Trump tire le débat politique vers le bas: les données le prouvent

L'ancien président des États-Unis, Donald Trump, sert des repas aux soldats du département de la sécurité publique du Texas (DPS) à l'aéroport international du sud du Texas, le 19 novembre 2023 à Edinburg, au Texas. (Photo Michael Gonzalez  AFP)
L'ancien président des États-Unis, Donald Trump, sert des repas aux soldats du département de la sécurité publique du Texas (DPS) à l'aéroport international du sud du Texas, le 19 novembre 2023 à Edinburg, au Texas. (Photo Michael Gonzalez AFP)
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Publié le Mardi 21 novembre 2023

Trump tire le débat politique vers le bas: les données le prouvent

  • En juin 2015, le mois où Donald Trump a lancé sa première campagne présidentielle, il avait fait campagne en attaquant les musulmans, en se moquant d'un journaliste handicapé et en qualifiant les professionnels des médias d'ennemis du peuple
  • Selon Robert West, le chercheur principal de l'étude, pendant le mandat de Barack Obama, de 2009 à 2016, la fréquence des mots traduisant une émotion négative dans le discours politique a diminué régulièrement

GENÈVE : Une intuition et les sondages le font pressentir : l'ascension de Donald Trump a provoqué une dégradation marquée du discours politique aux Etats-Unis. Désormais, des chercheurs ont les données pour le confirmer.

La récolte et l'analyse de près d'un quart de milliard de citations d’hommes politiques extraites de millions d’articles de presse publiés sur plus d’une décennie, permet de dégager une tendance claire, selon des chercheurs suisses.

En juin 2015, le mois où Donald Trump a lancé sa première campagne présidentielle, les données montrent «une forte augmentation de la négativité, puis la négativité reste élevée», a déclaré à l'AFP le chercheur principal de l'étude, Robert West.

Le roi de l'immobilier avait fait campagne en attaquant les musulmans, en se moquant d'un journaliste handicapé et en qualifiant les professionnels des médias d'ennemis du peuple. Il avait aussi eu des commentaires désobligeants à l'égard des femmes et avait laissé entendre que la violence politique était acceptable voire même souhaitable.

Une rhétorique qui est devenue courante et qui s'est normalisée depuis lors, les quatre années de présidence de Donald Trump ne l'ayant pas incité à changer de ton.

Robert West, professeur adjoint au laboratoire de science des données de l'École polytechnique fédérale de Suisse, a expliqué avoir été frappé par les sondages sur un discours politique de plus en plus négatif, qui désignent Donald Trump -à la Maison Blanche de 2016 à 2020 et qui brigue un nouveau mandat en 2024- comme le principal responsable.

- «Saut massif» -

Robert West ne s'est pas contenté de l'intuition.

«Nous sommes des spécialistes des données, alors nous nous sommes demandés : pouvons-nous vérifier si les données disent réellement la même chose ?».

Pour répondre à la question, M. West et son équipe ont d'abord dû constituer une banque de données géante, la Quotebank, ou Banque des citations.

Elle contient un corpus de 235 millions de citations uniques extraites de 127 millions d’articles de presse en ligne publiés entre 2008 et 2020, permettant aux chercheurs de procéder à une analyse détaillée du ton du langage public des politiciens américains.

Selon Robert West, pendant le mandat de Barack Obama, de 2009 à 2016, la fréquence des mots traduisant une émotion négative dans le discours politique a diminué régulièrement. Mais en juin 2015, lorsque M. Trump a lancé sa campagne, la négativité a fait un bond de 8% par rapport au niveau de référence des sept années précédentes.

«C'est en fait un bond énorme», souligne le chercheur.

«Et cela s'est produit le mois où Trump a entamé sa campagne, c'est donc un signe que Trump pourrait être un facteur important derrière cela.»

- Trump «principal responsable» -

Il existe un autre indicateur selon lequel Trump lui-même «est l'un des principaux responsables de cette négativité», souligne M. West.

«Lorsque vous supprimez les citations de Donald Trump, l'ampleur du saut diminue de 40%», a-t-il précisé.

Mais même sans les citations de Donald Trump, le discours politique reste nettement détérioré.

«C'est tout le système qui, fondamentalement, est devenu plus négatif», explique le chercheur, selon lequel il est intéressant de noter que la négativité n’a pas seulement augmenté lorsque Donald Trump a fait de la surenchère pour conquérir la Maison Blanche.

«Ce bond initial n'était pas simplement le résultat d'une campagne (électorale) toxique», insiste Robert West. «Cela a en fait duré quatre ans, (...) toute sa présidence.»

Selon lui, il pourrait même y avoir eu une nouvelle hausse de la négativité à partir de la mi-2019, à la fin de la course à la Maison Blanche que se livraient alors Donald Trump et Joe Biden.

L'équipe de M. West -privée de données fraîches en 2020- est à la recherche de nouveaux partenariats, avec des sociétés comme Google ou des agences de presse, pour pouvoir alimenter de frais sa Quotebank.

Mais même en l'état, M. West juge que les résultats de ses recherches pourraient bien démontrer que la démocratie américaine est en difficulté.

«Il faut connaître les symptômes pour guérir la maladie», a-t-il dit.


Indonésie: 54 blessés dans une explosion d'origine inconnue près d'une école à Jakarta, selon la police

 Au moins 54 personnes ont été blessées vendredi à la suite d'une explosion près d'une école à Jakarta, la capitale indonésienne, a déclaré le chef de la police locale, Asep Edi Suheri, sans donner d'éléments sur l'origine du sinistre. (AFP)
Au moins 54 personnes ont été blessées vendredi à la suite d'une explosion près d'une école à Jakarta, la capitale indonésienne, a déclaré le chef de la police locale, Asep Edi Suheri, sans donner d'éléments sur l'origine du sinistre. (AFP)
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  • "Selon les premières données, quelque 54 personnes sont touchées. Certaines ont des blessures mineures, d'autres modérées et certaines ont déjà quitté l'hôpital", a déclaré M. Asep, cité sur la chaîne Kompas TV
  • L'explosion s'est produite "à proximité" d'un lycée, a-t-il précisé, ajoutant que la police avait bouclé le périmètre

JAKARTA: Au moins 54 personnes ont été blessées vendredi à la suite d'une explosion près d'une école à Jakarta, la capitale indonésienne, a déclaré le chef de la police locale, Asep Edi Suheri, sans donner d'éléments sur l'origine du sinistre.

"Selon les premières données, quelque 54 personnes sont touchées. Certaines ont des blessures mineures, d'autres modérées et certaines ont déjà quitté l'hôpital", a déclaré M. Asep, cité sur la chaîne Kompas TV.

L'explosion s'est produite "à proximité" d'un lycée, a-t-il précisé, ajoutant que la police avait bouclé le périmètre.

La police "procède aux constatations sur la scène de crime", a déclaré M. Asep, précisant qu'une équipe de déminage de la police de Jakarta était sur place afin de déterminer la cause de l'explosion.

Des postes de secours ont été établis dans deux hôpitaux pour aider les familles à retrouver les victimes blessées, a-t-il également indiqué.

Une enquête est en cours pour déterminer la cause de l'explosion, a ajouté M. Asep. "Nous sommes en train de mener les investigations car cet incident vient de se produire", a-t-il expliqué.


Au moins neuf morts dans l'accident d'un avion-cargo aux États-Unis

Au moins neuf personnes sont mortes dans l'accident d'un avion-cargo qui s'est écrasé mardi peu après son décollage de Louisville, dans le centre-est des Etats-Unis, a annoncé mercredi le gouverneur du Kentucky. (AFP)
Au moins neuf personnes sont mortes dans l'accident d'un avion-cargo qui s'est écrasé mardi peu après son décollage de Louisville, dans le centre-est des Etats-Unis, a annoncé mercredi le gouverneur du Kentucky. (AFP)
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  • "Kentucky, d'autres nouvelles déchirantes nous parviennent de Louisville. Le nombre de victimes s'élève désormais à au moins 9, et pourrait encore augmenter. En ce moment, ces familles ont besoin de prières, d'amour et de soutien"
  • L'accident a également fait au moins 11 blessés. Le gouverneur de l'Etat tiendra une conférence de presse à 11H30, heure locale (16H30 GMT)

WASHINGTON: Au moins neuf personnes sont mortes dans l'accident d'un avion-cargo qui s'est écrasé mardi peu après son décollage de Louisville, dans le centre-est des Etats-Unis, a annoncé mercredi le gouverneur du Kentucky.

"Kentucky, d'autres nouvelles déchirantes nous parviennent de Louisville. Le nombre de victimes s'élève désormais à au moins 9, et pourrait encore augmenter. En ce moment, ces familles ont besoin de prières, d'amour et de soutien", a écrit sur X le gouverneur de l'Etat, Andy Beshear.

L'accident a également fait au moins 11 blessés. Le gouverneur de l'Etat tiendra une conférence de presse à 11H30, heure locale (16H30 GMT).

Le vol UPS 2976, qui devait rejoindre Hawaï, "s'est écrasé vers 17H15 heure locale" (22H15 GMT) mardi, selon le régulateur américain de l'aviation, la FAA. L'appareil était un McDonnell Douglas MD-11.

L'avion avait "trois membres d'équipage à son bord", a déclaré dans un communiqué le transporteur UPS, dont le siège de la division aérienne est installé à Louisville.

L'appareil aurait percuté "de manière assez directe" une installation de recyclage de pétrole, a précisé le gouverneur.

Une vidéo amateur partagée par la chaîne locale WLKY montre le moteur gauche de l'avion en feu tandis que l'appareil rase le sol en tentant de décoller de la piste, avant visiblement d'exploser plus loin, provoquant un large panache de fumée noire.

L'appareil a terminé sa course à près de 5 km de l'aéroport, selon la police.

Des images aériennes de télévisions locales montraient aussi, peu après le crash, un large brasier s'étalant sur plusieurs centaines de mètres de long dans une zone de hangars et de parkings, avec les gyrophares des équipes de secours à proximité.

Les vols, annulés mardi soir, ont été rétablis à l'aéroport international Mohamed-Ali de Louisville, a annoncé mercredi matin sur X le maire de la ville, Craig Greenberg.

UPS a annoncé mercredi via un communiqué suspendre toutes les opérations de tri des colis sur place, pour la deuxième journée consécutive.

Louisville sert de principal hub aérien américain pour UPS, selon une fiche d'information de l'entreprise.

Paralysie budgétaire 

Les enquêteurs de l'Agence américaine de sécurité des transports (NTSB) doivent arriver mercredi sur place.

L'accident de mardi intervient au moment où les conséquences de la paralysie budgétaire, due à un désaccord entre républicains et démocrates au Congrès, se font particulièrement ressentir dans le domaine du transport aérien.

Depuis plusieurs semaines, des pénuries de contrôleurs aériens - qui travaillent depuis le 1er octobre sans être payés - entraînent retards et annulations de vols à travers le pays.

Si la paralysie budgétaire se prolonge au-delà de cette semaine, l'espace aérien américain pourrait même être partiellement fermé, a mis en garde mardi le ministre des Transports, Sean Duffy.

UPS Airlines, la division aérienne du groupe américain de messagerie et de livraison de colis, opérait début septembre une flotte d'environ 500 avions de transport de marchandises, dont 27 MD-11, l'appareil impliqué dans l'accident de mardi.

Le dernier accident aérien majeur aux Etats-Unis s'est produit le 29 janvier dernier à proximité de l'aéroport Ronald-Reagan de Washington, quand un hélicoptère militaire est entré en collision avec un avion de ligne sur le point d'atterrir, tuant 67 personnes au total.


Mamdani élu maire de New York, soirée de revers pour Trump

Le socialiste Zohran Mamdani a remporté mardi la mairie de New York au terme d'une soirée d'élections locales dans lesquelles Donald Trump a essuyé plusieurs revers, un message de défiance à un an des élections de mi-mandat. (AFP)
Le socialiste Zohran Mamdani a remporté mardi la mairie de New York au terme d'une soirée d'élections locales dans lesquelles Donald Trump a essuyé plusieurs revers, un message de défiance à un an des élections de mi-mandat. (AFP)
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  • L'élu local de 34 ans, opposant résolu au président américain, a largement devancé son principal adversaire, l'ancien gouverneur de l'Etat, le centriste Andrew Cuomo, selon les projections de plusieurs médias
  • Zohran Mamdani deviendra le 1er janvier le premier maire musulman de la plus grande ville des Etats-Unis

NEW YORK: Le socialiste Zohran Mamdani a remporté mardi la mairie de New York au terme d'une soirée d'élections locales dans lesquelles Donald Trump a essuyé plusieurs revers, un message de défiance à un an des élections de mi-mandat.

L'élu local de 34 ans, opposant résolu au président américain, a largement devancé son principal adversaire, l'ancien gouverneur de l'Etat, le centriste Andrew Cuomo, selon les projections de plusieurs médias.

Zohran Mamdani deviendra le 1er janvier le premier maire musulman de la plus grande ville des Etats-Unis.

Sa victoire a été accueillie par des cris de joie et parfois les larmes de ses partisans réunis dans une grande salle rococo des années 1920 du centre de Brooklyn.

"En cette période d'obscurité politique, New York sera la lumière", leur a lancé le jeune élu, ajoutant que la ville pouvait "montrer à une nation trahie par Donald Trump comment le vaincre".

L'ancien président démocrate Bill Clinton, dont M. Cuomo a fait partie de l'administration, a souhaité au vainqueur de "transformer l'élan de (sa) campagne" pour construire "un New York meilleur, plus juste et plus abordable".

"L'avenir s'annonce un peu meilleur", a commenté pour sa part Barack Obama, évoquant les différentes victoires démocrates de la soirée.

Participation record 

Donald Trump, qui a fait de Zohran Mamdani l'une de ses nouvelles bêtes noires, a lui aussi rapidement réagi. Dans un message publié sur son réseau Truth Social, il a cité des "sondeurs" anonymes affirmant que les défaites républicaines étaient dues à la paralysie budgétaire -- le  "shutdown" -- et au fait que son propre nom ne figurait pas sur les bulletins de vote.

Plus tôt dans la journée, il avait appelé les électeurs juifs à faire barrage au candidat, militant de la cause palestinienne. En réponse, Zohran Mamdani s'est de nouveau engagé, dans son discours de victoire, à "bâtir une mairie qui (...) ne faiblira pas dans la lutte contre le fléau de l'antisémitisme".

Vainqueur surprise de la primaire démocrate en juin, l'élu du Queens à l'Assemblée de l'Etat de New York n'a jamais, depuis lors, quitté la tête des sondages, même après le retrait de la course du maire sortant Eric Adams, qui a également appelé à le battre en ralliant Andrew Cuomo.

Signe de l'engouement pour le scrutin, avant la fermeture des bureaux de vote à 21H00, plus de deux millions d'électeurs s'étaient rendus aux urnes, la plus importante participation depuis près de 60 ans.

Né en Ouganda dans une famille d'intellectuels d'origine indienne, arrivé aux Etats-Unis à sept ans et naturalisé en 2018, Zohran Mamdani a fait de la lutte contre la vie chère le coeur de sa campagne.

Si Donald Trump l'a qualifié de "communiste", ses propositions -- encadrement des loyers, bus et crèches gratuits -- relèvent plutôt de la social-démocratie.

Autres victoires démocrates 

Très populaire auprès des jeunes, le futur maire a également ramené à lui de nombreuses personnes qui s'étaient éloignées de la politique, "des électeurs frustrés par le status quo, en quête de nouvelles personnalités", selon le politologue Costas Panagopoulos.

"Si Zohran Mamdani devient maire, Trump n'en fera qu'une bouchée", a prédit Andrew Cuomo avant le verdict mardi, insistant, comme il l'a fait durant toute la campagne, sur l'inexpérience de son adversaire.

Plusieurs fois, le président républicain a promis de mettre des bâtons dans les roues du jeune candidat démocrate s'il était élu, en s'opposant au besoin au versement de certaines subventions fédérales à la ville.

Voisin de New York, l'Etat du New Jersey a choisi la démocrate Mikie Sherrill contre l'homme d'affaires républicain Jack Ciattarelli. L'Etat a longtemps été considéré comme un bastion démocrate. Mais à la dernière présidentielle, Donald Trump y avait considérablement réduit l'écart.

Plus au sud sur la côte est, la Virginie a élu la première femme à sa tête, la démocrate Abigail Spanberger, battant la républicaine Winsome Earle-Sears.

Enfin, les Californiens ont approuvé un texte visant à redécouper leur carte électorale en faveur des démocrates, qui cherchent à compenser ce qu'ont fait au Texas les républicains sous la pression de Donald Trump.