Borne vendredi à Mayotte, qui a soif d'eau et de sécurité

Des gens font la queue devant un robinet public après sa réouverture dans le quartier de Kaweni à Mamoudzou, sur l'île française de Mayotte, dans l'océan Indien, le 14 octobre 2023. (AFP)
Des gens font la queue devant un robinet public après sa réouverture dans le quartier de Kaweni à Mamoudzou, sur l'île française de Mayotte, dans l'océan Indien, le 14 octobre 2023. (AFP)
Short Url
Publié le Mercredi 06 décembre 2023

Borne vendredi à Mayotte, qui a soif d'eau et de sécurité

  • Ce déplacement coïncide avec le débat au Parlement sur le très sensible projet de loi immigration qui démarre lundi dans l'hémicycle et sur lequel Gérald Darmanin est en première ligne
  • Elisabeth Borne visitera un bidonville qui doit être prochainement démantelé, situé à Koungou (nord-est), pour évoquer le relogement, un sujet qui fait débat sur l'île

PARIS: Elisabeth Borne est attendue vendredi à Mayotte sur la pénurie d'eau et l'insécurité qui minent le département le plus pauvre de France, confronté à une grave sécheresse doublée d'une pression migratoire des Comores voisines.

Cet archipel de l'océan Indien d'environ 350.000 habitants, où Marine Le Pen a réuni près de 60% des suffrages à la dernière présidentielle, est secoué depuis plusieurs semaines par des affrontements entre des villages qui ont conduit à l'envoi de renforts en gendarmes.

Ce déplacement - le premier d'un chef de gouvernement depuis Manuel Valls en 2015 - coïncide avec le débat au Parlement sur le très sensible projet de loi immigration qui démarre lundi dans l'hémicycle et sur lequel Gérald Darmanin est en première ligne.

Le locataire de la place Beauvau ne sera donc pas du voyage, auquel se joindront les ministres de la Santé Aurélien Rousseau et des Outre-mer Philippe Vigier.

La Première ministre marchera néanmoins dans les pas de Gérald Darmanin, venu dans l'archipel en juin pour défendre l'opération policière controversée Wuambushu de lutte contre la criminalité, l'immigration illégale et l'habitat insalubre, que des associations avaient dénoncée comme "brutale" et "anti-pauvres".

Elisabeth Borne visitera un bidonville qui doit être prochainement démantelé, situé à Koungou (nord-est), pour évoquer le relogement, un sujet qui fait débat sur l'île. Le député LR Mansour Kamardine considère que la construction de logements ou d'écoles est "un appel d'air" à l'immigration quand l'association Cimade défend une nécessaire "mise à l'abri".

«Prendre les armes»

La moitié de la population à Mayotte ne possède pas la nationalité française, selon l'Insee, même si un tiers des étrangers sont nés sur l'île.

La députée Liot Estelle Youssouffa met en garde contre un discours "compassionnel" qui serait mal reçu compte tenu de la "volatilité de la situation". "Les gens sont à deux doigts de prendre les armes et de se battre eux-mêmes", prévient l'élue qui veut restreindre le droit du sol à Mayotte, déjà durci en 2018, et a déposé des amendements en ce sens au texte sur l'immigration.

"La gauche du gouvernement (dont est issue Mme Borne, ndlr) ne veut pas entendre parler de fermeté. Mais pour lutter contre le Rassemblement national, vous ne pouvez pas mettre la tête dans le sable", estime la députée, interrogée par l'AFP.

La Première ministre "ne pourra pas faire l'économie des sujets sécuritaire et d'immigration", priorité des élus locaux avant la "loi Mayotte" promise par le gouvernement, abonde le président du conseil départemental Ben Issa Ousseni, étiqueté à droite. Il souhaite que les actions de type Wuambushu "puissent s'inscrire dans le temps".

Vittoria Logrippo, déléguée de la Cimade pour l'océan Indien, dénonce elle une "stigmatisation de l’immigration" qui "détourne l’attention des autres enjeux, d’ordre social", comme "la précarité", facteur parmi d'autres de l'insécurité selon elle.

Convention

Elisabeth Borne se penchera sur l'autre sujet d'inquiétude à Mayotte: le manque d'eau.

Elle visitera une usine de dessalement d'eau de mer qui va être agrandie pour faire face à la pénurie sur l'archipel, confronté à sa pire sécheresse depuis 1997, aggravée par un manque d'infrastructures et d'investissements.

Elle échangera aussi avec des Mahorais à un point de distribution d'eau potable, alors que les habitants de l'île en sont privés chez eux deux jours sur trois. L'Etat prend en charge depuis octobre les factures d'eau et la mesure pourrait être reconduite en janvier.

Le gouvernement a élargi récemment la distribution de bouteilles d'eau gratuites à toute la population de Mayotte, réservée jusqu'à présent aux plus vulnérables.

La cheffe du gouvernement rencontrera également les élus du conseil départemental, où elle signera une "convention financière" avec l'Etat qui devrait apporter 100 millions d'euros en 2024 à la petite enfance, dont les dépenses explosent face à une croissance démographique de 4% par an. Une aide que les élus souhaitent voir pérennisée.

Elisabeth Borne visitera aussi l'unique hôpital de Mayotte, qui manque cruellement de soignants. Emmanuel Macron, venu en 2019, avait promis la construction d'un deuxième établissement.

Elle assistera enfin à la destruction-recyclage de "kwassa kwassa", ces embarcations de fortune empruntées par les migrants, et évoquera la sécurisation des transports pour les élèves.


L’histoire de Donia, arrivée de Gaza à Paris, le quotidien morbide des Gazaouis qui ne veulent que vivre

Marcher la peur au ventre, occultant la faim et la fatigue, enjamber des gravats, des cadavres, marcher dans des égouts, tenir sans espoir aucun, se sachant, comme tous ses semblables, abandonnée par tous. (AFP)
Marcher la peur au ventre, occultant la faim et la fatigue, enjamber des gravats, des cadavres, marcher dans des égouts, tenir sans espoir aucun, se sachant, comme tous ses semblables, abandonnée par tous. (AFP)
Short Url
  • Donia Al-Amal Ismail, poète, journaliste et mère de quatre enfants, habitante de Gaza, arrivée à Paris il y a presque trois mois. Elle raconte son histoire à Arab News en français.
  • Difficile de ne pas se sentir anéantie face à ce visage doux et tendre, à ces yeux verts empreints d’une tristesse insondable.

PARIS: Depuis le début de la guerre à Gaza, les récits qui parviennent à franchir les ruines et le silence imposé sont rares.
Derrière les chiffres et les bilans atones relayés par les médias, il y a des voix : celles de civils qui ont vu leur existence basculer en quelques heures.
Parmi elles, Donia Al-Amal Ismail, poète, journaliste et mère de quatre enfants, habitante de Gaza, arrivée à Paris il y a presque trois mois. Elle raconte son histoire à Arab News en français.
Difficile de ne pas se sentir anéantie face à ce visage doux et tendre, à ces yeux verts empreints d’une tristesse insondable. Donia témoigne de ce que signifie vivre la guerre : vivre avec la peur, la faim, fuir sous les bombes, errer d’un abri de fortune à un autre.
Marcher pour ne pas crever, marcher avec le seul souci de garder en vie ses deux enfants (une fille et un garçon) restés avec elle, les deux autres étant en Égypte.
Marcher la peur au ventre, occultant la faim et la fatigue, enjamber des gravats, des cadavres, marcher dans des égouts, tenir sans espoir aucun, se sachant, comme tous ses semblables, abandonnée par tous.
Son récit, émouvant par-dessus tout, saccadé par de longs silences et des larmes qui coulent spontanément sur les joues, n’en est pas moins ferme : pour elle, indéniablement, Gaza est le foyer des Gazaouis qui feront tout pour reconstruire.

 


Lecornu recevra les socialistes mercredi, annonce Olivier Faure

Le nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu recevra mercredi matin les responsables du Parti socialiste, avec qui il devra négocier à l'automne un accord sur le budget 2026 pour éviter une censure, a annoncé leur Premier secrétaire Olivier Faure. (AFP)
Le nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu recevra mercredi matin les responsables du Parti socialiste, avec qui il devra négocier à l'automne un accord sur le budget 2026 pour éviter une censure, a annoncé leur Premier secrétaire Olivier Faure. (AFP)
Short Url
  • Depuis sa nomination mardi, Sébastien Lecornu a commencé ses consultations avec d'abord les partis de son "socle commun" (bloc central et LR), puis les syndicats et organisations patronales avec qui il a des entretiens encore lundi et mardi
  • Mais le rendez-vous le plus attendu est celui avec les socialistes. Déjà menacé de censure par LFI et le RN, c'est eux qui peuvent éviter à M. Lecornu de connaître le même sort que ses prédécesseurs

PARIS: Le nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu recevra mercredi matin les responsables du Parti socialiste, avec qui il devra négocier à l'automne un accord sur le budget 2026 pour éviter une censure, a annoncé leur Premier secrétaire Olivier Faure.

"On a rendez-vous mercredi matin et donc nous le verrons pour la première fois", a déclaré M. Faure lundi sur France 2. Les Ecologistes de Marine Tondelier et le Parti communiste de Fabien Roussel ont également indiqué à l'AFP être reçus mercredi, respectivement à 14H et 18H.

Depuis sa nomination mardi, Sébastien Lecornu a commencé ses consultations avec d'abord les partis de son "socle commun" (bloc central et LR), puis les syndicats et organisations patronales avec qui il a des entretiens encore lundi et mardi.

Mais le rendez-vous le plus attendu est celui avec les socialistes. Déjà menacé de censure par LFI et le RN, c'est eux qui peuvent éviter à M. Lecornu de connaître le même sort que ses prédécesseurs.

Au coeur de ce rendez-vous le projet de budget 2026 que le nouveau gouvernement devra présenter avant la mi-octobre au Parlement.

Les socialistes posent notamment comme conditions un moindre effort d'économies l'année prochaine que ce qu'envisageait François Bayrou et une fiscalité plus forte des plus riches, à travers la taxe sur les très hauts patrimoines élaborée par l'économiste Gabriel Zucman (2% sur les patrimoines de plus de 100 millions d'euros).

Mais Sébastien Lecornu, s'il s'est dit prêt samedi à "travailler sans idéologie" sur les questions "de justice fiscale" et de "répartition de l'effort", a déjà fait comprendre son hostilité à cette taxe Zucman, et notamment au fait de taxer le patrimoine professionnel "car c'est ce qui permet de créer des emplois".

"Quand on parle patrimoine professionnel, vous pensez à la machine outil ou aux tracteurs mais pas du tout. On parle d'actions, la fortune des ultrariches, elle est essentiellement en actions", lui a répondu M. Faure.

"Si vous dites que, dans la base imposable, on retire ce qui est l'essentiel de leur richesse, en réalité, vous n'avez rien à imposer", a-t-il argumenté.

"C'était déjà le problème avec l'Impôt sur la fortune (ISF, supprimé par Emmanuel Macron) qui touchait les +petits riches+ et épargnaient les +ultrariches+ parce que les +ultrariches+ placent leur argent dans des holdings", a-t-il reconnu.

 


Pour Sébastien Lecornu, un premier déplacement consacré à la santé

Sébastien Lecornu assiste à la présentation du supercalculateur Asgard au Mont Valérien à Suresnes, près de Paris, le 4 septembre 2025. (AFP)
Sébastien Lecornu assiste à la présentation du supercalculateur Asgard au Mont Valérien à Suresnes, près de Paris, le 4 septembre 2025. (AFP)
Short Url
  • Déplacement symbolique à Mâcon : Pour son premier déplacement, Sébastien Lecornu met l'accent sur l'accès aux soins et le quotidien des Français
  • Conscient de l'absence de majorité, il consulte partis et syndicats, cherchant des terrains d'entente sur le budget, tout en laissant la porte ouverte à une fiscalité plus juste

PARIS: Sébastien Lecornu se rend samedi en province, à Mâcon, pour son premier déplacement en tant que Premier ministre consacré à la santé et à "la vie quotidienne" des Français, délaissant pendant quelques heures les concertations qu'il mène activement à Paris avant de former un gouvernement.

Quatre jours à peine après sa nomination, le nouveau et jeune (39 ans) locataire de Matignon va à la rencontre des Français, pour qui il reste encore un inconnu. Il échangera notamment avec des salariés d'un centre de santé de Saône-et-Loire dont le but est d'améliorer l'accès aux soins.

Lui-même élu local de l'Eure, où il a été maire, président de département et sénateur, ce fils d'une secrétaire médicale et d'un technicien de l'aéronautique avait assuré dès le soir de sa nomination "mesurer les attentes" de ses concitoyens et "les difficultés" qu'ils rencontraient.

Celles-ci sont souvent "insupportables" pour accéder à un médecin ou à un professionnel de santé, parfois "source d'angoisse", souligne son entourage. Le Premier ministre entend dans ce contexte "témoigner de la reconnaissance de la Nation à l’égard des personnels soignants" et "réaffirmer la volonté du gouvernement de faciliter l’accès aux soins".

Il s'agit aussi pour Sébastien Lecornu de convaincre l'opinion, autant que les forces politiques, du bien-fondé de sa méthode: trouver des terrains d'entente, en particulier sur le budget, permettant de gouverner sans majorité.

Sébastien Lecornu est très proche d'Emmanuel Macron, avec qui il a encore longuement déjeuné vendredi à l'Elysée.

- Mouvements sociaux -

Sa nomination coïncide avec plusieurs mouvements sociaux. Le jour de sa prise de fonction, une mobilisation lancée sur les réseaux sociaux pour "bloquer" le pays a réuni 200.000 manifestants, et une autre journée de manifestations à l'appel des syndicats est prévue jeudi.

"Il y a une grande colère" chez les salariés, a rapporté Marylise Léon, la secrétaire générale de la CFDT, premier syndicat de France, à l'issue d'une entrevue vendredi avec le nouveau Premier ministre, qui lui a dit travailler sur une "contribution des plus hauts revenus" dans le budget 2026.

C'est sur le budget que ses deux prédécesseurs, François Bayrou et Michel Barnier, sont tombés. Et Sébastien Lecornu cherche en priorité une forme d'entente avec les socialistes.

Mais il lui faut dans le même temps réduire les déficits, alors que l'agence de notation Fitch a dégradé vendredi soir la note de la dette française.

Le centre et la droite de la coalition gouvernementale se disent prêts à taxer plus fortement les ultra-riches sans pour autant aller jusqu'à l'instauration de la taxe Zucman sur les plus hauts patrimoines, mesure phare brandie par les socialistes et dont LR ne veut pas.

Une telle mesure marquerait en tout cas une des "ruptures" au fond prônées par Sébastien Lecornu à son arrivée, puisqu'elle briserait le tabou des hausses d'impôts de la macronie.

- Méthode -

Sébastien Lecornu veut aussi des changements de méthode.

Il a d'abord réuni jeudi --pour la première fois depuis longtemps-- les dirigeants des partis du "socle commun", Renaissance, Horizons, MoDem et Les Républicains, afin qu'ils s'entendent sur quelques priorités communes.

Un format "présidents de parti" qui "permet de travailler en confiance, de façon plus directe, pour échanger sur les idées politiques, sur les arbitrages", salue un participant.

Avant les oppositions et à quelques jours d'une deuxième journée de manifestations, il a consulté les partenaires sociaux, recevant vendredi la CFDT et Medef, avant la CGT lundi.

En quête d'un compromis pour faire passer le budget, le chef de gouvernement pourrait repartir du plan de son prédécesseur François Bayrou délesté de ses mesures les plus controversées. A l'instar de la suppression de deux jours fériés.

L'hypothèse d'une remise sur les rails du conclave sur les retraites semble aussi abandonnée. Les partenaires sociaux refusent de toute façon de le rouvrir.

Des gestes sont attendus à l'égard des socialistes alors qu'à l'Elysée, on estime que le Rassemblement national, premier groupe à l'Assemblée nationale, se range désormais comme la France insoumise du côté du "dégagisme".

Cultivant une parole sobre voire rare, Sébastien Lecornu ne s'exprimera qu'à l'issue de ces consultations "devant les Français", avant la traditionnelle déclaration de politique générale, devant le Parlement.