Macron, accusé d'atteinte à la laïcité en célébrant Hanouka à l'Elysée, défend «un esprit de concorde»

Un sapin de Noël est installé au palais présidentiel de l'Elysée à Paris, le 7 décembre 2023. (Photo de Ludovic MARIN / AFP)
Un sapin de Noël est installé au palais présidentiel de l'Elysée à Paris, le 7 décembre 2023. (Photo de Ludovic MARIN / AFP)
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Publié le Vendredi 08 décembre 2023

Macron, accusé d'atteinte à la laïcité en célébrant Hanouka à l'Elysée, défend «un esprit de concorde»

  • «L’Élysée n’est pas un lieu de culte. On ne transige pas avec la laïcité. Ce commun est précieux mais fragile», a dénoncé la socialiste Carole Delga
  • A gauche, des responsables voient le risque d'alimenter le sentiment d'un «deux poids, deux mesures» par rapport à la communauté musulmane

PARIS: Accusé d'avoir commis une atteinte inédite à la laïcité en célébrant à l'Elysée jeudi soir le début de la fête juive de Hanouka, Emmanuel Macron s'est défendu vendredi en invoquant "un esprit qui est celui de la République et de la concorde".

A deux jours de la date anniversaire du 9 décembre sur la loi de 1905 sur la séparation de l'Eglise et l'Etat, le chef de l'Etat a créé la polémique, y compris jusque dans une partie de la communauté juive, en laissant le grand rabbin de France, Haïm Korsia, allumer dans la salle des fêtes de l'Elysée la première bougie du candélabre pour Hanouka, la fête des lumières.

Cette célébration est intervenue lors de la remise à Emmanuel Macron du prix annuel Lord Jakobovits de la Conférence des rabbins européens qui récompense la lutte contre l'antisémitisme et la sauvegarde des libertés religieuses.

Assurant qu'il ne s'était pas prêté "à un geste cultuel", le chef de l'Etat a, à l'occasion d'une visite sur le chantier de la cathédrale Notre-Dame de Paris dit ne pas regretter "du tout" cette cérémonie organisée à l'Elysée.

"Tout ça a été fait d'ailleurs en présence de tous les autres cultes qui étaient invités et dans un esprit qui est celui de la République et de la concorde", a argumenté le président.

Et plaidant, dans un contexte de montée de l'antisémitisme, pour "donner de la confiance" à "nos compatriotes de confession juive", il a demandé "du bon sens et de la bienveillance".

L'événement n'avait pas été annoncé par l'Elysée mais des vidéos, largement visionnées sur les réseaux sociaux, ont embrasé la controverse, principalement à gauche.

"L’Élysée n’est pas un lieu de culte. On ne transige pas avec la laïcité. Ce commun est précieux mais fragile", a dénoncé la socialiste Carole Delga.

"L’Elysée n’est ni une église, ni une mosquée, ni un temple, ni une synagogue", a renchéri Guillaume Lacroix, président du parti radical de gauche. "Une faute politique impardonnable" pour le coordonnateur de La France insoumise Manuel Bompard.

A gauche, des responsables y voient aussi le risque d'alimenter le sentiment d'un "deux poids, deux mesures" par rapport à la communauté musulmane. Dans le contexte de montée des tensions liées à la guerre entre Israël et le Hamas, c'est "de la vraie nitroglycérine", a renchéri Laurence Rossignol (PS).

«Rupture de la tradition républicaine»

Les réactions ont été moins vives à droite et à l'extrême droite, qui ont surtout critiqué, à l'instar de la porte-parole des députés RN Laure Lavalette, "une tentative de rattrapage" du chef de l'Etat après son absence à la marche contre l'antisémitisme du 12 novembre.

"Comment peut-on refuser de participer à une marche civique contre l'antisémitisme au motif incongru et fallacieux de la sauvegarde de l’unité nationale et célébrer une fête religieuse au sein du palais présidentiel ?", s'est demandé David Lisnard (LR).

Au sein de la communauté juive même, le président du Crif, Yonathan Arfi a pris ses distances avec l'initiative du grand rabbin, parlant d'une "erreur".

"Ce n'est pas la place au sein de l'Elysée d'allumer une bougie de Hanouka parce que l'ADN républicain, c'est de se tenir loin de tout ce qui est religieux", a reconnu M. Arfi.

Emmanuel Macron avait déjà créé la polémique sur la laïcité en allant assister à la messe du pape à Marseille.

Mais "c'est la première fois que le président organise une cérémonie religieuse à l'Elysée, c'est une rupture de la tradition républicaine", a souligné l'historien Patrick Weil.

Embarrassé par la polémique, l'exécutif s'est d'abord défendu à travers Elisabeth Borne qui, depuis Mayotte, a estimé qu'Emmanuel Macron avait voulu envoyer un "signal" de "soutien" à la "communauté juive" face à la "montée de l'antisémitisme".

Le ministre de l'Intérieur et des cultes Gérald Darmanin n'y a vu "nulle atteinte à la laïcité".

Le ministre en a profité pour faire un lien avec les polémiques récurrentes sur les crèches en mairie au moment de Noël. Il a jugé "un peu absurde" les décisions de justice les interdisent "parce que ça fait partie de notre vie culturelle".


Le budget de la Sécurité sociale et son débat sur les retraites suspendus au vote sur les "recettes"

Le Premier ministre français Sébastien Lecornu (en bas) s'exprime lors d'un débat parlementaire sur le budget 2026 à l'Assemblée nationale, à Paris, le 31 octobre 2025. (AFP)
Le Premier ministre français Sébastien Lecornu (en bas) s'exprime lors d'un débat parlementaire sur le budget 2026 à l'Assemblée nationale, à Paris, le 31 octobre 2025. (AFP)
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  • Les députés doivent voter sur la partie « recettes » du budget de la Sécurité sociale, dont le rejet bloquerait l’examen de la suspension de la réforme des retraites prévue dans la partie « dépenses »
  • Malgré les divisions, le gouvernement appelle à la responsabilité pour éviter un blocage, tandis que les oppositions cherchent à peser sur le déficit et la répartition des recettes

PARIS: Le budget de la Sécurité sociale va-t-il poursuivre son chemin à l'Assemblée? Les députés doivent se prononcer, potentiellement samedi, sur sa partie "recettes" largement remaniée, et dont le rejet interromprait les débats avant même l'article-phare suspendant la réforme des retraites.

Signe de l'importance du moment, le ministère des Relations avec le Parlement a appelé les députés à adopter cette partie du texte pour que le débat "se poursuive" sur les dépenses, avant un vote sur l'ensemble du texte prévu mercredi, plutôt que d'envoyer dès ce week-end tout le projet de loi initial au Sénat. Laconique, et s'exprimant depuis le Mexique, Emmanuel Macron a tout de même répété ses vœux de "stabilité" pour le pays, en misant sur "la responsabilité de chacun" dans l'examen de ce budget.

La partie "dépenses" contient des "sujets de santé, de prévention, d'hôpital" et "la suspension de la réforme des retraites", rappelle le ministère.

Un message nécessairement adressé aux oppositions, mais qui peut aussi se lire comme un appel à la mobilisation de son propre camp, échaudé par certaines concessions à la gauche.

"On est loyal à un gouvernement qui fait n'importe quoi", s'est emporté anonymement cette semaine un député Renaissance.

L'opportunité d'aborder tous les sujets pèse à gauche: "on ne votera pas contre la partie recettes, ne serait-ce que parce qu'on veut qu'il y ait le débat sur la réforme des retraites", a expliqué à l'AFP Stéphane Peu, patron du groupe communiste, qui devrait s'abstenir.

Renaud Labaye, secrétaire général du groupe RN, pense que tous les groupes ont "intérêt à ce qu'on aborde les dépenses" car "ce n'est pas bon de laisser entendre aux Français que quand on parle de budget on ne parle que de fiscalité". Mais la décision sera actée par la patronne Marine Le Pen.

Le gouvernement espérera nécessairement une abstention des socialistes plutôt qu'un vote contre, alors que le PS, qui a obtenu sous la menace d'une censure l'annonce d'une suspension de la réforme des retraites, a un intérêt objectif à ce que les débats aillent jusqu'à cet article crucial.

- Quel déficit? -

Les oppositions, mais aussi une partie du camp gouvernemental, peuvent aussi se targuer d'avoir largement réécrit la partie recettes: exit la surtaxe sur les mutuelles, la cotisation patronale sur les tickets-restaurants ou la fin d'une exonération sur les salaires des apprentis.

Et la gauche a aussi fait adopter des amendements PS, LFI et communiste pour une hausse de CSG sur les revenus du patrimoine, et dégager 2,8 milliards de recettes en 2026. Le tout avec un avis favorable, quoique très froid, du gouvernement, qui n'a pas approuvé le dispositif mais veut qu'il reste sur la table pour la suite de la navette parlementaire.

"C'est la seule chose, pour l'instant, qu'ils ont cédée. Si les choses ne changent pas (...) ce sera un vote contre", estimait vendredi après-midi Hendrik Davi, du groupe écologiste, qui décidera samedi de sa position.

"J'aurais bien aimé qu'il y ait un petit peu plus de recettes", pointait aussi Jérôme Guedj (PS) vendredi, déçu du manque de soutien à certaines réductions d'exonérations patronales. "Il faut qu'on voit à la fin ce qu'il y a."

Plus d'impôts, moins de dépenses... Tous les groupes s'inquiètent à leur manière de la façon dont sera réduit le déficit de la Sécu. La copie du gouvernement prévoyait 17,5 milliards d'euros de déficit en 2026 (contre 23 milliards en 2025).

Mais le feu nourri des parlementaires contre plusieurs mesures-phares, comme le gel des retraites et des minima sociaux auquel le gouvernement entend renoncer, éloigne l'objectif.

"Il faudra nous assurer que, de manière absolue, le déficit de la sécurité sociale ne soit pas supérieur à 20 milliards d'euros", a insisté mercredi la ministre des Comptes publics Amélie de Montchalin.

Une alerte perçue comme une marge de manœuvre par certains à gauche, qui considèrent que le gouvernement de Sébastien Lecornu est effectivement prêt à renoncer à certaines mesures d'économies.


La présidente du Louvre déterminée à mener à bien la modernisation du musée

 La présidente-directrice du Louvre, musée le plus visité au monde, a assuré vendredi "avoir pris toute la mesure" des problèmes de sécurité du musée, après le vol retentissant de bijoux de la Couronne et un rapport très critique de la Cour des comptes. (AFP)
La présidente-directrice du Louvre, musée le plus visité au monde, a assuré vendredi "avoir pris toute la mesure" des problèmes de sécurité du musée, après le vol retentissant de bijoux de la Couronne et un rapport très critique de la Cour des comptes. (AFP)
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  • "J'ai pris toute la mesure de nos problèmes de sécurité", a déclaré Laurence des Cars, en précisant que le plan de sécurisation du Louvre, ou "schéma directeur" des équipements de sûreté, rentrait "en application aujourd'hui"
  • Il consiste en "toute une série de travaux d'améliorations, notamment en matière de vidéosurveillance", qui constitue "un des points faibles" du musée, comme l'a rappelé la présidente

PARIS: La présidente-directrice du Louvre, musée le plus visité au monde, a assuré vendredi "avoir pris toute la mesure" des problèmes de sécurité du musée, après le vol retentissant de bijoux de la Couronne et un rapport très critique de la Cour des comptes.

"J'ai pris toute la mesure de nos problèmes de sécurité", a déclaré Laurence des Cars, en précisant que le plan de sécurisation du Louvre, ou "schéma directeur" des équipements de sûreté, rentrait "en application aujourd'hui".

Il consiste en "toute une série de travaux d'améliorations, notamment en matière de vidéosurveillance", qui constitue "un des points faibles" du musée, comme l'a rappelé la présidente, qui en avait déjà fait état lors de son audition devant la commission de la Culture du Sénat fin octobre.

"Je veux remercier la confiance qui m'est accordée" pour "porter la transformation du Louvre, qui a plus que jamais besoin de transformation, de modernisation, pour devenir pleinement un musée du XXIe siècle. Ce qu'il n'est pas aujourd'hui", a ajouté la présidente, dont la démission avait été refusée après le vol.

Laurence des Cars, en poste depuis septembre 2021, a convoqué un conseil d'administration d'urgence vendredi pour revoir la gouvernance du musée le plus visité du monde.

Le 19 octobre, des malfaiteurs avaient réussi à s'introduire au Louvre et à dérober des joyaux d'une valeur de 88 millions d'euros, qui restent introuvables. Quatre suspects ont été mis en examen et écroués.

La Cour des comptes a étrillé jeudi le grand musée parisien dans un rapport en estimant qu'il avait "privilégié des opérations visibles et attractives" au détriment de la sécurité.

Entre 2018 et 2024, le Louvre a consacré 26,7 millions d'euros à des travaux d'entretien et de mise aux normes et 105,4 millions d'euros "pour l'acquisition d'œuvres", selon le rapport.

Mais, pour Laurence des Cars, "le Louvre est un tout" dans "lequel il ne faut pas opposer les travaux aux acquisitions des oeuvres, l'accueil de tous les publics". "Nous avons assuré l'ensemble de nos missions".

 


Un jeune homme tué par arme blanche dans une rixe à Clermont-Ferrand

Un jeune homme a été tué par arme blanche lors d'une rixe dans la nuit de jeudi à vendredi à Clermont-Ferrand et l'auteur des coups est en fuite, a indiqué le procureur à l'AFP. (AFP)
Un jeune homme a été tué par arme blanche lors d'une rixe dans la nuit de jeudi à vendredi à Clermont-Ferrand et l'auteur des coups est en fuite, a indiqué le procureur à l'AFP. (AFP)
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  • A un moment, l'un des protagonistes est parti chercher un couteau. A son retour, il a frappé au thorax un jeune homme qui n'a pas pu être ranimé par les secours, a précisé le magistrat
  • La victime était âgée de 20 ans et son meurtrier s'est enfui avec l'arme du crime, selon une source policière

CLERMONT-FERRAND: Un jeune homme a été tué par arme blanche lors d'une rixe dans la nuit de jeudi à vendredi à Clermont-Ferrand et l'auteur des coups est en fuite, a indiqué le procureur à l'AFP.

Une rixe est survenue entre deux groupes de personnes dans le centre de la ville en fin de soirée pour un motif encore inconnu, a expliqué Eric Serfass.

A un moment, l'un des protagonistes est parti chercher un couteau. A son retour, il a frappé au thorax un jeune homme qui n'a pas pu être ranimé par les secours, a précisé le magistrat.

La victime était âgée de 20 ans et son meurtrier s'est enfui avec l'arme du crime, selon une source policière.

Il n'y a pas eu d'autres blessés et aucune interpellation n'a encore eu lieu, selon le procureur.

Une enquête pour homicide volontaire est ouverte.