Colonna compte sur la vigilance de Pékin contre tout soutien à la Russie en Ukraine

Le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi (à droite) et la ministre française des Affaires étrangères Catherine Colonna assistent à une conférence de presse conjointe à la Maison des invités d'État Diaoyutai à Pékin, le 24 novembre 2023. (Photo, Pedro Pardo / AFP)
Le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi (à droite) et la ministre française des Affaires étrangères Catherine Colonna assistent à une conférence de presse conjointe à la Maison des invités d'État Diaoyutai à Pékin, le 24 novembre 2023. (Photo, Pedro Pardo / AFP)
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Publié le Vendredi 24 novembre 2023

Colonna compte sur la vigilance de Pékin contre tout soutien à la Russie en Ukraine

  • En déplacement dans la capitale chinoise pour une journée, la ministre a tenté de relancer les échanges culturels et humains entre la France et la Chine, mis sur pause pendant la pandémie
  • Catherine Colonna et Wang Yi ont parlé des crises internationales, en particulier du Proche-Orient, de la guerre Russie-Ukraine, de la Corée du Nord ou encore de l'Iran

PÉKIN: La ministre française des Affaires étrangères Catherine Colonna a dit vendredi compter sur la "vigilance" des autorités chinoises pour éviter tout soutien à l'effort de guerre russe en Ukraine, au terme d'une courte visite à Pékin.

En déplacement dans la capitale chinoise pour une journée, la ministre a tenté de relancer les échanges culturels et humains entre la France et la Chine, mis sur pause pendant la pandémie.

Si sa visite a été l'occasion d'annoncer de nouvelles mesures sur les visas et des accords dans les domaines de la culture, la recherche et la santé, elle a aussi permis d'évoquer les conflits actuels, sur lesquels la France espère voir la Chine jouer un plus grand rôle.

"Nous souhaitons avoir un dialogue approfondi avec la Chine sur les enjeux globaux, bien sûr, mais aussi sur les grandes crises" dont "la guerre d'agression russe en Ukraine qui se poursuit", a déclaré Mme Colonna lors d'une conférence de presse conjointe avec son homologue Wang Yi.

"Nous comptons sur la vigilance des autorités chinoises pour qu'aucune structure en Chine, notamment privée, ne contribue de manière directe ou indirecte à l'effort de guerre illégal de la Russie", a-t-elle affirmé.

Dans ce conflit, "la coopération avec la Chine est essentielle pour favoriser une paix juste et durable", a-t-elle plaidé.

"La Chine entretient des relations normales et amicales avec la Russie" comme elle le fait avec d'autres pays, a souligné Wang Yi.

La Chine "maintient toujours une position objective et impartiale" dans les affaires internationales et entend "continuer" à jouer "un rôle constructif", a-t-il assuré.

Lors d'un dîner après cette conférence de presse, Catherine Colonna et Wang Yi ont parlé des crises internationales, en particulier du Proche-Orient, de la guerre Russie-Ukraine, de la Corée du Nord ou encore de l'Iran, a indiqué à l'AFP une source diplomatique française.

Des responsabilités

Concernant le conflit Israël-Hamas, marqué par le début d'une trêve vendredi et la libération attendue de 50 otages par le mouvement islamiste, la ministre a appelé à "coopérer pour que le terrorisme soit contenu".

"Pour nous, tous les otages doivent être libérés. Tous et pas seulement 50", avait déclaré plus tôt la ministre lors d'un briefing avec des journalistes français dont l'AFP.

Reçue vendredi matin par le Premier ministre Li Qiang sous les lustres du Palais du peuple, au coeur de Pékin, Catherine Colonna a rappelé à son interlocuteur que la Chine et la France sont "membres permanents du Conseil de sécurité" et ont à ce titre "des responsabilités mondiales".

Catherine Colonna a co-présidé vendredi après-midi avec son homologue Wang Yi le "Dialogue franco-chinois de haut niveau sur les échanges humains" à l'Université de Pékin.

Interrompu durant la pandémie, ce dialogue entamé en 2014 porte sur les échanges universitaires, scientifiques, culturels, sportifs, les enjeux liés au tourisme ou encore les questions d'égalité femmes-hommes.

Exemption de visas 

A l'occasion de la visite ministérielle, Pékin a annoncé qu'à partir du 1er décembre, les Français pourraient venir en Chine sans visa pour des séjours n'excédant pas 15 jours.

Cet accord sera en vigueur jusqu'au 30 novembre 2024 et sera également valable pour les ressortissants de cinq autres pays (Allemagne, Italie, Pays-Bas, Espagne, Malaisie).

Les deux ministres ont aussi lancé le Centre franco-chinois de neutralité carbone, qui vise à faciliter les coopérations scientifiques et technologiques entre les deux pays et financer des programmes de recherche conjoints.

"Une semaine avant la COP28, il ne pouvait y avoir meilleure manière d'affirmer l'ambition de nos deux pays pour le climat", a souligné Mme Colonna.

Parmi les autres accords noués: la reconduction pour cinq ans du partenariat entre le Centre Pompidou et le musée West Bund à Shanghai. Il consiste essentiellement en des prêts d'oeuvres et l'organisation d'expositions à partir des collections du musée parisien.

Les deux pays ont aussi signé un accord sur la coopération éducative, qui vise notamment à renforcer l'enseignement du français en Chine.

Depuis la reconnaissance de la République populaire de Chine par la France du général de Gaulle en 1964, Pékin perçoit Paris comme un interlocuteur ayant une approche plus indépendante des Etats-Unis que les autres pays occidentaux.


Guerre au Soudan: Washington sanctionne un réseau colombien

Les membres des Forces de soutien rapide célèbrent la prise d'El-Fasher en octobre. Les États-Unis ont sanctionné des individus et des entreprises pour leur implication présumée dans un réseau recrutant d'anciens militaires colombiens afin d'aider le groupe paramilitaire soudanais. (AFP/Fichier)
Les membres des Forces de soutien rapide célèbrent la prise d'El-Fasher en octobre. Les États-Unis ont sanctionné des individus et des entreprises pour leur implication présumée dans un réseau recrutant d'anciens militaires colombiens afin d'aider le groupe paramilitaire soudanais. (AFP/Fichier)
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  • Les États-Unis sanctionnent un réseau majoritairement colombien accusé de recruter d’anciens militaires — y compris des enfants soldats — pour soutenir les Forces de soutien rapide (FSR) au Soudan
  • Washington intensifie ses efforts diplomatiques avec l’Égypte, l’Arabie saoudite et d’autres partenaires pour obtenir une trêve

WASHINGTON: Les Etats-Unis ont annoncé mardi des sanctions à l'encontre d'un réseau principalement colombien, qui recrute des combattants en soutien aux forces paramilitaires au Soudan, tout en poursuivant leurs efforts diplomatiques en vue d'une trêve dans ce pays ravagé par la guerre.

Le chef de la diplomatie américaine Marco Rubio s'est entretenu ce même jour avec ses homologues égyptien Badr Abdelatty et saoudien Fayçal ben Farhane, sur "la nécessité urgente de faire progresser les efforts de paix au Soudan", a indiqué le département d'Etat dans des communiqués.

La guerre au Soudan, qui a éclaté en avril 2023 et oppose les forces paramilitaires à l'armée soudanaise du général Abdel Fattah al-Burhane, a fait des milliers de morts et déplacé des millions de personnes, plongeant le pays dans la "pire crise humanitaire" au monde selon l'ONU.

Washington a récemment durci le ton vis-à-vis des Forces de soutien rapide (FSR), et appelé à l'arrêt des livraisons d'armes et le soutien dont bénéficient les FSR, accusés de génocide au Soudan.

Les efforts diplomatiques en faveur d'une trêve se sont récemment intensifiés, notamment de la part du président Donald Trump qui s'est dit "horrifié" par les violences dans le pays, sans résultat pour le moment.

Concernant le réseau sanctionné, il "recrute d'anciens militaires colombiens et forme des soldats, y compris des enfants, pour combattre au sein du groupe paramilitaire soudanais", selon un communiqué du département du Trésor.

"Les FSR ont montré à maintes reprises qu'elles étaient prêtes à s'en prendre à des civils, y compris des nourrissons et des jeunes enfants", a déclaré John Hurley, sous-secrétaire au Trésor chargé du terrorisme et du renseignement financier, cité dans le communiqué.

Les sanctions américaines visent quatre personnes et quatre entités, dont Alvaro Andres Quijano Becerra, un ressortissant italo-colombien et ancien militaire colombien basé dans les Emirats, qui est accusé de "jouer un rôle central dans le recrutement et le déploiement d'anciens militaires colombiens au Soudan".

Ces sanctions consistent essentiellement en une interdiction d'entrée aux Etats-Unis, le gel des éventuels avoirs et interdit de leur apporter un soutien financier ou matériel.

Selon Washington, depuis septembre 2024, des centaines d'anciens militaires colombiens ont combattu au Soudan aux côtés des FSR.

Ils ont participé à de nombreuses batailles, dont la récente prise d'El-Facher, la dernière grande ville du Darfour (ouest) tombée dans les mains des FSR fin octobre.


Nationalisation du rail: Londres dévoile ses trains aux couleurs de l'Union Jack

Une photographie aérienne montre la gare ferroviaire Temple Mills International, dans l'est de Londres, le 27 octobre 2025. (AFP)
Une photographie aérienne montre la gare ferroviaire Temple Mills International, dans l'est de Londres, le 27 octobre 2025. (AFP)
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  • Le gouvernement travailliste britannique dévoile le nouveau design des trains, aux couleurs de l’Union Jack
  • Après des décennies de privatisation marquées par retards, annulations et scandales, sept opérateurs sont déjà sous contrôle public et Great British Railways deviendra l’entité centrale du système ferroviaire

LONDRES: Le gouvernement travailliste du Royaume-Uni a présenté mardi le nouveau design des trains britanniques, aux couleurs de l'Union Jack, amorçant leur uniformisation dans le cadre de la nationalisation du secteur.

Le logo de la nouvelle entité qui chapeautera les trains britanniques, Great British Railways (GBR), ainsi que les nouvelles couleurs, commenceront à être "déployés au printemps prochain sur les trains" et les sites internet, souligne le ministère des Transports dans un communiqué.

Le projet de loi pour nationaliser le rail, actuellement en débat à la Chambre des Communes, avait été annoncé dès le retour des travaillistes au pouvoir en juillet 2024, après 14 ans de gouvernement conservateur.

"Sept grands opérateurs ferroviaires sont déjà sous contrôle public, couvrant un tiers de l'ensemble des voyages de passagers en Grande-Bretagne", est-il souligné dans le communiqué.

La compagnie ferroviaire South Western Railway, qui opère dans le sud-ouest de l'Angleterre, est devenue en mai dernier la première à repasser dans le giron public. Tous les opérateurs doivent être placés sous contrôle étatique d'ici la fin 2027.

La privatisation du secteur a eu lieu au milieu des années 1990 sous le Premier ministre conservateur John Major, dans la continuité de la politique libérale de Margaret Thatcher dans les années 1980.

Malgré la promesse d’un meilleur service, d’investissements accrus et de moindres dépenses pour l'Etat, le projet était alors très impopulaire, dénoncé par les syndicats, l'opposition, certains conservateurs et une large partie de la population.

Le nombre de passagers s'est accru dans un premier temps, tout comme les investissements.

Mais un déraillement causé par des micro-fissures dans les rails, qui a fait quatre morts en 2000, a profondément choqué l'opinion publique.

Les annulations et les retards sont aussi devenus monnaie courante et les passagers se sont plaints des prix.

Le réseau ferré est déjà redevenu public, géré par la société Network Rail.


L'ONU fustige l'«apathie» du monde en lançant son appel humanitaire 2026

L'ONU a fustigé lundi l'"apathie" du monde face aux souffrances de millions de personnes à travers la planète, en lançant un appel humanitaire 2026 largement restreint pour répondre à des financements en chute libre. (AFP)
L'ONU a fustigé lundi l'"apathie" du monde face aux souffrances de millions de personnes à travers la planète, en lançant un appel humanitaire 2026 largement restreint pour répondre à des financements en chute libre. (AFP)
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  • Alors que quelque 240 millions de personnes, victimes de guerres, d'épidémies, de séismes ou de l'impact du changement climatique, ont besoin d'aide urgente, l'ONU réclame 33 millions de dollars pour soutenir 135 millions d'entre elles en 2026
  • Mais dans un contexte de coupe drastique de l'aide extérieure américaine décidée par Donald Trump, l'ONU a réduit d'emblée ses propres ambitions, en présentant en même temps un plan resserré demandant 23 milliards de dollars

NATIONS-UNIES: L'ONU a fustigé lundi l'"apathie" du monde face aux souffrances de millions de personnes à travers la planète, en lançant un appel humanitaire 2026 largement restreint pour répondre à des financements en chute libre.

"C'est une époque de brutalité, d'impunité et d'indifférence", s'est emporté lors d'une conférence de presse à New York le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher, dénonçant la "férocité et l'intensité des tueries", le "mépris total du droit international "et les "niveaux terrifiants de violences sexuelles".

"Une époque où notre sens de la survie a été engourdi par les distractions et corrodé par l'apathie, où nous mettons plus d'énergie et d'argent pour trouver de nouveaux moyens de nous entretuer, tout en démantelant les moyens durement gagnés de nous protéger de nos pires instincts, où les politiciens se vantent de couper les aides", a-t-il accusé, en présentant le plan humanitaire 2026.

Alors que quelque 240 millions de personnes, victimes de guerres, d'épidémies, de séismes ou de l'impact du changement climatique, ont besoin d'aide urgente, l'ONU réclame 33 millions de dollars pour soutenir 135 millions d'entre elles en 2026 à Gaza, au Soudan, en Haïti, en Birmanie, en RDC ou en Ukraine.

Mais dans un contexte de coupe drastique de l'aide extérieure américaine décidée par Donald Trump, l'ONU a réduit d'emblée ses propres ambitions, en présentant en même temps un plan resserré demandant 23 milliards de dollars pour sauver au moins 87 millions des personnes les plus en danger.

Ce plan "hyperpriorisé", qui passe également par des réformes pour améliorer l'efficacité du système humanitaire, est "basé sur des choix insoutenables de vie ou de mort", a commenté Tom Fletcher, espérant qu'avoir pris ces "décisions difficiles qu'ils nous ont encouragés à prendre" convaincra les Américains de revenir.

"Le plus bas en une décennie" 

En 2025, l'appel humanitaire de plus de 45 milliards de dollars n'a été financé qu'à hauteur d'un peu plus de 12 milliards, "le plus bas en une décennie". Permettant d'aider seulement 98 millions de personnes, soit 25 millions de moins que l'année précédente.

Selon les chiffres de l'ONU, les Etats-Unis sont restés en 2025 le premier pays donateur des plans humanitaires dans le monde, mais avec une chute majeure: 2,7 milliards de dollars, contre 11 milliards en 2024.

En haut des crises prioritaires en 2026, Gaza et la Cisjordanie pour lesquels l'ONU réclame 4,1 milliards de dollars pour aider 3 millions de personnes, ainsi que le Soudan (2,9 milliards pour 20 millions de personnes) où le nombre de déplacés par le conflit sanglant entre généraux rivaux ne cesse d'augmenter.

Parmi ces déplacés, cette jeune mère que Tom Fletcher a récemment rencontrée au Darfour, à Tawila, où affluent les survivants des combats dans la grande ville voisine d'El-Facher.

Elle a vu son mari et son enfant tués sous ses yeux, avant de s'enfuir, avec le bébé affamé de ses voisins morts eux-aussi, puis d'être attaquée et violée "sur la route la plus dangereuse du monde" qui la conduira enfin à Tawila, a-t-il raconté.

"Est-ce que quiconque, quel que soit d'où vous venez, ce que vous pensez, pour qui vous votez, pense qu'on ne devrait pas l'aider!".

L'ONU va désormais frapper à la porte des gouvernements de la planète, pendant les 87 prochains jours, un jour pour chaque million de vie à sauver.

Et s'il y a toujours un trou, Tom Fletcher prévoit une campagne plus large vers la société civile, les entreprises et les gens normaux qu'il estime abreuvés par de fausses informations surestimant la part de leurs impôts destinés à l'aide à l'étranger.

"Nous ne demandons qu'à peine un peu plus de 1% de ce que le monde dépense en armes et en programmes de défense. Je ne demande pas aux gens de choisir entre un hôpital à Brooklyn ou un hôpital à Kandahar. Je demande au monde de dépenser moins en défense et plus en humanitaire".