Cinq ans après, ce que les «gilets jaunes» ont changé à la stratégie du maintien de l'ordre

Un manifestant brandit une pancarte indiquant "Demain, le ciel sera jaune" lors d'une manifestation des Gilets Jaunes à Paris le 20 novembre 2021. (AFP)
Un manifestant brandit une pancarte indiquant "Demain, le ciel sera jaune" lors d'une manifestation des Gilets Jaunes à Paris le 20 novembre 2021. (AFP)
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Publié le Jeudi 09 novembre 2023

Cinq ans après, ce que les «gilets jaunes» ont changé à la stratégie du maintien de l'ordre

  • La stratégie des forces de l'ordre, jugée trop statique, est au centre des critiques. Très vite, décision est prise de faire évoluer la doctrine française, qui repose sur la mise à distance.
  • L'un des symboles de la nouvelle stratégie: la création des détachements d'action rapide (DAR), une unité de policiers motorisés

PARIS: Le mouvement des "gilets jaunes" a ouvert une crise majeure du "maintien de l'ordre à la française", sommé de se réinventer. Désormais plus "mobiles" et "offensifs", policiers et gendarmes sont aussi accusés de plus de violences et de ne pas avoir tiré toutes les leçons de ces manifestations.

Samedi 1er décembre 2018, troisième "acte" de manifestations des "gilets jaunes" à Paris. Dans le quartier des Champs-Elysées, la manifestation dégénère comme rarement en France. Des dizaines de véhicules, plusieurs immeubles sont incendiés. L'Arc de Triomphe est saccagé. Autorités et forces de l'ordre semblent dépassées.

"Des collègues se sont demandé s'ils allaient en sortir vivants", se souvient Grégory Joron, à la tête du syndicat Unité SGP Police-FO et ancien CRS.

La stratégie des forces de l'ordre, jugée trop statique, est au centre des critiques. Très vite, décision est prise de faire évoluer la doctrine française, qui repose sur la mise à distance.

Cette évolution s'inscrit dans une "sorte d'intolérance au désordre", relève Fabien Jobard, directeur de recherches au CNRS et spécialiste des questions de maintien de l'ordre. "Aujourd'hui, un événement protestataire se déroule sur deux scènes: le pavé des rues, mais aussi les écrans des chaînes d'infos en continu. Le politique se sent obligé de réagir à la moindre image de désordre".

L'un des symboles de la nouvelle stratégie: la création des détachements d'action rapide (DAR), une unité de policiers motorisés. Déployée dès le 8 décembre 2018, les DAR deviendront les Brav-M. La place de ces unités sera sanctuarisée dans le nouveau Schéma national du maintien de l'ordre (SNMO), publié en septembre 2020.

Tout de noir vêtus, remontant les rues sur leurs motos, les Brav interviennent lorsque les rassemblements dégénèrent et interpellent au cœur des cortèges.

L'unité, qui rappelle les controversés "voltigeurs" supprimés après la mort de Malik Oussekine en 1986, est accusée d'un usage excessif de la violence. C'est un "outil performant, nécessaire, mais à qui il faut tenir la laisse courte", estime un haut gradé de la préfecture de police de Paris.

Leur principal problème est la formation, ajoute Fabien Jobard. Ces unités "ont été formées aux violences urbaines, pas au maintien de l'ordre", à la différence des CRS ou des gendarmes mobiles, dont c'est la spécialité. "Est-ce qu'on va détacher un nombre suffisant d'heures pour les entraîner ? C'est absolument décisif".

«Gilets jaunes»: 23 éborgnés, zéro condamnation cinq ans après

Vingt-trois éborgnés avaient été recensés par l'AFP lors du mouvement des "gilets jaunes" à l'hiver 2018-2019. Aucun n'a obtenu la condamnation de l'auteur de sa blessure. Un seul procès a eu lieu, qui s'est soldé par une relaxe, les autres plaintes étant à l'examen, engluées ou classées.

Dans la foulée de ce mouvement historique, avec 2 500 manifestants et 1 800 membres des forces de l'ordre blessés en un an selon l'Intérieur, nombre de ces "gilets jaunes" revendiqués, parfois "lycéens" ou simples "passants", racontaient fin 2019 des vies mises à l'arrêt par des tirs de LBD 40 ou des lancers de grenades.

Comme le disait Vanessa Langard, blessée le 15 décembre 2018 sur les Champs-Elysées à Paris, il leur restait alors l'espoir, qui les faisait "un peu tenir", d'une justice qui finirait par passer.

Mais cinq ans plus tard, Mme Langard et ses camarades d'infortune attendent encore, dans ces dossiers où l'identification de l'auteur de la blessure puis l'analyse de la légalité de l'intervention sont cardinaux.

Selon les informations rassemblées auprès des plaignants, de leurs avocats ou de la justice, sur les 23 cas de l'époque, aucun policier ou gendarme n'a été condamné.

Six classements et deux non-lieux ont déjà été prononcés, comme pour Hedi Bahrini, 45 ans, qui a perdu l'œil gauche le 1er décembre 2018 au Puy-en-Velay: il a appris en mars 2022 la mort du gendarme auteur du tir de grenade de dispersion.

Onze autres enquêtes, dont dix sous l'égide de juges, sont en cours, sans mise en cause. Dans plusieurs cas, les responsables des blessures issus des forces de l'ordre semblent identifiés mais les expertises balistiques tardent ou sont contestées.

"Je n'ai aucune nouvelle du dossier ni de mon avocat, c'est le néant", résume Alexandre Frey, frappé par un tir de LBD le 8 décembre 2019 à Paris.

"Ces dossiers-là, où des policiers peuvent être mis en cause, (...) sont un peu mis de côté", se désole Me Claire Dujardin, avocate d'Arthur, 29 ans, éborgné le 29 décembre 2018 à Toulouse.

"Je sais que la justice est en panne mais (...) est-ce qu'elle est indépendante ?", interroge Olivier Fostier, éborgné le 23 mars 2019 à Charleville-Mézières. "L'important, c'est d'être reconnu victime. C'était involontaire", estime-t-il, tout en disant vouloir que celui qui l'a blessé à la grenade "reconnaisse" son acte.

Montagnes russes 

Les démêlés judiciaires sont sources de montagnes russes chez certains, tel David Breidenstein, blessé le 16 mars 2019 à Paris: après la déception du non-lieu, la joie de la relance du dossier en appel.

Trois autres instructions à Paris et Rennes sont toutefois plus avancées, avec des mises en examen.

L'éborgnement de Jérôme Rodrigues, figure du mouvement, pourrait être jugé par la cour criminelle départementale de Paris. Deux fonctionnaires sont mis en examen.

Un seul éborgné sur 23 a bénéficié d'un procès: Jean-Philippe, lycéen de 16 ans à l'époque, victime selon lui d'un tir "perdu" de LBD le 6 décembre 2018 à Béziers. Le 20 octobre, le policier mis en cause a été relaxé au bénéfice du doute. "Je suis surpris et choqué", a réagi le jeune homme, 21 ans aujourd'hui. Le ministère public a fait appel.

«Pirate»

Outre la voie pénale, certains tentent de faire condamner l'État devant la justice administrative ou saisissent la Commission d'indemnisation des victimes d'infractions (Civi). Mais là encore, ça coince souvent.

Ont-ils au moins pu reconstruire leur vie ?

Un tir de LBD a fait perdre à "Jim" son œil en décembre 2018 à Bordeaux. Il "ne va pas bien", confie son avocate, Me Ophélie Berrier. Une nouvelle opération pourrait venir.

Au téléphone, Alexandre Frey se veut d'abord positif: "Je suis toujours vivant, j'ai réussi à m'en remettre, j'apprends à vivre avec ma nouvelle personne". Il s'assombrit cependant vite sur sa "vie complètement gâchée"... un mot déjà employé en 2019.

"C'est une bataille au quotidien", abonde Vanessa Langard: au menu, engagement politique persistant, humiliations dans la rue lorsqu'elle est qualifiée de "pirate" ou prise en photo, ou encore soins médicaux face aux "crises de douleurs" tenaces.

Certains voient en outre des proches s'éloigner, face au fossé de l'incompréhension. Plus prosaïquement, trouver un travail avec ce stigmate et ces séquelles est ardu. "Tu es comme tout le monde", mais pour les employeurs, "tu es un bandit", s'agace Ramy Hala, qui a perdu son œil à 15 ans devant son lycée de Vénissieux, le 6 décembre 2018.

Si certains militent dans un collectif contre les violences policières, les "Mutilés pour l'exemple", d'autres se tiennent loin des suites du mouvement, comme Arthur, le blessé toulousain, "pas vraiment proche des revendications".

Mais cet homme sans emploi nourrit un sentiment d'injustice: "Si j'avais fait ça à un policier ou à quelqu'un dans la rue, je serais déjà en prison depuis longtemps".

Dans leur mire, les nombreux "gilets jaunes" condamnés en comparution immédiate, une procédure accélérée, pour des violences sur des policiers, ou dans des affaires emblématiques telles que l'incendie de la préfecture du Puy-en-Velay et le saccage de l'Arc de triomphe.

Manifestations plus classiques 

A Paris, un nouveau préfet de police, Laurent Nuñez, a remplacé à l'été 2022 Didier Lallement, qui était critiqué pour sa vision "musclée" du maintien de l'ordre. Les manifestations des derniers mois montrent une certaine inflexion de la stratégie policière.

Les forces de l'ordre sont moins visibles, souvent positionnées à plusieurs rues du cortège. "Elles sont plus dans le lointain, mais interviennent dès qu'il y a de la casse", décrypte le haut-gradé de la PP.

C'est aussi la conséquence d'un retour de manifestations plus classiques, à l'appel de syndicats ou d'organisations en lien avec les autorités. Une différence majeure avec les "gilets jaunes".

Dans les rangs policiers, certains estiment néanmoins que toutes les préconisations de la nouvelle doctrine ne sont pas appliquées.

"Il manque encore pas mal de choses", relève Jean-Paul Nascimento, de l'UNSA-Police, notamment sur la communication entre forces de l'ordre et manifestants, pourtant un point cardinal du nouveau SNMO. De grands panneaux lumineux pour prévenir des sommations avant dispersion tardent ainsi à être déployés.

Jean-Paul Nascimento déplore aussi un "sur-emploi des compagnies" qui les empêche de bénéficier de formations.

Grégory Joron, d'Unité, critique également une "dérive" vers un maintien de l'ordre "trop" et "mal" "judiciarisé": "on fait fausse route si le nombre d'interpellations devient un indicateur de la bonne gestion d'une manifestation (..) En général, ce n'est pas les plus aguerris qu'on attrape".

A ses yeux, mieux vaudrait "travailler sur l'identification des radicaux, par exemple via les drones ou le marquage de synthèse (composé chimique restant sur peau et vêtements, ndlr), pour pouvoir les traduire devant la justice de manière claire et ferme. Quitte à aller les interpeller à 6H00 du matin le lendemain plutôt qu'au milieu de la manifestation".

Le syndicaliste estime aussi que l'ensemble des policiers devrait être formés au maintien de l'ordre. Lors des violences urbaines du début de l'été, jusqu'à 45.000 policiers et gendarmes ont été mobilisés, dont un bon nombre n'ont jamais été formés à cette fin.


Le partenariat stratégique franco-saoudien: une dynamique renforcée par la vision 2030

De gauche à droite, l’ancien ambassadeur de France en Arabie Bertrand Besancenot, l’ancien conseiller présidentiel Maurice- Gourdault montagne, et les deux anciens ambassadeurs an Arabie François Gouyette et Frédéric Pouille. (Photo Arlette Khouri)
De gauche à droite, l’ancien ambassadeur de France en Arabie Bertrand Besancenot, l’ancien conseiller présidentiel Maurice- Gourdault montagne, et les deux anciens ambassadeurs an Arabie François Gouyette et Frédéric Pouille. (Photo Arlette Khouri)
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  • L’Ambassadeur d’Arabie Saoudite en France et Monaco Fahad Al-Ruwaily a partagé les chiffres saisissants d’un programme de réformes nationales qui dépasse déjà largement ses objectifs
  • Dans ce contexte de mutation rapide, la relation entre la France et l’Arabie Saoudite s’est hissée à un niveau inédit d’intensité

PARIS: Organisé par l’Ambassadeur d’Arabie Saoudite en France et Monaco Fahad Al-Ruwaily, en collaboration avec le Forum Francophone des Affaires, le deuxième colloque sur « le partenariat stratégique saoudo-français à la lumière de la Vision 2030 » a illustré de manière éclatante la profondeur des transformations en cours au Royaume ainsi que la qualité grandissante des relations bilatérales entre Riyad et Paris. 

S’exprimant à l’ouverture du colloque Al-Ruwaily, a dressé un état des lieux des avancées impressionnantes du Royaume, tout en mettant en lumière les partenariats économiques, culturels, technologiques et diplomatiques qui unissent la France et l’Arabie Saoudite.

À l’occasion du neuvième anniversaire de la Vision 2030 lancée par le prince héritier d’Arabie, Al-Ruwaily a partagé les chiffres saisissants d’un programme de réformes nationales qui dépasse déjà largement ses objectifs initiaux. 

Selon le dernier rapport officiel, 93 % des cibles fixées ont été atteintes ou dépassées, a-t-il indiqué, citant parmi les exemples les plus marquants l’accueil par le royaume de 100 millions de touristes, bien avant l’échéance de 2030.

La diversification économique du pays s’est fortement accélérée, selon Al-Ruwaily le secteur non pétrolier occupe désormais une part croissante du PIB, porté par des investissements massifs dans les infrastructures, les nouvelles technologies, le divertissement ou encore le tourisme. 

Sur le plan social, les réformes en faveur des femmes ont permis d’atteindre un taux d’emploi féminin de plus de 33,5 %, tandis que des opportunités éducatives et professionnelles sont créées pour une jeunesse qui représente 70 % de la population saoudienne.

Ces transformations trouvent aussi leur expression sur la scène internationale, indique l’ambassadeur, Riyad se préparant à accueillir l’Exposition universelle de 2030, puis la Coupe du monde de football en 2034.

Tout cela souligne Al-Ruwaily vient s’ajouter à d’autres événements comme le Rallye Dakar ou les concerts d’artistes internationaux, positionnant le Royaume comme un acteur central de la culture globale.

Au cœur de cette dynamique se trouve le Fonds Public d’Investissement (PIF), véritable bras armé financier de la Vision 2030. 

Les liens d’amitié, de coopération et de partenariat sont plus étroits que jamais, comme l’a rappelé l’Ambassadeur Al-Ruwaily, et la visite d’État du Président Français Emmanuel Macron en décembre dernier a marqué un tournant symbolique, scellé par la signature d’un mémorandum sur le partenariat stratégique entre les deux pays.

Grâce à lui, des projets structurants voient le jour dans des secteurs aussi variés que les fintech, les énergies renouvelables, les biotechnologies ou encore la cybersécurité. 

Le PIF contribue à faire du pays un hub économique et technologique régional, voire mondial.

Des projets comme Neom, ville futuriste en construction dans le nord-ouest du pays, ou AlUla, combinant tourisme de luxe et durabilité environnementale, illustrent cette ambition, et sont le reflet d’un changement de paradigme où l’économie pétrolière laisse place à une société de la connaissance et de l’innovation.

France-Arabie saoudite, une relation en plein essor

Dans ce contexte de mutation rapide, la relation entre la France et l’Arabie Saoudite s’est hissée à un niveau inédit d’intensité. 

Les liens d’amitié, de coopération et de partenariat sont plus étroits que jamais, comme l’a rappelé l’Ambassadeur Al-Ruwaily, et la visite d’État du Président Français Emmanuel Macron en décembre dernier a marqué un tournant symbolique, scellé par la signature d’un mémorandum sur le partenariat stratégique entre les deux pays.

Un des exemples les plus éclatants de cette coopération est le projet d’AlUla, piloté conjointement par une commission royale saoudienne, et l’Agence Française pour le développement d’AlUla (AFALULA).

Prenant la parole lors du colloque, le président d'AFALLA Jean-Yves Le Drian estime que ce projet singulier incarne un modèle de développement culturel, touristique et environnemental durable. 

Le Drian, ancien ministre français de la Défense puis des Affaires étrangères, a souligné l’ambition du Royaume de faire d’AlUla un hub mondial de l’archéologie, tout en y intégrant des dimensions artistiques, économiques et sociales. 

Dans le domaine aérien, la compagnie Saudia a signé en 2024 un accord historique avec Airbus pour l’achat de 105 avions, dont une vingtaine d’A330 annoncés récemment à Toulouse.

Aujourd’hui, indique-t-il, 150 archéologues travaillent sur les sites historiques, et des projets comme la Villa Hegra viendront renforcer l’attractivité du lieu à l’automne prochain.

Le partenariat ne se limite pas au secteur culturel, mais s’étend à la santé, l’aéronautique, les infrastructures et l’environnement. 

La Vision 2030 redéfinit l’identité de l’Arabie saoudite

Mi-avril, le ministre saoudien de la Santé Fahad Aljalajel a effectué une visite officielle en France pour renforcer la coopération dans le domaine médical et pharmaceutique. 

Dans le domaine aérien, la compagnie Saudia a signé en 2024 un accord historique avec Airbus pour l’achat de 105 avions, dont une vingtaine d’A330 annoncés récemment à Toulouse.

Le groupe Suez, représenté au colloque par son directeur des affaires publiques Vincent Menuet, illustre aussi l’engagement du secteur privé français. 

Présent depuis les années 1950 au Moyen-Orient, Suez gère aujourd’hui l’eau et l’assainissement pour des villes stratégiques comme La Mecque, Djeddah et Taïf, couvrant près de 9 millions d’habitants, indique Menuet. 

Suez, ajoute-t-il, est également impliquée dans les projets Neom, et AlUla, avec des solutions intégrées combinant énergie renouvelable, traitement de l’eau et durabilité.

La transformation engagée par la Vision 2030 dépasse largement les objectifs économiques. Elle redéfinit l’identité du Royaume et renforce son ouverture sur le monde. 

Laurent Vigier, président du premier fonds français dédié à l’Arabie Saoudite et actuel directeur exécutif de Five Capital, a souligné que cette vision n’est plus un projet mais une réalité, bâtissant une centralité géopolitique et économique majeure dans le Moyen-Orient.

D’autres intervenants représentant de grands groupes français ont mis l’accent sur l’enthousiasme de la jeunesse saoudienne, le soutien constant de partenaires comme la France, et une capacité d’innovation et de projection rare, qui laissent croire que l’Arabie Saoudite semble désormais prête à jouer un rôle moteur dans la définition du monde de demain.


La France condamne les cyberattaques attribuées au service de renseignement russe

Les vols de données et attaques au rançongiciel se sont multipliés ces derniers mois dans le monde. (Photo, AFP)
Les vols de données et attaques au rançongiciel se sont multipliés ces derniers mois dans le monde. (Photo, AFP)
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  • Depuis 2021, ce mode opératoire d'attaque (MOA) a été utilisé pour cibler ou compromettre une dizaine d'entités françaises, ce qui représente un nombre significatif d'occurrences.
  • De nombreux partenaires européens ont également été visés par APT28 au cours des dernières années.

PARIS :  La France condamne avec la plus grande fermeté le recours par le service de renseignement militaire russe (GRU) au mode opératoire d'attaque APT28, à l'origine de plusieurs cyberattaques contre des intérêts français.

Depuis 2021, ce mode opératoire d'attaque (MOA) a été utilisé pour cibler ou compromettre une dizaine d'entités françaises, ce qui représente un nombre significatif d'occurrences.

Ces entités sont des acteurs de la vie publique française : des services publics, des entreprises privées, ainsi qu’une organisation sportive liée à l’organisation des Jeux olympiques et paralympiques de 2024.

Ce mode opératoire a également été utilisé par le GRU dans le sabotage de la chaîne de télévision TV5Monde en 2015, ainsi que dans la tentative de déstabilisation du processus électoral français en 2017.

APT28 est aussi employé pour exercer une pression constante sur les infrastructures ukrainiennes dans le contexte de la guerre d'agression menée par la Russie contre l'Ukraine, notamment lorsqu'il est opéré par l'unité 20728 du GRU.

De nombreux partenaires européens ont également été visés par APT28 au cours des dernières années, ce qui démontre une continuité dans les opérations de cette organisation. À ce titre, l'UE a imposé des sanctions aux personnes et entités responsables des attaques menées à l’aide de ce mode opératoire.

Ces activités déstabilisatrices sont inacceptables de la part d'un membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies. Elles sont par ailleurs contraires aux normes des Nations unies en matière de comportement responsable des États dans le cyberespace, auxquelles la Russie a souscrit.

Aux côtés de ses partenaires, la France est résolue à employer l'ensemble des moyens à sa disposition pour anticiper les comportements malveillants de la Russie dans le cyberespace, les décourager et y réagir le cas échéant, afin de protéger ses intérêts et garantir la sécurité de ses citoyens.

L’Agence nationale de sécurité des systèmes d’information publie aujourd'hui un rapport qui alerte sur la menace liée à APT28, dans le but de prévenir de futures attaques.

 


La cour d'assises de Paris se dit bien compétente pour juger un ex-rebelle salafiste syrien

La cour d'assises de Paris a rejeté mercredi la demande des avocats d'un ancien rebelle syrien qui voulaient qu'elle se déclare incompétente pour le juger pour complicité de crimes de guerre. (AFP)
La cour d'assises de Paris a rejeté mercredi la demande des avocats d'un ancien rebelle syrien qui voulaient qu'elle se déclare incompétente pour le juger pour complicité de crimes de guerre. (AFP)
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  • Mes Romain Ruiz et Raphaël Kempf arguaient notamment que la chute du régime de Bachar al-Assad, survenue en décembre 2024, changeait la donne, et appelaient à ce que leur client soit jugé par la justice de transition en Syrie
  • La cour d'assises a rejeté cette demande, se disant "régulièrement saisie" et "compétente pour connaître des faits reprochés à Majdi Nema", permettant ainsi au procès de se poursuivre

PARIS: La cour d'assises de Paris a rejeté mercredi la demande des avocats d'un ancien rebelle syrien qui voulaient qu'elle se déclare incompétente pour le juger pour complicité de crimes de guerre.

La défense de Majdi Nema, un ancien membre du groupe salafiste syrien Jaysh al-Islam (JAI, Armée de l'islam) arrêté en France en 2020, a contesté mardi, au premier jour du procès, le principe de compétence universelle permettant à la justice française de juger un étranger pour des crimes commis à l'étranger sur des étrangers.

Mes Romain Ruiz et Raphaël Kempf arguaient notamment que la chute du régime de Bachar al-Assad, survenue en décembre 2024, changeait la donne, et appelaient à ce que leur client soit jugé par la justice de transition en Syrie.

La cour d'assises a rejeté cette demande, se disant "régulièrement saisie" et "compétente pour connaître des faits reprochés à Majdi Nema", permettant ainsi au procès de se poursuivre.

Cet homme de 36 ans comparaît pour complicité de crimes de guerre, soupçonné notamment d'avoir aidé à enrôler et à former à l'action armée des mineurs, et pour entente en vue de la préparation de crimes de guerre, des faits pour lesquels il encourt 20 ans de réclusion criminelle.

Il conteste les accusations, affirmant n'avoir eu qu'un "rôle limité" dans JAI, un groupe prônant la charia et qui combattait le régime syrien, qu'il dit avoir quitté en 2016.

Alors qu'une plainte avait été déposée en France contre JAI en 2019, il avait été arrêté en janvier 2020 à Marseille, où il se trouvait pour un séjour d'études de quelques mois. Il avait été mis en examen et écroué par un juge du pôle crimes contre l'humanité du tribunal de Paris.