Macron entame une rare visite d'Etat d'un président français en Suisse

Le président suisse Alain Berset et le président français Emmanuel Macron arrivent pour une cérémonie de bienvenue sur la place fédérale à Berne, le 15 novembre 2023 (Photo de Bertrand GUAY / AFP).
Le président suisse Alain Berset et le président français Emmanuel Macron arrivent pour une cérémonie de bienvenue sur la place fédérale à Berne, le 15 novembre 2023 (Photo de Bertrand GUAY / AFP).
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Publié le Mercredi 15 novembre 2023

Macron entame une rare visite d'Etat d'un président français en Suisse

  • Le conflit entre Israël et le Hamas s'est invité dès le premier bain de foule à Berne
  • La visite marque un retour à la normale entre Berne et Paris

BERNE: Le président français Emmanuel Macron a appelé à "préserver la paix et la démocratie jamais acquises" au début de sa visite d'Etat en Suisse mercredi, quand la guerre fait rage sur le Vieux Continent, dans le Caucase et au Proche-Orient.

Le conflit entre Israël et le Hamas s'est invité dès le premier bain de foule à Berne. "Cessez-le-feu à Gaza M. Macron, on compte sur vous!", lance un jeune homme.

"On ne peut pas le faire tout seul, mais c'est clair", répond le chef de l'Etat, reçu chaleureusement par les badauds dans la capitale helvétique.

Pour sa première visite d'Etat dans le pays alpin -qui incarne la neutralité-, le président français s'est félicité du choix de Berne de condamner sans tarder l'invasion de l'Ukraine par la Russie et l'adoption de toutes les sanctions économiques imposées à Moscou par l'Union européenne.

Mais, a-t-il prévenu: "nous devons maintenant aller plus loin, chacun selon ses moyens" pour éviter que la Russie ne puisse contourner ces mesures punitives.

L'Europe

Il n'a pas perdu de temps pour aborder un sujet difficile pour les Suisses: le rapport à l'Union européenne.

"Il nous faut redéfinir une relation fondée sur une forte volonté politique entre la Suisse et l’Union européenne", car "l’Union européenne a besoin de la Suisse et la Suisse, je le crois profondément, a besoin de l’Union européenne", a argumenté Emmanuel Macron, au Palais fédéral.

Le gouvernement suisse vient d'annoncer qu'un mandat de négociation avec l'UE serait prêt en décembre.

La Confédération semble donc en passe de renouer avec les Vingt-Sept, deux ans après avoir choqué Bruxelles en décidant brutalement de mettre fin à de longues années de pourparlers.

M. Macron s'est dit désireux que les discussions avec la Commission européenne -qui a le soutien de la France- "puissent continuer d’avancer."

Israël-Hamas: Macron condamne «avec la plus grande fermeté» les bombardements d'infrastructures civiles

Le président français Emmanuel Macron a "condamné avec la plus grande fermeté" mercredi les bombardements d'infrastructures civiles dans la guerre qui oppose Israël au Hamas, lors d'une conférence de presse à Berne.

"Nous condamnons avec la plus grande fermeté tous les bombardements de civils en particulier d'infrastructures civiles qui doivent être protégées au titre de notre droit international et du droit humanitaire", a dit le président lors du premier jour de sa visite d'Etat en Suisse, répondant à une question sur la situation de l'hôpital al-Chifa, le plus important de la bande de Gaza.

Il a insisté sur le fait que cela valait "pas seulement pour les bâtiments mais les personnes qui y soignent", rappelant que des dizaines d'humanitaires et de fonctionnaires internationaux avaient trouvé la mort dans les bombardement intensifs que mène Israël dans l'enclave palestinienne depuis l'attaque sans précédent du mouvement islamiste Hamas le 7 octobre sur le territoire israélien.

L'opération de l'armée israélienne dans l'hôpital al-Chifa, abritant selon elle une base stratégique du Hamas, a suscité vives inquiétudes et condamnations mercredi de la part d'acteurs de la communauté internationale.

Avant le président, la diplomatie française avait dit sa "très vive préoccupation" sur cette opération estimant que la population palestinienne n'avait "pas à payer pour les crimes du Hamas".

Le président français a également été interpellé sur un manque de clarté concernant la guerre entre Israël et le Hamas que lui reprochent certains.

Il a affirmé défendre une position "équilibrée" et qui n'a "jamais varié".

"Nous reconnaissons, de manière complète, le droit d'Israël de se défendre et de lutter contre le terrorisme mais parce qu'Israël est une démocratie (...) ce droit à se défendre doit s'inscrire dans le cadre du droit international humanitaire et en respectant les règles de la guerre (...). Nous n'avons jamais varié", a-t-il lancé.

Cette position "est de ne jamais transiger sur le droit d’Israël de vivre en paix et en sécurité dans la région, et la France a aussi toujours soutenu les aspirations légitimes du peuple palestinien et continuera d’œuvrer pour une solution à deux Etats", a martelé le président.

"Nous n'avons jamais varié", a-t-il insisté.

Il a aussi affirmé "assumer la totalité des propos" tenus dans une interview à la BBC, qui ont incité les Israéliens à demander "une clarification".

"Je revendique et j’assume la totalité des propos que j’ai pu tenir devant vos confrères de la presse anglo-saxonne, parce qu’ils correspondent à cette ligne qui condamne aussi les bombardements contre les populations civiles et qui s'émeut de la même manière d’un enfant qui est tué."

"Il n’y a pas de double standard pour la France", a-t-il dit.

L'attaque du 7 octobre du Hamas a fait environ 1 200 morts, principalement des civils. Les frappes israéliennes sur Gaza ont fait plus de 11 000 morts, là aussi surtout des civils, selon le ministère de la Santé du Hamas.

Visite d'Etat

Le président français et son épouse Brigitte Macron, arrivés en début d'après-midi à Berne, ont droit aux égards réservés aux hôtes les plus importants.

Honneurs militaires, rencontre avec les sept membres du Conseil fédéral, discours au Palais fédéral et dîner de gala marquent la première journée.

Alain Berset, qui terminera à la fin de l'année la présidence tournante de la confédération helvétique avant de dire adieu au Conseil fédéral, a tissé un lien d'amitié avec Emmanuel Macron au plus fort de la pandémie de Covid-19 et les deux hommes se tutoient.

Outre François Hollande, seuls Jacques Chirac en 1998, François Mitterrand en 1983 et Armand Fallières en 1910 avaient fait ce déplacement.

"Chers amis français n'en doutez point, vous serez toujours les bienvenus en Helvétie", a lancé Alain Berset dans son discours de bienvenue.

La visite marque un retour à la normale entre Berne et Paris.

En 2022, la Suisse avait fortement irrité la France en préférant le F-35 américain au Rafale français pour moderniser son armée de l'air, un contrat de plus de 6 milliards d'euros.

Startup et science 

Jeudi, la seconde et dernière journée de la visite sera beaucoup moins protocolaire mais toujours placée sous le signe de l'Europe.

Emmanuel Macron ira visiter la Fondation Jean Monnet pour l'Europe à Lausanne avant de rencontrer des étudiants pour parler des "grands enjeux sociétaux" de l'Union européenne. Il a aussi accepté de répondre aux questions du public.

L'économie sera aussi à l'agenda, les deux pays étant d'importants partenaires commerciaux, et la Suisse le troisième investisseur en France.

Après une rencontre avec des responsables économiques à Lausanne, celui qui est parfois décrit en président de la "Start-up Nation" prendra un train spécial pour rallier Genève en compagnie de dirigeants de jeunes pousses.

Le voyage se conclura sur une note de sciences fondamentales avec la visite du CERN, le laboratoire européen pour la recherche nucléaire et la physique des particules, à cheval sur la frontière franco-suisse.

L'occasion d'évoquer le projet pharaonique de Futur Collisionneur Circulaire. Un accélérateur de particules de 100 kilomètres de circonférence, qui ne fait pas l'unanimité au sein de la communauté scientifique mais qui aux yeux de ses défenseurs doit permettre la recherche d'une nouvelle physique.


Macron et von der Leyen inciteront lundi les chercheurs étrangers à choisir l'Europe

Le président français Emmanuel Macron accueille la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen à son arrivée au sommet de la « coalition des volontaires » au palais de l'Élysée, à Paris, le 27 mars 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le président français Emmanuel Macron accueille la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen à son arrivée au sommet de la « coalition des volontaires » au palais de l'Élysée, à Paris, le 27 mars 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • Le président français clôturera cette conférence dans la prestigieuse université de la Sorbonne, « dédiée à la science, à l'attractivité de l'Union européenne, mais aussi plus largement à l'innovation, à la recherche et aux libertés académiques »
  • « Ici, en France, la recherche est une priorité, l’innovation est une culture et la science est un horizon sans limite », avait-il assuré.

PARIS : À Paris, le président Emmanuel Macron et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen participeront lundi à une conférence pour vanter les mérites de l'Europe auprès des chercheurs étrangers, notamment américains, confrontés à « un certain nombre de menaces », a annoncé l'Élysée mercredi.

Le président français clôturera cette conférence dans la prestigieuse université de la Sorbonne, « dédiée à la science, à l'attractivité de l'Union européenne, mais aussi plus largement à l'innovation, à la recherche et aux libertés académiques », ont affirmé ses services à la presse.

Le message de cette rencontre sera « très clair » : « Choose Science, Choose Europe ».

Selon son entourage, il s'agit de dire, « dans un moment où les libertés académiques connaissent un certain nombre de reculs ou de menaces, que l'Europe est un continent attractif et que l'innovation, l'attractivité, la science et la recherche sont des éléments essentiels pour la croissance européenne ».

Le chef de l'État aura à cette occasion un entretien avec la présidente de la Commission européenne, qui participera à la conférence. 

Le 18 avril, Emmanuel Macron avait donné rendez-vous le 5 mai aux chercheurs « du monde entier ». Sur le réseau X, il les avait invités à « choisir la France et l'Europe », dans une tentative d'attirer les chercheurs américains menacés par la politique de Donald Trump.

« Ici, en France, la recherche est une priorité, l’innovation est une culture et la science est un horizon sans limite », avait-il assuré.

Parallèlement, le gouvernement a lancé une plateforme baptisée « Choose France for Science », présentée comme « une première étape pour préparer l'accueil des chercheurs internationaux ».

Depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche en janvier, chercheurs et universités sont dans le collimateur de son gouvernement et redoutent pour leur avenir, entre libertés académiques et de recherche menacées et financements réduits.

De plus en plus de chercheurs ou d'aspirants chercheurs réfléchissent donc à quitter le pays, considéré jusqu'ici comme le paradis de la recherche dans nombre de domaines.

En France, dès début mars, le ministre chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Philippe Baptiste, a demandé aux universités de réfléchir à des moyens de les accueillir. 


« La France ne se définit ni par une race, ni par une religion », affirme Macron

Le président français Emmanuel Macron regarde avant d'accueillir le Premier ministre belge pour un déjeuner de travail au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le président français Emmanuel Macron regarde avant d'accueillir le Premier ministre belge pour un déjeuner de travail au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • « La France est une patrie de volonté et de bravoure qui ne se définit ni par le sang, ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée », a déclaré le président de la République.
  • Près de 150 nationalités se côtoient au sein de la Légion étrangère, où les légionnaires sont commandés par des officiers français.

AUBAGNE, FRANCE : lors d'une cérémonie militaire commémorant la bataille de Camerone, à Aubagne, où est basé le commandement de la Légion étrangère, Emmanuel Macron a affirmé  mercredi que « la France ne se définit ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée ».

« La France est une patrie de volonté et de bravoure qui ne se définit ni par le sang, ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée », a déclaré le président de la République devant plusieurs dizaines de légionnaires réunis pour commémorer la bataille de Camerone, qui s'est déroulée le 30 avril 1863 au Mexique.

« La France se définit par une volonté chaque jour recommencée d'accomplir de grandes choses avec une poignée de notre terre dans la main. Un rêve d'universel, un idéal, cette solidarité, cette fidélité à la patrie », a poursuivi M. Macron, qui s'est déplacé à Aubagne (Bouches-du-Rhône) pour commémorer cet événement fondateur de la Légion étrangère, célébré chaque année par tous les régiments. 

M. Macron a prononcé ce discours après avoir reçu mardi des représentants d'institutions musulmanes qui ont dénoncé le « climat islamophobe ambiant » et demandé au président de la République des « actes concrets » pour protéger les musulmans, après le meurtre d'un fidèle dans une mosquée du Gard.

À Aubagne, le président a passé en revue les troupes de la Légion étrangère, la force combattante de l'armée de terre qui compte plus de 9 500 hommes.

Près de 150 nationalités se côtoient au sein de la Légion étrangère, où les légionnaires sont commandés par des officiers français.

L'hymne national a été joué et deux avions Rafale ont survolé la cérémonie à laquelle ont assisté les élus locaux et plusieurs centaines de spectateurs.

La cérémonie de Camerone, qui est une fête de la Légion, commémore une bataille survenue à Camerone, dans l'État de Veracruz, dans l'est du Mexique, au cours de laquelle 62 légionnaires français ont résisté à 2 000 soldats mexicains lors de l'expédition française au Mexique. 

Le président Macron a décrit la bataille menée par une « poignée de légionnaires assiégés par 2 000 ennemis » qui ont « tenu une position pendant 11 heures », saluant une « histoire de courage insensé ».

Chargés de protéger le passage d'un convoi de ravitaillement pour les troupes françaises assiégeant la ville de Puebla, les légionnaires retranchés dans une hacienda du village de Camaron de Tejeda avaient fait le serment de se battre jusqu'à la mort.

Après une journée d'affrontement, les derniers encore en état de combattre refusèrent de se rendre et chargèrent les Mexicains à la baïonnette. 


Panneaux solaires, spatial, pharmacie : neuf projets d'usines reçoivent des subventions France 2030

Un employé de TotalEnergies devant des panneaux solaires et des éoliennes du parc éolien de La Perrière à Sainte-Suzanne sur l'île de la Réunion, le 22 janvier 2025. (Photo Richard BOUHET / AFP)
Un employé de TotalEnergies devant des panneaux solaires et des éoliennes du parc éolien de La Perrière à Sainte-Suzanne sur l'île de la Réunion, le 22 janvier 2025. (Photo Richard BOUHET / AFP)
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  • Neuf nouveaux projets d'usines au total vont recevoir des subventions à hauteur de 49 millions d'euros, a annoncé le gouvernement mercredi.
  • Ces aides publiques, issues du programme d'investissement France 2030, ont été accordées en réponse au septième appel d'offres lancé dans le cadre du dispositif « Premières usines ».

PARIS : La giga-usine Holosolis de cellules photovoltaïques en Moselle, ainsi qu'un site de chimie verte en Martinique : 9 nouveaux projets d'usines au total vont recevoir des subventions à hauteur de 49 millions d'euros, a annoncé le gouvernement mercredi.

Ces aides publiques, issues du programme d'investissement France 2030, ont été accordées en réponse au septième appel d'offres lancé dans le cadre du dispositif « Premières usines », destiné à soutenir les projets d'ouverture d'usines des start-up et PME industrielles innovantes, indique un communiqué.

À l'exception d'un projet de ferme aquacole écoresponsable « Mangrove » en Bretagne et d'un projet de chimie verte SHB Biotech en Martinique pour la production d'ingrédients naturels à partir de co-produits agricoles, les projets retenus s'inscrivent géographiquement dans la moitié est de la France. 

L'usine de la société française Holosolis, annoncée en grande pompe lors du sommet Choose France de 2023 pour produire des cellules et modules photovoltaïques à Hambach en Moselle, figure sur la liste. Le montant de l'aide n'a pas été divulgué.

Holosolis, dont l'actionnaire principal est InnoEnergy (institut européen d'innovation et de technologie), est un consortium européen de partenaires engagés dans la transition énergétique et la réindustrialisation. Il réunit la société d'investissement immobilier Idec, l'industriel breton Armor Group, le spécialiste français de l'agrivoltaïsme TSE et le groupe allemand Heraeus. Son usine, un investissement de 851 millions d'euros susceptible de générer 1 700 emplois, a obtenu un permis de construire en janvier.

Autre projet soutenu : celui du groupe Bordet en Bourgogne Franche-Comté qui se lance dans la production de carbone végétal pour remplacer les matières fossiles dans l'industrie chimique ou la cimenterie, grâce à un procédé de pyrolyse. 

Un autre projet de chimie est soutenu : Separative (SEP30), une société auvergnate bardée de brevets qui propose des solutions innovantes pour réduire la consommation d'énergie et l'empreinte carbone de l'industrie pharmaceutique.

Dans le secteur de la santé, InBrain Pharma, également aidée, est basée dans les Hauts-de-France et développe une technologie de perfusion cérébrale (Percepar) permettant l'administration ciblée de médicaments pour corriger les troubles des maladies neurologiques. En Île-de-France, Vertikale propose une solution qui miniaturise les bioprocédés et simplifie la production de médicaments biologiques.

Dans le secteur spatial, France 2030 a accordé une subvention à la société Latitude, basée dans le Grand Est, qui développe un micro-lanceur (Zephyr).

Enfin, dans l'agroalimentaire, l'entreprise de biotechnologie Mycophyto, située à Grasse, qui développe des solutions biologiques (biostimulants, bio-intrants) pour tous types de cultures, reçoit également une subvention.