«Bienvenue!»: Les Palestiniens accueillent dans la joie les prisonniers libérés

La prisonnière palestinienne récemment libérée Lamees Abu Arqub embrasse son père après la libération des prisonniers des prisons israéliennes (Photo, AFP).
La prisonnière palestinienne récemment libérée Lamees Abu Arqub embrasse son père après la libération des prisonniers des prisons israéliennes (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 29 novembre 2023

«Bienvenue!»: Les Palestiniens accueillent dans la joie les prisonniers libérés

  • Les parents de la jeune femme de 23 ans aux longs cheveux bruns ne la quittent pas des yeux
  • Mardi soir à Ramallah, comme tous les soirs depuis vendredi, dès l'arrivée du bus blanc des prisonniers, c'est l'explosion de joie

RAMALLAH: « Vous m'avez tellement manqué": Roba Assi, un immense sourire aux lèvres, tombe dans les bras de ses amies. Après six mois dans une prison israélienne, elle a été libérée en échange d'otages israéliens détenus à Gaza.

"Bienvenue, bienvenue!", scande la foule qui porte sur ses épaules cette figure du mouvement étudiant en Cisjordanie, territoire palestinien occupé depuis 56 ans par Israël.

Les parents de la jeune femme de 23 ans aux longs cheveux bruns ne la quittent pas des yeux, encore presque incrédules de la revoir en liberté.

Mardi soir à Ramallah, comme tous les soirs depuis vendredi, dès l'arrivée du bus blanc des prisonniers, c'est l'explosion de joie.

"Je suis vraiment content, j'ai l'impression d'être dans un film, c'est fou, les prisonniers palestiniens sont arrivés en Palestine", dit à l'AFP Mohammed, jeune homme originaire d'Hébron, dans le sud de la Cisjordanie, qui ne souhaite pas donner son nom de famille.

«Peuple» du Hamas 

Comme des dizaines d'autres Palestiniens, il est venu suivre le bus qui ramène à Ramallah une poignée de prisonniers libérés par Israël, dans le cadre d'un accord de trêve en vigueur depuis le 24 novembre, contre des otages enlevés lors de l'attaque menée le 7 octobre par le mouvement islamiste Hamas.

Selon Israël, 1.200 personnes, surtout des civils, ont été tuées lors de cette attaque au cours de laquelle environ 240 personnes ont été enlevées et emmenées à Gaza.

En représailles, Israël a bombardé sans relâche le territoire jusqu'au début de la trêve, prévue jusqu'à jeudi matin mais qui pourrait être prolongée. Près de 15.000 personnes, dont 6.150 moins de 18 ans, ont été tuées dans la bande de Gaza, selon le gouvernement du Hamas.

Depuis vendredi, chaque jour, le Hamas et d'autres groupes armés à Gaza relâchent une dizaine de femmes et d'enfants et Israël libère trois fois plus de détenus palestiniens, des femmes et des jeunes de moins de 19 ans.

L'accord de trêve a déjà permis la libération de 60 otages israéliens et de 180 Palestiniens.

Mohammed filme avec son téléphone quelques jeunes femmes tout juste libérées qui saluent la foule en souriant depuis le bus, faisant un V de la victoire, chantant et dansant.

Quelques personnes arborent les couleurs de groupes politiques palestiniens: si le mouvement islamiste Hamas est le plus visible, des militants du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP, gauche) et du Fatah, du président Mahmoud Abbas, qui dirige des pans de la Cisjordanie, sont également présents.

"Nous sommes le peuple de Mohammed Deif", l'insaisissable chef de la branche armée du Hamas, cauchemar des Israéliens, ou "bienvenue à nos prisonniers", scande la foule en tapant des mains.

Pour tous, c'est une "victoire" d'avoir forcé Israël à libérer jusqu'ici 180 prisonniers. Mais, note le Club des prisonniers, une ONG palestinienne, Israël a arrêté quasiment 3.300 Palestiniens depuis le 7 octobre. Ils sont aujourd'hui plus de 7.000 dans les prisons israéliennes.

A Ramallah, les libérés du jour pensent surtout à retrouver leurs proches. Certains pleurent dans les bras de leurs parents.

Un Palestinien tué 

Mais la foule est moins importante que les jours précédents.

Dans la nuit de lundi à mardi, un Palestinien a été tué au passage du bus des prisonniers à Beitunia, une zone industrielle entre la prison israélienne d'Ofer et Ramallah.

Comme tous les soirs, des dizaines de jeunes étaient massés pour accueillir les prisonniers, montant des barricades et brûlant ordures ou pneus face aux soldats israéliens.

Ces derniers, voulant "empêcher toute émeute", selon l'armée israélienne, ont "ouvert le feu". L'armée accuse aussi les jeunes Palestiniens d'avoir "lancé des bombes artisanales et des cocktails Molotov".

Mardi soir, il y avait de nouveau feux et barricades à Beitunia.

Quelques jeunes, dont deux le front ceint de bandeaux de la branche armée du Hamas, les brigades Ezzedine al-Qassam, ont jeté des pierres en direction de soldats israéliens entrés dans la petite ville.

Installées sur une colline surplombant la prison d'Ofer, des dizaines de personnes attendaient, certains se réchauffant près de feux improvisés.

D'autres tournaient en voiture ou à moto, observant tour à tour Israéliens et Palestiniens.

Au-dessus de leurs têtes, un drone israélien vole, les suivant dans un curieux jeu du chat et de la souris.


L'Arabie saoudite condamne les actions d'Israël à Gaza devant la CIJ

 Le représentant du Royaume, Mohamed Saud Alnasser, s'exprime devant la Cour. (Capture d'écran)
Le représentant du Royaume, Mohamed Saud Alnasser, s'exprime devant la Cour. (Capture d'écran)
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  • Tel-Aviv "continue d'ignorer" les décisions de la Cour internationale de justice, déclare le représentant du Royaume
  • M. Alnasser a ajouté qu'"Israël a transformé Gaza en un tas de décombres", soulignant la dévastation généralisée et les souffrances infligées aux civils.

DUBAI : L'Arabie saoudite a condamné mardi devant la Cour internationale de justice la campagne militaire israélienne en cours à Gaza, l'accusant de défier les décisions internationales et de commettre de graves violations des droits de l'homme.

S'exprimant devant la Cour, le représentant du Royaume, Mohamed Saud Alnasser, a déclaré qu'Israël "continue d'ignorer les ordres de la Cour" et a insisté sur le fait que "rien ne justifie les violations commises par Israël à Gaza".

M. Alnasser a ajouté qu'"Israël a transformé Gaza en un tas de décombres", soulignant la dévastation généralisée et les souffrances infligées aux civils.

Ses remarques ont été formulées au deuxième jour des audiences de la CIJ sur les obligations humanitaires d'Israël à l'égard des Palestiniens, qui se déroulent dans le cadre d'un blocus israélien total de l'aide à la bande de Gaza, qui dure depuis plus de 50 jours.

Ces audiences s'inscrivent dans le cadre d'efforts plus larges visant à déterminer si Israël a respecté les responsabilités juridiques internationales dans sa conduite lors de la guerre contre Gaza.

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com


Syrie: neuf morts dans des affrontements entre forces de sécurité et combattants druzes près de Damas

Mardi matin, quelques commerces ont ouvert leurs portes mais les rues de Jaramana, au sud-est de Damas, à majorité druze mais compte également des familles chrétiennes, étaient quasiment désertes, ont rapporté des habitants. (AFP)
Mardi matin, quelques commerces ont ouvert leurs portes mais les rues de Jaramana, au sud-est de Damas, à majorité druze mais compte également des familles chrétiennes, étaient quasiment désertes, ont rapporté des habitants. (AFP)
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  • Dans un communiqué, les autorités religieuses druzes locales ont "vivement dénoncé l'attaque armée injustifiée contre Jaramana (...) qui a visé les civils innocents", faisant assumer aux autorités syriennes "l'entière responsabilité "
  • "La protection de la vie, de la dignité et des biens des citoyens est l'une des responsabilités les plus fondamentales de l'Etat et des organismes de sécurité", a ajouté le communiqué

DAMAS: Neuf personnes ont été tuées dans des affrontements entre les forces de sécurité syriennes et des combattants de la minorité druze à Jaramana, dans la banlieue de Damas, sur fond de tension confessionnelle, selon un nouveau bilan mardi d'une ONG.

Ces violences interviennent un mois après des massacres qui ont visé la minorité alaouite, faisant des centaines de morts, dans le pays où la coalition islamiste qui a pris le pouvoir en décembre est scrutée par la communauté internationale.

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), "les forces de sécurité ont lancé un assaut" contre la banlieue à majorité druze de Jaramana, après la publication sur les réseaux sociaux d'un message vocal attribué à un druze et jugé blasphématoire envers l'islam.

L'OSDH, basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un solide réseau de sources en Syrie, a précisé que six combattants locaux de Jaramana et trois "assaillants" avaient été tués.

Plusieurs habitants de Jaramana joints au téléphone par l'AFP ont indiqué avoir entendu des échanges de tirs dans la nuit.

"Nous ne savons pas ce qui se passe, nous avons peur que Jaramana devienne un théâtre de guerre", a affirmé Riham Waqaf, une employée d'une ONG terrée à la maison avec son mari et ses enfants.

"On devait emmener ma mère à l'hôpital pour un traitement, mais nous n'avons pas pu" sortir, a ajouté cette femme de 33 ans.

Des combattants locaux se sont déployés dans les rues et aux entrées de la localité, demandant aux habitants de rester chez eux, a dit à l'AFP l'un de ces hommes armés, Jamal, qui n'a pas donné son nom de famille.

"Jaramana n'a rien connu de tel depuis des années". La ville est d'habitude bondée, mais elle est morte aujourd'hui, tout le monde est à la maison", a-t-il ajouté.

Mardi matin, quelques commerces ont ouvert leurs portes mais les rues de Jaramana, au sud-est de Damas, à majorité druze mais compte également des familles chrétiennes, étaient quasiment désertes, ont rapporté des habitants.

 "Respecter l'ordre public" 

Dans un communiqué, les autorités religieuses druzes locales ont "vivement dénoncé l'attaque armée injustifiée contre Jaramana (...) qui a visé les civils innocents", faisant assumer aux autorités syriennes "l'entière responsabilité de ce qui s'est produit et de toute aggravation de la situation".

"La protection de la vie, de la dignité et des biens des citoyens est l'une des responsabilités les plus fondamentales de l'Etat et des organismes de sécurité", a ajouté le communiqué.

Il a dénoncé dans le même temps "toute atteinte au prophète Mahomet" et assuré que le message vocal était fabriqué "pour provoquer la sédition".

Le ministère de l'Intérieur a souligné mardi "l'importance de respecter l'ordre public et de ne pas se laisser entraîner dans des actions qui perturberaient l'ordre public".

Il a ajouté qu'il enquêtait sur le message "blasphématoire à l'égard du prophète" Mahomet pour identifier l'auteur et le traduire en justice.

Les druzes, une minorité ésotérique issue de l'islam, sont répartis notamment entre le Liban, la Syrie et Israël.

Dès la chute du pouvoir de Bachar al-Assad le 8 décembre en Syrie, après plus de 13 ans de guerre civile, Israël multiplié les gestes d'ouverture envers cette communauté.

Début mars, à la suite d'escarmouches à Jaramana, Israël avait menacé d'une intervention militaire si les nouvelles autorités syriennes s'en prenaient aux druzes.

Ces propos ont été immédiatement rejetés par les dignitaires druzes, qui ont réaffirmé leur attachement à l'unité de la Syrie. Leurs représentants sont en négociation avec le pouvoir central à Damas pour parvenir à un accord qui permettrait l'intégration de leurs groupes armés dans la future armée nationale.

Depuis que la coalition islamiste dirigée par Ahmad al-Chareh, qui a été proclamé président intérimaire, a pris le pouvoir, la communauté internationale multiplie les appels à protéger les minorités.

Début mars, les régions du littoral dans l'ouest de la Syrie ont été le théâtre de massacres qui ont fait plus de 1.700 tués civils, en grande majorité des alaouites, selon l'OSDH.


Gaza 2025: 15 journalistes tués, selon le Syndicat des journalistes palestiniens

 Les violences contre les journalistes interviennent dans le cadre d'une nouvelle campagne militaire israélienne à Gaza, à la suite de l'échec d'un accord de cessez-le-feu avec le Hamas. (AFP)
Les violences contre les journalistes interviennent dans le cadre d'une nouvelle campagne militaire israélienne à Gaza, à la suite de l'échec d'un accord de cessez-le-feu avec le Hamas. (AFP)
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  • Le dernier rapport du syndicat fait état d'une augmentation des arrestations, des menaces et du harcèlement des journalistes par les Israéliens
  • Le syndicat a également enregistré 49 menaces de mort proférées à l'encontre de journalistes

LONDRES: Au moins 15 professionnels des médias ont été tués à Gaza depuis le début de l'année 2025, selon un nouveau rapport publié par le Syndicat des journalistes palestiniens.

Le rapport, publié ce week-end par le comité des libertés du syndicat chargé de surveiller les violations commises par Israël à l’encontre des journalistes, souligne la persistance du ciblage direct des professionnels des médias.

Sept journalistes ont été tués en janvier et huit en mars, selon le rapport.

Par ailleurs, les familles de 17 journalistes ont été endeuillées, tandis que les habitations de 12 autres ont été détruites par des tirs de roquettes et d’obus. De plus, 11 personnes ont été blessées au cours de ces attaques.

Le rapport note que la violence à l'encontre des équipes de journalistes ne se limite pas aux attaques mortelles. Il fait état de l'arrestation de 15 journalistes, à leur domicile ou alors qu'ils étaient en mission. Certains ont été libérés quelques heures ou quelques jours plus tard, tandis que d'autres sont toujours en détention.

Le syndicat a également enregistré 49 menaces de mort proférées à l'encontre de journalistes, dont beaucoup ont été avertis d'évacuer les zones qu'ils couvraient.

Le rapport relève également une intensification du harcèlement judiciaire, avec plus d’une dizaine de cas où des journalistes – en majorité issus du quotidien Al-Quds, basé en Cisjordanie – ont été convoqués pour interrogatoire et se sont vu interdire de couvrir des événements aux abords de la mosquée Al-Aqsa et dans la vieille ville de Jérusalem.

En Cisjordanie occupée, environ 117 journalistes ont été victimes d'agressions physiques, de répression ou d'interdictions de reportage, en particulier à Jénine et à Jérusalem. La commission a également recensé 16 cas de confiscation ou de destruction de matériel de travail.

Les violences à l'encontre des journalistes surviennent dans le cadre d'une nouvelle campagne militaire israélienne à Gaza, à la suite de l'échec d'un accord de cessez-le-feu avec le Hamas. Les forces israéliennes ont intensifié leur offensive, coupant les approvisionnements vitaux des 2,3 millions d'habitants de Gaza, laissant l'enclave au bord de la famine.

Les actions d'Israël font désormais l'objet d'audiences à la Cour internationale de justice de La Haye, où Tel-Aviv est accusé de violer le droit international en restreignant l'aide humanitaire à Gaza.

Le bilan humanitaire est catastrophique.

Selon le ministère de la santé de Gaza, plus de 61 700 personnes ont été tuées à Gaza depuis qu'Israël a lancé son offensive le 7 octobre 2023. Plus de 14 000 autres sont portées disparues et présumées mortes, les civils constituant la grande majorité des victimes.

Le Comité pour la protection des journalistes, organisme de surveillance de la liberté de la presse basé à Washington, a également lancé un signal d’alarme face au nombre élevé de journalistes tués, indiquant qu’au moins 176 d’entre eux – en grande majorité des Palestiniens – ont perdu la vie depuis le début de l’offensive israélienne sur les territoires occupés.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com