La Nouvelle-Calédonie et le nickel: Une situation «préoccupante»

Une mine de nickel est photographiée le 17 novembre 2014 près de Voh sur l'île française de Nouvelle-Calédonie (Photo, AFP).
Une mine de nickel est photographiée le 17 novembre 2014 près de Voh sur l'île française de Nouvelle-Calédonie (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 02 août 2023

La Nouvelle-Calédonie et le nickel: Une situation «préoccupante»

  • La filière néo-calédonienne se divise entre plusieurs entreprises qui exploitent du minerai brut pour l'exportation
  • Elles emploient 5 035 salariés, soit 7,5% du total des salariés du secteur privé de l'archipel

PARIS: En Nouvelle-Calédonie, plusieurs entreprises minières spécialisées dans le nickel sont menacées de fermeture, alors même que l'Europe et la France ont d'énormes besoins de ce métal pour fabriquer les batteries électriques automobiles, avertit un rapport remis mardi au gouvernement.

La fermeture de sites miniers "paraît à ce jour inévitable" à défaut d'une "nouvelle intervention des acteurs privés et des pouvoirs publics", et malgré des soutiens "récents et massifs", déplorent les auteurs du rapport, qui jugent la situation "préoccupante".

Ce diagnostic établi par l'Inspection Générale des Finances (IGF) et le Conseil Général de l'Economie (CGE), est rendu public moins d'une semaine après le retour d'Emmanuel Macron d'une visite en Nouvelle-Calédonie, durant laquelle il a promis un "projet nickel d'avenir" pour que les usines qui exploitent ce minerai deviennent rentables.

Le rapport doit alimenter les réflexions d'un groupe de travail sur le nickel qui devra proposer "d'ici l'automne" des mesures pour "consolider l'avenir de la filière nickel", a précisé Matignon dans un communiqué.

La filière néo-calédonienne se divise entre plusieurs entreprises qui exploitent du minerai brut pour l'exportation (sans activités métallurgiques), pour la plupart rentables, et trois entreprises intégrées qui possèdent à la fois des activités minières et métallurgiques. Elles emploient 5 035 salariés, soit 7,5% du total des salariés du secteur privé de l'archipel.

«Pas rentable»

La Société Le Nickel (SLN) dont l'actionnaire majoritaire est le groupe français Eramet, est basée à Nouméa.

Koniambo Nickel SAS (KNS), détenu à 51% par un actionnaire public et à 49% par le groupe minier anglo-suisse Glencore, est située en province nord, et Prony Resources Nouvelle-Calédonie (PRNC), dont l'actionnaire de référence est public et dont l'entreprise de négoce international de matières premières Trafigura possède 19% du capital, est située vers la pointe sud.

L'activité métallurgique de ces trois groupes "n'est pas rentable", déplorent les experts: SLN, KNS et PRNC "réalisent tous des pertes depuis plus de 10 ans".

Selon le rapport, la "défaillance simultanée" des trois entreprises "conduirait à une augmentation du chômage sur le territoire d'environ 50%" (à 16%), à un "déséquilibre" des comptes sociaux de la Nouvelle-Calédonie et à des coûts environnementaux importants.

Pour assurer la viabilité du secteur, le rapport plaide pour des "transformations profondes" de la filière, via notamment une "intégration verticale" avec des acteurs européens, et la création d'une "agence des participations de Nouvelle-Calédonie" pour rationaliser l'actionnariat public en le réduisant progressivement.

Un effondrement serait d'autant plus dommageable qu'à l'échelle du monde le nickel est l'un des métaux les plus recherchés pour fabriquer les batteries des voitures électriques.

La filière néocalédonienne pourrait "théoriquement représenter" jusqu'à 85% des besoins des giga-usines françaises de batteries en 2030, ou "14% des besoins de l'UE en 2035", explique le rapport.

«Épuisement progressif»

Confrontées à la volatilité des prix du nickel, les mines et usines métallurgiques calédoniennes ne produisent pas assez et trop cher, résume le rapport. Surtout face à "l'émergence d'autres opérateurs industriels", notamment en Indonésie, qui bénéficient d'une énergie à base de charbon beaucoup moins chère et subventionnée et de coûts de main d'oeuvre cinq fois inférieurs à celui de la Nouvelle Calédonie.

Deux des trois entreprises sont en outre confrontées à "un épuisement progressif" de leurs gisements les plus riches. Les intempéries ont également pesé sur la production.

Ces entreprises ont déjà bénéficié de financements publics "considérables": depuis 2016, l'Etat a octroyé "près de 700 millions d'euros de prêts" à deux d'entre elles en ouvrant "540 millions d'euros de garanties".

Chacune de ces entités sera confrontée, "à plus ou moins long terme", à des besoins de financement. Selon le rapport, la SLN aura besoin d'une nouvelle aide de trésorerie dès "début 2024". Les besoins de financement de KNS sont estimés à "près d'un milliard de dollars d'ici 2026". Pour PRNC le besoin s'éleverait "entre 200 et 250 millions d'euros".


Présidentielle: Le Pen «annoncera sa décision» après son procès en appel, sans attendre la cassation

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  • Le Rassemblement national sera fixé sur le nom de sa candidate (ou de son candidat) avant les prochaines vacances d'été
  • Tel est en tout cas l'agenda fixé par Mme Le Pen dans un entretien au mensuel conservateur Causeur, publié jeudi

PARIS: Candidate déclarée à la prochaine présidentielle malgré son inéligibilité, Marine Le Pen affirme qu'elle ne se présentera "évidemment pas" si sa peine est confirmée en appel et qu'elle "annoncera donc (sa) décision" dans la foulée, sans attendre une éventuelle cassation.

Le Rassemblement national sera fixé sur le nom de sa candidate (ou de son candidat) avant les prochaines vacances d'été. Tel est en tout cas l'agenda fixé par Mme Le Pen dans un entretien au mensuel conservateur Causeur, publié jeudi.

Condamnée en première instance - dans l'affaire des assistants parlementaires européens - à une peine d'inéligibilité de cinq ans avec application immédiate, la triple candidate à l'élection présidentielle admet qu'elle ne pourra "évidemment pas" se représenter une quatrième fois si cette peine devait être confirmée en appel.

"Je prendrai ma décision de me présenter ou non lors du rendu de l'arrêt de la cour d'appel", ajoute-t-elle, évacuant l'hypothèse d'un suspense prolongé en cas de pourvoi en cassation. "On ne sait pas quand une telle décision serait rendue et on ne peut pas se lancer dans une campagne présidentielle au dernier moment", explique-t-elle.

Son second procès étant programmé du 13 janvier au 12 février 2026, avec un délibéré attendu quatre mois plus tard, "j'annoncerai donc ma décision cet été", précise celle qui s'était hissée au second tour en 2017 et en 2022 face à Emmanuel Macron.

Un calendrier choisi aussi "pour ne pas hypothéquer la candidature de Jordan Bardella dans le cas où il devrait y aller", souligne-t-elle, confirmant ainsi le statut de dauphin du jeune président du parti à la flamme.


Macron au Brésil, pour évoquer une "relation transatlantique réimaginée"

Le président français Emmanuel Macron s'exprime lors de l'ouverture du festival « Notre avenir – Brésil-France, dialogues avec l'Afrique » à Salvador, dans l'État de Bahia, au Brésil, le 5 novembre 2025. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron s'exprime lors de l'ouverture du festival « Notre avenir – Brésil-France, dialogues avec l'Afrique » à Salvador, dans l'État de Bahia, au Brésil, le 5 novembre 2025. (AFP)
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  • Emmanuel Macron est arrivé à Salvador de Bahia pour promouvoir une « relation transatlantique réimaginée » entre l’Amérique du Sud, l’Afrique et la France, à travers la culture, la mémoire et la jeunesse
  • Cette visite s’inscrit dans une refondation des liens franco-africains, marquée par la reconnaissance de l’esclavage, la restitution d’objets coloniaux et la préparation du sommet Afrique–France à Nairobi en 2026

SALVADOR: Emmanuel Macron est arrivé mercredi à Salvador de Bahia, au Brésil, pour plaider en faveur d'une "relation transatlantique réimaginée" associant Amérique du Sud et Afrique, avant de participer à un sommet climat à Belem, a indiqué l'Elysée.

Le président français doit participer à l'ouverture du festival "Notre futur – Brésil-France, dialogues avec l'Afrique", qui réunit "les jeunesses et les nouvelles voix des sociétés civiles brésiliennes, africaines et françaises", a expliqué la présidence.

Il s'agit d'un "temps fort de la saison culturelle France-Brésil" qui a scandé l'année 2025.

La capitale de l'Etat de Bahia, dans le nord-est du pays, fut l'un des points d'arrivée majeurs des esclaves africains déportés. Elle est aujourd'hui le foyer vibrant de la culture afro-brésilienne.

Cette étape vise donc "à célébrer et à travailler avec Brasilia à une relation transatlantique réimaginée", associant les "partenaires africains", selon la présidence française.

Emmanuel Macron doit aussi visiter une galerie dédiée au photographe et anthropologue français Pierre Fatumbi Verger (1902-1996), et la Maison du Bénin, où il découvrira l'exposition "Je suis un fleuve noir".

Pour Paris, "cette visite à Bahia s'inscrit dans la politique de refondation et de renouvellement de notre relation avec l'Afrique", au moment où les relations entre la France et ses anciennes colonies africaines sont souvent distendues, voire glaciales comme au Sahel.

La culture est un point fort de cette "refondation", fait-on valoir dans l'entourage du président français, qui a enclenché une démarche de restitution des "objets volés pendant l'époque coloniale".

Autre volet: "la reconnaissance de l'esclavage", qui sera aussi mise en avant à Salvador, point de débarquement "d'un très grand nombre d'esclaves, qui venaient notamment de tout le golfe du Bénin et notamment du port de Cotonou", a fait valoir une conseillère présidentielle.

"Bahia, c'est un point d'étape. On se donne rendez-vous également à Nairobi en mai, pour le nouveau sommet Afrique-France qu'on organise pour la première fois dans un pays anglophone", a souligné l'Elysée.

Jeudi, Emmanuel Macron se rendra à Belem, en Amazonie brésilienne, pour prononcer un discours au sommet des chefs d'Etat et de gouvernement réunis par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva avant le début de la COP30, conférence de l'ONU sur le climat.

Il terminera sa tournée vendredi à Mexico où il sera accueilli par la présidente mexicaine Claudia Sheinbaum, un an après sa prise de fonctions.


Premières heures de semi-liberté pour Kohler et Paris à l'ambassade de France à Téhéran

Cécile Kohler et Jacques Paris, les deux Français sortis de prison en Iran vivent mercredi leurs premières heures de semi-liberté à l'ambassade de France, attendant de pouvoir quitter le pays à une date inconnue, que l'Iran semble vouloir lier au sort d'une Iranienne poursuivie en France. (AFP)
Cécile Kohler et Jacques Paris, les deux Français sortis de prison en Iran vivent mercredi leurs premières heures de semi-liberté à l'ambassade de France, attendant de pouvoir quitter le pays à une date inconnue, que l'Iran semble vouloir lier au sort d'une Iranienne poursuivie en France. (AFP)
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  • Le président français Emmanuel Macron s'est entretenu avec eux par visioconférence. "Ils l'ont remercié pour son engagement" afin d'obtenir leur libération, a aussi déclaré Pierre Cochard sur la radio RTL
  • Emanuel Macron a aussi parlé à son homologue iranien Massoud Pezeshkian, demandant la "libération pleine et entière", "le plus rapidement possible", de Cécile Kohler et Jacques Paris

PARIS: Cécile Kohler et Jacques Paris, les deux Français sortis de prison en Iran vivent mercredi leurs premières heures de semi-liberté à l'ambassade de France, attendant de pouvoir quitter le pays à une date inconnue, que l'Iran semble vouloir lier au sort d'une Iranienne poursuivie en France.

"Je les ai trouvés très heureux, très soulagés tous les deux par cette libération", a raconté mercredi matin sur la radio France Inter l'ambassadeur de France à Téhéran Pierre Cochard, qui est allé les chercher mardi à la sortie de la prison d'Evine, de sinistre réputation.

Le président français Emmanuel Macron s'est entretenu avec eux par visioconférence. "Ils l'ont remercié pour son engagement" afin d'obtenir leur libération, a aussi déclaré Pierre Cochard sur la radio RTL.

Emanuel Macron a aussi parlé à son homologue iranien Massoud Pezeshkian, demandant la "libération pleine et entière", "le plus rapidement possible", de Cécile Kohler et Jacques Paris.

A Soultz (Haut-Rhin, est de la France) où a grandi Cécile Kohler, dont le portrait orne la façade de la mairie, les habitants racontaient leur soulagement. "On est impatients qu'elle revienne, on espère que l'Iran ne va pas la retenir", confiait l'un d'eux, Mathieu Taquard.

Mardi soir, les parents ont pu parler par téléphone à leur fille: "Elle disait qu'elle était en forme, et qu'elle avait hâte de revenir", a résumé à l'AFP le maire de Soultz, Marcello Rotolo.

L'ambassadeur a donné quelques éléments sur le déroulé de leur libération.

"On s'est rendus à la prison d'Evine, qui est au nord de Téhéran. L'ambassade se trouve plutôt au centre, donc il y a un trajet important. On s'est présentés, il y avait plusieurs portes à franchir, une barrière. Cela a pris un peu de temps, en coordination avec les autorités iraniennes", a-t-il expliqué. "Les grands portes de la prison d'Evine se sont ouvertes, et on a pu croiser le regard de Cécile et Jacques", qui "avaient été informés à la dernière minute" de leur sortie.

"C'est évidemment un moment qu'on n'oublie pas", a-t-il dit. "Les premiers mots, c'étaient des larmes, des sourires mêlés de larmes. On est restés quelques instants ensemble et puis ensuite on est montés dans la voiture" pour gagner l'abri de l'ambassade, où ils sont protégés par la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques, en espérant pouvoir quitter rapidement l'Iran.

Iranienne à l'ambassade 

Les autorités iraniennes, qui les accusent d'espionnage, considèrent qu'ils sont en "libération conditionnelle", "libérés sous caution" et "placés sous surveillance jusqu'à la prochaine étape judiciaire".

"Nous n'allons ménager aucun effort pour obtenir leur retour en France dans les meilleurs délais", a promis le ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot.

Professeure de lettres de 41 ans, et enseignant retraité de 72 ans, Cécile Kohler et Jacques Paris ont été arrêtés le 7 mai 2022, au dernier jour d'un voyage touristique en Iran.

Considérés comme des "otages d'Etat" par la France, qui à l'instar d'autres pays occidentaux accuse Téhéran de capturer des étrangers sur son sol pour négocier ensuite leur libération, ils étaient les deux derniers Français détenus sur le sol iranien.

Lourdement sanctionné par de nombreux membres de la communauté internationale, notamment pour ses activités nucléaires, l'Iran détiendrait selon des sources diplomatiques au moins une vingtaine d'Occidentaux qu'il pourrait utiliser comme levier pour obtenir la libération de certains de ses ressortissants à l'étranger ou obtenir des gages politiques.

Dans le cas de Cécile Kohler et Jacques Paris, Téhéran avait rendu publique en septembre la possibilité d'un accord de libération en échange de Mahdieh Esfandiari, une Iranienne arrêtée en France en février, accusée d'avoir fait la promotion du terrorisme sur les réseaux sociaux.

Téhéran semble afficher sa volonté de mettre en parallèle les deux dossiers, le chef de la diplomatie iranienne Abbas Araghchi annonçant mercredi matin que Mme Esfandiari, sous contrôle judiciaire depuis octobre dans l'attente de son procès en janvier, se trouvait désormais à l'ambassade d'Iran et "nous espérons qu'elle rentrera quand son procès sera achevé".

Les autorités françaises n'ont pas commenté cette annonce qui pourrait avoir des conséquences sur la date à laquelle les deux Français pourront quitter l'Iran.

L'élargissement de Cécile Kohler et Jacques Paris pourrait ouvrir la voie à un apaisement des relations entre l'Iran et la France. "Lorsqu'ils seront sur le territoire français, effectivement, cela ouvrira une possibilité de renouer des relations normales avec ce pays", a estimé M. Cochard.