D'une guerre à l'autre, le retour en Ukraine de réfugiés en Israël

Anna Lyashko, 28 ans, et sa fille Diana, 8 ans, se promènent dans un parc près de la rivière Dnipro à Kiev le 3 novembre 2023, après avoir  fui le conflit avec le Hamas en Israël pour retourner en Ukraine, toujours en guerre. (Photo par Sergei Supinsky AFP)
Anna Lyashko, 28 ans, et sa fille Diana, 8 ans, se promènent dans un parc près de la rivière Dnipro à Kiev le 3 novembre 2023, après avoir fui le conflit avec le Hamas en Israël pour retourner en Ukraine, toujours en guerre. (Photo par Sergei Supinsky AFP)
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Publié le Dimanche 12 novembre 2023

D'une guerre à l'autre, le retour en Ukraine de réfugiés en Israël

  • Le 7 octobre, lors de l'attaque sanglante du Hamas sur le sol israélien depuis la bande de Gaza, «mes mains ont commencé à trembler et j'ai eu la même sensation que lorsque cela a commencé dans notre pays», raconte Tetiana Kocheva
  • Evacuée dans le centre d'Israël, elle y reste quelques jours, avant de partir pour l'Ukraine où elle arrive le 20 octobre, et s'installe à Kharkiv

KIEV, Ukraine : «Si je dois mourir, au moins que ce soit dans mon pays»: comme Tetiana Kocheva, des Ukrainiens réfugiés en Israël depuis l'invasion russe ont fui le conflit avec le Hamas pour revenir en Ukraine, pourtant toujours en guerre.

Quand les forces de Moscou envahissent l'Ukraine fin février 2022, Tetiana, 39 ans, et ses trois enfants, aujourd'hui âgés de 14, 10 et 3 ans, se trouvent à Kharkiv (nord-est), près de la frontière russe.

Attaquée sans relâche, la grande ville est l'un des premiers objectifs des assaillants. La mère et ses enfants restent dix jours réfugiés dans une cave, avant de fuir à une cinquantaine de kilomètres de là.

En juillet 2022, elle finit par quitter l'Ukraine pour aller en Israël où son mari travaillait déjà avant l'invasion russe.

«Je pensais que j'allais y rester trois mois et puis rentrer», mais «la guerre n'a pas pris fin». Puis, elle va s'installer plus d'un an à Ashkelon, ville du sud d'Israël proche de Gaza.

Le 7 octobre dernier, lors de l'attaque sanglante du mouvement islamiste palestinien Hamas sur le sol israélien depuis la bande de Gaza, «mes mains ont commencé à trembler et j'ai eu la même sensation que lorsque cela a commencé dans notre pays», raconte Tetiana.

Elle décrit les «sirènes sans fin», «les explosions qui ne s'arrêtaient pas», les nuits dans les abris avec ses enfants.

- «Effrayant» -

«Quand ça s'est intensifié (...) J'ai commencé à paniquer, j'ai eu peur, et j'ai réalisé que j'avais besoin de rentrer chez moi», explique-t-elle.

Evacuée dans le centre d'Israël, elle y reste quelques jours, avant de partir pour l'Ukraine où elle arrive le 20 octobre, et s'installe à Kharkiv. La ville est régulièrement ciblée par les bombes russes mais depuis un peu plus d'un an, elle n'est pas menacée d'occupation.

Depuis le 7 octobre, quelques 4.000 Ukrainiens ont quitté Israël, selon des chiffres donnés par l'ambassade d'Ukraine sur place le 31 octobre.

«Ici je marche, c'est ma terre natale, notre drapeau, je ne sais pas comment l'exprimer, je suis contente», explique Tetiana. «Si je dois mourir, au moins que ce soit dans mon pays», lâche-t-elle.

A quelques 400 km de là, dans la capitale Kiev, Diana, 8 ans, danse sur un tapis de feuilles mortes dans un parc ensoleillé au bord du fleuve Dniepr.

La jeune fille et sa mère, Anna Lyachko, 28 ans, sont revenues d'Israël mi-octobre, après avoir fui l'Ukraine début mars 2022.

Elles habitaient à l'époque une localité occupée par les Russes près de Kiev, «où nous étions sous les explosions, sans électricité, sans eau, ni communication», se souvient la jeune mère, séparée depuis de son mari.

«Ma fille avait très peur et j'ai décidé de partir», et de rejoindre un cousin qui était en Israël. Elle pensait rester «un an ou deux ans».

Mais le 7 octobre, «la guerre a commencé là-bas» aussi. «Les sentiments ont été les mêmes que le 24 février en Ukraine (...) J'ai regardé ma fille et j'ai vu la peur dans ses yeux».

«J'ai compris que je ne pouvais pas rester. J'étais très effrayée». Elle et son enfant prennent l'avion depuis Tel-Aviv le 14 octobre, aidée par l'ambassade d'Ukraine.

Deux jours plus tard, «quand je suis arrivée à Kiev, j'ai vu dans les yeux de ma fille son bonheur d'être à la maison, avec ses grands-parents. Elle est tellement heureuse», se réjouit la jeune mère.

- «Plus calme qu'en Israël» -

Sur l'autre rive du Dniepr, dans un petit bureau du centre de la capitale, Oksana Sokolovska se dit aussi «contente d'être revenue à la maison», même s'il «est difficile de quitter une guerre pour une autre».

Avec ses trois enfants, elle a quitté l'Ukraine et la banlieue de Kiev le 16 mars 2022. «Quand la guerre a commencé, je n'avais aucun droit moral de risquer leur vie», explique cette avocate célibataire de 39 ans.

Parlant l'hébreu, elle choisit d'aller en Israël car «je pensais que c'était le pays le plus sécurisé du monde». Avec ses enfants, elle s'installe à Rishon Le Tzion, près de Tel-Aviv.

Le matin du 7 octobre, quand débute l'attaque du Hamas, «les sirènes d'alerte aérienne ont retenti, les bombardements ont commencé, massifs» et «toute la journée nous sommes restés dans l'abri anti-bombe avec les enfants», raconte-t-elle.

Très vite, elle décide de quitter Israël, «pour ne pas risquer la vie de mes enfants», et ils prennent l'avion le 14 octobre.

«Actuellement, à Kiev et dans sa région, la situation est plus calme qu'en Israël (...) C'est la seule raison pour laquelle je suis revenue ici», dit l'avocate.


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.


Ouragan Melissa: près de 50 morts dans les Caraïbes, l'aide afflue

Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
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  • L’ouragan Melissa, le plus puissant à frapper la Jamaïque en près de 90 ans, a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque, laissant derrière lui des destructions massives et des centaines de milliers de sinistrés
  • L’aide internationale afflue vers les Caraïbes, avec des secours venus des États-Unis, du Venezuela, de la France et du Royaume-Uni, alors que les experts rappellent le rôle du réchauffement climatique dans l’intensification de ces catastrophes

CUBA: L'aide internationale afflue vendredi vers les Caraïbes dévastées par le passage de l'ouragan Melissa qui a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque.

Habitations en ruines, quartiers inondés et communications coupées... L'heure est à l'évaluation des dégâts causés par Melissa qui devrait désormais faiblir au dessus dans l'Atlantique nord après avoir passé les Bermudes.

Selon le Centre national américain des ouragans (NHC), les inondations devraient s'atténuer aux Bahamas, mais les crues pourraient demeurer à un niveau élevé à Cuba, en Jamaïque, en Haïti et en République dominicaine voisine.

Rendu plus destructeur par le réchauffement climatique, l'ouragan a été le plus puissant à toucher terre en 90 ans lorsqu'il a frappé la Jamaïque mardi en catégorie 5, la plus élevée sur l'échelle Saffir-Simpson, avec des vents d'environ 300 km/h.

"Le bilan confirmé est désormais de 19 morts" dont neuf à l'extrémité ouest de l'île, a déclaré jeudi soir la ministre jamaïcaine de l'Information Dana Morris Dixon, citée par les médias locaux.

De nombreux habitants n'ont toujours pas pu contacter leurs proches, ont expliqué les autorités. L'armée jamaïcaine s'emploie à dégager les routes bloquées, selon le gouvernement.

"Il y a eu une destruction immense, sans précédent, des infrastructures, des propriétés, des routes, des réseaux de communication et d'énergie", a déclaré depuis Kingston Dennis Zulu, coordinateur pour l'ONU dans plusieurs pays des Caraïbes. "Nos évaluations préliminaires montrent que le pays a été dévasté à des niveaux jamais vus auparavant".

- Melissa "nous a tués" -

A Haïti, pas directement touché par l'ouragan mais victime de fortes pluies, au moins 30 personnes, dont dix enfants, sont mortes, et 20 portées disparues, selon le dernier bilan des autorités communiqué jeudi. Vingt-trois de ces décès sont dus à la crue d'une rivière dans le sud-ouest du pays.

A Cuba, les communications téléphoniques et routières restent largement erratiques.

A El Cobre, dans le sud-ouest de l'île communiste, le son des marteaux résonne sous le soleil revenu: ceux dont le toit s'est envolé s'efforcent de réparer avec l'aide d'amis et de voisins, a constaté l'AFP.

Melissa "nous a tués, en nous laissant ainsi dévastés", a déclaré à l'AFP Felicia Correa, qui vit dans le sud de Cuba, près d'El Cobre. "Nous traversions déjà d'énormes difficultés. Maintenant, évidement, notre situation est bien pire."

Quelques 735.000 personnes avaient été évacuées, selon les autorités cubaines.

- Secouristes -

L'aide promise à l'internationale s'achemine dans la zone dévastée.

Les États-Unis ont mobilisé des équipes de secours en République dominicaine, en Jamaïque et aux Bahamas, selon un responsable du département d'État. Des équipes étaient également en route vers Haïti.

Le secrétaire d'État Marco Rubio a également indiqué que Cuba, ennemi idéologique, est inclus dans le dispositif américain.

Le Venezuela a envoyé 26.000 tonnes d'aide humanitaire à son allié cubain.

Le président du Salvador Nayib Bukele a annoncé sur X envoyer vendredi "trois avions d'aide humanitaire en Jamaïque" avec "plus de 300 secouristes" et "50 tonnes" de produits vitaux.

Kits de première nécessité, unités de traitement de l'eau: la France prévoit de livrer "dans les prochains jours" par voie maritime une cargaison d'aide humanitaire d'urgence en Jamaïque, selon le ministère des Affaires étrangères.

Le Royaume-Uni a débloqué une aide financière d'urgence de 2,5 millions de livres (2,8 millions d'euros) pour les pays touchés.

Le changement climatique causé par les activités humaines a rendu l'ouragan plus puissant et destructeur, selon une étude publiée mardi par des climatologues de l'Imperial College de Londres.

"Chaque désastre climatique est un rappel tragique de l'urgence de limiter chaque fraction de degré de réchauffement, principalement causé par la combustion de quantités excessives de charbon, de pétrole et de gaz", a déclaré Simon Stiell, secrétaire exécutif de l'ONU chargé du changement climatique, alors que la grande conférence climatique des Nations unies COP30 s'ouvre dans quelques jours au Brésil.

Avec le réchauffement de la surface des océans, la fréquence des cyclones (ou ouragans ou typhons), les plus intenses augmente, mais pas leur nombre total, selon le groupe d'experts du climat mandatés par l'ONU, le Giec.