« Rattachez moi mes jambes »: l'effroi des enfants amputés dans Gaza en guerre

Les bombardements israéliens ont fait plus de 10.000 morts, essentiellement des civils, selon le gouvernement du Hamas. (AFP).
Les bombardements israéliens ont fait plus de 10.000 morts, essentiellement des civils, selon le gouvernement du Hamas. (AFP).
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Publié le Mercredi 08 novembre 2023

« Rattachez moi mes jambes »: l'effroi des enfants amputés dans Gaza en guerre

  • Le docteur Nahed Abou Taaema, directeur de l'hôpital Nasser, explique que face au grand nombre de blessés et faute de moyens, les médecins n'ont souvent d'autre choix que de pratiquer une amputation pour prévenir toute complication
  • "Nous devons choisir entre sauver la vie du patient ou la mettre en danger en essayant de sauver sa jambe blessée", explique-t-il

KHAN YOUNES: "Rattachez moi mes jambes", hurle Layan al-Baz, 13 ans, à chaque fois que la douleur la réveille sur son lit d'hôpital, saisie par l'effroi après avoir été amputée.

L'enfant, rencontrée par une équipe de l'AFP à l'hôpital Nasser de Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, refuse de s'imaginer avec des prothèses, si tant est qu'elle puisse s'en faire poser dans un territoire où les moyens de survie les plus élémentaires manquent.

"Je ne veux pas de prothèses, je veux qu'ils me rattachent mes jambes, ils peuvent le faire", proteste Layan sur son lit dans l'aile pédiatrique. A chaque fois qu'elle ouvre les yeux, lorsque l'effet des sédatifs faiblit, elle voit ses moignons recouverts de bandages.

Sa mère, Lamia al-Baz, explique que Layan a été blessée, la semaine dernière, dans un bombardement sur le quartier al-Qarara de Khan Younès.

Israël, déterminé à "anéantir" le Hamas, bombarde sans relâche la bande de Gaza en représailles aux attaques meurtrières menées par le mouvement islamiste palestinien sur son territoire, le 7 octobre, qui ont fait plus de 1.400 morts, en majorité des civils.

Ces bombardements israéliens ont fait plus de 10.000 morts, essentiellement des civils, selon le gouvernement du Hamas.

"Comment je vais retourner à l'école alors que mes copines marchent et moi pas?", se désole Layan, le visage et les bras lardés de blessures.

"Je serai à tes côtés. Tout ira bien, l'avenir est encore devant toi", tente de la rassurer sa mère.

Selon cette femme de 47 ans, le bombardement a tué deux de ses filles, Ikhlas et Khitam, et deux de ses petits-enfants, dont un bébé de quelques jours. Ils se trouvaient tous dans la maison d'Ikhlas, qui venait d'accoucher.

Elle a dû identifier ses filles à la morgue. "Leurs corps étaient déchiquetés. J'ai reconnu Khitam par ses boucles d'oreille et Ikhlas par ses orteils", raconte-t-elle.

« Je serai forte »

Dans le département de traitement des brûlés, Lama al-Agha, 14 ans et sa soeur Sara, 15 ans, hospitalisées après une frappe le 12 octobre, occupent deux lits côte à côte. Leur mère, qui peine à retenir ses larmes, est assise au milieu.

Le bombardement a tué la soeur jumelle de Sara, Sama, et leur frère cadet, Yehya, 12 ans, explique la mère.

Des points de suture et des cicatrices de brûlures sont visibles sur le crane en partie rasé et sur le front de Lama.

"Quand ils m'ont transférée ici, j'ai demandé aux infirmiers de m'aider à m'asseoir et j'ai découvert que ma jambe avait été amputée", affirme-t-elle.

"J'ai ressenti beaucoup de peine mais je remercie Dieu d'être encore en vie. Je me ferai poser une prothèse et vais continuer mes études pour réaliser mon rêve de devenir médecin. Je serai forte pour moi et pour ma famille", ajoute Lama al-Agha avec un étonnant courage.

Le docteur Nahed Abou Taaema, directeur de l'hôpital Nasser, explique que face au grand nombre de blessés et faute de moyens, les médecins n'ont souvent d'autre choix que de pratiquer une amputation pour prévenir toute complication.

"Nous devons choisir entre sauver la vie du patient ou la mettre en danger en essayant de sauver sa jambe blessée", explique-t-il.

« Où est ma jambe? »

Portant un maillot vert de football et un short assorti, Ahmad Abou Shahmah, 14 ans, entouré de cousins, marche en s'appuyant sur des béquilles dans la cour de sa maison, aujourd'hui en ruines, dans l'est de Khan Younès, où il était habitué à taper dans un ballon.

Il a été amputé de la jambe droite après un bombardement qui a détruit l'immeuble abritant sa famille, tuant selon lui six de ses cousins et une tante.

"Quand je me suis réveillé (après l'opération) j'ai demandé à mon frère 'où est ma jambe'. Il m'a menti en me disant qu'elle était bien là et que je ne la sentais pas à cause de l'anesthésie avant que mon cousin me dise la vérité le lendemain", se souvient-il.

"J'ai beaucoup pleuré. La première chose à laquelle j'ai pensé est que je ne pourrai plus marcher ou jouer au football comme je le faisais tous les jours. Je m'étais même inscrit dans une académie une semaine avant la guerre", ajoute le garçon.

Ahmad est supporteur du géant espagnol FC Barcelone alors que ses cousins sont des inconditionnels du Real Madrid.

"Si cela pouvait faire revenir le temps en arrière et redonner à Ahmad sa jambe, je serais prêt à laisser tomber le Real pour devenir fan de Barcelone comme lui", dit l'un d'eux, Farid Abou Shahmah.


Gaza: la Défense civile annonce 20 personnes tuées par des tirs israéliens en allant chercher de l'aide

Une série d'événements meurtriers se sont produits depuis l'ouverture le 27 mai à Gaza de centres d'aide gérés par la Fondation humanitaire de Gaza (GHF), une organisation au financement opaque soutenue par les Etats-Unis et Israël. (AFP)
Une série d'événements meurtriers se sont produits depuis l'ouverture le 27 mai à Gaza de centres d'aide gérés par la Fondation humanitaire de Gaza (GHF), une organisation au financement opaque soutenue par les Etats-Unis et Israël. (AFP)
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  • "Vingt martyrs et plus de 200 blessés du fait de tirs de l'occupation (armée israélienne, NDLR), dont certains dans un état grave, ont été transférés" vers des hôpitaux de la bande de Gaza, a déclaré à l'AFP le porte-parole de la Défense civile
  • Compte tenu des restrictions imposées aux médias dans la bande de Gaza et des difficultés d'accès sur le terrain, l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les bilans annoncés par la Défense civile

GAZA: La Défense civile de Gaza a indiqué que 20 personnes avaient été tuées lundi par des tirs de l'armée israélienne en allant chercher de l'aide humanitaire dans le territoire palestinien ravagé par les bombardements après plus de vingt mois de guerre.

Contactée par l'AFP, l'armée israélienne a dit qu'elle se renseignait.

"Vingt martyrs et plus de 200 blessés du fait de tirs de l'occupation (armée israélienne, NDLR), dont certains dans un état grave, ont été transférés" vers des hôpitaux de la bande de Gaza, a déclaré à l'AFP le porte-parole de la Défense civile, Mahmoud Bassal, ajoutant que ces personnes étaient rassemblées près d'un site de distribution d'aide.

"Elles attendaient de pouvoir accéder au centre d'aide américain à Rafah pour obtenir de la nourriture, lorsque l'occupation a ouvert le feu sur ces personnes affamées près du rond-point d'al-Alam", dans le sud de la bande de Gaza, a détaillé M. Bassal en indiquant que les tirs avaient eu lieu de 05H00 et 07H30 (02H00 et 04H30 GMT).

Il a ajouté que les victimes avaient été transférées vers des hôpitaux du sud du territoire palestinien, lesquels ne fonctionnent plus que partiellement depuis des jours en raison des combats et des pénuries de fournitures médicales.

Compte tenu des restrictions imposées aux médias dans la bande de Gaza et des difficultés d'accès sur le terrain, l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les bilans annoncés par la Défense civile.

Une série d'événements meurtriers se sont produits depuis l'ouverture le 27 mai à Gaza de centres d'aide gérés par la Fondation humanitaire de Gaza (GHF), une organisation au financement opaque soutenue par les Etats-Unis et Israël.

L'ONU refuse de travailler avec cette organisation en raison de préoccupations concernant ses procédés et sa neutralité.

Des photographes de l'AFP ont constaté ces derniers jours que des Gazaouis se réunissaient à l'aube près de sites de distribution d'aide, malgré la crainte de tirs lors des rassemblements.

La bande de Gaza est menacée de famine, selon l'ONU.

 


Ehud Barak : seule une guerre totale ou un nouvel accord peut arrêter le programme nucléaire iranien

Israël et l'Iran ont échangé des coups de feu après le déclenchement par Israël d'une campagne de bombardements aériens sans précédent qui, selon l'Iran, a touché ses installations nucléaires, "martyrisé" des hauts gradés et tué des dizaines de civils. (AFP)
Israël et l'Iran ont échangé des coups de feu après le déclenchement par Israël d'une campagne de bombardements aériens sans précédent qui, selon l'Iran, a touché ses installations nucléaires, "martyrisé" des hauts gradés et tué des dizaines de civils. (AFP)
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  • S'adressant à Christiane Amanpour sur CNN, M. Barak a déclaré que la capacité d'Israël à freiner le programme de Téhéran était limitée
  • M. Barak a déclaré que les frappes militaires étaient "problématiques", mais qu'Israël les considérait comme justifiées

LONDRES : L'ancien Premier ministre israélien Ehud Barak a prévenu que l'action militaire d'Israël ne suffirait pas à retarder de manière significative les ambitions nucléaires de l'Iran, décrivant la république islamique comme une "puissance nucléaire de seuil".

S'adressant à Christiane Amanpour sur CNN, M. Barak a déclaré que la capacité d'Israël à freiner le programme de Téhéran était limitée.
"À mon avis, ce n'est pas un secret qu'Israël ne peut à lui seul retarder le programme nucléaire de l'Iran de manière significative. Probablement plusieurs semaines, probablement un mois, mais même les États-Unis ne peuvent pas les retarder de plus de quelques mois", a-t-il déclaré.

"Cela ne signifie pas qu'ils auront immédiatement (une arme nucléaire), ils doivent probablement encore achever certains travaux d'armement, ou probablement créer un dispositif nucléaire rudimentaire pour le faire exploser quelque part dans le désert afin de montrer au monde entier où ils se trouvent.

M. Barak a déclaré que si les frappes militaires étaient "problématiques", Israël les considérait comme justifiées.

"Au lieu de rester les bras croisés, Israël estime qu'il doit faire quelque chose. Probablement qu'avec les Américains, nous pouvons faire plus".

L'ancien premier ministre a déclaré que pour stopper les progrès de l'Iran, il faudrait soit une avancée diplomatique majeure, soit un changement de régime.

"Je pense que l'Iran étant déjà ce que l'on appelle une puissance nucléaire de seuil, le seul moyen de l'en empêcher est soit de lui imposer un nouvel accord convaincant, soit de déclencher une guerre à grande échelle pour renverser le régime", a-t-il déclaré.

"C'est quelque chose que nous pouvons faire avec les États-Unis.

Mais il a ajouté qu'il ne pensait pas que Washington avait l'appétit pour une telle action.

"Je ne crois pas qu'un président américain, ni Trump ni aucun de ses prédécesseurs, aurait décidé de faire cela".

Israël a déclenché des frappes aériennes à travers l'Iran pour la troisième journée dimanche et a menacé de recourir à une force encore plus grande alors que certains missiles iraniens tirés en représailles ont échappé aux défenses aériennes israéliennes pour frapper des bâtiments au cœur du pays.

Les services d'urgence israéliens ont déclaré qu'au moins 10 personnes avaient été tuées dans les attaques iraniennes, tandis que les autorités iraniennes ont déclaré qu'au moins 128 personnes avaient été tuées par les salves israéliennes.


La fondation Morooj présente ses projets au salon néerlandais « GreenTech »

Morooj a mis en avant ses capacités techniques et opérationnelles, ainsi que ses solutions environnementales innovantes basées sur les meilleures pratiques. (SPA)
Morooj a mis en avant ses capacités techniques et opérationnelles, ainsi que ses solutions environnementales innovantes basées sur les meilleures pratiques. (SPA)
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  • Morooj a mis en avant ses capacités techniques et opérationnelles, ainsi que ses solutions environnementales innovantes basées sur les meilleures pratiques et les normes internationales.
  • À terme, Murooj vise à devenir une plateforme interactive pour le transfert et l'application des connaissances, afin d'avoir un impact environnemental et social significatif dans le Royaume.

RIYAD : La Fondation pour le développement de la couverture végétale, connue sous le nom de Morooj, a présenté ses projets phares lors du salon Greentech Amsterdam, un salon international dédié à l'horticulture qui s'est tenu du 10 au 12 juin dans la capitale néerlandaise, dans le cadre de la délégation saoudienne.

Morooj a mis en avant ses capacités techniques et opérationnelles, ainsi que ses solutions environnementales innovantes basées sur les meilleures pratiques et les normes internationales.

La fondation a également présenté des exemples de ses partenariats stratégiques avec divers secteurs publics et privés, ainsi qu'avec des organisations internationales. 

Les projets présentés comprenaient la plantation de millions de mangroves, le verdissement des zones autour des mosquées, la promotion de la participation communautaire aux campagnes d'assainissement environnemental et les efforts de réhabilitation des réserves naturelles dans diverses régions du Royaume, tous relevant de l'Initiative verte saoudienne.

Le PDG de la fondation, Wael Bushah, a déclaré que sa participation à GreenTech démontrait une fois de plus la détermination du Royaume à renforcer son leadership dans le secteur environnemental à l'échelle internationale.

L'exposition est l'un des principaux événements mondiaux consacrés aux innovations environnementales et aux technologies agricoles durables. Elle est également l'occasion de nouer de nouveaux partenariats et d'échanger des connaissances sur les dernières innovations en matière d'agriculture durable, de reboisement et de restauration des écosystèmes. 

À terme, Murooj vise à devenir une plateforme interactive pour le transfert et l'application des connaissances, afin d'avoir un impact environnemental et social significatif dans le Royaume.

Le rôle de la fondation, qui consiste à renforcer sa présence internationale et à échanger des expériences fructueuses avec diverses entités et organisations environnementales mondiales, a été essentiel pour atteindre les objectifs de l'Initiative verte saoudienne, fondée dans le cadre de la Vision 2030 de l'Arabie saoudite.

La SGI, qui a célébré son deuxième anniversaire au début de cette année, a renforcé l'ambition du Royaume de devenir un contributeur clé aux efforts mondiaux de lutte contre le changement climatique et d'amélioration de la durabilité environnementale, notamment en promouvant les énergies renouvelables, en protégeant les zones terrestres et marines, et en atteignant la neutralité carbone au niveau national d'ici 2060, entre autres initiatives. 

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com