Jordan Bardella mobilise les troupes du RN en Guadeloupe sur fond de protestations

Le président du RN Jordan Bardella, en tournée aux Antilles, a tenu une réunion publique en Guadeloupe jeudi soir malgré des protestations contre sa venue de plusieurs organisations politiques locales. (AFP)
Le président du RN Jordan Bardella, en tournée aux Antilles, a tenu une réunion publique en Guadeloupe jeudi soir malgré des protestations contre sa venue de plusieurs organisations politiques locales. (AFP)
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Publié le Vendredi 08 décembre 2023

Jordan Bardella mobilise les troupes du RN en Guadeloupe sur fond de protestations

  • Lors de l'élection présidentielle de 2022, la candidate du RN, Marine Le Pen, a affiché en Guadeloupe un score de 69,6%, le plus haut enregistré sur l'ensemble du territoire français
  • Après un déplacement en Martinique, Jordan Bardella a décrit la Guadeloupe comme «une terre d'avenir pour les idées qu'on représente»

POINTE-A-PITRE: Le président du RN Jordan Bardella, en tournée aux Antilles, a tenu une réunion publique en Guadeloupe jeudi soir malgré des protestations contre sa venue de plusieurs organisations politiques locales.

Lors de l'élection présidentielle de 2022, la candidate du Rassemblement national, Marine Le Pen, a affiché en Guadeloupe un score de 69,6%, le plus haut enregistré sur l'ensemble du territoire français.

Après un déplacement en Martinique, Jordan Bardella a décrit la Guadeloupe comme "une terre d'avenir pour les idées qu'on représente".

"Imaginez le chemin que nous avons parcouru", a souligné M. Bardella durant une allocution devant quelque 200 personnes qui s'est déroulée sans incident ou manifestation.

"A ceux qui nous ont dit que nous n'étions pas les bienvenus, nous rappelons que nous sommes ici chez nous", a-t-il lancé, alors que plusieurs mouvements politiques locaux se sont insurgés contre la présence du leader d'extrême droite sur le territoire guadeloupéen.

Six organisations dont le Mouvement international pour les réparations et le Comité international des Peuples Noirs, dans la mouvance autonomiste ou indépendantiste, ont publié un communiqué commun protestant contre ce déplacement, rappelant l'histoire du RN et "son idéologie raciste et xénophobe".

"Le Rassemblement national français n'est pas le bienvenu en Guadeloupe", ont-ils affirmé dans un communiqué

L'Allyans Nasyonal Gwadloup, parti arrivé troisième localement aux dernières élections européennes, qui défend la souveraineté de la Guadeloupe, a déclaré que le RN "n'a pas sa place ici".

Olivier Nicolas, responsable local du Parti socialiste, a lui rappelé que "les actes (du RN) l'ont souvent conduit à unir ses voix aux macronistes et à la droite (…) pour faire obstacle à tout progrès social significatif pour nos territoires", selon un communiqué.

Jordan Bardella et André Rougé, également député européen pour le RN, ont décliné leurs thèmes de campagne pour les élections européennes à venir en juin 2024: insécurité, présence de l'Outremer dans les politiques nationales et européennes et soutien à l'agriculture locale.

En 1987, Jean-Marie Le Pen n'avait pas pu atterrir sur le sol antillais, empêché par une mobilisation populaire. En 2022 lors de la campagne présidentielle, sa fille Marine Le Pen avait été, elle, chahutée à son hôtel par des opposants.

La fédération guadeloupéenne du RN compte actuellement 400 adhérents, selon ses dirigeants.


Macron fustige les «bourgeois des centres-villes» qui financent «parfois» le narcotrafic

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  • Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international"
  • La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic

PARIS: Le président Emmanuel Macron a estimé mercredi lors du Conseil des ministres que ce sont "parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants", selon des propos rapportés par la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon lors de son compte-rendu.

Le chef de l'État a appuyé "l'importance d'une politique de prévention et de sensibilisation puisque, je reprends ses mots, +c'est parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants+", a précisé Maud Bregeon, ajoutant: "on ne peut pas déplorer d'un côté les morts et de l'autre continuer à consommer le soir en rentrant du travail".

Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international". La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic.

 


Amiante dans les écoles: plus de 50 personnes et sept syndicats portent plainte à Marseille

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
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  • "La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu
  • Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent"

MARSEILLE: Ils sont parents d'élèves, enseignants, agents municipaux: une cinquantaine de personnes, toutes exposées à l'amiante dans des écoles des Bouches-du-Rhône, vont déposer mercredi à Marseille une plainte contre X pour "mise en danger délibérée de la vie d'autrui".

Sept syndicats et trois associations de victimes de l'amiante sont aussi plaignants dans ce dossier, qui concerne 12 établissements scolaires, la plupart à Marseille.

"La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu, qui représente ces plaignants d'une douzaine d'établissements scolaires et dont la plainte va être déposée à 14h.

Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent".

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire.

"Une collègue est décédée en avril 2024 des suites d’un cancer lié à l’amiante, reconnu comme maladie professionnelle", a expliqué dans un dossier de presse le collectif stop amiante éducation, dans lequel sont réunis les syndicats et associations plaignants.

Le collectif dénonce "de nombreuses défaillances", notamment une absence d'information sur l'amiante, malgré les obligations réglementaires, ou encore une absence de protection pendant les travaux.

En mars, les syndicats enseignants avaient révélé que plus de 80% des bâtiments scolaires en France étaient potentiellement concernés par la présence d'amiante.

Un rapport du Haut Conseil de la Santé Publique publié en 2014, prévoit que d’ici 2050, 50.000 à 75.000 décès par cancer du poumon dus à l’amiante aient lieu, auxquels s’ajoutent jusqu'à 25.000 décès par mésothéliome (un autre type de cancer).

 


Assassinat de Mehdi Kessaci: «Non, je ne me tairai pas» face au narcotrafic, dit son frère dans une tribune au Monde

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  • "Je dirai et répéterai que mon frère Mehdi est mort pour rien. Je dirai la violence du narcotrafic"
  • "On me parle de crime d’avertissement. Mais un crime n'est jamais un avertissement"

PARIS: "Non, je ne me tairai pas" face au narcotrafic, a déclaré mercredi dans une tribune publiée dans le journal Le Monde Amine Kessaci, le frère de Mehdi, abattu jeudi à Marseille par deux personnes à moto.

"Je dirai et répéterai que mon frère Mehdi est mort pour rien. Je dirai la violence du narcotrafic", a également écrit le militant écologiste de 22 ans, engagé dans la lutte contre le narcobanditisme. En 2020, cette famille de six enfants avait déjà été endeuillée par l'assassinat d'un autre de ses frères, Brahim, 22 ans, dont le corps avait été retrouvé carbonisé dans un véhicule.

"On me parle de crime d’avertissement. Mais un crime n'est jamais un avertissement", a encore déclaré Amine Kessaci, qui a enterré mardi son frère Mehdi. "Voici ce que font les trafiquants : ils tentent d’annihiler toute résistance, de briser toute volonté, de tuer dans l’œuf tout embryon de révolte pour étendre leur pouvoir sur nos vies", a-t-il ajouté.

La protection policière qui lui a été accordée ne l'a pas été à ses proches, a souligné le militant écologiste de 22 ans. "Pourtant, qui ignorait que ma famille avait déjà payé un tribut de sang? Comment ne pas savoir que ma famille pouvait être touchée ?", s'est-il interrogé.

"Face à un tel ennemi, l’Etat doit prendre la mesure de ce qu'il se passe et comprendre qu'une lutte à mort est engagée", a-t-il encore prévenu.

"Il est temps d’agir, par exemple de faire revenir les services publics dans les quartiers, de lutter contre l’échec scolaire qui fournit aux trafiquants une main-d’œuvre soumise, de doter les enquêteurs et les forces de police des moyens dont ils ont besoin, de renforcer, de soutenir réellement les familles de victimes du narcotrafic. Nous comptons nos morts, mais que fait l’Etat ?"

Medhi Kessaci, 20 ans, a été assassiné jeudi à Marseille près d'une salle de concert par deux hommes à moto, activement recherchées, un "crime d'intimidation" et "un assassinat d'avertissement" pour les autorités.