En Israël, Blinken exerce une pression maximale sur Netanyahou

Le secrétaire d'État américain Antony Blinken arrive à Tel Aviv le 30 novembre 2023 suite à l'annonce d'une prolongation de la trêve entre Israël et le Hamas. (AFP)
Le secrétaire d'État américain Antony Blinken arrive à Tel Aviv le 30 novembre 2023 suite à l'annonce d'une prolongation de la trêve entre Israël et le Hamas. (AFP)
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Publié le Vendredi 01 décembre 2023

En Israël, Blinken exerce une pression maximale sur Netanyahou

  • Le chef de la diplomatie américaine «a souligné qu'il était impératif de tenir compte des besoins humanitaires et de protection des civils dans le sud de la bande de Gaza avant d'y mener des opérations militaires»
  • M. Blinken a réaffirmé le soutien des Etats-Unis au «droit d'Israël à se défendre contre la violence terroriste dans le respect du droit humanitaire international»

TEL-AVIV: Le secrétaire d'Etat américain a dit espérer jeudi en Israël qu'une trêve fragile entre Israël et le Hamas palestinien puisse se poursuivre "une huitième journée et au-delà", tout en mettant en garde les Israéliens en cas de reprise des combats.

Antony Blinken a appelé Israël à créer des zones "sûres" pour les civils dans le sud et le centre de la bande de Gaza en cas de reprise des combats entre Israël et le mouvement islamiste palestinien.

"Des plans de protection humanitaire des civils doivent être mis en place afin de minimiser les morts de Palestiniens innocents", a-t-il déclaré au cours d'une conférence de presse à Tel-Aviv.

"Cela signifie prendre des mesures plus efficaces pour protéger la vie des civils, notamment en désignant clairement et précisément des zones et lieux dans le sud et le centre de Gaza où ils peuvent être en sécurité et à l'abri de la ligne de feu", a-t-il ajouté.

Lors de ses entretiens avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou à Jérusalem, il avait jugé "impératif de tenir compte des besoins humanitaires et de protection des civils dans le sud de la bande de Gaza avant d'y mener des opérations militaires", selon un compte-rendu du département d'Etat.

M. Blinken a réaffirmé lors d'une journée intense de consultations, marquée par une attaque à Jérusalem, le soutien des Etats-Unis au "droit d'Israël à se défendre contre la violence terroriste dans le respect du droit humanitaire international".

Les Etats-Unis, allié indéfectible d'Israël et qui soutient sa riposte face au Hamas, craignent qu'une reprise des combats et surtout leur extension dans le sud de la bande de Gaza ne prennent au piège les centaines de milliers de civils qui y sont déplacés, comme cela s'est passé dans le nord, un scénario que M. Blinken a dit ne pas vouloir voir "répéter".

En privé, des diplomates américains ne cachent pas que la succession de visites de M. Blinken en Israël vise en partie à maintenir la pression sur l'allié israélien, sans pour autant lui dicter la conduite de la guerre.

Israël rappelle son ambassadrice en Espagne pour consultations

Israël a annoncé jeudi rappeler "pour consultations" son ambassadrice en Espagne après des propos jugés "scandaleux" du Premier ministre Pedro Sanchez sur les opérations militaires israéliennes dans la bande de Gaza.

"En raison des remarques scandaleuses du Premier ministre espagnol, qui a réitéré des affirmations sans fondement, j'ai décidé de rappeler l'ambassadrice israélienne en Espagne", Rodica Radian-Gordon, pour "consultations" à Jérusalem, a expliqué le chef de la diplomatie Eli Cohen sur X (ex-Twitter).

Dans un entretien à la télévision publique espagnole RTVE, Pedro Sanchez a estimé qu'Israël devait "fonder ses actions sur le droit international humanitaire". "Avec les images que nous voyons [de Gaza], et le nombre croissant de personnes qui meurent, surtout de jeunes garçons et filles, j'ai de sérieux doutes", a-t-il ajouté.

«Huitième jour»

Le chef de la diplomatie américaine a également exhorté la justice israélienne à traduire "les colons extrémistes qui commettent des actes de violence contre les Palestiniens en Cisjordanie", alors que les violences se sont multipliées depuis le début de la guerre dans ce territoire palestinien occupé par Israël.

M. Blinken s'est d'ailleurs rendu en convoi blindé à Ramallah, en Cisjordanie, pour y rencontrer le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas.

Les deux responsables ont "discuté du besoin urgent de mesures visant à améliorer la sécurité et la liberté pour les Palestiniens en Cisjordanie", selon un communiqué du département d'Etat, qui précise que M. Blinken a réaffirmé l'engagement des Etats-Unis pour des "mesures tangibles" envers un Etat palestinien.

La trêve entre Israël et le Hamas, accompagnée d'un échange d'otages du mouvement islamiste palestinien contre des détenus palestiniens, "donne des résultats", a-t-il plaidé.

"Clairement, nous voulons voir ce processus continuer à avancer. Nous voulons un huitième jour et au-delà", a-t-il dit alors que la trêve reconduite depuis le 24 novembre doit théoriquement prendre fin vendredi à 07H00 (05H00 GMT).

Cette trêve négociée pied à pied, heure par heure, sous l'égide de l'Egypte et du Qatar, a offert un répit à la population de Gaza pilonnée sans relâche depuis l'attaque sanglante du Hamas sur le sol israélien le 7 octobre.

Outre la libération d'otages, elle a permis d'accélérer l'envoi d'aide humanitaire cruciale à Gaza, a fait valoir M. Blinken, qui s'est également entretenu avec le président israélien, Isaac Herzog, et le ministre de la Défense, Yoav Gallant.

Il s'agit de la troisième visite au Proche-Orient de M. Blinken depuis le début de la guerre.

Il devait encore se rendre vendredi à Dubaï pour participer à la COP28 et y poursuivre en marge ses consultations sur le conflit à Gaza avec des dirigeants arabes.

La visite de M. Blinken en Israël a coïncidé avec une attaque à l'arme à feu jeudi matin menée par deux Palestiniens à Jérusalem, faisant trois morts et revendiquée par le Hamas.

"Les événements de Jérusalem aujourd'hui nous rappellent comment Israël et les Israéliens doivent faire face au terrorisme tous les jours", a-t-il affirmé en condamnant une attaque "épouvantable".


Le ministre israélien de la Défense promet de ne "jamais quitter" Gaza

Des enfants jouent dans le camp de Nuseirat pour Palestiniens déplacés, dans le centre de la bande de Gaza, le 22 décembre 2025. (Photo : Eyad Baba / AFP)
Des enfants jouent dans le camp de Nuseirat pour Palestiniens déplacés, dans le centre de la bande de Gaza, le 22 décembre 2025. (Photo : Eyad Baba / AFP)
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  • Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a déclaré qu’Israël « ne quitterait jamais Gaza » et évoqué la création d’avant-postes, avant que son ministère ne précise qu’il n’y a aucune intention de recolonisation
  • Ces propos interviennent alors qu’une trêve fragile est en vigueur et que les médiateurs appellent à la mise en œuvre du plan Trump, qui prévoit un retrait complet israélien de Gaza

JERUSALEM: Le ministre de la Défense israélien Israël Katz a affirmé mardi qu'Israël "ne quitterait jamais Gaza", évoquant la possible création d'avant-postes dans le territoire palestinien ravagé par la guerre, avant que ses services ne modèrent ses propos.

"Nous sommes au cœur de Gaza et nous ne quitterons jamais Gaza", a déclaré M. Katz en déplacement dans la colonie de Beit-El en Cisjordanie occupée, lors d'un discours filmé par des médias israéliens.

"Nous sommes là-bas pour empêcher ce qui s'est passé" de se reproduire, a-t-il ajouté, en référence à l'attaque meurtrière du Hamas palestinien en Israël le 7 octobre 2023.

M. Katz a évoqué l'installation d'avant-postes dans le nord de Gaza, pour remplacer des colonies évacuées par Israël lors de son retrait unilatéral de 2005, citant le modèle de "Nahal", associant présence militaire et implantation agricole.

"Au moment opportun (...) nous établirons dans le nord de Gaza, des avant-postes Nahal à la place des communautés (des anciennes colonies) qui ont été déracinées", a-t-il dit.

Ses services ont rapidement tempéré ses propos, assurant qu'ils "s'inscrivaient exclusivement dans un contexte sécuritaire."

"Le gouvernement n'a aucune intention d'établir des colonies dans la bande de Gaza", selon un communiqué.

Les déclarations du ministre interviennent dans le contexte d'une fragile trêve entrée en vigueur le 10 octobre entre Israël et le Hamas, sous l'égide de Washington et de médiateurs régionaux.

Les pays médiateurs --Qatar et Égypte-- appellent à la mise en œuvre de la deuxième phase du plan de paix du président américain Donald Trump. Cette étape prévoit notamment un retrait complet des forces israéliennes de la bande de Gaza, et le plan stipule qu'"Israël ne va ni occuper ni annexer Gaza."

Les propos de M. Katz ont suscité de vives critiques dans l'opposition.

"Le gouvernement vote d'une main en faveur du plan Trump, et de l'autre il vend des fables sur des centres de peuplement isolés à Gaza", a assené sur X Gadi Eizenkot, ancien ministre et ancien chef d'état-major.

Jeudi dernier, quelques dizaines d'Israéliens ont pénétré illégalement dans la bande de Gaza, en violation des consignes de l'armée, et y ont planté symboliquement un drapeau israélien, pour appeler à la réoccupation et à la recolonisation du territoire palestinien, réclamée notamment par les ministres d'extrême droite du gouvernement Netanyahu.


Liban: l'Italie souhaite maintenir sa présence militaire après le départ de la force de l'ONU

L'Italie est le deuxième pays contributeur à la force de maintien de la paix de la FINUL dans le sud du Liban. (AFP/Archives)
L'Italie est le deuxième pays contributeur à la force de maintien de la paix de la FINUL dans le sud du Liban. (AFP/Archives)
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  • L’Italie confirme qu’elle maintiendra une présence militaire au Liban même après le retrait progressif de la Finul à partir du 31 décembre 2026
  • Rome met en avant le rôle clé des forces armées libanaises pour la stabilité du Liban et de la région, et appelle à des résultats concrets pour éviter toute exploitation de l’instabilité

ROME: L'Italie souhaite maintenir sa présence militaire au Liban, après le départ des Casques bleus de l'ONU qui commence le 31 décembre 2026, a indiqué lundi le ministère italien de la Défense.

"Même après" le départ de la force de maintien de la paix dans le sud du Liban (Finul) de l'ONU, l'Italie continuera à jouer son rôle soutenant avec conviction la présence internationale" dans ce pays, selon les propos du ministre de la Défense Guido Crosetto sur X.

Interrogé par l'AFP pour savoir si cela signifiait une "présence militaire" italienne, un porte-parole du ministère a confirmé que oui.

M. Crosetto a également souligné "le rôle fondamental" des forces armées libanaises "pour garantir la stabilité non seulement au Liban mais dans toute la région".

Le ministre a en outre assuré que Rome œuvrait à ce que les discussions en cours dans la région se traduisent par "des résultats concrets et que personne ne puisse tirer des avantages d'une situation d'instabilité dans le sud du Liban".

L'Italie est, avec 1.099 militaires, le deuxième contributeur de la Finul, derrière l'Indonésie (1.232) et cinq généraux italiens ont été parmi les chefs des Casques bleus au cours des 20 dernières années.


Un mort dans des frappes israéliennes au Liban (ministère)

Une photographie montre l'épave d'un véhicule visé par une frappe aérienne israélienne sur la route reliant le village frontalier d'Odeisseh, dans le sud du Liban, à Markaba, le 16 décembre 2025. (AFP)
Une photographie montre l'épave d'un véhicule visé par une frappe aérienne israélienne sur la route reliant le village frontalier d'Odeisseh, dans le sud du Liban, à Markaba, le 16 décembre 2025. (AFP)
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  • Des frappes israéliennes dans le sud du Liban ont fait un mort et un blessé, Israël affirmant viser des membres du Hezbollah malgré le cessez-le-feu de novembre 2024
  • Sous pression internationale, le Liban s’est engagé à désarmer le Hezbollah au sud du Litani, mais Israël accuse le mouvement de se réarmer, une accusation relayée par le sénateur américain Lindsey Graham

BEYROUTH: Des frappes israéliennes dans le sud du Liban ont fait un mort et un blessé dimanche, a annoncé le ministère libanais de la Santé, tandis que l'armée israélienne a déclaré avoir visé des membres du Hezbollah.

Israël continue à mener régulièrement des frappes au Liban et affirme viser le mouvement islamiste soutenu par l'Iran, malgré un cessez-le-feu qui a mis fin le 27 novembre 2024 à plus d'un an d'hostilités, en marge de la guerre dans la bande de Gaza.

Israël maintient également des troupes dans cinq positions frontalières du sud du Liban qu'il estime stratégiques.

Selon le ministère libanais de la Santé, deux frappes israéliennes ont touché dimanche un véhicule et une moto dans la ville de Yater, à environ cinq kilomètres de la frontière avec Israël, tuant une personne et en blessant une autre.

L'armée israélienne a déclaré avoir "frappé un terroriste du Hezbollah dans la zone de Yater" et ajouté peu après avoir "frappé un autre terroriste du Hezbollah" dans la même zone.

Dimanche également, l'armée libanaise a annoncé que des soldats avaient découvert et démantelé "un dispositif d'espionnage israélien" à Yaroun, une autre localité proche de la frontière.

Sous forte pression américaine et par crainte d'une intensification des frappes israéliennes, le Liban s'est engagé, comme prévu par l'accord de cessez-le-feu, à désarmer le Hezbollah et à démanteler d'ici la fin de l'année toutes ses structures militaires entre la frontière israélienne et le fleuve Litani, à une trentaine de kilomètres plus au nord.

Israël a mis en doute l'efficacité de l'armée libanaise et accusé le Hezbollah de se réarmer, tandis que le mouvement chiite a rejeté les appels à abandonner ses armes.

En visite en Israël dimanche, le sénateur américain Lindsey Graham a lui aussi accusé le mouvement de se réarmer. "Mon impression est que le Hezbollah essaie de fabriquer davantage d'armes (...) Ce n'est pas un résultat acceptable", a-t-il déclaré dans une vidéo diffusée par le bureau du Premier ministre Benjamin Netanyahu.

Plus de 340 personnes ont été tuées par des tirs israéliens au Liban depuis le cessez-le-feu, selon un bilan de l'AFP basé sur les chiffres du ministère libanais de la Santé.