Le Hamas se dit prêt à prolonger la trêve à Gaza, après un appel de Blinken

Des otages enlevés par le Hamas lors de l’attaque du 7 octobre, libérés et conduits à la Croix Rouge (Photo, Reuters).
Des otages enlevés par le Hamas lors de l’attaque du 7 octobre, libérés et conduits à la Croix Rouge (Photo, Reuters).
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Publié le Vendredi 01 décembre 2023

Le Hamas se dit prêt à prolonger la trêve à Gaza, après un appel de Blinken

  • Le Hamas a revendiqué jeudi une attaque meurtrière à Jérusalem
  • En Cisjordanie, une attaque à la voiture-bélier a visé un barrage d'une colonie israélienne

TEL-AVIV: Le Hamas s'est dit prêt jeudi à prolonger la trêve dans la bande de Gaza, après un appel du secrétaire d'Etat américain Antony Blinken à poursuivre la pause des combats entre l'armée israélienne et le mouvement palestinien, à quelques heures de son expiration vendredi.

La trêve, déjà prolongée deux fois depuis le 24 novembre et qui doit s'achever vendredi à 07H00 (05H00 GMT), a mis fin à sept semaines de bombardements israéliens dévastateurs sur le territoire palestinien assiégé, en représailles à l'attaque sanglante lancée le 7 octobre par le Hamas sur le sol israélien.

Cette pause, négociée par le Qatar, les Etats-Unis et l'Egypte, a permis la libération de dizaines d'otages retenus dans la bande de Gaza depuis le 7 octobre et de trois fois plus de Palestiniens détenus par Israël, ainsi que l'entrée d'aide humanitaire dans le territoire palestinien.

Le Hamas "est prêt à prolonger la trêve", a affirmé jeudi soir à l'AFP une source proche du mouvement islamiste.

"Les médiateurs mènent des efforts intenses, qui se poursuivent actuellement, pour (obtenir) un jour de trêve supplémentaire et travailler ensuite à une extension de plusieurs autres jours", a déclaré cette source.

Des zones «sûres»

M. Blinken, après une visite en Israël et en Cisjordanie occupée, avait peu avant appelé à prolonger la trêve "pour une huitième journée et au-delà".

"Clairement, nous voulons voir ce processus continuer à avancer", a-t-il déclaré, réclamant aussi la création de zones "sûres" pour les civils dans le sud et le centre de la bande de Gaza en cas de reprise des combats.

"Des plans de protection humanitaire des civils doivent être mis en place afin de minimiser les morts de Palestiniens innocents", a ajouté le secrétaire d'Etat.

Jeudi, au septième jour de la trêve, huit otages au total ont été libérés.

Deux Israéliennes ont regagné Israël dans l'après-midi, suivies dans la soirée par six autres otages israéliens libérés.

Parmi eux se trouvent des bi-nationaux d'Uruguay, du Mexique et de Russie, a annoncé le Qatar.

"Le septième groupe est désormais entièrement relâché", a déclaré la branche armée du Hamas.

Trois fois plus de prisonniers palestiniens doivent être libérés de prisons israéliennes dans les heures qui viennent, aux termes de l'accord de trêve.

Signe d'une situation toujours fragile, le Hamas, considéré comme une organisation terroriste par les Etats-Unis, l'Union européenne et Israël notamment, a revendiqué une attaque meurtrière jeudi à Jérusalem.

Trois Israéliens, dont deux femmes, ont été tués dans cette attaque contre un arrêt de bus à Jérusalem-Ouest menée par deux Palestiniens, deux frères qui ont été abattus, selon la police israélienne.

La Maison Blanche a condamné jeudi soir cette "attaque terroriste".

Deux soldats israéliens ont parallèlement été légèrement blessés lors d'une attaque à la voiture-bélier contre un checkpoint en Cisjordanie occupée, selon l'armée.

Mia Shem libérée

La trêve avait été prolongée jeudi pour 24 heures in extremis, après des négociations "très dures" qui se sont poursuivies "toute la nuit, jusque quelques minutes avant sept heures du matin", selon une source au sein du Hamas et une source de sécurité égyptienne.

Parmi les deux premières otages israéliennes libérées jeudi se trouve la Franco-israélienne Mia Shem, enlevée au festival de musique Tribe of Nova, dans le désert du Néguev, où 364 personnes ont été tuées le 7 octobre.

Cette jeune femme de 21 ans était apparue le 16 octobre dans une vidéo diffusée par le Hamas, allongée et recevant des soins au bras.

A l'annonce de sa libération, son père David Shem a fait part de sa vive émotion. "Je ne vais pas la quitter pendant un bon bout de temps", a-t-il déclaré à la chaîne de télévision israélienne Channel 12, affirmant que c'était "le plus beau jour" de sa vie.

La trêve a permis jusqu'à présent la libération de 80 otages israéliens, des femmes et des enfants, et de 210 prisonniers palestiniens.

Une vingtaine d'étrangers ou bi-nationaux, en majorité des Thaïlandais travaillant en Israël, ont également été libérés hors du cadre de l'accord.

L'armée israélienne a estimé qu'environ 240 personnes avaient été prises en otage et emmenées dans la bande de Gaza lors de l'attaque du 7 octobre.

Cette attaque a fait environ 1.200 morts en Israël, en majorité des civils, selon les autorités.

En représailles, Israël a promis d'"anéantir" le Hamas, au pouvoir dans la bande de Gaza depuis 2007, pilonnant le territoire palestinien et lançant le 27 octobre une offensive terrestre qui a duré jusqu'au début de la trêve.

D'après le gouvernement du Hamas, plus de 15.000 personnes, dont au moins 6.150 enfants et jeunes âgés de moins de 18 ans, ont péri dans les frappes israéliennes.

Macron dit sa «grande joie» après la libération de la Franco-Israélienne Mia Shem

La libération de la Franco-Israélienne Mia Shem, qui était aux mains du Hamas depuis le 7 octobre, est "une grande joie que je partage avec sa famille et tous les Français", a déclaré jeudi le président Emmanuel Macron sur la plateforme X.

"J'exprime aussi ma solidarité avec tous ceux qui restent otages du Hamas. La France agit avec ses partenaires pour obtenir leur libération dès que possible", a ajouté le président français.

"Mia est enfin libre. Quelle joie pour nous tous !", s'est réjouie sur le même réseau social la Première ministre Elisabeth Borne, qui parle de quatre Français "encore otages" ou disparus.

"La France salue à cet égard les efforts de médiation de l'Egypte et du CICR (comité international de la Croix-Rouge, NDLR), et du Qatar", a de son côté salué dans un communiqué le ministère des Affaires étrangères.

Le secrétaire national du Parti communiste Fabien Roussel a fait part de son "émotion de savoir Mia Shem enfin libérée" et exprimé ses "pensées pour les otages qui restent encore aux mains des terroristes".

Le président du parti Les Républicains Eric Ciotti a dit son "immense émotion" et son "soulagement" après la libération de Mia Shem restée "55 jours entre les mains de ces barbares".

«Ne pas s'arrêter»

Adam Adar, la petite-fille de Yaffa Adar, une otage de 85 ans libérée le 24 novembre après 49 jours de captivité, a appelé "les autorités israéliennes et la communauté internationale à ne pas s'arrêter tant que tout le monde ne sera pas rentré chez lui".

Adam reste sans nouvelles de son cousin Tamir. "Nous ne savons pas s'il a été blessé, s'il reçoit des soins médicaux", a-t-elle ajouté dans un entretien avec l'AFP, regrettant que "personne ne parle d'un accord pour ramener les hommes" otages à Gaza.

Parmi les Palestiniens libérés dans la nuit de mercredi à jeudi figure Ahed Tamimi, 22 ans, icône de la lutte contre l'occupation israélienne.

Elle avait été arrêtée le 6 novembre pour une publication sur Instagram qui, selon des sources israéliennes, appelait au massacre des Israéliens et faisait référence à Hitler.

Sa mère Narimane, dont le mari a également été arrêté, nie qu'Ahed soit l'auteur de cette publication, ses comptes sur les réseaux sociaux étant bloqués par Israël.

Israël savait depuis plus d'un an que le Hamas préparait une attaque inédite (NY Times)

Des responsables israéliens avaient obtenu plus d'un an à l'avance le plan du Hamas visant à mener une attaque sans précédent contre Israël, mais avaient jugé ce scénario irréaliste, soutient jeudi le NY Times sur la base de documents secrets.

Le renseignement militaire israélien avait mis la main sur un document d'une quarantaine de pages du mouvement islamiste palestinien Hamas détaillant, point par point, une vaste attaque comme celle perpétrée par des commandos le 7 octobre qui ont fait environ 1.200 morts en Israël, selon le grand quotidien américain.

Ce document, qui circulait dans des sphères du renseignement sous le nom de code "Jericho Wall" (Le mur de Jéricho), ne donnait pas de date pour une éventuelle attaque mais en définissant des points précis pour saturer le dispositif sécuritaire israélien puis attaquer des villes et des bases militaires.

Plus précisément, le document fait état d'un barrage de roquettes, de drones détruisant des caméras de sécurité et de systèmes de défense automatisés, puis de combattants traversant côté israélien en parapente, en voiture et à pied, des éléments au coeur de l'attaque du 7 octobre.

Mais il n'était "pas possible de déterminer" si ce plan avait été approuvé "complètement" par la direction du Hamas et comment il pourrait se traduire dans la réalité, souligne un document interne de l'armée israélienne obtenu par le Times.

Or, en juillet, une analyste de l'unité d'élite du renseignement 8200, avait averti qu'un exercice militaire que venait de conduire le Hamas ressemblait en plusieurs points au plan de l'attaque prévu dans le document "Jericho Wall". Mais un colonel de la division militaire en charge de Gaza avait écarté ce scénario, le qualifiant de "totalement imaginaire".

"Je réfute catégoriquement l'idée que ce scénario soit imaginaire (...) il s'agit d'un plan pour une guerre" pas simplement pour une attaque "contre un village", écrit cette analyste dans des mails cryptés consultés par le journal.

"Nous avons déjà eu une expérience similaire il y a 50 ans sur le front sud à propos d'un scénario qui semblait imaginaire. L'histoire pourrait se répéter si nous ne sommes pas prudents", a écrit l'analyste de manière quasi prophétique à ses collègues, en référence à la guerre de Kippour en 1973.

D'après le Times, si le document "Jericho Wall" a circulé au sein de la hiérarchie militaire israélienne, on ignore si le Premier ministre Benjamin Netanyahu et son cabinet l'ont consulté.

La mer pour se laver

L'accord de trêve a permis d'accélérer l'arrivée de l'aide humanitaire dans la bande de Gaza, où de longs convois de camions sont encore entrés jeudi depuis l'Egypte.

Les besoins sont immenses dans le territoire déjà soumis à un blocus israélien depuis 2007 et placé depuis le 9 octobre en état de siège total par Israël.

Selon l'ONU, 1,7 million de ses 2,4 millions d'habitants ont été déplacés par la guerre, et plus de la moitié des logements endommagés ou détruits. Plusieurs centaines de milliers de civils ont fui le nord du petit territoire, dévasté par les combats, pour chercher refuge dans le sud.

Des milliers d'entre eux ont profité de la trêve pour rentrer chez eux dans le nord, ignorant l'interdiction de l'armée israélienne qui y a pris le contrôle de plusieurs secteurs.

Pour les habitants de la bande de Gaza, une étroite langue de terre qui longe la Méditerranée, la trêve est aussi l'occasion de retrouver le bord de mer, pour se baigner, se laver, faire la lessive ou pêcher.

"Peut-être que la trêve ne sera pas prolongée", s'inquiète Samia, une jeune femme réfugiée avec son mari et ses cinq enfants à Deir al-Balah, dans le centre du territoire.

Là, sur la plage, elle a rempli son seau d'eau salée. "On trouve à peine de l'eau pour boire, donc j'ai déjà lavé mes enfants dans la mer et maintenant je fais la lessive", raconte-t-elle à l'AFP


Le président libanais juge le monopole des armes à l'Etat "nécessaire et inévitable"

le président libanais Joseph Aoun s'adressant à la nation à la veille de la fête de l'indépendance dans un discours télévisé depuis le quartier général du commandement du secteur sud du Litani de l'armée libanaise à Tyr, le 21 novembre 2025. (AFP)
le président libanais Joseph Aoun s'adressant à la nation à la veille de la fête de l'indépendance dans un discours télévisé depuis le quartier général du commandement du secteur sud du Litani de l'armée libanaise à Tyr, le 21 novembre 2025. (AFP)
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  • Le président libanais Joseph Aoun affirme que le monopole des armes par l’État est “nécessaire et inévitable”, alors que l’armée prévoit de démanteler la présence militaire du Hezbollah au sud du Liban conformément au cessez-le-feu
  • Ce message intervient dans un contexte de fortes pressions américaines, de frappes israéliennes récurrentes et d’appels libanais à un soutien et un encadrement international pour sécuriser la mise en œuvre de ces engagements

BEYROUTH: Le président libanais Joseph Aoun, sous forte pression des Etats-Unis pour désarmer le Hezbollah, a jugé dans un discours prononcé vendredi dans le sud du Liban "nécessaire et inévitable" le monopole des armes à l'Etat.

Depuis le cessez-le-feu qui a mis fin il y a un an à une guerre meurtrière entre Israël et le mouvement pro-iranien, le Liban est sous forte pression de Washington pour qu'il pousse le Hezbollah à remettre ses armes à l'armée libanaise.

Conformément à l'accord de cessez-le-feu, l'armée libanaise doit démanteler la présence militaire du Hezbollah entre la frontière avec Israël et le fleuve Litani, à une trentaine de kilomètres plus au nord.

L'armée a ainsi soumis un plan au gouvernement, dans lequel elle s'engage à accomplir cette tâche titanesque d'ici la fin de l'année, avant de procéder par étapes sur le reste du territoire libanais.

Dans son discours, prononcé à la veille de la fête nationale, le président libanais a jugé le monopole de l'Etat sur les armes "nécessaire et inévitable" tout en appelant le comité chargé de surveiller la trêve regroupant Etats-Unis, France, ONU, Liban et Israël, à "s'assurer que les forces armées libanaises contrôlent seules" le sud du pays.

Il a répété que le Liban était prêt à négocier, sous parrainage américain ou international, "tout accord qui mettra fin à ces agressions transfrontalières".

Joseph Aoun a enfin exhorté "les amis du Liban et les pays frères à superviser l'ensemble de ce processus en établissant un calendrier clair et en mettant en place un mécanisme international de soutien à l'armée libanaise".

Au cours des dernières semaines, l'armée israélienne a multiplié les frappes sur le sud du Liban, accusant le Hezbollah de chercher à y reconstruire les infrastructures militaires détruites lors de sa guerre contre ce mouvement soutenu pro-iranien et allié au Hamas palestinien.

Selon le ministère de la Santé, une personne a été tuée lors d'une frappe vendredi dans le sud du Liban. Plus de 330 personnes ont été tuées au Liban et 945 blessées depuis l'entrée en vigueur du cessez-le-feu, selon la même source.

Morris Tidball-Binz, rapporteur spécial de l'ONU sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires, a dénoncé vendredi dans un communiqué le "schéma répété de meurtres illégaux et de violations du cessez-le-feu par Israël".


L'armée israélienne affirme que l'attaque au Liban a tué 13 militants du Hamas

Des personnes en deuil portent les cercueils des victimes de la frappe aérienne israélienne de mardi, lors d'un cortège funèbre dans le camp de réfugiés palestiniens d'Ein El-Hilweh, dans la ville portuaire de Sidon, au sud du Liban, jeudi. (AP)
Des personnes en deuil portent les cercueils des victimes de la frappe aérienne israélienne de mardi, lors d'un cortège funèbre dans le camp de réfugiés palestiniens d'Ein El-Hilweh, dans la ville portuaire de Sidon, au sud du Liban, jeudi. (AP)
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  • L’armée israélienne affirme avoir tué 13 membres du Hamas, dont Jihad Saïdaoui, dans une frappe sur le camp d’Aïn el-Héloué, tandis que le Hamas dénonce un « massacre » visant des civils
  • Le lieu de la frappe est au cœur d’un récit contradictoire : Israël parle d’un camp d’entraînement, tandis que des témoins et le Hamas évoquent un terrain de sport fréquenté par des jeunes du camp

JERUSALEM: L'armée israélienne a affirmé vendredi avoir tué "13 terroristes du Hamas" dans sa frappe menée mardi soir sur le camp de réfugiés palestiniens d'Aïn el-Héloué au Liban, dans laquelle les autorités libanaises ont annoncé 13 morts, sans préciser leur identité.

"Treize terroristes du Hamas ont été éliminés" dans cette frappe, "dont Jihad Saïdaoui, impliqué dans la formation de terroristes destinés à mener des attaques" contre Israël et ses soldats à partir territoire libanais, écrit dans un communiqué en hébreu l'armée qui avait aussi utilisé la graphie de "Jaouad Sidaoui".

A l'AFP qui lui demandait de lui fournir la liste nominative des douze autres personnes qu'elle dit avoir éliminées dans la frappe, l'armée israélienne a répondu n'avoir rien à ajouter à ce qui a été publié dans son communiqué.

Dans un avis de décès ayant circulé mercredi au Liban, le Hamas a publié la liste des noms des treize morts, en commençant par celui de Jihad Saïdaoui, avant de publier le lendemain sur Telegram, un message avec les photos de treize hommes d'apparence jeune, voire juvénile, accompagné d'un texte qualifiant la frappe "d'horrible massacre" ayant causé la mort de "plusieurs civils innocents".

Mardi, peu de temps après la frappe, l'armée israélienne avait annoncé avoir visé "des terroristes en opération dans un camp d'entraînement du Hamas".

"Les allégations (d'Israël) selon lesquelles le lieu ciblé serait un complexe d'entraînement appartenant au mouvement ne sont que pure calomnie (et visent) à justifier son agression criminelle et à inciter à la haine contre les camps et notre peuple palestinien", avait répliqué le Hamas, affirmant n'avoir "aucune installation militaire dans les camps palestiniens au Liban".

- "Terrain de sport" -

L'armée israélienne a diffusé ce qu'elle a présenté comme une vidéo de sa frappe montrant une attaque sur un bâtiment.

Mais le mouvement islamiste palestinien affirme que "ce qui a été pris pour cible est un terrain de sport ouvert fréquenté par les jeunes du camp (...) et que ceux qui ont été visés étaient un groupe de jeunes présents sur le terrain au moment de l'attaque".

"On a entendu trois explosions, nos maisons ont vacillé et les enfants tremblaient de peur", a déclaré à l'AFP au lendemain de l'attaque Mohammad Moustafa, habitant d'Aïn al-Heloué, le plus grand des camps de réfugiés palestiniens du Liban, près de la ville de Saïda, dans le sud du pays.

Agé de 67 ans, M. Moustafa a assuré que les morts étaient en majorité "des jeunes du camp qui jouaient au foot dans un terrain à l'intérieur du hangar" visé, dans lequel un correspondant de l'AFP a vu mercredi matin des taches de sang maculant le sol et des secouristes rassemblant des restes humains.

Lors des funérailles organisées à l'intérieur du camp pour 11 des 13 personnes tuées, un correspondant de l'AFP a vu des drapeaux aux couleurs du mouvement islamiste du Hamas, mais aussi des drapeaux palestiniens, sur les cercueils.

Les deux autres, dont une personne identifiée comme étant Jihad Saïdaoui, ont été enterrées dans un cimetière à l'extérieur du camp.

Le Liban "s'est engagé à désarmer les factions armées dans les camps palestiniens, mais les organisations terroristes continuent d'exploiter cyniquement la population et les infrastructures civiles" à leurs fins, écrit vendredi l'armée israélienne.

La frappe sur Aïn el-Héloué est survenue sur fond de trêve entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza et alors que l'armée israélienne intensifie ses tirs sur le sud du Liban malgré un cessez-le-feu avec le Hezbollah, allié du Hamas, qu'elle accuse de chercher à se réarmer.


Nouvelles frappes israéliennes sur Gaza, cinq morts selon les autorités locales

Cinq personnes dont un bébé ont été tuées jeudi dans la bande de Gaza, selon les autorités locales, au lendemain de la reprise de bombardements israéliens dans le territoire palestinien où Israël et le Hamas s'accusent de violer mutuellement la trêve. (AFP)
Cinq personnes dont un bébé ont été tuées jeudi dans la bande de Gaza, selon les autorités locales, au lendemain de la reprise de bombardements israéliens dans le territoire palestinien où Israël et le Hamas s'accusent de violer mutuellement la trêve. (AFP)
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  • Le bilan de ce nouvel accès de violence s'élève à 32 morts, selon les annonces des autorités locales confirmées par les hôpitaux
  • Dans la bande de Gaza, la reprise des bombardements fait peur aux habitants

GAZA: Cinq personnes dont un bébé ont été tuées jeudi dans la bande de Gaza, selon les autorités locales, au lendemain de la reprise de bombardements israéliens dans le territoire palestinien où Israël et le Hamas s'accusent de violer mutuellement la trêve.

Mercredi a été l'une des journées les plus meurtrières à Gaza depuis le 10 octobre et l'entrée en vigueur du cessez-le-feu.

Le bilan de ce nouvel accès de violence s'élève à 32 morts, selon les annonces des autorités locales confirmées par les hôpitaux.

Dans la bande de Gaza, la reprise des bombardements fait peur aux habitants.

"Ma petite fille n'a cessé de me demander toute la nuit : la guerre va-t-elle revenir ?" a déclaré à l'AFP Lina Karaz à Gaza-ville.

"Nous sommes inquiets [...] Cette nuit, le bruit des bombardements et des explosions [...] était terrifiant", a-t-elle ajouté, "quand ce cauchemar prendra-t-il fin ?"

Pour Mohammed Hamdouna, déplacé de 36 ans vivant dans un camp de tentes dans la région de Khan Younès, dans le sud de la bande, "rien n'a changé, concrètement", depuis le 10 octobre.

 "Toujours sous la tente" 

"Les villes sont en ruines (et) nous vivons toujours sous la tente malgré le froid et la pluie qui a inondé (les tentes) il y a deux jours", déplore-t-il alors que la situation humanitaire reste catastrophique, selon l'ONU.

Selon la Défense civile de Gaza, organisation de premiers secours opérant sous l'autorité du Hamas, cinq personnes ont été tuées dans des bombardements israéliens sur le sud du territoire, dans la partie du territoire restant sous le contrôle israélien à ce stade de la mise en oeuvre de l'accord de trêve.

L'hôpital Nasser de Khan Younès a confirmé avoir enregistré le décès de trois personnes de la même famille, dont une fillette d'un an.

"Nous dormions paisiblement, nous sommes pacifiques et nous ne voulons pas la guerre", a dit à l'AFP Sabri Abou Sabt, qui a perdu son fils et sa petite-fille dans une frappe à l'est de Khan Younès.

Sollicitée par l'AFP, une porte-parole de l'armée israélienne a confirmé que l'armée avait mené une frappe visant à "démanteler des infrastructures terroristes". "Rien d'inhabituel", a-t-elle affirmé.

"Israël a pris la décision de mener ces frappes aériennes de manière indépendante", a précisé la porte-parole du Premier ministre israélien, Shosh Bedrosian lors d'un point presse jeudi.

Néanmoins, "les Etats-Unis ont été prévenus (par Israël) avant les frappes", a indiqué un responsable américain à l'AFP sous le couvert de l'anonymat.

"Nous sommes profondément préoccupés par les frappes aériennes israéliennes que nous avons vues, au cours desquelles des civils auraient été tués et blessés hier, y compris des enfants", a déclaré jeudi soir Stéphane Dujarric, le porte-parole du secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres.

"Cela rappelle de façon frappante à quel point le cessez-le-feu est fragile. Nous avons besoin que chacun veille à ce que le cessez-le-feu tienne et continue de tenir", a-t-il ajouté.

"Escalade dangereuse" 

"Israël est sous pression internationale, les Américains mobilisent toute la région, liant la question de Gaza à celle de la normalisation et des accords d'Abraham avec l'Arabie Saoudite", a noté Eran Ortal, chercheur au Centre d'études stratégiques de Bar Ilan.

"Donc bien que le Hamas n'ait pas été désarmé, et qu'il y ait de fortes chances qu'il parvienne également à éviter le désarmement dans un avenir proche, le potentiel de reprise de la guerre à Gaza ne semble pas élevé", a-t-il estimé.

Deux autres personnes ont été tuées dans des frappes, également à l'est de Khan Younès, selon la Défense civile.

L'armée israélienne a affirmé jeudi avoir tiré jeudi en direction  de "deux terroristes" dans le sud de la bande de Gaza.

Le Hamas a dénoncé une "escalade dangereuse" et appelé les Etats-Unis, pays médiateur, à "exercer une pression immédiate" sur Israël.

Le Qatar, autre pays médiateur, a condamné "fermement les attaques brutales" qui menacent selon lui de compromettre la trêve.

La guerre à Gaza avait été déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre 2023 qui a entraîné la mort de 1.221 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP établi à partir de données officielles.

Plus de 69.500 Palestiniens ont été tués par la campagne militaire israélienne de représailles selon le ministère de la Santé de Gaza, des chiffres fiables selon l'ONU.