Darmanin et Le Maire en Nouvelle-Calédonie pour parler avenir institutionnel et nickel

Le ministre français des Finances Bruno Le Maire (Photo, AFP).
Le ministre français des Finances Bruno Le Maire (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 22 novembre 2023

Darmanin et Le Maire en Nouvelle-Calédonie pour parler avenir institutionnel et nickel

  • L'UC souhaite toutefois poursuivre les discussions avec l'Etat, mais en bilatérale, et sur la base de son projet d'indépendance
  • Aboutir à un accord sans l'Union calédonienne semble hypothétique

NOUMÉA: Pour la cinquième fois en un an, le ministre de l'Intérieur et des Outre-mer, Gérald Darmanin, se rend en Nouvelle-Calédonie, vendredi et samedi, afin d'échanger avec les partis locaux sur le futur statut du territoire.

Le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, s'y déplace également, de samedi à lundi, afin d'évoquer l'avenir de l'industrie du nickel, pilier économique fragilisé de l'archipel du Pacifique sud.

La Nouvelle-Calédonie constitue une collectivité d'Outre-mer à "statut particulier", inscrit dans la Constitution, qui lui confère une très large autonomie. Un projet de texte sur le changement institutionnel, présenté à Paris début septembre, a fait l'objet de nombreux échanges entre l'Etat et les délégations indépendantistes et non-indépendantistes.

Il doit être discuté plus formellement pendant cette visite de M. Darmanin, alors que l'Etat souhaite une réforme constitutionnelle début 2024.

Les négociations se feront cependant sans l'Union calédonienne (UC), principale composante du Front de libération kanak socialiste (FLNKS). Réunie en congrès mi-novembre, l'UC a confirmé son refus de discuter du document présenté par l'Etat, "inacceptable" pour elle, selon son président, Daniel Goa.

L'UC souhaite toutefois poursuivre les discussions avec l'Etat, mais en bilatérale, et sur la base de son projet d'indépendance.

Points d'achoppement 

Parmi les principaux points d'achoppement figurent le maintien d'un droit à l'autodétermination mais aussi l'éventuel dégel du corps électoral aux élections provinciales, restreint depuis 1998 et dont l'ouverture à des arrivants récents pourrait bousculer les équilibres politiques.

L'autre grande composante du FLNKS, le Parti de libération Kanak (Palika) auquel appartient le président du gouvernement calédonien Louis Mapou, participe aux discussions. Mais le Palika peut difficilement signer d'engagement sans mandat du FLNKS. Or le congrès du front ne pourra avoir lieu avant fin décembre au mieux, comme le souhaite le Palika, voire en février-mars.

Aboutir à un accord sans l'Union calédonienne semble hypothétique.

Le cabinet du ministère de l'Intérieur a d'ailleurs assuré à des journalistes que "l'objectif n'est pas de repartir avec un accord, ce n'est sans doute pas réaliste". Mais "c'est important que les discussions se poursuivent dans la perspective de conclure", a-t-il ajouté.

La situation semble toutefois moins bloquée qu'il y a encore quelques semaines.

Le dialogue entre Calédoniens - au point mort depuis le référendum d'autodétermination contesté de décembre 2021 qui avait abouti à une victoire du "non" à l'indépendance -  a repris mi-novembre, à l'initiative du mouvement non-indépendantiste de la droite modérée Calédonie ensemble.

L'UC y participe et échange également "avec des gens du Rassemblement-Les Républicains ou du groupe Les Loyalistes", a indiqué le premier vice-président de l'UC, Gilbert Tyuiénon, interrogé par l'AFP. Une amorce de dialogue rendue possible par l'élection au Sénat de l'indépendantiste Robert Xowie (UC), grâce à un accord de circonstance avec Le Rassemblement-Les Républicains.

La rentabilité des usines de nickel 

Du côté économique, "un des premiers enjeux est de restaurer la rentabilité des usines" de production de nickel, secteur premier pourvoyeur d'emplois et en cours de restructuration en Nouvelle-Calédonie, et en grande difficulté aujourd'hui, a indiqué le cabinet de Bruno Le Maire en amont du déplacement.

Au terme d'une série d'entretiens et de visites, le ministre tiendra lundi une réunion avec le groupe de travail nickel, regroupant politiques et industriels. Ces derniers recevront "des propositions écrites", des "engagements que doivent prendre l'ensemble des parties prenantes pour résoudre la situation", selon le cabinet du ministre.

Aucune des trois usines métallurgiques n'est rentable et chacune est sous la menace d'une fermeture. Un scénario sérieusement envisagé par l'Inspection générale des finances dans un rapport sur le secteur rendu début juillet.

Localement, un soutien de l'Etat est attendu.

Pour le cabinet de Bruno Le Maire, "l'Etat est prêt à prendre sa part dans le projet y compris sur le plan financier, mais ça nécessite d'abord de définir un modèle économique viable car l'Etat ne subventionnera pas des modèles non productifs".

Il pourrait toutefois annoncer une aide à la transition énergétique, l'un des facteurs de surcoût du nickel calédonien étant sa forte dépendance aux énergies fossiles, fioul et charbon.


Légion d'honneur, Sarkozy « prend acte », rappelant que la CEDH doit encore examiner son recours

La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
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  • L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 
  • Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain.

PARIS : L'ancien président Nicolas Sarkozy a « pris acte » dimanche de son exclusion de la Légion d'honneur et rappelle que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) doit encore se prononcer sur son recours dans l'affaire des écoutes, a indiqué son avocat Patrice Spinosi dans une déclaration transmise à l'AFP.

« Nicolas Sarkozy prend acte de la décision prise par le grand chancelier. Il n’a jamais fait de cette question une affaire personnelle », a affirmé Patrice Spinosi, soulignant que si l'ancien chef de l'État « a fait valoir des arguments juridiques, c’était au nom de la fonction même de président de la République ».

L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 

« La condamnation de la France (par la CEDH) impliquera la révision de la condamnation pénale prononcée à l'encontre de Nicolas Sarkozy, en même temps que l’exclusion de l’ordre de la Légion d’Honneur ; l’une n’étant que la conséquence de l’autre », a assuré Patrice Spinosi.

Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain, à qui la Légion d'honneur avait été retirée en 1945 pour haute trahison et intelligence avec l'ennemi.

« Ce lien avec le maréchal Pétain est indigne », a déclaré la porte-parole du gouvernement Sophie Primas (LR), prenant « acte » elle aussi de cette décision « automatique qui fait partie du code de la Légion d’Honneur ».

« Le président Sarkozy a été là pour la France à des moments extrêmement compliqués », a-t-elle déclaré, se disant « un peu réservée non pas sur la règle, mais sur ce qu’elle entraîne comme comparaison ».

« C'est une règle, mais c'est aussi une honte », a déploré sur franceinfo Othman Nasrou, le nouveau secrétaire général de LR et proche de Bruno Retailleau, apportant son « soutien et son respect » à l'ex-président.

À gauche, le député écologiste Benjamin Lucas s'est félicité de la décision, appelant sur X à ce que « la République prive de ses privilèges et de son influence institutionnelle celui qui a déshonoré sa fonction et trahi le serment sacré qui lie le peuple à ses élus, celui de la probité ».


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».


Selon ManPowerGroup, l'IA pourrait réduire l'importance des « compétences » dans le recrutement

Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
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  • L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences ».
  • « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

PARIS : L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences », selon un dirigeant de ManPowerGroup.

En effet, « les compétences pourraient s'avérer obsolètes dans six mois », explique Tomas Chamorro-Premuzic, directeur de l'innovation du géant américain du travail temporaire, rencontré par l'AFP au salon Vivatech, à Paris, qui ferme ses portes samedi.  Selon lui, « il vaut mieux savoir que vous travaillez dur, que vous êtes curieux, que vous avez de bonnes aptitudes relationnelles et ça, l'IA peut vous aider à l'évaluer ».

Selon l'Organisation internationale du travail (OIT), « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

Cependant, les tâches informatiques (utilisation d'Internet, messagerie, etc.) pouvant être accomplies de manière autonome par des agents d'IA connaissent une « rapide expansion ». 

Dans ce contexte, les employeurs pourraient rechercher de plus en plus de salariés dotés de compétences hors de portée de l'IA, telles que le jugement éthique, le service client, le management ou la stratégie, comme l'indique une enquête de ManpowerGroup menée auprès de plus de 40 000 employeurs dans 42 pays et publiée cette semaine.

M. Chamorro-Premuzic déplore toutefois que ces compétences ne soient pas encore davantage mises en avant dans la formation. « Pour chaque dollar que vous investissez dans la technologie, vous devez investir huit ou neuf dollars dans les ressources humaines, la transformation culturelle, la gestion du changement », dit-il.

Les craintes d'un chômage de masse provoqué par l'IA restent par ailleurs exagérées à ce stade, estime le dirigeant, malgré certaines prédictions alarmistes.

D'après Dario Amodei, patron de la société d'intelligence artificielle Anthropic, cette technologie pourrait faire disparaître la moitié des emplois de bureau les moins qualifiés d'ici cinq ans. 

« Si l'histoire nous enseigne une chose, c'est que la plupart des prévisions sont fausses », répond M. Chamorro-Premuzic.

Concernant le recrutement, activité principale de ManPowerGroup, le dirigeant ajoute que « les agents d'intelligence artificielle ne deviendront certainement pas le cœur de notre métier dans un futur proche ». Il constate également que l'IA est utilisée par les demandeurs d'emploi.

« Des candidats sont capables d'envoyer 500 candidatures parfaites en une journée, de passer des entretiens avec leurs bots et de déjouer certains éléments des évaluations », énumère-t-il.