Détention d’enfants palestiniens: une pratique israélienne sortie de l’ombre avec l’échange d’otages

Le rapport relate les expériences vécues et fait entendre les voix des enfants, principalement des garçons, âgés de 12 à 17 ans lorsqu'ils ont été détenus au cours des trois dernières années. (Photo fournie)
Le rapport relate les expériences vécues et fait entendre les voix des enfants, principalement des garçons, âgés de 12 à 17 ans lorsqu'ils ont été détenus au cours des trois dernières années. (Photo fournie)
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Publié le Jeudi 30 novembre 2023

Détention d’enfants palestiniens: une pratique israélienne sortie de l’ombre avec l’échange d’otages

  • L’échange d’otages contre des prisonniers ouvre les yeux du monde sur les arrestations
  • Les interrogatoires et même les mauvais traitements infligés à des enfants palestiniens par les autorités israéliennes

Une mère, pleurant de joie et de soulagement, serre fort son fils adolescent, comme si elle était déterminée à ne plus jamais le lâcher.

«Je ne peux pas vous décrire ce que je ressens en ce moment», confie-t-elle, son visage et sa voix parvenant à des millions de personnes dans le monde, à travers les caméras de médias internationaux tels que CNN.

«Honnêtement, je n’arrive pas à y croire. J'ai l'impression d'être dans un rêve. Mon fils est enfin avec moi. Je remercie Dieu et prie pour que chaque mère puisse ressentir cette joie», ajoute-t-elle.

Dans le cadre des libérations d’otages qui ont commencé vendredi dernier, de telles scènes de joie télévisées diffusées dans le monde entier sont quasiment devenues banales alors que les familles israéliennes retrouvaient leurs proches, et notamment leurs enfants, retenus captifs par le Hamas depuis le 7 octobre.

Hunaida Tamimi n’est toutefois pas israélienne. C’est une mère de famille, de Ramallah, en Cisjordanie occupée.

Jusqu'à sa libération soudaine samedi, dans le cadre de l'accord réciproque conclu entre le Hamas et Israël, son fils Wissam, âgé de 17 ans, faisait partie des milliers de Palestiniens emprisonnés par les Israéliens, pour la plupart sans inculpation ni procès, et dont certains le sont depuis des années.

Dans un reportage sur ces événements, diffusé samedi par CNN, la journaliste américaine n'a pas pu cacher un sentiment de surprise dans sa voix lorsqu'elle a rapporté que «plus de 3 000 Palestiniens étaient actuellement en détention administrative, ce qui signifie qu'aucune accusation n'avait été portée contre eux, et qu’aucune procédure judiciaire n’était en cours».

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Wissam Tamimi, 17 ans, de nouveau réuni avec sa mère Hunaida et ses jeunes frère et sœur.

Soudain, un monde habitué à n'entendre que la version israélienne de l'Histoire complexe du conflit entre Israël et les Palestiniens, souvent diabolisés, voit les familles palestiniennes telles qu'elles sont réellement; des mères et des pères normaux, tout comme eux, essayant de faire de leur mieux pour leurs fils et filles dans des circonstances anormales.

Et, tout aussi important, alors que des détails commencent à apparaître sur le traitement des milliers de Palestiniens détenus depuis des années dans les prisons israéliennes sans aucune forme de procédure judiciaire, le monde voit également Israël sous un jour nouveau, plus sombre – comme un État qui abuse des droits des enfants, en les emprisonnant, souvent pendant des années, sans inculpation ni procès.

Israël, pris au dépourvu par l’intérêt soudain des médias pour l’autre face de l’histoire, s’est efforcé d’éloigner les équipes de presse des prisonniers palestiniens libérés et de leurs familles, mais sans y réussir totalement.

À Jérusalem-Est, où les Palestiniens ont reçu l’ordre de ne pas célébrer publiquement leur retour et ont été menacés de lourdes amendes, une équipe de Sky News a été refoulée le week-end dernier par des policiers alors que des mineurs détenus rentraient chez eux.

Mais finalement, l'équipe de journalistes a trouvé un moyen de s'entretenir dans les rues étroites avec Ghannam Abou Ghannam, âgé de 17 ans, détenu depuis un an sans inculpation pour avoir prétendument lancé des pierres.

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Ghannam Abou Ghannam, 17 ans, détenu pendant un an sans inculpation: «Nous avons été traités comme des chiens.»

«La prison était humiliante. Ils sont venus et nous ont battus depuis le début de la guerre. Nous avons été traités comme des chiens», confie-t-il.

«La prison était humiliante. Ils sont venus et nous ont battus depuis le début de la guerre. Nous avons été traités comme des chiens.»

Le traitement indigne infligé aux enfants palestiniens détenus par Israël peut surprendre de nombreuses personnes en Occident, mais pas les ONG internationales, telles que l'association caritative Save the Children, basée en Grande-Bretagne, qui apporte son soutien aux enfants palestiniens touchés par ce conflit qui perdure depuis 1953.

Save the Children, qui lance actuellement un appel en faveur de Gaza pour collecter des fonds destinés à l'achat de fournitures médicales d'urgence, de paniers alimentaires, de kits familiaux d'hygiène et de trousses d’accessoires scolaires, tente depuis des années de mettre en lumière les violations systémiques des droits de l'enfant par Israël dans les territoires palestiniens occupés.

L’ONG a publié au mois de juillet dernier son dernier rapport accablant, intitulé «Injustice: L’expérience des enfants palestiniens face au système de détention militaire israélien.» Il s’agit d’un réquisitoire bouleversant contre le traitement réservé par Israël aux détenus mineurs, qui n’a cependant suscité, lorsqu’il a été publié, qu’une très faible couverture internationale.

Toutefois, à la lumière des libérations actuelles de prisonniers mineurs, cette lecture donnera à réfléchir.

Le rapport relate les expériences vécues et fait entendre les voix des enfants, principalement des garçons, âgés de 12 à 17 ans lorsqu'ils ont été détenus au cours des trois dernières années.

Kahlil, âgé de 13 ans lorsqu’il a été arrêté, a affirmé aux auteurs du rapport qu’«un soldat a menacé de me tuer lorsqu’il m’a arrêté pour la deuxième fois. Il m’a demandé: “Veux-tu subir le même sort que ton cousin?” car celui-ci avait été tué.»

«Il m’a promis que je subirais le même sort et que je mourrais, mais qu’il m’enverrait d’abord en prison. Il m’a dit qu’il reviendrait me chercher – et chaque jour, je m’attendais à ce que ce jour vienne.»

D'autres enfants libérés cette semaine ont raconté qu’ils avaient été battus, affamés, et qu’ils avaient subi des traitements de plus en plus agressifs après l'attaque du 7 octobre.

«Les conditions de notre détention dans la prison de l’occupant étaient très dures», a affirmé lundi aux médias l’un des prisonniers libérés.

«Lorsque les autorités d'occupation m'ont arrêté, j'avais 15 ans, et il y avait 12 prisonniers dans la cellule où je me trouvais, alors qu'elle n'était prévue que pour 6», indique Omar al-Shwaiki.

«C’était très dur, et un grand nombre d’enfants âgés de 13 à 15 ans sont détenus par les forces d’occupation.»

L’enquête de Save the Children a mis au jour une série d’abus, en particulier le fait que 42% des enfants palestiniens détenus avaient souffert de blessures lors de leur arrestation, «notamment des blessures par balle et des fractures», des suffocations et des épaules déboîtées.

Presque tous ont subi «des niveaux effroyables de violence physique et émotionnelle, notamment en ayant été battus (86%), menacés de violences (70%), et frappés avec des bâtons ou des armes à feu (60%)».

Trois enfants sur cinq ont subi des périodes d'isolement cellulaire, allant de vingt-quatre heures à quarante-huit jours, 92 % des enfants ont affirmé avoir eu les yeux bandés et 93 % ont été menottés lors de leur arrestation et de leur détention.

Les enfants se voient aussi régulièrement privés de nourriture et de soins de santé: 70 % affirment avoir souffert de la faim, et 68 % n’avoir reçu aucun soin médical.

Plus de la moitié des enfants (58 %) se sont vu refuser les visites ou ont été empêchés de communiquer avec leur famille pendant leur détention.

Comme l’on peut s’y attendre, conclut le rapport, «les énormes conséquences sur les enfants, notamment sur leur santé mentale et leur bien-être émotionnel, ont continué à se faire sentir après leur libération».

Il indique encore que 73 % ont déclaré souffrir d'insomnie, 53 % ont fait des cauchemars, 62 % se sont sentis fréquemment en colère, 48 % ressentant toujours le besoin d'être seuls.

Le 21 septembre, un peu moins de deux semaines avant l'attaque du Hamas contre Israël, le responsable de cette campagne d'Amnesty International sur Israël et les Territoires palestiniens occupés, rapportait le cas d'un Palestinien, âgé de 21 ans, qui souffrait de problèmes de santé mentale après avoir passé près de deux ans en cellule d'isolement.

Khouloud Badawi a précisé que le service pénitentiaire israélien avait demandé une prolongation de six mois de l'isolement d'Ahmad Manasra, «en violation flagrante du droit international – un isolement cellulaire prolongé de plus de quinze jours violant l'interdiction absolue de torture et d'autres traitements cruels, inhumains ou dégradants».

Ahmad Manasra avait 13 ans lorsque lui et un cousin ont été attaqués par des colons. Son cousin a été tué, et dans des circonstances qui restent floues, c'est Ahmad Manasra, et non ses agresseurs, qui a fini en prison, où il se trouve toujours.

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Ahmad Manasra, aujourd'hui âgé de 21 ans, souffre de problèmes de santé mentale après deux ans d'isolement cellulaire

Le tribunal du district de Lod en Israël a reporté l’audience prévue parce que Manasra, diagnostiqué avec de graves problèmes de santé mentale, notamment une schizophrénie et une grave dépression, avait été emmené à l’unité de santé mentale de la prison d’Ayalon.

«Les autorités israéliennes ont traité Ahmad Manasra avec une cruauté inhumaine, avec l’intention de le pousser au-delà du point de rupture», a ajouté Khouloud Badawi.

«Il est maintenant si gravement malade qu'il n'a pas pu assister à sa propre audience. Pourtant, lorsqu’Ahmad sortira de la clinique, les autorités pénitentiaires le remettront en isolement cellulaire et reporteront l’audience du tribunal.» 

Le cauchemar d’Ahmad continue encore et encore. Et ce n'est pas le seul.

Le 20 novembre, alors que les négociations pour la libération des prisonniers en échange des otages du Hamas étaient toujours en cours, l’organisation B'Tselem (le Centre d'information israélien sur les droits humains dans les Territoires occupés) a rapporté que, fin septembre 2023, sur les 4 764 Palestiniens détenus ou emprisonnés pour des motifs «sécuritaires» par Israël , on comptait 146 mineurs.

Bien que le système secret des tribunaux militaires israéliens rende difficile l’obtention de faits concrets, certains organismes estiment qu’au moins un mineur sur dix, détenu pendant des mois ou des années, n’est jamais inculpé ni jugé.

Dimanche, l’ONG Save the Children a révélé qu’«avant l’escalade actuelle, près de 500 à 700 enfants palestiniens étaient soumis chaque année au système de détention militaire israélien».

Depuis le 7 octobre seulement, environ 145 enfants palestiniens ont été détenus par les autorités militaires israéliennes.

«Un grand nombre d’entre eux sont détenus sans inculpation, sans procès ni garantie d’une procédure régulière, ce qui ne répond pas aux normes internationales de justice pour mineurs», a déclaré l’organisation. «Les enfants palestiniens sont les seuls enfants au monde à être systématiquement poursuivis devant les tribunaux militaires, près de 10 000 enfants palestiniens ayant été détenus dans le système de détention militaire israélien ces vingt dernières années.»

«Refuser aux enfants l’accès à un représentant légal ou de voir leur famille, sont deux mesures imposées de longue date par les autorités israéliennes», ajoute Save the Children.

En juillet, le Conseil des droits humains de l’ONU a reçu un rapport sur le comportement d’Israël, remis par Francesca Albanese, rapporteuse spéciale sur la situation des droits humains dans les Territoires occupés.

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Francesca Albanese, rapporteuse spéciale de l'ONU: «Israël a transformé les Territoires occupés en une prison à ciel ouvert constamment surveillée»

Elle a indiqué au Conseil que depuis 1967, Israël avait emprisonné environ un million de Palestiniens dans les Territoires occupés, «dont des dizaines de milliers d'enfants». Actuellement, a-t-elle ajouté, il y a 5 000 Palestiniens dans les prisons israéliennes, dont 160 enfants. Plus d’un millier d’entre eux ont été détenus sans inculpation ni procès.

En bref, a-t-elle souligné, les Territoires occupés «dans leur ensemble, ont été transformés en une prison à ciel ouvert constamment surveillée». Elle a aussi estimé que les pratiques d'emprisonnement illégales d'Israël «équivalaient à des crimes internationaux», justifiant une enquête urgente de la part du procureur de la Cour pénale internationale (CPI).

Il y a plus de huit ans, le 17 avril 2015, jour désigné comme Journée des prisonniers palestiniens, l’ONU a reçu et publié un rapport sur les conditions des prisonniers palestiniens dans les prisons israéliennes, rédigé par l’observateur permanent de l’État de Palestine auprès de l’ONU.

Le rapport cherchait à mettre en évidence «la réalité tragique de milliers d’hommes, de femmes et d’enfants palestiniens vivant sous l’occupation israélienne depuis près de cinquante ans. Ils  ont été arrêtés, emprisonnés et ont été victimes de graves violences de la part de la puissance occupante».

Il ajoute encore que «la menace de détention et d’emprisonnement arbitraires est constante et persistante, avec un impact sur le peuple palestinien et la société palestinienne dévastateur».

Les enfants palestiniens ont été «de plus en plus ciblés par les emprisonnements israéliens», avec plus de 200 détenus au cours du seul premier trimestre de 2015. Un grand nombre d’entre eux «sont enlevés dans des conditions terrifiantes, le plus souvent dans l’obscurité de la nuit, par les forces d’occupation israéliennes».

Privés des «droits humains fondamentaux», ceux qui sont jugés le sont devant un tribunal militaire. Plus de 90 % des enfants libérés des prisons israéliennes «ont affirmé avoir souffert de tortures et de mauvais traitements lors des interrogatoires et de leur détention».

Pourtant, le traitement illégal des enfants par Israël est un secret de Polichinelle depuis des années, sur lequel le monde a fermé les yeux.

«L’Occident a accordé l’immunité à Israël pendant des décennies», a déclaré à Arab News Salwa Douaibis, cofondatrice de l’ONG Military Court Watch (MCW), basée en Israël.

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Salwa Douaibis, cofondatrice de l'ONG Military Court Watch, basée en Israël: «L'Occident a accordé l'immunité à Israël depuis des décennies»

MCW a été créée en 2013 par un petit groupe d'avocats et d'autres professionnels, avec pour objectif de faire campagne pour que tous les enfants emprisonnés par les autorités militaires israéliennes bénéficient de tous les droits et protections auxquels ils ont droit en vertu du droit international.

«Regardez la réaction de l’Occident face à la Russie lorsqu’elle a envahi l’Ukraine ou lorsqu’elle a annexé la Crimée», a réagi Salwa Douaibis.

«Des sanctions immédiates ont été imposées lors de l’annexion de la Crimée, et en l’espace d’environ douze mois, la Cour pénale internationale a émis un mandat d’arrêt contre Vladimir Poutine, pour son implication dans le transfert d’enfants d’Ukraine vers la Fédération de Russie», a-t-elle ajouté

«Ce qu’Israël fait avec les enfants palestiniens est une violation du droit international et le reflet exact de ce que fait la Russie, qui a transféré des enfants contre leur gré et sans le consentement d’un tuteur. Israël fait pareil depuis plus de cinquante-six ans, et des milliers d’enfants ont été illégalement transférés.»

«Ce qu’Israël fait avec les enfants palestiniens est une violation du droit international et le reflet exact de ce que fait la Russie, qui a transféré des enfants contre leur gré et sans le consentement d’un tuteur»

Salwa Douaibis, cofondatrice de l'ONG Military Court Watch, basée en Israël

«Lorsque c’est la Russie qui viole le droit international, la réaction est immédiate, parce que la Russie est un adversaire de l’Occident. Mais lorsqu’Israël est soupçonné d’avoir commis des crimes très graves, pendant de nombreuses années, il y a une réticence, pour le moins que l’on puisse dire, voire une obstruction active aux recours légaux en raison des intérêts particuliers en Israël», a déclaré Salwa Douaibis.

Il y a, a-t-elle souligné, un motif clair derrière la persécution des mineurs palestiniens par Israël.

«Selon nos données, l’écrasante majorité des enfants emprisonnés, jusqu’à 90 % d’entre eux, et peut-être davantage certaines années, vivent à quelques kilomètres d’une colonie. Si vous êtes le commandant militaire israélien en Cisjordanie, votre travail consiste à veiller à ce que les milliers de colons puissent se promener librement et en toute sécurité dans le territoire occupé. Ce que vous faites donc, c'est de harceler les Palestiniens qui se trouvent à proximité et de les soumettre à des actions qui influeront sur tous les aspects de leur vie», a assuré Salwa Douaibis.

«Ces arrestations d’enfants font partie d’un système conçu essentiellement pour protéger les colons, et qui permet à Israël de continuer à occuper ce territoire et à déplacer illégalement des colons vers les Territoires occupés, avec un minimum de risques pour leur vie.»

Des milliers d’enfants palestiniens, a-t-elle indiqué, ont fait l’expérience de cette routine. «Si Israël veut arrêter un enfant de colon, il doit présenter un mandat d’arrêt à la famille. Dans le cas des Palestiniens, il n'y a aucune obligation de mandat d'arrêt, et les soldats israéliens simplement faire une descente dans la maison au milieu de la nuit et emmener qui ils veulent, y compris des enfants.»

«Ensuite, l’enfant est soumis à de mauvais traitements d’une grande dureté. Il ou elle a immédiatement les mains attachées de manière douloureuse derrière le dos, les yeux bandés, jeté à l'arrière d'une jeep militaire, puis emmené dans une base militaire ou une colonie à proximité où il est abandonné pendant des heures et des heures, jusqu'à l’ouverture du centre d'interrogatoire», a précisé Salwa Douaibis.

«Cela ramollit la volonté des enfants pour l’interrogatoire. Ils sont privés de sommeil, probablement maltraités physiquement et verbalement, n'ont pas eu accès à un avocat, ne sont pas informés de leur droit au silence, puis sont interrogés sans la présence d'un tuteur adulte. Il n’est donc pas surprenant qu’un grand nombre de ces enfants, privés de leurs droits de protection, fassent des aveux.»

Certains militants œuvrant pour la protection des droits des enfants palestiniens sont prudemment optimistes quand aux révélations de ces derniers jours pourraient conduire à un changement. L’ONG Save the Children a appelé à un moratoire immédiat sur l’arrestation, la détention et la poursuite des enfants par les autorités israéliennes, jusqu'à ce que des réformes globales du système soient mises en œuvre.

«Nous nous félicitons de la nouvelle de la libération de certains des enfants israéliens retenus en otage à Gaza, et des enfants palestiniens détenus jusqu'à présent par l'armée israélienne», a déclaré dimanche dans un communiqué Jason Lee, directeur national de l’ONG dans le territoire palestinien occupé.

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Pour Jason Lee, de l’ONG Save the Children, les enfants palestiniens «ont vécu des horreurs qu'aucun enfant ne devrait jamais endurer»

«Ils ont vécu des horreurs qu’aucun enfant ne devrait jamais endurer, et doivent être soutenus, afin de pouvoir être aidés à entamer le long chemin d’un rétablissement. Cet échange n’est que la première étape nécessaire pour résoudre la crise de protection des enfants, vieille de plusieurs décennies, qui ne peut plus être ignorée», a-t-il poursuivi.

«Un cessez-le-feu durable doit être convenu immédiatement, tous les otages de Gaza doivent être libérés, et les terribles maltraitances aux niveaux émotionnel et physique infligées aux enfants palestiniens en détention doivent cesser», a-t-il conclu.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

 


Israël : le chef de l'opposition appelle à mettre fin à la guerre à Gaza

Un Palestinien marche à côté des décombres d'une maison résidentielle touchée par les frappes israéliennes nocturnes à Jabalia, dans le nord de la bande de Gaza, le 30 juin 2025, alors que le conflit entre Israël et le mouvement islamiste militant Hamas se poursuit. (Photo de Bashar TALEB / AFP)
Un Palestinien marche à côté des décombres d'une maison résidentielle touchée par les frappes israéliennes nocturnes à Jabalia, dans le nord de la bande de Gaza, le 30 juin 2025, alors que le conflit entre Israël et le mouvement islamiste militant Hamas se poursuit. (Photo de Bashar TALEB / AFP)
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  • Le leader centriste a déclaré : « L’État d’Israël n’a plus rien à gagner dans cette guerre.
  • « Le Hamas ne sera pas éliminé tant qu’un gouvernement alternatif ne sera pas mis en place à Gaza », a estimé Yaïr Lapid.

JERUSALEM : Le chef de l’opposition israélienne, Yaïr Lapid, a affirmé lundi qu’Israël n’avait « plus aucun intérêt à poursuivre la guerre à Gaza », estimant que le conflit ne faisait que « causer des dommages sécuritaires, politiques et économiques ».

S’exprimant lors de la réunion hebdomadaire de son groupe parlementaire Yesh Atid, le leader centriste a déclaré : « L’État d’Israël n’a plus rien à gagner dans cette guerre. Elle se prolonge inutilement, au détriment de notre stabilité et de nos soldats. » Il a également indiqué que l’armée israélienne partageait désormais ce constat.

« Le chef d’état-major, Eyal Zamir, s’est présenté hier devant le cabinet et a affirmé que la décision sur les objectifs à venir relevait désormais des instances politiques. Cela signifie que l’armée n’a plus de mission claire à Gaza », a-t-il insisté.

Selon les autorités israéliennes, au moins 442 soldats ont été tués depuis le début de l’offensive terrestre le 27 octobre 2023.

Déclenchée après l’attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre 2023, qui avait fait plus de 1.100 morts côté israélien et conduit à la prise de 251 otages, la guerre avait pour objectif déclaré de « démanteler » le mouvement islamiste palestinien. Pourtant, plus de 20 mois après le début des hostilités, le Hamas est toujours présent dans la bande de Gaza.

« Le Hamas ne sera pas éliminé tant qu’un gouvernement alternatif ne sera pas mis en place à Gaza », a estimé Yaïr Lapid. Il a ainsi appelé à une concertation régionale, notamment avec l’Égypte, afin d’envisager une nouvelle gouvernance du territoire, une perspective à laquelle aucun pays arabe ne s’est jusqu’à présent montré favorable.

Cette prise de position intervient une semaine après le cessez-le-feu conclu entre Israël et l’Iran, entré en vigueur le 24 juin. À cette occasion, le chef d’état-major israélien avait annoncé que l’armée « se reconcentrait sur Gaza, pour ramener les otages à la maison et démanteler le régime du Hamas ».

Dimanche, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a évoqué de « nouvelles opportunités » en vue d’une libération des otages. Mais à ce stade, aucune avancée concrète n’a été rendue publique.

Parmi les 251 personnes enlevées le 7 octobre, 49 sont toujours détenues à Gaza, dont 27 ont été déclarées mortes par l’armée.

Selon le ministère de la Santé du Hamas, dont les chiffres sont jugés crédibles par l’ONU, l’offensive israélienne a fait 56.531 morts, en majorité des civils. La guerre a également plongé la bande de Gaza dans une crise humanitaire d’une ampleur inédite.


Le taux de chômage en Arabie saoudite a atteint 2,8 % au premier trimestre

Le taux d'activité des Saoudiens et des non-Saoudiens a augmenté pour atteindre 68,2 %, soit une hausse de 1,8 point par rapport au trimestre précédent et de 2,2 points par rapport à la même période de l'année dernière. AFP/File.
Le taux d'activité des Saoudiens et des non-Saoudiens a augmenté pour atteindre 68,2 %, soit une hausse de 1,8 point par rapport au trimestre précédent et de 2,2 points par rapport à la même période de l'année dernière. AFP/File.
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  • Parmi les ressortissants saoudiens, le taux de chômage est tombé à 6,3 %.
  • La part des femmes saoudiennes dans la population active a augmenté pour atteindre 36,3 %.

RIYAD : Le taux de chômage global de l'Arabie saoudite est tombé à un niveau record de 2,8 % au premier trimestre 2025, en baisse de 0,7 point de pourcentage par rapport au trimestre précédent, selon des données officielles.

Selon les chiffres publiés par l'Autorité générale des statistiques, le taux de chômage a également baissé de 0,7 point par rapport à l'année précédente. Le taux d'activité des Saoudiens et des non-Saoudiens a augmenté pour atteindre 68,2 %, soit une hausse de 1,8 point par rapport au trimestre précédent et de 2,2 points par rapport à la même période de l'année dernière.

Le renforcement du marché du travail du Royaume s'aligne sur la Vision 2030, la feuille de route stratégique de la nation axée sur la création d'opportunités d'emploi pour les citoyens et la stimulation de la croissance économique. La lutte contre le chômage reste un pilier essentiel du programme de réformes socio-économiques.  
Pour soutenir les demandeurs d'emploi et rationaliser les efforts en matière d'emploi, le Royaume continue de promouvoir des plateformes numériques telles que Jadarat, un système national unifié pour connecter les Saoudiens aux opportunités d'emploi.

La part des femmes saoudiennes engagées dans la force de travail a augmenté pour atteindre 36,3 % au premier trimestre, soit une hausse de 0,3 point de pourcentage par rapport au trimestre précédent.

"En outre, le ratio emploi/population des femmes saoudiennes a augmenté de 0,7 point de pourcentage, atteignant 32,5 %. Dans le même temps, le taux de chômage des femmes saoudiennes a diminué de 1,4 point de pourcentage, atteignant 10,5 %, par rapport au trimestre précédent de 2024", a ajouté le GASTAT.

Chez les hommes saoudiens, la participation à l'activité économique a légèrement augmenté pour atteindre 66,4 %, tandis que leur taux de chômage a diminué de 0,3 point de pourcentage pour atteindre 4,0 %.

Le rapport de GASTAT a également révélé que 94,8 % des Saoudiens au chômage sont prêts à travailler dans le secteur privé. Parmi eux, 76,1 % des femmes et 86,3 % des hommes ont exprimé leur volonté de travailler au moins huit heures par jour.

En outre, 58,7 % des femmes saoudiennes à la recherche d'un emploi et 40,4 % de leurs homologues masculins se disent prêts à faire un trajet d'une heure ou plus pour se rendre sur leur lieu de travail.

Parallèlement aux résultats de l'enquête, GASTAT a également publié des statistiques sur le marché du travail basées sur les registres pour la même période.

Le nombre de Saoudiens enregistrés auprès de l'Organisation générale de l'assurance sociale et de la fonction publique a augmenté pour atteindre 2,92 millions au premier trimestre 2025, contre 2,89 millions au trimestre précédent. Parmi eux, 2,42 millions étaient employés dans le secteur privé et 492 620 dans le secteur public.

Dans le même temps, le nombre total de travailleurs enregistrés dans le Royaume - y compris les Saoudiens et les non-Saoudiens - a augmenté pour atteindre 12,8 millions, contre 12,4 millions au quatrième trimestre 2024.

Dans son dernier communiqué, GASTAT a déclaré : "Le ratio emploi-population pour les Saoudiens a augmenté de 0,5 point de pourcentage par rapport au quatrième trimestre de 2024, atteignant 48,0 pour cent, et a augmenté de 0,5 point de pourcentage par rapport au premier trimestre de 2024."

Parmi les ressortissants saoudiens, le taux de chômage est tombé à 6,3 % au premier trimestre, soit une baisse de 0,7 point par rapport au trimestre précédent et de 1,3 point par rapport à l'année précédente. La participation à la main-d'œuvre parmi les Saoudiens a légèrement augmenté pour atteindre 51,3 %, soit une amélioration trimestrielle de 0,2 point.


De nouvelles attaques de civils israéliens contre des soldats en Cisjordanie

Un soldat israélien monte la garde tandis que des colons israéliens visitent le centre historique et le marché de la ville palestinienne d'Hébron, en Cisjordanie occupée, le 28 juin 2025. (Photo : HAZEM BADER / AFP)
Un soldat israélien monte la garde tandis que des colons israéliens visitent le centre historique et le marché de la ville palestinienne d'Hébron, en Cisjordanie occupée, le 28 juin 2025. (Photo : HAZEM BADER / AFP)
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  • Selon les médias locaux, des colons ont pris pour cible le commandant de la base régionale de Binyamin, au centre de la Cisjordanie, le qualifiant de « traître ».
  • Ces violences semblent être une réponse à l’arrestation de six civils israéliens suite aux incidents de vendredi.

JERUSALEM : Plusieurs dizaines d’Israéliens se sont rassemblés dans la nuit de dimanche à lundi devant une base militaire en Cisjordanie occupée. Certains manifestants ont attaqué les forces de sécurité, aspergé les soldats de gaz lacrymogène, vandalisé des véhicules militaires et endommagé une installation stratégique, a indiqué l’armée israélienne.

Selon les médias locaux, des colons ont pris pour cible le commandant de la base régionale de Binyamin, au centre de la Cisjordanie, le qualifiant de « traître ». Ce dernier faisait partie d’un groupe de soldats agressés dans la nuit de vendredi à samedi, après s’être opposés à des colons se dirigeant vers le village palestinien de Kafr Malek, où trois Palestiniens avaient été tués mercredi par des colons, d’après l’Autorité palestinienne.

Ces violences semblent être une réponse à l’arrestation de six civils israéliens suite aux incidents de vendredi. En représailles, des colons se sont à nouveau mobilisés devant la base militaire.

Dans un communiqué, l’armée a confirmé que les forces de sécurité — armée, police et gardes-frontières — étaient intervenues pour disperser le rassemblement. Un civil israélien a été blessé lors des affrontements.

Quelques heures plus tard, l’armée a signalé que des civils israéliens avaient incendié et vandalisé un site de sécurité contenant des équipements utilisés pour prévenir des attentats dans le secteur de la brigade de Binyamin.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a réagi en condamnant fermement ces actes, rappelant qu’« aucun pays respectueux des lois ne peut tolérer de tels comportements violents et anarchiques ». Il a exigé l’ouverture immédiate d’une enquête et la traduction des responsables en justice.

Le ministre de la Défense, Yoav Gallant, a convoqué une réunion d’urgence avec les responsables de la sécurité pour discuter des agressions contre les forces armées. « Nous prendrons toutes les mesures nécessaires pour déraciner cette violence à sa source », a-t-il déclaré.

De son côté, le ministre des Affaires étrangères, Gideon Saar, a également condamné « fermement toute violence » envers les forces de sécurité.

Même le ministre des Finances d’extrême droite, Bezalel Smotrich, pourtant fervent partisan de la colonisation, a reconnu qu’une « ligne rouge » avait été franchie.

Plusieurs ONG de défense des droits humains dénoncent une montée des violences de la part des colons en Cisjordanie, ainsi que l’impunité dont ils jouiraient.

La Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, connaît une flambée de violences depuis le début de la guerre à Gaza, déclenchée par l’attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023. Environ trois millions de Palestiniens y vivent, aux côtés de près d’un demi-million de colons israéliens, installés dans des colonies considérées comme illégales au regard du droit international.