A Nahariya dans le Nord d'Israël, les habitants craignent un deuxième front

Un Israélien armé à Nahariya, ville côtière du nord d'Israël, près de la frontière avec le Liban, le 8 décembre 2023 (Photo, AFP).
Un Israélien armé à Nahariya, ville côtière du nord d'Israël, près de la frontière avec le Liban, le 8 décembre 2023 (Photo, AFP).
Short Url
Publié le Vendredi 08 décembre 2023

A Nahariya dans le Nord d'Israël, les habitants craignent un deuxième front

  • En visite jeudi dans le nord auprès des troupes, le Premier ministre Benjamin Netanyahou a menacé de transformer Beyrouth «en Gaza»
  • Les violences à la frontière ont fait plus de 110 morts au Liban et une dizaine côté israélien

NAHARIYA: Daniel Bussidan semble encore sous le choc: une roquette vient de tuer l'un de ses proches, et comme tous les habitants de la station balnéaire israélienne la plus proche du Liban, il craint l'embrasement régional.

"J'ai peur d'une attaque depuis le Liban", lance ce jeune homme de 26 ans qui travaille à l'abri des rangées d'eucalyptus immenses dans une boulangerie de la principale rue commerçante de Nahariya, verdoyant lieu de villégiature sur les rives de la Méditerranée.

En temps normal, les 75.000 habitants et les promeneurs profitent de la douceur du climat et des spots de surf.

Mais depuis plus de deux mois, ils vivent sous la menace des échanges de tirs quotidiens entre l'armée israélienne et le puissant Hezbollah.

Car la destination se situe à quelques kilomètres seulement de la frontière septentrionale, bien visible sur la colline au loin. Et le mouvement chiite, l'un des ennemis jurés d'Israël, dit être "entré dans la bataille depuis le 8 octobre", pour soutenir le Hamas palestinien, au pouvoir à Gaza.

«On est pas venus habiter en Suisse»

En visite jeudi dans le nord auprès des troupes, le Premier ministre Benjamin Netanyahou a menacé de transformer Beyrouth "en Gaza", intensément bombardée depuis l'attaque sanglante du Hamas sur le sol israélien le 7 octobre, si le Hezbollah "choisissait de déclencher une guerre totale".

Dans ce contexte:  A la station service, Mair, 52 ans, qui vend du bois de construction et ne souhaite pas donner son nom de famille, parle d'un chiffre d'affaires en chute libre.

Même son de cloche dans les restaurants du front de mer et dans les boutiques affichant fièrement le drapeau national: peu de lèche-vitrine au retour de plage, beaucoup de fusils en bandoulières.

"Il peut y avoir une infiltration" de combattants du Hezbollah depuis le Liban et "dès qu'on sort, on repère les abris", explique Nathalie Betito, 44 ans, qui a quand même tenu à célébrer Hanouka, la fête juive des lumières.

Elle a retrouvé une centaine de personnes dans la salle attenante de la synagogue centrale avec sa fille et son mari Arié, avec lequel elle a immigré depuis la France il y a cinq ans.

"On est pas venus habiter en Suisse", dit ce dernier, 47 ans, qui s'occupe des nouveaux arrivants à la mairie de Nahariya, attractive pour son cadre de vie comme pour ses avantages fiscaux, concédés en raison de sa position exposée.

«On attend la guerre»

Pas question de suivre des Russes et des Ukrainiens qui ne voulaient pas subir encore un front et sont repartis massivement trouver un point de chute moins angoissant, dans un pays d'Europe occidentale.

Même si les violences à la frontière ont fait plus de 110 morts au Liban et une dizaine côté israélien, où l'armée a tenu à montrer à l'AFP des troupes à l'entraînement sur le plateau du Golan annexé, prêtes à en découdre. Quant à Gaza, près de 17.500 Palestiniens ont été tués dans la riposte israélienne à l'attaque sans précédent de commandos du Hamas, qui a fait 1.200 morts sur le sol israélien le 7 octobre, selon les autorités locales.

"On a un revolver pointé sur la tempe", estime Arié Betito à Nahariya, qui craint l'arsenal du Hezbollah "pointé sur nous", mais ne croit toutefois pas à une guerre "totale".

"Le prix à payer serait exorbitant" et "ni d'un côté ni de l'autre", "quelqu'un a "envie de ça".

"Totale" ou pas, Efi Dayan, 60 ans, "sait qu'il va y avoir une guerre ici". "On se prépare avec de la nourriture, des vêtements. On l'attend", souffle-t-il calmement sous le soleil hivernal.


Israël a rendu à Gaza 30 corps de Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages 

Israël a rendu vendredi à l'hôpital Nasser les corps de 30 Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages israéliens restituées la veille par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a indiqué à l'AFP cet établissement du sud de la bande de Gaza. (AFP)
Israël a rendu vendredi à l'hôpital Nasser les corps de 30 Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages israéliens restituées la veille par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a indiqué à l'AFP cet établissement du sud de la bande de Gaza. (AFP)
Short Url
  • "Les corps de 30 prisonniers palestiniens ont été reçus de la partie israélienne dans le cadre de l'accord d'échange", a précisé l'hôpital, situé à Khan Younès
  • Au total, en échange de 15 dépouilles d'Israéliens, 225 dépouilles de Palestiniens ont été rendues conformément aux termes de l'accord de cessez-le feu en vigueur depuis le 10 octobre

GAZA: Israël a rendu vendredi à l'hôpital Nasser les corps de 30 Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages israéliens restituées la veille par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a indiqué à l'AFP cet établissement du sud de la bande de Gaza.

"Les corps de 30 prisonniers palestiniens ont été reçus de la partie israélienne dans le cadre de l'accord d'échange", a précisé l'hôpital, situé à Khan Younès.

Les otages avaient été enlevés lors de l'attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, qui avait déclenché la guerre dans la bande Gaza.

Au total, en échange de 15 dépouilles d'Israéliens, 225 dépouilles de Palestiniens ont été rendues conformément aux termes de l'accord de cessez-le feu en vigueur depuis le 10 octobre.

Depuis cette date, le Hamas a également rendu deux dépouilles d'otages non-israéliens, un Thaïlandais et un Népalais.

Le mouvement islamiste a jusqu'à présent restitué les restes de 17 des 28 corps qui se trouvaient encore à Gaza et auraient dû être rendus au début de la trêve, assurant que localiser les autres dépouilles est "complexe" dans le territoire dévasté par deux ans de guerre.

Des équipes égyptiennes autorisées à entrer dans le territoire palestinien par Israël participent aux recherches avec des engins de chantiers.

Lundi soir, le Hamas avait rendu à Israël les restes d'un otage, identifié comme étant ceux d'Ofir Tzarfati, dont une partie de la dépouille avait déjà été récupérée en deux fois.

Les retards successifs dans la remise des corps des otages ont provoqué la colère du gouvernement israélien, qui a accusé le Hamas de violer l'accord de trêve. Et les familles des otages ont exigé des mesures plus sévères pour contraindre le groupe palestinien à se conformer à l'accord.

Dix corps d'otages du 7-Octobre seraient encore à Gaza, ainsi que celui d'un soldat mort durant une guerre en 2014. Tous sont israéliens sauf un Tanzanien et un Thaïlandais.

Par ailleurs, à deux reprises depuis le 10 octobre, Israël a mené des bombardements massifs sur Gaza en représailles à des tirs qui ont tué trois de ses soldats. Le 19 octobre, les bombardements israéliens avaient fait au moins 45 morts et mardi 104.

Le Hamas, qui dément avoir tiré sur les soldats israéliens, a accusé Israël de violer le cessez-le-feu.


Frappe israélienne sur le sud du Liban: un mort 

Une frappe israélienne a tué vendredi un homme qui circulait à moto dans le sud du Liban, a annoncé le ministère de la Santé, ce qui porte à au moins 25 le nombre de morts dans des raids israéliens au cours du mois d'octobre. (AFP)
Une frappe israélienne a tué vendredi un homme qui circulait à moto dans le sud du Liban, a annoncé le ministère de la Santé, ce qui porte à au moins 25 le nombre de morts dans des raids israéliens au cours du mois d'octobre. (AFP)
Short Url
  • Vendredi, un drone a visé un homme à moto dans le village de Kounine, selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle). Le ministère de la Santé a fait état d'un mort et d'un blessé
  • Cette frappe intervient au lendemain de l'incursion d'une unité israélienne dans le village frontalier de Blida, où les soldats ont tué un employé municipal

BEYROUTH: Une frappe israélienne a tué vendredi un homme qui circulait à moto dans le sud du Liban, a annoncé le ministère de la Santé, ce qui porte à au moins 25 le nombre de morts dans des raids israéliens au cours du mois d'octobre.

Malgré le cessez-le-feu ayant mis fin en novembre 2024 à la guerre entre le Hezbollah et Israël, ce dernier continue de mener des frappes régulières au Liban, affirmer viser la formation pro-iranienne.

Vendredi, un drone a visé un homme à moto dans le village de Kounine, selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle). Le ministère de la Santé a fait état d'un mort et d'un blessé.

Israël n'a pas réagi dans l'immédiat.

Cette frappe intervient au lendemain de l'incursion d'une unité israélienne dans le village frontalier de Blida, où les soldats ont tué un employé municipal.

Le président Joseph Aoun a demandé à l'armée de "faire face" à toute nouvelle incursion israélienne en territoire libanais.

Ces derniers jours, l'aviation israélienne a intensifié ses frappes au Liban, affirmant viser des membres ou des infrastructures du Hezbollah.

Selon un bilan compilé par l'AFP à partir des données du ministère de la Santé, au moins 25 personnes, dont un Syrien, ont été tuées depuis le début du mois.

L'ONU avait indiqué mardi que 111 civils avaient été tués au Liban par les forces israéliennes depuis la fin de la guerre.

Lors d'un entretien vendredi avec son homologue allemand Johann Wadephul, en visite à Beyrouth, le ministre libanais des Affaires étrangères Youssef Rajji lui a demandé "d'aider à faire pression sur Israël pour qu'il cesse ses agressions".

"Seule une solution diplomatique, et non militaire, peut assurer la stabilité et garantir le calme dans le sud", a assuré le ministre libanais, selon ses propos rapportés par l'Ani.

Il a assuré que "le gouvernement libanais poursuit la mise en œuvre progressive de sa décision de placer toutes les armes sous son contrôle".

Le Hezbollah est sorti très affaibli du conflit et les Etats-Unis exercent une intense pression sur le gouvernement libanais pour que le mouvement chiite livre ses armes à l'armée nationale, ce qu'il refuse jusqu'à présent.

 


Liban: le chef de l'Etat demande à l'armée de «s'opposer à toute incursion israélienne»

Le président libanais Joseph Aoun a demandé jeudi à l'armée de "s'opposer à toute incursion israélienne", après la mort d'un employé municipal d'un village du sud du Liban où une unité israélienne a pénétré pendant la nuit. (AFP)
Le président libanais Joseph Aoun a demandé jeudi à l'armée de "s'opposer à toute incursion israélienne", après la mort d'un employé municipal d'un village du sud du Liban où une unité israélienne a pénétré pendant la nuit. (AFP)
Short Url
  • Dans un communiqué, le chef de l'Etat a condamné cette opération et "demandé à l'armée de faire face à toute incursion israélienne (...) pour défendre le territoire libanais et la sécurité des citoyens"
  • Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), "dans une agression grave et sans précédent", une unité israélienne "appuyée par des véhicules a effectué une incursion dans le village de Blida, à plus d'un kilomètre de la frontière"

BERYROUTH: Le président libanais Joseph Aoun a demandé jeudi à l'armée de "s'opposer à toute incursion israélienne", après la mort d'un employé municipal d'un village du sud du Liban où une unité israélienne a pénétré pendant la nuit.

Dans un communiqué, le chef de l'Etat a condamné cette opération et "demandé à l'armée de faire face à toute incursion israélienne (...) pour défendre le territoire libanais et la sécurité des citoyens".

Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), "dans une agression grave et sans précédent", une unité israélienne "appuyée par des véhicules a effectué une incursion dans le village de Blida, à plus d'un kilomètre de la frontière".

Cette unité "a investi le bâtiment de la municipalité du village, où dormait Ibrahim Salamé, un employé municipal, qui a été tué par les soldats de l'ennemi", a ajouté l'Ani.

Le ministère de la Santé a confirmé la mort de l'employé municipal.

Des villageois cités par l'Ani ont indiqué que l'incursion avait duré plusieurs heures et que les forces israéliennes s'étaient retirées à l'aube.

Sur X, le Premier ministre libanais Nawaf Salam a dénoncé "une agression flagrante contre les institutions de l'Etat libanais et sa souveraineté".