Les drones à l'épreuve des Jeux olympiques de 2024

Paris étant une "no-fly zone" (zone d'exclusion aérienne), les télépilotes s'entraînent hors de la capitale. (Photo, AFP)
Paris étant une "no-fly zone" (zone d'exclusion aérienne), les télépilotes s'entraînent hors de la capitale. (Photo, AFP)
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Publié le Mardi 21 novembre 2023

Les drones à l'épreuve des Jeux olympiques de 2024

  • Les drones auront deux objectifs, explique un responsable de la police: la lutte antidrone avec l'armée et la protection des lieux sensibles, mais aussi le suivi du cheminement des foules
  • Un survol illégal de Paris est un délit, sanctionné d'une peine allant jusqu'à 75 000 euros d'amende et trois ans de prison

PARIS: Sans les drones de la préfecture de police de Paris (PP), la cathédrale Notre-Dame se serait effondrée. L'été prochain, ils seront l'un des outils-clé de la sécurisation des Jeux olympiques de Paris-2024, un immense défi en période de menace terroriste élevée.

Ils ressemblent à des araignées métalliques, à des jouets télécommandés, mais bourrés d'électronique. La police ne les présente pas comme l'alpha et l'oméga de la sécurité, mais plutôt "des aides à la décision sur le terrain opérationnel".

Guidés par un "télépilote", leurs évolutions sont suivies en direct dans la salle de commandement de la PP.

Ils sont les "yeux" de la préfecture de police, résume le commissaire Matthieu Thibault, numéro 2 des unités spécialisées de la direction de l'ordre public (DOPC), dont les drones et leurs télépilotes font partie.

En avril 2019, les pompiers de Paris n'ont pas encore de drones, seule l'unité des moyens aériens (UMA) de la PP en possède. C'est grâce à l'un d'eux qu'est repéré un foyer d'incendie au milieu des deux beffrois de la cathédrale Notre-Dame en proie aux flammes.

"A vingt minutes près, l'un d'eux s'effondrait et la cathédrale avec", se souvient Jean-Yves (prénom modifié), qui était alors aux commandes du drone. "Les pompiers ont repositionné les lances sur les deux beffrois et ont sauvé Notre-Dame".

Depuis 2020, l'UMA a intégré la Direction de l'ordre public de la PP. Mais le recours à l'usage de drones équipés de caméras pour le maintien de l'ordre n'est autorisé que depuis un décret du 19 avril 2023, qui l'encadre strictement.

Leurs caméras ne peuvent procéder à la captation du son, ni être équipées de systèmes de traitement automatisé de reconnaissance faciale.

L'utilisation des drones pour le maintien de l'ordre ou la surveillance des frontières doit être autorisée par le préfet dans les départements, à Paris par le préfet de police.

Ils ont été utilisés pour la première fois en manifestation en mai dernier.

No fly zone

Si la montée en puissance de cette unité de la police est récente, elle est déjà "performante", assure le commissaire Thibault, qui sera peu prolixe, sécurité oblige, sur ses effectifs et le matériel utilisé.

Paris étant une "no-fly zone" (zone d'exclusion aérienne), les télépilotes s'entraînent hors de la capitale. Leur utilisation au-dessus de la capitale requiert une autorisation spécifique du préfet de police et répond aux "règles de l'aviation civile". Avec autorisation de la tour de contrôle, ajoute le lieutenant J., commandant de cette unité, qui a requis l'anonymat.

En permanence, les sites sensibles de la capitale font l'objet d'une surveillance en continu (détection de mouvements, de vols de drones illicites). Un ensemble d'outils permet le "brouillage" d'un drone suspect et sa récupération.

"Le plus compliqué, c'est de pouvoir interpeller le pilote de l'engin", confie un responsable de la police.

Un survol illégal de Paris est un délit, sanctionné d'une peine allant jusqu'à 75 000 euros d'amende et trois ans de prison, insiste le commandant de l'unité.

Lors de la Coupe du Monde de rugby cet automne, la police a pu éprouver son dispositif. Une vingtaine de drones non malveillants, c'est-à-dire équipés d'appareils photos et non d'armes, ont ainsi été désactivés au dessus du Stade de France notamment, selon une source proche du dossier.

Pour les Jeux olympiques, le défi s'annonce immense. A commencer par la cérémonie d'ouverture avec sa parade navale inédite de 6 kilomètres sur la Seine.

Les drones auront deux objectifs, explique un responsable de la police: la lutte antidrone avec l'armée et la protection des lieux sensibles, mais aussi le suivi du cheminement des foules.

Pour la cérémonie d'ouverture, 100.000 personnes sont attendues sur les quais bas (places payantes) du fleuve et environ 300.000 sur les quais hauts (places gratuites). La jauge définitive n'a pas encore arrêtée, elle devrait l'être en janvier.


Au lendemain de l'attaque, les touristes semblent peu inquiets pour leur sécurité à Paris

Nez levé vers la tour Eiffel, les touristes flânent sur le Champ de Mars où des Parisiens font tranquillement leur footing (Photo, AFP).
Nez levé vers la tour Eiffel, les touristes flânent sur le Champ de Mars où des Parisiens font tranquillement leur footing (Photo, AFP).
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  • Paris «sera toujours une destination touristique avec sa beauté et tout ce qu'elle a à offrir»
  • Dimanche midi, l'ambiance près de la Tour Eiffel ne laissait pas transparaître d'appréhension particulière chez les visiteurs étrangers

PARIS: Nez levé vers la tour Eiffel, les touristes flânent sur le Champ de Mars où des Parisiens font tranquillement leur footing, se disant peu inquiets malgré l’attaque sanglante la veille, à deux pas de là, qui a fait un mort et deux blessés.

"Si des situations comme celle d'hier continuent à se produire, je pense, qu’en tant que touriste, on réfléchira à deux fois avant de venir", a réagi Frannelly Figuera en balade avec une amie au pied de la tour Eiffel.

Mais sourire aux lèvres, l'ingénieure civile de 32 ans, une Vénézuélienne vivant à Valence, en Espagne, ajoute dans la foulée que Paris "sera toujours une destination touristique avec sa beauté et tout ce qu'elle a à offrir."

Passant devant les vendeurs à la sauvette, Giovanni Valootto, chirurgien italien de 33 ans, assure ne pas planifier ses vacances en fonction des éventuels risques d'attaques, "sinon je ne ferais plus rien."

Vers 21H00 samedi soir, un islamiste radical atteint de troubles psychiatriques a semé l'effroi à proximité du monument emblématique de la capitale en tuant un jeune touriste germano-philippin et en blessant deux autres personnes, dont un Britannique, dans une attaque au couteau puis au marteau.

Dimanche midi, l'ambiance dans ce lieu hautement touristique ne laissait pas transparaître d'appréhension particulière chez les visiteurs étrangers.

"Je pense qu’aujourd’hui aucun endroit n’est sûr mais Paris a beaucoup changé" depuis les attentats de 2015 "et est redevenue sûre", témoigne Maximiliano Cabrera, 33 ans, un Colombien venu de Madrid.

En visite depuis samedi dans la "Ville lumière", l'administrateur d’entreprise multiplie les selfies devant le monument, son téléphone posé en appui sur le sac à main de sa compagne.

"On ne peut pas avoir une couverture sécuritaire totale mais ici, comme touriste, j’adore" assure-t-il, engoncé dans son chaud manteau d'hiver, lunettes de soleil sur le nez.

Au milieu des couples, familles et groupes de touristes, le passage d'une patrouille Vigipirate en armes rappelle que la France est placée au niveau maximal "urgence attentat" depuis l'attaque dans un lycée d'Arras (Pas-de-Calais), le 13 octobre.

«Bonne police»

Réagissant à l'attaque de la veille, la ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher a déclaré dimanche que, "grâce à l'action de nos services de renseignement dont nous avons doublé les moyens depuis six ans", la France déjoue "un attentat tous les deux mois".

"Si le risque zéro n'existe pas, nous ferons tout pour faire en sorte (de) minimiser ce risque," a-t-elle ajouté au micro de RTL.

Wonmo Sung, un étudiant sud-coréen de 27 ans, qui découvre la capitale française avec sa petite-amie, ne se montre lui non plus pas particulièrement anxieux.

"A certains endroits, nous voyons des gens nous regarder de travers, mais c'est une petite minorité", explique le jeune homme, rencontré dimanche après-midi au pied de la tour.

"Et partout où nous allons, il y a des policiers, donc nous nous sentons vraiment en sécurité", poursuit-il.

"C'est vrai qu'il y a eu des attaques terroristes, mais nous recommanderons Paris à d'autres touristes", assure-t-il.

Col ouvert malgré le vent hivernal, Alan Spray est lui aussi ravi de visiter Paris pour la première fois, avec son épouse.

Si les actes de violence les en avaient dissuadé lors de leurs précédents voyages, pas cette fois : "Nous avons juste pensé que de telles choses ne devraient pas nous empêcher de voir de magnifiques sites," explique le traiteur anglais de 64 ans en levant le bras vers le monument.

Lui et son épouse se disent cependant "un peu inquiets" au lendemain de l'attaque meurtrière mais tout de même rassurés car la France "a une bonne police : ils semblent réagir plutôt rapidement aux événements".


Manifestation à Paris contre la loi immigration

Manifestation contre le racisme et une loi sur l'immigration à l'occasion du 40e anniversaire de la marche pour l'égalité de 1983, à Paris, le 3 décembre 2023 (Photo, AFP).
Manifestation contre le racisme et une loi sur l'immigration à l'occasion du 40e anniversaire de la marche pour l'égalité de 1983, à Paris, le 3 décembre 2023 (Photo, AFP).
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  • Le député insoumis Eric Coquerel a pris le micro pour demander «la régularisation des travailleurs sans papiers»
  • Ils étaient 1100 personnes, selon la préfecture de police

PARIS: Un millier de personnes ont manifesté dimanche dans le calme à Paris contre la loi immigration du gouvernement, à l'appel de plusieurs collectifs, à l'occasion du 40e anniversaire de la "marche contre le racisme" de 1983.

Ils étaient 1.100 personnes, selon la préfecture de police.

"Quarante ans après, on marche encore pour l'égalité des droits et la justice, contre le racisme et la loi Darmanin", proclamait la banderole de tête de ce cortège qui s'est rendu de Montparnasse à la place d'Italie.

"Quarante ans après, les problèmes sont les mêmes. Le racisme est toujours là. Nous sommes là tous pour protester contre cette absence d'égalité", a abondé François Sauterey, co-président du Mrap (Mouvement contre le racisme et l'amitié entre les peuples).

"Il faut absolument aujourd'hui que cette loi Darmanin ne soit pas une loi qui finit par exclure les gens qui veulent y arriver et qui sont déjà là", a-t-il ajouté.

Le député insoumis Eric Coquerel a pris le micro pour demander "la régularisation des travailleurs sans papiers, des étudiants sans papiers, il faut les accueillir dignement sur notre territoire".

"En entier ou en morceaux, ta loi on l'a mettra en lambeaux", clamait en écho une pancarte, alors que le projet de loi Immigration est en discussions à l'Assemblée nationale, attendudans l'hémicycle à partir du 11 décembre après avoir été débattu en commission.

Co-organisée par l'inter-collectif contre le racisme, pour l'égalité des droits et la justice et Uni-es contre l'Immigration Jetable, pour une politique migratoire d'accueil (UCIJ), cette manifestation avait lieu 40 ans après l'arrivée à Paris de la marche historique "contre le racisme et pour l'égalité des droits" qui, en 1983, avait rallié Marseille à la capitale pour porter les espoirs des enfants d'immigrés.

Elle avait été renommée "Marche des Beurs" (arabe en verlan) par les médias français, un terme qu'exècrent ses initiateurs, qui font justement valoir leur qualité de citoyens français.


L'assaillant du pont de Bir-Hakeim, un converti à l'islam radical avec des troubles psychiatriques

Arrêté samedi après avoir tué à Paris un touriste germano-philippin à coups de couteau et s'en être pris à deux autres personnes armé d'un marteau, Armand Rajabpour-Miyandoab, jeune Franco-Iranien, était connu de la justice (Photo d'illustration, AFP).
Arrêté samedi après avoir tué à Paris un touriste germano-philippin à coups de couteau et s'en être pris à deux autres personnes armé d'un marteau, Armand Rajabpour-Miyandoab, jeune Franco-Iranien, était connu de la justice (Photo d'illustration, AFP).
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  • Né en France de parents réfugiés iraniens, résidant en Essonne, l'homme de 26 ans avait déjà été interpellé par le renseignement intérieur
  • Après son arrestation samedi soir, il a déclaré aux policiers «qu'il en voulait à ce qu'il se passait à Gaza»

PARIS: Arrêté samedi après avoir tué à Paris un touriste allemand d'origine philippine à coups de couteau et s'en être pris armé d'un marteau à deux autres personnes, dont un Britannique, Armand Rajabpour-Miyandoab, jeune Franco-Iranien, était connu de la justice pour son islamisme radical et des troubles psychiatriques.

Né à Neuilly-sur-Seine, près de Paris, de parents réfugiés iraniens, l'homme de 26 ans avait déjà été interpellé en 2016 pour un projet d'attaque visant le quartier d'affaires de la Défense.

Alors étudiant en biologie après l'obtention d'un bac scientifique, il avait formé le projet de rejoindre le groupe Etat islamique en zone irako-syrienne et entretenait des contacts avec "trois terroristes récidivistes", d'après le tribunal de Paris qui l'a jugé en mars 2018. Avant, "il n'avait jamais fait parler de lui" et n'avait aucune mention au casier judiciaire.

Dans ce dossier, Armand Rajabpour-Miyandoab a écopé de cinq ans de prison dont un avec sursis et mise à l'épreuve pendant trois ans, et en était sorti en 2020 après quatre ans de détention, a détaillé dimanche le patron du parquet national antiterroriste (PNAT), Jean-François Ricard. Connu pour troubles psychiatriques et fiché pour radicalisation islamiste (FSPRT), il avait suivi un traitement médical psychiatrique tout au long de sa détention et après sa sortie, où il était placé sous contrôle judiciaire et sous Micas, un dispositif administratif assorti de mesures visant à prévenir des actes de terrorisme.

"Les premiers mois étaient encourageants", il semblait s'être "détaché de la religion" après sa remise en liberté, selon une source sécuritaire.

Mais samedi, vers 21H30, près du pont de Bir-Hakeim et de la Tour Eiffel, il a crié "Allah Akbar" à plusieurs reprises en passant à l'acte, selon le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin.

Allégeance à l'EI

Armand Rajabpour-Miyandoab s'est "intéressé" à l'islam en 2014 puis converti après avoir rencontré en 2015 un djihadiste, Maximilien Thibaut, selon la justice. Il se définissait comme "salafiste", selon un de ses amis de lycée, qui l'a dépeint en 2016 comme "clairement pour l'idéologie de l'organisation de l'Etat islamique".

"Son besoin de repères" avait accéléré la radicalisation, estimait au cours de l'enquête en 2017 un psychologue l'ayant suivi, "l'Etat islamique lui donnant notamment des critères directifs de son mode de vie". Fini la musique, les amis... jusqu'à devenir "un promoteur de l'idéologie djihadiste" en 2015.

Dans un décret de naturalisation publié au Journal officiel en 2002, il est présenté avec le prénom "Iman", mais dans la sphère djihadiste il se faisait appeler "Amine" et demandait à ses parents de faire de même.

Lors de son interpellation en 2016 à Puteaux (Hauts-de-Seine), il affirme pourtant: "Je me suis radicalisé et auto-déradicalisé". Pour la justice, ce processus de déradicalisation apparaît "fragile": en juin 2016 encore, le jeune homme faisait des recherches en ligne sur "des bombes au phosphore" ou encore sur Adel Kermiche, assassin du père Hamel à Saint-Etienne-du-Rouvray (Seine-Maritime).

Confrontré à ses contradictions, il reconnaît en 2016 avoir "encore des idées noires" - "l'attentat de Nice ne (lui) a pas déplu" - et estime avoir "besoin d'un suivi". Au procès en 2018, sa mère le dit "manipulé".

Dissimulation ? En 2020, selon le magazine L'Obs, il s'était présenté au commissariat après l'assassinat du professeur Samuel Paty pour signaler qu'il avait échangé avec l'assaillant Abdoullakh Anzorov sur les réseaux sociaux deux semaines plus tôt. Il ne sera pas poursuivi à l'issue de sa garde à vue, au cours de laquelle il avait affirmé être devenu "anti-islamistes radicaux ou non-radicaux".

Fin octobre 2023, sa mère, inquiète d'un changement de comportement de son fils, a fait un signalement auprès des autorités, a révélé M. Ricard.

Après son arrestation samedi soir, il a déclaré aux policiers "qu'il en voulait à ce qu'il se passait à Gaza, que la France serait complice de ce que faisait Israël. Il aurait dit qu'il en avait marre de voir des musulmans mourir, tant en Afghanistan qu'en Palestine", a précisé samedi M. Darmanin.

"L'actualité récente pourrait l'avoir fait décompenser", juge la source sécuritaire.

Les enquêteurs vont aussi se pencher sur son suivi médical.

En mars 2022 il avait arrêté son traitement médicamenteux, en accord avec son médecin, selon une source proche de l'enquête. Mais en août 2022, une expertise psychiatrique avait conclu à une injonction de soins, ce qui avait été ordonné en septembre de la même année par un juge, selon la même source.

Il avait alors repris son traitement et l'avait arrêté en avril 2023, a précisé M. Ricard.

Dans ses rapports successifs, le médecin coordonnateur n'avait pas conclu à la nécessité de reprendre un suivi médicamenteux. Le 21 avril dernier, dans son dernier rapport, il notait "aucune dangerosité d’ordre psychiatrique identifiée".

Très peu de temps avant son attaque, il a fait allégeance au groupe Etat islamique dans une vidéo de revendication postée sur X, selon le magistrat, dans laquelle il a apporté "son soutien aux djihadistes agissant dans différentes zones".

Il avait ouvert début octobre ce compte qui comportait "de nombreuses publications sur le Hamas, Gaza et plus généralement la Palestine". Sur cette vidéo, il porte un bonnet noir, des lunettes de soleil noires, une longue barbe noire et un masque chirurgical. Il s'y exprime en arabe.