«Est-ce une bonne chose? Non, mais c’est compréhensible», a-t-il déclaré. Piers Morgan a profité de l’occasion pour clarifier sa position sur la guerre d’Israël contre Gaza, qui a fait l’objet de fervents débats en ligne. Il a mentionné que son émission avait servi de plate-forme à certaines des voix propalestiniennes les plus fortes de ces dernières semaines.

Les interviews de Morgan ont généré des millions de vues, se traduisant par d’importants gains financiers. L’interview avec Bassem Youssef semble être la plus lucrative, attirant 20 millions de téléspectateurs, ce qui dépasse de loin le nombre de vues généré par les interviews d’Andrew Tate, de Kanye West et de Cristiano Ronaldo.

«Voir des milliers d’enfants tués à Gaza me fait frémir d’horreur», a-t-il confié. «J’estime qu’il est très facile de condamner Israël qui coupe l’eau (…) et l’électricité. Je trouve ridicule qu’Israël ait autant de pouvoir sur des millions de personnes qui ne font pas partie de leur pays. Je trouve terrible ce qui se passe en Cisjordanie. Je pense qu’il est tout à fait facile de condamner ce qui se passe là-bas.» 

«Mais puis-je, en toute franchise, condamner Israël pour avoir tenté de détruire le Hamas pour ce qu’il a fait le 7 octobre? C’est là que je peine à les condamner parce que je pense qu’ils ont raison d’essayer de détruire le Hamas».

Piers Morgan a tenté de trouver une réponse à son dilemme moral, à savoir ce qui constituerait une réponse proportionnée de la part d’Israël pour éliminer le Hamas, ce à quoi Youssef a répondu: «Je donnerais aux Palestiniens ce qu’ils méritent.»

Youssef, médecin, a proposé une solution en comparant l’extrémisme à des virus. «Si un patient vient vous voir avec la grippe et que vous êtes le médecin, comment pouvez-vous traiter ce patient?». «Vous lui donnez de la nourriture, des liquides et du repos pour que l’immunité du corps se débarrasse du virus tout seul.»

«Mais si je (commence à frapper) ce patient grippé avec un marteau de forgeron (...) son corps sera affaibli et son état s’aggravera.» M. Youssef a souligné qu’Israël avait non seulement affaibli l’organe palestinien en le rendant incapable de lutter contre le radicalisme, mais qu’il s’était «ouvertement vanté» de lui avoir fourni des fonds.

Étonnamment, Morgan a opiné, estimant que Netanyahou était «complice du maintien du Hamas au pouvoir». Bassem Youssef a soutenu qu’Israël n’était pas disposé à faire la paix, mais avait l’intention de déplacer de force les Palestiniens de la bande de Gaza et de la Cisjordanie.

«Cela ne concerne pas (le Premier ministre israélien Benjamin) Netanyahou. La politique d’Israël est de ne pas donner aux Palestiniens leur État. Cela a toujours été le cas. Israël est un pays raciste, un pays d’apartheid. Il projette cet exemple brillant de laïcité (...) pour que les gens acceptent tout ce qu’il fait, parce qu’ils considèrent les Palestiniens comme des êtres inférieurs. C’est tout le problème», a-t-il ajouté. 

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com

 


Une experte de l’ONU : « La famine imposée à Gaza est une atteinte grave à la dignité humaine »

Des Palestiniens se rassemblent pour recevoir de la nourriture d'une cuisine caritative dans la ville de Gaza, le 28 juillet 2025. (Reuters)
Des Palestiniens se rassemblent pour recevoir de la nourriture d'une cuisine caritative dans la ville de Gaza, le 28 juillet 2025. (Reuters)
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  • Alice Jill Edwards dénonce une privation prolongée de nourriture entraînant malnutrition, défaillances d’organes et décès, notamment chez les nourrissons et femmes enceintes
  • « Des règles changeantes, une distribution militarisée et l’incertitude permanente sur l’accès aux besoins de base provoquent désespoir, stress et traumatismes », alerte-t-elle

NEW YORK: La rapporteuse spéciale de l’ONU sur la torture, Alice Jill Edwards, a exprimé mercredi sa vive inquiétude face à l’augmentation du nombre de décès liés à la famine parmi les Palestiniens de Gaza.

Elle a qualifié la famine infligée aux civils de « meurtrière, inhumaine et dégradante », appelant à une aide humanitaire rapide et sans entrave vers l’enclave dévastée.

« Priver des gens de nourriture, d’eau et de dignité constitue une violation grave et répétée dans ce conflit. Cela doit cesser », a-t-elle déclaré, citant des rapports « choquants » de civils tués en faisant la queue pour se nourrir, et des cas généralisés de faim et de malnutrition.

Elle a alerté sur un risque croissant de famine généralisée à Gaza, soulignant que toutes les parties au conflit ont des obligations juridiques, au regard du droit international, d’assurer un accès à l’eau et à la nourriture pour les civils sous leur contrôle, et de faciliter l’aide humanitaire.

« Ils ne doivent ni voler, ni détourner, ni bloquer délibérément l’acheminement de l’aide », a-t-elle averti.

Elle a décrit les « conséquences physiologiques catastrophiques » de la privation prolongée de calories : malnutrition, défaillance d’organes et décès, touchant particulièrement les groupes vulnérables comme les nourrissons et les femmes enceintes.

« L’impact psychologique d’un tel déni est d’une cruauté intrinsèque », a-t-elle poursuivi.

« Des règles constamment changeantes, des distributions militarisées, et une incertitude quotidienne sur l’accès aux besoins fondamentaux plongent les gens dans un désespoir et une détresse extrêmes. »

Elle a salué l’annonce par Israël de pauses humanitaires permettant au Programme alimentaire mondial d’opérer pendant trois mois, tout en soulignant que « davantage doit être fait » pour mettre fin aux hostilités et établir une paix durable fondée sur la solution à deux États.

« Personne ne devrait subir l’humiliation de devoir mendier pour se nourrir, surtout quand des stocks suffisants sont disponibles », a-t-elle déclaré.

Edwards a également renouvelé son appel à la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages, à la libération des Palestiniens détenus arbitrairement, et à la mise en place d’enquêtes indépendantes sur les allégations de torture, de mauvais traitements et d’éventuels crimes de guerre, de la part de toutes les parties.

Elle a indiqué avoir exprimé ses préoccupations à plusieurs reprises aux autorités concernées et continuer de réclamer une pleine reddition de comptes.

Les rapporteurs spéciaux font partie des procédures spéciales du Conseil des droits de l’homme de l’ONU. Ils sont indépendants, ne sont pas membres du personnel des Nations unies et travaillent bénévolement.


Le Canada a l'intention de reconnaître l'Etat de Palestine, Israël condamne

Le Premier ministre canadien Mark Carney s'exprime lors d'une conférence de presse après une réunion du cabinet pour discuter des négociations commerciales avec les États-Unis et de la situation au Moyen-Orient, à l'Amphithéâtre national de la presse à Ottawa, Ontario, Canada, le 30 juillet 2025. (AFP)
Le Premier ministre canadien Mark Carney s'exprime lors d'une conférence de presse après une réunion du cabinet pour discuter des négociations commerciales avec les États-Unis et de la situation au Moyen-Orient, à l'Amphithéâtre national de la presse à Ottawa, Ontario, Canada, le 30 juillet 2025. (AFP)
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  • Le Canada prévoit de reconnaître l'Etat de Palestine en septembre à l'ONU, a annoncé mercredi le Premier ministre canadien, Mark Carney
  • En franchissant le pas de la reconnaissance, le Canada est motivé par une conviction "de longue date" en faveur d'une solution à deux Etats pour mettre fin au conflit israélo-palestinien

OTTAWA: Le Canada prévoit de reconnaître l'Etat de Palestine en septembre à l'ONU, a annoncé mercredi le Premier ministre canadien, Mark Carney. Un changement de politique aussitôt condamné vigoureusement par Israël.

"Le Canada a l'intention de reconnaître l'Etat de Palestine lors de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations unies en septembre 2025", a déclaré Mark Carney lors d'une conférence de presse à Ottawa, soulignant que "le niveau de souffrance humaine à Gaza est intolérable".

En franchissant le pas de la reconnaissance, le Canada est motivé par une conviction "de longue date" en faveur d'une solution à deux Etats pour mettre fin au conflit israélo-palestinien, qui dure depuis des décennies, a justifié son Premier ministre.

"Cette possibilité d'une solution à deux États s'érode sous nos yeux", a déclaré Mark Carney.

L'intention du Canada "repose sur la volonté de l'Autorité palestinienne de mener des réformes essentielles", a expliqué le Premier ministre, citant l'engagement pris par le président Mahmoud Abbas d'organiser des élections générales en 2026 et de ne pas militariser l'État palestinien.

Ce dernier a salué mercredi la décision "courageuse" du Canada, qui "intervient à un moment historique critique pour sauver la solution à deux Etats".

Il s'agit du troisième pays membre du G7, après les récentes annonces de la France et du Royaume-Uni, à signaler son intention de reconnaître l'État palestinien en septembre.

- Israël condamne, la France salue -

Israël a immédiatement décrié cette annonce et a dénoncé une "campagne de pression internationale déformée" venant "durcir la position du Hamas à la table des négociations à un moment critique", a réagi l'ambassade d'Israël à Ottawa dans un communiqué.

Le ministère israélien des Affaires étrangères a de son côté fustigé dans une publication sur X le changement de position du gouvernement canadien, affirmant que cela "récompense le Hamas et nuit aux efforts visant à obtenir un cessez-le-feu à Gaza et un cadre pour la libération des otages".

Donald Trump a également critiqué la décision de Mark Carney et averti qu'elle compliquerait les négociations avec Ottawa au sujet des droits de douane.

"Wow! Le Canada vient d'annoncer qu'il soutient un Etat palestinien. Cela va devenir très difficile pour nous de conclure un accord commercial avec eux. O Canada !!!", a écrit le président américain sur son réseau Truth Social.

Avec cette décision, le Canada se positionne aux côtés de la France, qui a récemment annoncé son intention de reconnaître l'Etat de Palestine à l'Assemblée générale des Nations unies et qui espère créer une dynamique collective en ce sens.

La présidence française a salué mercredi l'annonce du Premier ministre canadien et s'est réjoui "de pouvoir travailler de concert avec le Canada pour relancer une perspective de paix dans la région", précisant qu'Emmanuel Macron s'est entretenu avec Mark Carney "un peu plus tôt dans la journée" à ce sujet.

Le Premier ministre britannique Keir Starmer a également annoncé mardi que son pays reconnaîtrait l'État de Palestine en septembre, sauf si Israël prenait une série d'engagements, dont celui d'un cessez-le-feu dans la bande de Gaza.

- Une approche qui "n'est plus tenable" -

Cette annonce du Canada intervient alors qu'un organisme international de surveillance de la faim soutenu par l'ONU a affirmé mardi que le "pire scénario de famine" était "en cours à Gaza".

Mark Carney a par ailleurs ajouté que son pays a toujours été un membre indéfectible du groupe de nations qui espéraient qu'une solution à deux États "serait réalisée dans le cadre d'un processus de paix fondé sur un accord négocié entre le gouvernement israélien et l'Autorité palestinienne".

"Malheureusement, cette approche n'est plus tenable", a-t-il dit, s'en prenant au "terrorisme du Hamas" et "le rejet violent et de longue date par le groupe du droit d'Israël à exister".

Il a également critiqué "l'incapacité persistante" d'Israël à empêcher une catastrophe humanitaire à Gaza, ainsi que l'expansion des colonies en Cisjordanie occupée et à Jérusalem-Est annexée par Israël, considérées comme illégales au regard du droit international.

Quelque 2,4 millions de Palestiniens sont assiégés à Gaza par Israël depuis le début de la guerre, déclenchée par une attaque du mouvement islamiste palestinien Hamas le 7 octobre 2023 sur le sol israélien.


Les pays arabes appellent à la paix et au renouvellement de l’Initiative arabe

Un sommet de suivi de la conférence de cette semaine est prévu pendant l'Assemblée générale des Nations unies en septembre. (ONU)
Un sommet de suivi de la conférence de cette semaine est prévu pendant l'Assemblée générale des Nations unies en septembre. (ONU)
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  • Le secrétaire général de la Ligue arabe, Ahmed Aboul Gheit, dénonce « le prix très élevé que nous payons tous pour que perdure le système d’apartheid et d’occupation » à Gaza, et affirme que pour les Palestiniens, il s’agit d’« un prix payé en sang »
  • Le représentant omanais accuse Israël d’« éroder unilatéralement » les perspectives de paix, en « défi aux dispositions du droit international et aux résolutions de la légitimité internationale »

Les pays arabes ont lancé mercredi un appel unifié pour mettre fin à la violence à Gaza et en Cisjordanie, réaffirmant leur soutien le plus ferme à l’Initiative de paix arabe, qu’ils considèrent comme le seul cadre viable pour une paix et une stabilité durables dans la région.

« Ce que nous voyons aujourd’hui à Gaza — le retrait de la stabilité et de la sécurité dans la région — est bel et bien le résultat de l’occupation en cours », a déclaré un représentant de la Ligue arabe, lisant une déclaration au nom de son secrétaire général, Ahmed Aboul Gheit.

« C’est le prix que paient les Palestiniens, un prix payé en sang. »

Il a qualifié ce tribut de « prix extrêmement élevé que nous payons tous pour que le système d’apartheid et d’occupation se maintienne sur cette terre », tout en soulignant l’attachement continu de la Ligue à l’Initiative de paix arabe, adoptée à Beyrouth il y a 23 ans.

« Cette vision n’a cependant pas été accueillie en retour. Elle a été confrontée à l’arrogance et à un nationalisme fondé sur des vues sectaires religieuses, qui mèneront la région vers un avenir incertain », a-t-il ajouté.

Ces propos ont été tenus à la clôture de la Conférence internationale de haut niveau pour le règlement pacifique de la question palestinienne et la mise en œuvre de la solution à deux États, au siège des Nations unies à New York.

Le représentant d’Oman a repris ces mots à son compte, réaffirmant que la paix « globale et durable » devait s’ancrer dans le cadre du droit international tel que défini dans l’Initiative de paix arabe.

Adoptant une position similaire à celle de nombreux autres États présents à la conférence, le représentant omanais a accusé Israël de miner unilatéralement les perspectives de paix, qualifiant cela de « défi aux dispositions du droit international et aux résolutions de la légitimité internationale ».

Il a poursuivi : « La nature des politiques du gouvernement israélien actuel, les plus extrêmes depuis des décennies, complique davantage le paysage et entrave directement toute tentative de relance du processus de paix. »

Le Conseil de coopération du Golfe a réitéré son soutien à la solution à deux États dans le conflit israélo-palestinien qui dure depuis des décennies, a condamné l’agression israélienne continue contre Gaza et exigé qu’elle cesse.

Le représentant du Conseil a également rejeté les politiques israéliennes de colonisation, les qualifiant de violation flagrante, et a réclamé un accès humanitaire complet à Gaza ainsi que le lancement de la reconstruction du territoire.

« La véritable grandeur ne repose pas sur le pouvoir, mais sur la capacité d’utiliser ce pouvoir au service de la justice », a-t-il affirmé. « Il est temps de traduire ce principe en une position internationale claire reconnaissant un État palestinien pleinement souverain. »

Le représentant de l’Organisation de la coopération islamique s’est joint aux appels en faveur d’une solution à deux États, tout en soulignant la nécessité pour les autorités israéliennes de se conformer aux résolutions des Nations unies.

Israël, a-t-il ajouté, est coupable de « crimes systémiques incluant l’agression, le génocide, la destruction, les déplacements forcés, la famine et le blocus sur la bande de Gaza », en plus de « politiques illégales d’expansion des colonies, d’annexion et de nettoyage ethnique ».

L’intention d’Israël « d’imposer sa soi-disant souveraineté sur la Cisjordanie, y compris sur la ville occupée de Jérusalem… constitue une violation flagrante du droit international et des résolutions pertinentes de l’ONU », a-t-il ajouté, appelant à la fin immédiate de telles actions.

Ces déclarations interviennent alors que le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a averti que le conflit à Gaza avait atteint un « point de rupture ». La pression internationale en faveur d’un accord de cessez-le-feu s’intensifie, mais Israël continue de rejeter ces appels, le Premier ministre Benjamin Netanyahu avançant des plans d’annexion de certaines parties de Gaza si le Hamas refuse une trêve.

Des sources ont indiqué mercredi qu’Israël avait rejeté la dernière proposition de cessez-le-feu, refusant de retirer ses forces de certaines zones clés du territoire.

L’ambassadeur israélien à l’ONU, Danny Danon, a qualifié la conférence de l’ONU de cette semaine de « cirque politique » contre Israël.

« Nous assistons à un détachement de la réalité, à la propagation de mensonges et au soutien au terrorisme », a-t-il écrit dans un message publié sur la plateforme X.

L’envoyé spécial des États-Unis pour le Moyen-Orient, Steven Witkoff, devait arriver jeudi à Tel Aviv pour s’entretenir avec des responsables israéliens. Sa visite intervient alors que la classification intégrée de la sécurité alimentaire soutenue par l’ONU a averti que le « pire scénario de famine est actuellement en train de se réaliser » à Gaza.

Le représentant de l’Iran à l’ONU a également pris la parole lors de cette dernière journée de conférence, dénonçant une « politique d’apaisement » de la communauté internationale envers Israël, et appelant à des actions concrètes.

« Compte tenu de son mépris persistant pour la Charte de l’ONU, le régime israélien doit faire l’objet de sanctions ciblées et être suspendu de son adhésion à l’ONU, afin de protéger l’intégrité et la crédibilité de l’organisation », a-t-il déclaré.

Il a en outre exhorté les États membres à faire pression sur le Conseil de sécurité pour qu’il admette la Palestine comme État membre à part entière des Nations unies, insistant : « Ce processus ne doit pas être bloqué par les États-Unis. » La Palestine ne dispose actuellement que du statut d’observateur.

Un sommet de suivi de cette conférence est prévu en septembre, à l’occasion de l’Assemblée générale des Nations unies.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com