La survie de X en question après l'insulte de Musk aux annonceurs

Elon Musk (Photo, AFP).
Elon Musk (Photo, AFP).
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Publié le Samedi 02 décembre 2023

La survie de X en question après l'insulte de Musk aux annonceurs

  • L'agression verbale d'Elon Musk à destination des annonceurs qui boudent X (ex-Twitter) menace de fragiliser encore davantage le réseau social
  • Elon Musk lui-même a d'ailleurs évoqué, dès mercredi, une possible faillite de la plateforme

NEW YORK: L'agression verbale d'Elon Musk à destination des annonceurs qui boudent X (ex-Twitter) menace de fragiliser encore davantage le réseau social, l’entrepreneur lui-même évoquant la disparition de la plateforme, un an seulement après sa prise de contrôle.

"Ils veulent me faire du chantage avec la publicité, avec de l'argent? Allez vous faire foutre". La phrase, éructée par le milliardaire, mercredi, lors d'un entretien public à New York, continue à résonner.

Elon Musk faisait référence à la suspension, par nombre de marques de premier plan, de leur présence publicitaire sur X.

Une première vague d'annonceurs avait pris l'initiative en août après que l'observatoire des médias Media Matters avait fait état de publicités de grands noms adossées à un compte néo-nazi.

D'autres les ont rejoints ces dernières semaines, notamment Apple et Disney, en réaction à un tweet d'Elon Musk, qui relayait une théorie complotiste antisémite.

L'actionnaire majoritaire du réseau social s'est excusé pour ce message, mercredi, mais est immédiatement reparti à l'offensive contre les annonceurs réfractaires.

"Pas besoin d'être un expert pour comprendre qu'attaquer les sociétés qui paient les factures de X n'est pas bon pour les affaires", a commenté Jasmine Enberg, du cabinet Insider Intelligence. "La plupart des boycotts d'annonceurs sur les réseaux sociaux ont été de courte durée, mais celui-ci pourrait durer."

Elon Musk lui-même a d'ailleurs évoqué, dès mercredi, une possible faillite de la plateforme.

"Ce qui va se passer, c'est que ce boycott va tuer la société", a prévenu Elon Musk. "Et le monde entier saura que ces annonceurs ont tué l'entreprise."

L'homme d'affaires et son équipe ont lancé plusieurs formules payantes, mais le réseau social demeure gratuit par défaut et dépend toujours en presque totalité de ses recettes publicitaires.

Avant même la dernière polémique en date, Insider Intelligence anticipait une contraction de 54% du chiffre d'affaires tiré de la vente d'espaces promotionnels, le faisant tomber à 1,9 milliard de dollars cette année.

"Le fait que Musk refuse de chercher un compromis pourrait accélérer l'exode des annonceurs", reconnaît Dan Ives, de Wedbush Securities.

Selon des éléments fournis à l'AFP par la société d'analyse de données de marché SensorTower, la moitié des 100 premiers annonceurs américains du réseau social en octobre 2022 ont déjà complètement mis fin à leurs dépenses.

Le spectre de la dette

En se retirant, "vous laissez le champ libre à vos concurrents", prévient néanmoins Kellis Landrum, co-fondateur de l'agence de marketing digital True North Social, une opportunité dont pourraient tirer partie certaines entreprises.

Des annonceurs pourraient aussi choisir de rester faute d'alternative équivalente, le nouveau réseau de Meta, Threads, n'étant, pour l'heure, pas un concurrent légitime, fait valoir le responsable.

Quant à redistribuer son budget publicitaire vers les géants du numérique, "vous pouvez dépenser autant d'argent que vous voulez sur Google Ads (la régie publicitaire de Google), mais à partir d'un certain point, votre retour sur investissement diminue", dit-il.

Jasmine Enberg insiste, elle, sur le fait "que X n'est pas une plateforme essentielle pour beaucoup d'annonceurs, donc s'en retirer temporairement est assez indolore" - pour eux.

Si X ne communique pas de chiffres officiels, toutes les estimations font état d'une baisse sensible du nombre d'utilisateurs. SensorTower l'évalue à 45% pour les usagers mensuels sur le début du quatrième trimestre par rapport à la même période de l'an dernier.

A ce phénomène, s'ajoute le désengagement apparent de dizaines de comptes très suivis, de grandes entreprises notamment comme Coca-Cola, PepsiCo, la banque JPMorgan ou Starbucks. Ces grands noms n'ont plus posté de contenu depuis des semaines alors qu'ils assuraient auparavant une présence régulière.

Aucun, parmi la dizaine contactée, n'a donné suite aux sollicitations de l'AFP.

"L'influence de X a toujours été supérieure à ce qu'il pèse en publicité", explique Jasmine Enberg. "C'était un endroit important pour permettre aux marques d'entrer en contact avec les consommateurs. (...) Mais si le contenu diminue, cela va devenir encore plus difficile de générer des revenus publicitaires."

Même en ayant réduit ses effectifs de plus des deux tiers, X compte encore environ 2.000 employés et reste soumis à des coûts fixes (locaux, serveurs) conséquents.

Autre menace, la charge de la dette colossale contractée, pour son acquisition, par Elon Musk mais désormais supportée par X et qui prévoit le versement de plus d'un milliard de dollars d'intérêts et principal chaque année.

Mercredi, le bouillant patron a laissé entendre qu'il ne renflouerait pas l'ex-Twitter en cas d'impasse financière, même s'il en aurait largement les moyens, adoptant une position jusqu'au-boutiste.

"Si la société défaille à cause d'un boycott d'annonceurs", a-t-il clamé, "elle fera faillite."


Automobile: les équipementiers français pressent Bruxelles d'imposer un contenu local

 Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi. (AFP)
Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi. (AFP)
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  • Les équipementiers européens "contribuent pour 75% à la valeur d'un véhicule et représentent 1,7 million d'emplois" en Europe
  • Mais "les surcapacités mondiales, les importations subventionnées (par le pays exportateur, NDLR) et un déséquilibre commercial accru érodent les fondations de notre industrie"

PARIS: Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi.

Dans cette missive adressée à la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et datée du 12 décembre, les dirigeants des équipementiers Valeo, Forvia et OPmobility demandent à la Commission "des mesures claires sur le contenu local lors des annonces du 16 décembre".

Les équipementiers européens "contribuent pour 75% à la valeur d'un véhicule et représentent 1,7 million d'emplois" en Europe, mais "les surcapacités mondiales, les importations subventionnées (par le pays exportateur, NDLR) et un déséquilibre commercial accru érodent les fondations de notre industrie", écrivent Christophe Périllat (Valeo), Martin Fisher (Forvia) et Félicie Burelle (OPmobility).

"Les perspectives actuelles indiquent que 350.000 emplois et 23% de la valeur ajoutée des automobiles dans l'UE sont en danger d'ici 2030 si des mesures fortes ne sont pas prises de manière urgente", ajoutent-ils.

Ces équipementiers soutiennent "la position des ministres français en faveur de +flexibilités ciblées+ dans la réglementation sur (les émissions de) CO2 si elle est assortie de conditions de critères de contenu local, dans l'intérêt des emplois, du savoir-faire dans l'automobile" et de "l'empreinte carbone" en Europe.

Les constructeurs automobiles européens et l'Allemagne notamment réclament depuis des semaines de nets assouplissements dans l'interdiction de vendre des voitures neuves thermiques ou hybrides prévue à partir de 2035.

Les annonces de la Commission sont attendues mardi après-midi.

La semaine dernière, plusieurs ministres français avaient envoyé une lettre aux commissaires européens pour dire qu'ils acceptaient des "flexibilités ciblées", à condition qu'elles s'accompagnent d'une règlementation incitative à la production en Europe.

"On est prêt à faire preuve de flexibilité", avait ensuite expliqué Roland Lescure, ministre français de l'Economie. "Si vous voulez vendre encore un peu de moteurs thermiques en 2035 très bien, mais il faut qu’ils soient faits en Europe", avec "au moins 75% de la valeur ajoutée faite en Europe", avait-il ajouté.


Espagne: amende de 64 millions d'euros contre Airbnb pour avoir publié des annonces de logements interdits

Le gouvernement espagnol a annoncé lundi avoir infligé une amende de 64 millions d'euros à la plateforme Airbnb pour avoir notamment publié des annonces de logements interdits, une infraction qualifiée de "grave", en pleine crise du logement dans le pays. (AFP)
Le gouvernement espagnol a annoncé lundi avoir infligé une amende de 64 millions d'euros à la plateforme Airbnb pour avoir notamment publié des annonces de logements interdits, une infraction qualifiée de "grave", en pleine crise du logement dans le pays. (AFP)
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  • L'amende qui vise Airbnb et atteint précisément 64.055.311 euros est "définitive", a précisé dans un communiqué le ministère de la Consommation
  • "Des milliers de familles vivent dans la précarité à cause de la crise du logement, tandis que quelques-uns s'enrichissent grâce à des modèles économiques qui expulsent les gens de chez eux"

MADRID: Le gouvernement espagnol a annoncé lundi avoir infligé une amende de 64 millions d'euros à la plateforme Airbnb pour avoir notamment publié des annonces de logements interdits, une infraction qualifiée de "grave", en pleine crise du logement dans le pays.

En Espagne, les plateformes de location de courte durée suscitent un vif débat, surtout dans les grandes villes touristiques, où de nombreux habitants leur reprochent de contribuer à la flambée des loyers.

L'amende qui vise Airbnb et atteint précisément 64.055.311 euros est "définitive", a précisé dans un communiqué le ministère de la Consommation, ajoutant que la plateforme basée aux Etats-Unis devait désormais "corriger les manquements constatés en supprimant les contenus illégaux".

"Des milliers de familles vivent dans la précarité à cause de la crise du logement, tandis que quelques-uns s'enrichissent grâce à des modèles économiques qui expulsent les gens de chez eux", a critiqué le ministre de la Consommation, Pablo Bustinduy, cité dans le communiqué.

"Aucune entreprise en Espagne, aussi grande ou puissante soit-elle, n'est au-dessus des lois", a-t-il poursuivi.

L'Espagne a accueilli en 2024 un nombre record de 94 millions de visiteurs, ce qui en fait la deuxième destination touristique dans le monde derrière la France. Ce chiffre pourrait être battu cette année.

Mais si le tourisme est un moteur de l'économie, de nombreux Espagnols dénoncent la congestion des infrastructures, la disparition des commerces traditionnels, remplacés par des boutiques touristiques, et surtout la flambée des loyers, les propriétaires de logements se tournant vers la location touristique, y compris sur Airbnb, nettement plus rentable.

Face à cette poussée de colère, plusieurs régions et municipalités ont annoncé des mesures ces derniers mois, à l'image de la mairie de Barcelone (nord-est), qui a promis de ne pas renouveler les licences de quelque 10.000 appartements touristiques, qui expireront en novembre 2028.

 


La RATP se cherche un ou une présidente

Cette photographie montre le logo de la société française de transports publics RATP, sur un bâtiment à Paris, le 3 mars 2025. (AFP)
Cette photographie montre le logo de la société française de transports publics RATP, sur un bâtiment à Paris, le 3 mars 2025. (AFP)
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  • Après le départ de Jean Castex à la SNCF, l’Élysée s’apprête à nommer rapidement le nouveau président ou la nouvelle présidente de la RATP
  • Plusieurs profils circulent, tandis que la régie fait face à d’importants défis

PARIS: Après le départ de Jean Castex à la SNCF, la RATP se cherche un ou une présidente, dont la nomination pourrait intervenir "rapidement", selon des sources concordantes.

L'annonce se fera par communiqué de l'Elysée en vertu de l'article 13 de la Constitution qui prévoit que le président de la République nomme aux emplois civils et militaires de l'Etat.

Suivront, deux semaines plus tard, deux auditions de l'impétrant devant les sénateurs, puis devant les députés. Les parlementaires ont la possibilité de s'opposer au candidat d'Emmanuel Macron s'ils réunissent trois cinquième de leurs votes cumulés contre le nom choisi par l'Elysée.

En revanche, si le candidat est adoubé par le Parlement, son nom est proposé en conseil d'administration comme nouvel administrateur, puis confirmé dans la foulée par un décret suivant le conseil des ministres.

Depuis l'arrivée de l'ancien Premier ministre Jean Castex à la tête de la SNCF début novembre, les rumeurs se multiplient sur le nom de celui ou celle qui sera chargé de lui succéder aux commandes de la Régie autonome des transports parisiens, vieille dame créée le 21 mars 1948 et désormais plongée dans le grand bain de l'ouverture à la concurrence.

Les articles de presse pèsent les différents "profils" pressentis, politiques ou techniques qui pourraient "faire le job".

Les noms qui reviennent le plus souvent sont ceux de Xavier Piechaczyk, président du directoire du distributeur d'électricité RTE et ex-conseiller énergie-transport de Jean-Marc Ayrault et François Hollande, Alain Krakovitch, actuel directeur des TGV et Intercités à SNCF Voyageurs, Jean-François Monteils, président du directoire de la Société des grands projets (SGP) et selon la Tribune, Valérie Vesque-Jeancard, présidente de Vinci Airways et directrice déléguée de Vinci Airports.

"Si le nom sort de l'Elysée avant la fin de l'année, cela permettrait au PDG de prendre ses fonctions fin janvier-début février" souligne un fin connaisseur des milieux ferroviaires qui requiert l'anonymat.

- "Aller vite" -

"Une entreprise industrielle comme la RATP ne peut pas rester sans pilote très longtemps" souligne une autre source, proche du dossier, qui requiert aussi l'anonymat, avant d'ajouter "il faut aller vite, car c'est aussi une boite politique, la RATP".

Une entreprise aux enjeux d'autant plus complexes, que malgré son ancrage initial parisien, la RATP dépend du financement de la région Ile-de-France pour ses matériels, s'étend de plus en plus loin dans la banlieue, voire en métropole, et gère des réseaux de transports dans 16 pays sur les cinq continents.

En France, elle est notamment pressentie pour gérer les transports ferroviaires régionaux autour de Caen en Normandie à partir de 2027 après avoir répondu - via sa filiale RATP Dev - à des appels d'offre d'ouverture à la concurrence.

A Paris, la RATP est en train d'introduire progressivement de nouveaux matériels sur son réseau. Le nouveau métro MF19 construit par Alstom, ira d'abord sur la ligne 10 puis sept autres lignes (7 bis, 3 bis, 13 d'ici 2027, puis 12, 8, 3 et 7 d'ici 2034).

L'ensemble du processus prendra une dizaine d'années environ de travaux de modernisation sur les lignes concernées: beaucoup d'ingénierie fine à organiser pour réaliser les travaux pendant la nuit sans interrompre le trafic diurne et de désagréments pour les voyageurs.

A échéance plus lointaine, le ou la future patronne devra déterminer la stratégie du groupe dans les nouvelles ouvertures à la concurrence qui se dessinent: les tramway en 2030 puis le métro en 2040.

Sur le réseau de bus francilien, où la RATP a d'ores et déjà perdu son monopole, elle est parvenue à conserver l'exploitation de 70% des lignes d'autobus qu'elle gérait à l'issue des dernières vagues d'appels d'offre de mise en concurrence qui se sont achevées cet automne.

En particulier, elle continue d'exploiter via RATP Dev tous les bus de Paris intra-muros et a engagé un processus de verdissement de sa flotte de bus, financé par Ile-de-France Mobilités (IDFM), l'autorité organisatrice des transports.

Ses concurrents Keolis (filiale de la SNCF), Transdev et l'italien ATM ont pris les rênes le 1er novembre des lignes remportées.