Le pouvoir dynastique fait partie des failles de la démocratie américaine exposées par la présidence de Donald Trump. Quand les liens familiaux deviennent comme autant de références pour se faire engager, et que les autres doivent se disputer les restes, on pourrait avancer que la république ne vit pas ses meilleurs jours. La bonne nouvelle? Le pouvoir dynastique, un mal chronique aux États-Unis depuis John Quincy Adams, semble s’éclipser progressivement. La mauvaise nouvelle, comme Trump l'a clairement exposé, c'est qu’il reste encore une force assez puissante.
Je vais entamer par les élections présidentielles. Si nous considérons à la fois les tickets présidentiels démocrates et républicains, vice-présidents inclus, 2020 est la première élection sans «candidat héritier» depuis 2008. On peut qualifier d’«héritier» personne ayant un parent proche qui l’a précédé dans la politique élective, ou qui était un haut fonctionnaire dans le parti. (2008 est un cas atypique, puisque le père et le grand-père de John McCain étaient tous deux des amiraux assez connus.) Quoi qu'il en soit, avant cette course, la dernière élection sans héritage était en 1948, et avant cela Franklin Roosevelt s’est présenté cinq fois parmi des sept élections précédentes.
Tous ces candidats héritiers ne sont pas issus de grandes dynasties comme les Kennedy ou les Bush; Le père de Jimmy Carter par exemple, été brièvement député en Géorgie, et Hubert Humphrey était le simple maire d'une petite ville. Pourtant il est tout de même rare d'avoir une élection hors ce type de candidats. L’administration du président élu Joe Biden sera la troisième consécutive à ne pas en avoir, une première depuis plus d’un siècle, pour autant que je sache.
Mais les dynasties politiques sont loin de s’éteindre. Un certain Cuomo se retrouve, comme son père, gouverneur de New York; Une Cheney est à la tête du Senat, tout comme son père. La présidente de la Chambre des représentants des États-Unis est la fille d'un maire de Baltimore, incidemment. Pourtant, il n'y aura pas de Kennedy au prochain Congrès. La famille Rockefeller semble avoir pour la plupart disparu. Le dernier Udall a définitivement quitté le Congrès. Des recherches universitaires suggèrent que les dynasties ont lentement disparu des hautes fonctions. Mais l’exercice de catégorisation devrait être considéré avec prudence: le père de la sénatrice de Washington Maria Cantwell était député, et il a occupé d’autres postes politiques dans l’Indiana. Est-ce qu’elle compte comme une politicienne dynastique? Cela dépend en effet de la perspective.
Quoi qu'il en soit, la dernière fois que j'ai écrit pour sur ce sujet date de 10 ans environ, alors j'ai décidé de comparer le 117e Sénat entrant avec le 112e Sénat, qui a débuté en 2011. En utilisant une catégorisation assez vaste, j'ai compté 22 anciens sénateurs de l'époque, pour 14 ou 15 au nouveau Sénat, dépendamment des résultats des élections partielles auxquelles se présente le sénateur de la Géorgie David Perdue. Du groupe actuel, je dirais qu'environ huit (ou neuf) seulement appartiennent à la catégorie de politiciens que nous considérons généralement comme dynastiques. Parmi ceux-là, on compte des sénateurs tels que Bob Casey Junior, Rand Paul, Mitt Romney et Shelley Moore Capito, dont les parents étaient à un moment soit gouverneurs, soit candidats aux présidentielles.
Il existe peut-être beaucoup de cas similaires. Et avec la fille, le fils et la belle-fille de Trump qui envisagent tous de se présenter aux élections, il est clair que le pouvoir dynastique garde son attrait. Mon sentiment cependant est que nous verrons moins de candidats hérités au fil du temps. Ce qui ne serait pas une mauvaise chose.
(Bloomberg)
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