A Marseille, une «autre histoire du monde» pour décentrer son regard occidental

Une personne regarde le tableau "Chasse au cerf dans l'île de Java" de l'artiste Raden Saleh Ben Jaggia dans le cadre de l'exposition "Une autre histoire du monde" au musée Mucem à Marseille, dans le sud de la France, le 10 novembre 2023. (AFP)
Une personne regarde le tableau "Chasse au cerf dans l'île de Java" de l'artiste Raden Saleh Ben Jaggia dans le cadre de l'exposition "Une autre histoire du monde" au musée Mucem à Marseille, dans le sud de la France, le 10 novembre 2023. (AFP)
Short Url
Publié le Samedi 11 novembre 2023

A Marseille, une «autre histoire du monde» pour décentrer son regard occidental

  • Le but était de «désorienter le visiteur» en l'amenant à comprendre que les Européens ont «pu se placer au centre du monde» mais que «d'autres peuples, d'autres empires» en ont fait autant, explique le géographe Fabrice Argounès
  • «L'Europe n'a pas le monopole de l'historiographie: ni celui de la manière dont on se raconte, ni celui de la manière dont on regarde le monde et le passé», complète l'historien Pierre Singaravélou

MARSEILLE: Changer de perspective pour découvrir "une autre histoire du monde": jusqu'au 11 mars 2024 à Marseille, une exposition du Mucem invite à appréhender l'Histoire via des récits faisant prévaloir les points de vue africains, asiatiques, américains, océaniens et arabes.

Le but était de "désorienter le visiteur" en l'amenant à comprendre que les Européens ont "pu se placer au centre du monde" mais que "d'autres peuples, d'autres empires" en ont fait autant, explique le géographe Fabrice Argounès, commissaire de l'exposition avec la conservatrice Camille Faucourt et l'historien Pierre Singaravélou.

"Ce qui était important, c'était d'inverser notre regard, de le décentrer" pour "s'affranchir de cette vision européocentrée", abonde ce dernier, spécialiste des empires coloniaux et de la mondialisation.

Car "l'Europe n'a pas le monopole de l'historiographie: ni celui de la manière dont on se raconte, ni celui de la manière dont on regarde le monde et le passé", complète Pierre Singaravélou, pour qui cette exposition au Musée des civilisations de l'Europe et de la Méditerranée (Mucem) entend raconter l'histoire du monde "en intégrant le reste du monde".

Ce voyage dans l'espace et le temps se fait via plus de 150 oeuvres très variées - cartes géographiques, manuscrits, objets archéologiques, peintures et textiles - dont beaucoup sont montrées au public pour la première fois.

Ainsi de la toile ouvrant l'exposition, un tableau monumental d'Alexandre Véron-Bellecourt datant de 1802, où la muse de l'Histoire Clio montre aux peuples du monde représentés de façon stéréotypée les hauts faits de Napoléon.

"En Europe, l'idée était de montrer que précisément le Vieux Continent avait joué le rôle majeur. Mais c'est une vision qui ne correspond pas à la réalité", relate Pierre Singaravélou.

En regard du tableau d'Alexandre Véron-Bellecourt se déploie celui d'un artiste contemporain congolais, Chéri Samba, intitulé "La vraie carte du monde". Sur ce planisphère où Nord et Sud sont inversés, le globe apparaît dans une projection plus réaliste, dite de Peters, permettant de prendre en compte la superficie réelle des continents, et de mesurer ainsi l'importance de l'Afrique par rapport à l'Europe.

Plusieurs types de calendriers - le calendrier musulman daté à partir de l'hégire (année où Mahomet s'enfuit à Médine en Arabie saoudite), des calendriers japonais basés sur les règnes des empereurs, d'autres sur les saisons -, permettent d'appréhender aussi la grande diversité des rapports au temps.

«Echanges et hybridations»

Ces représentations du monde divergent jusque dans leur matérialité: une étonnante carte de navigation des Iles Marshall (Pacifique), utilisée jusqu'au début du XXe siècle, est formée de bâtonnets de bois de coco et de coquillages.

"Cela résiste à l'eau, au vent. Ces cartes permettent aux navigateurs mélanésiens de se repérer dans l'espace à travers la réfraction de la houle, parfois le positionnement des étoiles", relève Pierre Singaravélou.

"Ce sont des choses qui nous racontent qu'on a de multiples manières de dire l'Histoire et de l'écrire", complète Fabrice Argounès, une place importante étant également consacrée dans l'exposition à la tradition orale, via des cabines d'écoute où l'on peut entendre notamment des chants traditionnels tuuli (Mongolie) ou gnawa (Maroc) ayant fonction de récits historiques.

Les mondialisations ayant précédé celle menée par l'Europe à partir du XVIIIe siècle sont également abordées: celle entreprise par les Mongols à partir du XIIIe siècle, celle de l'océan Indien aux XIVe et XVe siècles ou encore celle menée à travers le Pacifique, évoquée par des maquettes de bateaux à double coque - ancêtres du catamaran.

Car si l'Histoire de ces expansions est faite de confrontations, "c'est aussi une histoire d'échanges, d’interactions, d'hybridations" pour M. Singaravélou, comme en témoigne la carte dite de Tupaia, élaborée conjointement par ce navigateur et dignitaire tahitien et l'équipage de l'explorateur britannique James Cook.

Renversement de perspective encore dans l'évocation de la colonisation européenne, perçue cette fois à travers les yeux des colonisés: un paravent chinois du XVIIIe siècle met en scène des Européens à la chasse, représentés avec de grands nez et de grandes oreilles.

"On va commencer à voir apparaître un goût de l'Europe", soit une forme d'"occidentalisme" ou d'"orientalisme inversé", note Fabrice Argounès.

Ce qui témoigne, pour Pierre Singaravélou, d'un rapport à l'autre "mêlé de fascination et de mépris".


Un programme de formation artisanale lancé dans la région d’Asir

La Banque saoudienne de développement social a lancé un programme de formation à l'artisanat à Asir, en partenariat avec l'école italienne de joaillerie contemporaine Alchimia. (AFP/File).
La Banque saoudienne de développement social a lancé un programme de formation à l'artisanat à Asir, en partenariat avec l'école italienne de joaillerie contemporaine Alchimia. (AFP/File).
Short Url
  • Le programme puise son inspiration dans le patrimoine local
  • L’initiative s’inscrit dans les efforts de la banque pour soutenir l’artisanat et les industries créatives

ABHA: La Banque saoudienne de développement social a lancé un programme de formation artisanale dans la région d’Asir, en partenariat avec l’école italienne Alchimia Contemporary Jewellery School.

Cette initiative, qui s’inscrit dans le cadre du programme de formation spécialisée de la banque, propose aux artisans et professionnels indépendants une formation à la création de pièces utilisant le cuivre et la feuille d’or.

Le programme s’inspire du patrimoine local, notamment de l’art Al-Qatt Al-Asiri – inscrit au patrimoine immatériel de l’UNESCO – pour concevoir des produits de qualité, répondant aux exigences du marché et favorisant des opportunités économiques durables.

La cérémonie de lancement a été marquée par la signature d’un accord de coopération stratégique entre la banque et l’école Alchimia. Ce partenariat vise à transférer un savoir-faire international vers le marché local grâce à des formations spécialisées à l’échelle nationale, dans le but de renforcer les compétences des artisans et leur compétitivité.

L’initiative fait partie des actions de la banque pour soutenir l’artisanat et les industries créatives. Depuis son lancement en 2023, le programme de formation spécialisée a bénéficié à plus de 300 participants à travers 15 programmes, donnant naissance à 250 produits uniques.

Par ailleurs, 30 % des participants ont obtenu un financement, et plus de 150 familles actives dans l’artisanat à domicile ont pu développer leurs activités.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


« I like it hot ! » : J. Lo fait sensation à Abou Dhabi

Short Url
  • Jennifer Lopez, 56 ans, prouve qu’elle reste l’une des artistes les plus enflammées au monde

ABOU DHABI: De retour à Abou Dhabi après son spectacle magistral en février, Jennifer Lopez a dansé toute la soirée mardi à l’Etihad Arena sur l’île de Yas dans le cadre de sa tournée mondiale « Up All Night ».

En interprétant ses tubes cultes comme « On the Floor », « Ain’t Your Mama » et « Dance Again », Lopez a fait monter la température avec son énergie débordante et ses chorégraphies percutantes.

Même si j’ai regretté que « Jenny From the Block » n’ait pas bénéficié d’un moment à elle, Lopez l’a tout de même interprétée en medley avec « We Will Rock You » de Queen.

Pour célébrer ses 56 ans, elle a chanté « Birthday », le single sorti le 24 juillet, très applaudi par le public.

La superstar a remercié ses fans et les a encouragés à s’aimer les uns les autres et à suivre ce qu’ils aiment.

Elle a également plaisanté sur la chaleur intense des Émirats. « I like it hot ! », a-t-elle lancé en se ventilant.

Avec plusieurs changements de tenues et des plages musicales bien calibrées, le show a alterné entre titres dynamiques, ballades lentes et medleys.

Lopez a rendu hommage à sa culture latino en interprétant quelques-uns de ses succès en espagnol, notamment « Qué Hiciste » et « Si Una Vez ».

Elle a chanté en dansant le flamenco, vêtue d’une tenue inspirée du traje de flamenca, la robe traditionnelle des femmes aux festivals andalous.

L’artiste n’est pas étrangère au Golfe : elle avait déjà fait sensation en avril lors du Grand Prix d’Arabie saoudite de F1 à Djeddah, puis en novembre dernier à Riyad pour l’événement « 1001 Seasons of Elie Saab ».

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L’artiste saoudienne met en lumière le riche paysage culturel de l’Asir à travers ses œuvres

L'artiste Arafat Al-Asimi a déclaré qu'elle se sentait le plus à l'aise dans la nature et les dessins de paysages traditionnels. (Fourni)
L'artiste Arafat Al-Asimi a déclaré qu'elle se sentait le plus à l'aise dans la nature et les dessins de paysages traditionnels. (Fourni)
Short Url
  • Arafat Al-Asimi a surmonté de nombreux défis pour s’imposer comme artiste en tant que femme

MAKKAH : Les montagnes verdoyantes de la région d’Asir en Arabie saoudite ont nourri la vision artistique d’Arafat Al-Asimi.

En évoquant ses débuts, Al-Asimi confie qu’elle aime utiliser des couleurs pastel pour représenter des paysages naturels et patrimoniaux. Les montagnes, les vallées, les nuances des forêts et le climat unique de la région ont nourri son imagination artistique.

--
L’artiste Arafat Al-Asimi affirme se sentir chez elle au cœur de la nature et des paysages traditionnels. (Fournie)

Elle explique se sentir profondément liée à la nature et aux dessins de paysages traditionnels, en particulier ceux inspirés de l’Asir, car ils traduisent son fort sentiment d’appartenance et lui procurent un équilibre et un confort psychologique.

Elle partage également sa passion pour l’intégration de la calligraphie arabe dans ses œuvres, soulignant combien cette pratique allie esthétique visuelle et identité culturelle.