L'OSCE, victime collatérale de l'opposition entre Moscou et les Occidentaux

Le logo de l'OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe) est photographié avant une réunion du Conseil permanent de l'OSCE sur la situation en Ukraine au siège du palais de la Hofburg à Vienne, en Autriche, le 21 février 2022 (Photo d'ALEX HALADA / AFP).
Le logo de l'OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe) est photographié avant une réunion du Conseil permanent de l'OSCE sur la situation en Ukraine au siège du palais de la Hofburg à Vienne, en Autriche, le 21 février 2022 (Photo d'ALEX HALADA / AFP).
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Publié le Jeudi 30 novembre 2023

L'OSCE, victime collatérale de l'opposition entre Moscou et les Occidentaux

  • Signe des tensions, Kiev et les pays baltes ont décidé de boycotter la conférence en raison de la présence du chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov
  • L'Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE) basée à Vienne n'a ni secrétariat général, ni budget pour l'année prochaine.

VIENNE: Bientôt le glas pour l'OSCE? Ce forum de dialogue entre Est et Ouest, dont les ministres se réunissent à partir de jeudi à Skopje, traverse la plus grave crise existentielle depuis sa création en 1975, paralysé par l'invasion russe de l'Ukraine.

Signe des tensions, Varsovie, Kiev et les pays baltes ont décidé de boycotter la conférence en raison de la présence du chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov.

D'un côté, des Occidentaux qui soupçonnent --avant même la guerre-- Moscou de vouloir tuer à petit feu en bloquant toutes les décisions de cet organisme promoteur de la démocratie.

De l'autre, une Russie qui accuse l'Otan de "s'accaparer" cet outil unique afin d'avancer ses pions.

Résultat: l'Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE) basée à Vienne n'a ni secrétariat général, ni budget pour l'année prochaine.

«Mort lente»

Pour sauver les meubles, Malte a accepté lundi de remplacer au pied levé l'Estonie à la présidence tournante en 2024, Moscou ne voulant pas entendre parler d'un membre de l'Otan à ce poste stratégique.

La décision devrait être entérinée lors du 30e Conseil ministériel de l'organisation internationale qui se déroule jeudi et vendredi en Macédoine du Nord.

L'heure était grave, car sans présidence, 2024 aurait été l'année d'un "effondrement de l'OSCE", avait prévenu le ministre finnois des Affaires étrangères Pekka Haavisto, interrogé par la télévision de son pays.

Ce choix offre un sursis, mais il ne règle en rien les problèmes de fond.

Kiev réclame en vain l'exclusion de la Russie, comme cela a été fait au Conseil de l'Europe: sa présence menace l'OSCE de "mort lente", selon son chef de la diplomatie Dmytro Kouleba qui ne viendra donc pas à Skopje.

L'Autriche, pays hôte du siège de l'organisation, se montre très inquiète. "Maintenir" l'OSCE "d'une manière ou d'une autre" serait "la plus grande difficulté" du moment, selon le président Alexander Van der Bellen qui s'exprimait début novembre devant la presse étrangère à Vienne.

Les droits humains sont de moins en moins à l'agenda, la mission d'observation en Ukraine a plié bagages en catastrophe dans les jours qui ont suivi le début de l'offensive en 2022. Et la Turquie a remplacé l'organisation dans sa position de médiatrice.

Le groupe de Minsk placé sous l'égide de l'OSCE, qui avait contribué à la signature d'accords de paix dans l'Est de l'Ukraine en 2015, est désormais complètement absent.

«Succursale de l'Otan»

Pourtant, l'ambassadeur américain Michael Carpenter défend ce forum installé dans le palais impérial des Habsbourg, qui permet de confronter la Russie à son "isolement diplomatique complet". Pour lui, "c'est précisément la raison pour laquelle elle tente de miner son efficacité".

"Nous ne lui permettrons pas de le tuer", martèle-t-il devant les journalistes.

Washington met en avant les rapports de l'OSCE sur les crimes de guerre et contre l'humanité dont sont accusées les forces armées russes en Ukraine. Douze missions sont opérationnelles en Asie centrale, dans les Balkans et en Moldavie. Et ses observateurs se déploient toujours lors des élections.

En attendant, les Occidentaux contournent l'obstruction russe par des projets extra-budgétaires qu'ils financent seuls, ce que dénonce Moscou pour qui l'esprit de l'Organisation, basé sur le consensus entre 57 Etats membres placés sur un pied d'égalité, n'est plus respecté.

Créée pour améliorer le dialogue entre les Occidentaux et l'URSS, l'OSCE couvre tant bien que mal l'Europe, la Turquie, les anciennes républiques de l'espace soviétique, la Mongolie, les Etats-Unis et le Canada.

"On présente la Russie comme un fossoyeur", s'indigne son représentant Alexander Loukachevitch dans un discours publié sur internet, mais "l'OSCE ne peut pas être une succursale" pro-ukrainienne "de l'Otan et de l'UE".

Même si elle traverse "la menace existentielle la plus sérieuse depuis sa création", elle reste selon lui "l'un des éléments centraux de la prévention" d'une "escalade militaire à grande échelle en Europe".

Au sein de l'OSCE, on reste d'ordinaire discret pour ne pas être accusé de parti pris en ces temps difficiles. Mais un porte-parole tient à rappeler à l'AFP qu'au-delà des querelles diplomatiques, le "travail se poursuit" sur le terrain.

"Notre rôle reste inestimable" dans l'assistance des Etats membres, qu'il s'agisse par exemple "de la lutte contre la traite des êtres humains ou contre les dangers du changement climatique", dit-il.


L'Inde cherche à porter la voix du « Sud global » entre le G7 et le Brics

Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
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  • L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.
  • « Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

PARIS : Invitée du G7 qui débute dimanche, mais aussi membre fondateur des Brics, l'Inde souhaite porter la voix du « Sud global », se posant en « passerelle » entre les différents acteurs de la scène internationale, affirme son ministre des Affaires étrangères dans un entretien à l'AFP.

L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.

« Nous avons été un pays invité depuis plusieurs années et je pense que ça a été bénéfique pour le G7 », déclare à l'AFP Subrahmanyam Jaishankar depuis Paris, où il a clos samedi une visite en France, se félicitant d'avoir « la capacité de travailler avec différents pays sans qu'aucune relation ne soit exclusive ». 

Avec une population en passe de devenir la quatrième économie mondiale, l'Inde est l'un des pays les plus peuplés du globe. Elle siège à la table de nombreuses organisations, avec les Occidentaux au G7 ou au sein du « Quad » (Dialogue quadrilatéral pour la sécurité, avec les États-Unis, le Japon, l'Australie), mais aussi avec la Chine, la Russie et l'Iran au sein des Brics et du Groupe de Coopération de Shangaï.

« Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

Ancienne colonie britannique, indépendante depuis 1947, l'Inde se pose, avec le Brésil, en héraut du « Sud global », qui réunit « des pays qui ont été victimes de l'ordre mondial ces dernières années, ces derniers siècles ». 

« Dans les pays du Sud, il existe un fort ressentiment face aux inégalités de l'ordre international, une volonté de le changer, et nous en faisons pleinement partie », explique le ministre en poste depuis 2019.

« Aujourd'hui, pour des pays comme les nôtres, il est important de nous exprimer, de mener, de faire sentir notre présence. »

Cette voix passe aussi par les BRICS, devenue « l'une des principales plateformes de rassemblement pour les pays non occidentaux », dont les chefs d'État se réuniront en juillet.

Partisan de « négociations directes » pour résoudre la guerre entre l'Ukraine et la Russie, qui a frappé durement les pays du Sud, M. Jaishankar affiche son scepticisme face aux politiques de sanctions occidentales : « Ça n'a pas vraiment marché jusqu'à présent, non ? » 

Partenaire commercial et allié politique de la Russie, l'Inde pourrait se retrouver exposée en cas de sanctions contre Moscou.

« L'économie mondiale est sous tension. Plus on ajoute des facteurs de tensions, plus les difficultés seront grandes. »

Dans l'ordre mondial actuel, l'Inde doit composer avec la « discontinuité » posée par Donald Trump.

Des négociations en cours sur le sujet ont « bien avancé ».L'Inde doit également chercher « un équilibre » avec la Chine. 

Pékin soutient Islamabad, que New Delhi accuse de soutenir les activités de « terroristes » islamistes sur son sol.

Le 22 avril, une attaque au Cachemire indien a déclenché une confrontation militaire de quatre jours entre les deux pays, la plus grave depuis 1999. Narendra Modi a promis une « riposte ferme » à toute nouvelle attaque « terroriste », renforçant le spectre d'une escalade entre les deux puissances nucléaires.

« En 2008, la ville de Mumbai a été attaquée (plusieurs attentats jihadistes ont fait 166 morts) et nous avons commis l'erreur de ne pas réagir avec fermeté. Nous sommes déterminés à ne pas répéter ces erreurs. Si des terroristes pénètrent en Inde depuis et grâce au soutien d'un pays voisin, nous les poursuivrons et nous les châtierons ».

Mais l'Inde n'a jamais envisagé de recourir à l'arme nucléaire, assure-t-il : « Ces inquiétudes émanaient de personnes mal informées ».

 


Israël appelle les Iraniens à évacuer les zones proches de sites militaires

Des soldats et des membres d'une équipe de recherche et de sauvetage se rassemblent près de voitures endommagées dans la ville de Tamra, dans le nord d'Israël, à la suite d'une attaque à la roquette lancée par l'Iran dans la nuit du 15 juin 2025. (Photo par AHMAD GHARABLI / AFP)
Des soldats et des membres d'une équipe de recherche et de sauvetage se rassemblent près de voitures endommagées dans la ville de Tamra, dans le nord d'Israël, à la suite d'une attaque à la roquette lancée par l'Iran dans la nuit du 15 juin 2025. (Photo par AHMAD GHARABLI / AFP)
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  • L'armée a « demandé à toutes les personnes se trouvant actuellement dans des installations militaires en Iran, ou à proximité, d'évacuer immédiatement les lieux, précisant que leur vie était en danger ».
  • Le communiqué ne précise pas de coordonnées géographiques et n'est accompagné d'aucune carte permettant de localiser ces zones.

JERUSALEM : Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a déclaré dimanche dans un communiqué de son bureau avoir ordonné à l'armée israélienne d'émettre des avis d'évacuation à l'intention des habitants de Téhéran vivant à proximité de sites militaires.

Après cet ordre, l'armée israélienne a appelé les Iraniens à évacuer les zones « à proximité d'installations militaires » dans un communiqué publié sur le réseau social X en persan et en arabe.

L'armée a « demandé à toutes les personnes se trouvant actuellement dans des installations militaires en Iran, ou à proximité, d'évacuer immédiatement les lieux, précisant que leur vie était en danger ».

Le communiqué ne précise pas de coordonnées géographiques et n'est accompagné d'aucune carte permettant de localiser ces zones, contrairement aux communiqués de l'armée israélienne adressés aux Palestiniens de la bande de Gaza, où elle est en guerre contre le mouvement islamiste Hamas.

Cette décision fait partie d'un plan « visant à faire pression sur le régime » en créant des déplacements de population, a déclaré à l'AFP une source sécuritaire israélienne.


La Russie s'apprête à construire la première centrale nucléaire du Kazakhstan

Une vue aérienne montre le village d'Ulken (au premier plan) et le site proposé pour la centrale nucléaire près du village d'Ulken, situé sur les rives du lac Balkhash, à environ 400 kilomètres au nord d'Almaty, le 22 septembre 2024. (Photo de Ruslan PRYANIKOV / AFP)
Une vue aérienne montre le village d'Ulken (au premier plan) et le site proposé pour la centrale nucléaire près du village d'Ulken, situé sur les rives du lac Balkhash, à environ 400 kilomètres au nord d'Almaty, le 22 septembre 2024. (Photo de Ruslan PRYANIKOV / AFP)
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  • « Rosatom a été désigné chef de file du consortium international pour la construction de la première centrale nucléaire au Kazakhstan », a indiqué l'agence kazakhe pour l'énergie atomique.
  • Le Kazakhstan, immense ex-république soviétique et allié de Moscou, est le premier producteur mondial d'uranium (43 %) et le troisième fournisseur d'uranium naturel de l'Union européenne.

ALMATY, KAZAKHSTAN : Le géant russe du nucléaire Rosatom sera le principal constructeur de la première centrale nucléaire du Kazakhstan, ont annoncé samedi les autorités de ce pays d'Asie centrale, premier producteur mondial d'uranium, un chantier que convoitaient la France, la Chine et la Corée du Sud.

« Rosatom a été désigné chef de file du consortium international pour la construction de la première centrale nucléaire au Kazakhstan », a indiqué l'agence kazakhe pour l'énergie atomique.

Le Kazakhstan, immense ex-république soviétique et allié de Moscou, est le premier producteur mondial d'uranium (43 %) et le troisième fournisseur d'uranium naturel de l'Union européenne, mais souffre d'un manque cruel d'électricité pour sa consommation intérieure.

L'agence kazakhe dit désormais « étudier la question de l'obtention de financements publics à l'exportation aux dépens de la Fédération de Russie, conformément aux propositions de Rosatom ». 

Rosatom a salué la décision kazakhe dans un communiqué et promis « la construction d'une centrale nucléaire selon le projet le plus avancé et le plus efficace au monde, basé sur des technologies russes ».

« Les réacteurs VVER-1200 de troisième génération combinent des solutions techniques éprouvées avec les systèmes de protection active et passive les plus récents. Ces derniers ont été développés en stricte conformité avec les normes internationales de sécurité », a ajouté la société.

Rosatom (Russie), China National Nuclear Corporation (Chine), EDF (France) et Korea Hydro & Nuclear Power (Corée du Sud) faisaient partie des quatre entreprises pressenties.

L'agence ajoute qu'elle « continuera à travailler avec des partenaires étrangers pour former un consortium international efficace », sans donner plus de précisions. 

Ce projet de consortium international, qui n'a jamais été spécifié, s'inscrit dans la volonté du dirigeant kazakh Kassym-Jomart Tokaïev de maintenir de bonnes relations avec les grandes puissances.

Moscou, puissance historique en Asie centrale, a ainsi remporté cet appel d'offres aux dépens de la Chine, désormais incontournable dans la région. Cette annonce intervient quelques jours avant la venue du président chinois Xi Jinping au Kazakhstan pour un sommet « Asie centrale-Chine ».

La centrale, dont la construction a été validée lors d'un référendum sans surprise à l'automne, doit être bâtie près du village abandonné d'Ulken, dans le sud du pays, sur les bords du lac Balkhach, le deuxième plus grand d'Asie centrale.

En Ouzbékistan voisin, le géant russe Rosatom va construire une petite centrale nucléaire et a proposé au Kirghizistan un projet similaire.