Après la prison, l'incertitude: Des adolescents palestiniens interdits d'école

Des enfants palestiniens se tiennent dans un camp de personnes déplacées à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, où la plupart des civils ont trouvé refuge, le 13 décembre 2023 (Photo, AFP).
Des enfants palestiniens se tiennent dans un camp de personnes déplacées à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, où la plupart des civils ont trouvé refuge, le 13 décembre 2023 (Photo, AFP).
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Publié le Dimanche 17 décembre 2023

Après la prison, l'incertitude: Des adolescents palestiniens interdits d'école

  • Mohamed a été arrêté en même temps que trois de ses cousins, Moataz, 15 ans, Ahmed, 14 ans, et Ayham, 13 ans
  • Amin al-Abbasi, 17 ans, a choisi d'aller dans une école gérée par l'Autorité palestinienne

JERUSALEM: Mohamed al-Salaymeh espérait retrouver les bancs de son école après des mois de détention, comme d'autres adolescents palestiniens libérés par Israël dans le cadre d'un échange de prisonniers avec le Hamas.

Mais, après la prison, il se retrouve face à un avenir incertain, n'ayant pas été autorisé à revenir en classe, en vertu d'une décision ministérielle israélienne.

"Mon rêve est de revenir" à l'école a déclaré Mohamed, 16 ans, devant son école du quartier de Ras al-Amoud à Jérusalem-Est, annexée et occupée, où vivent environ 230.000 Israéliens et 360.000 Palestiniens.

"Dieu seul sait quand nous y retournerons. Je veux réaliser mes rêves, avoir un travail", dit-il à l'AFP.

Lors d'une attaque sans précédent le 7 octobre menée par le Hamas en Israël, qui a fait 1.140 morts environ, surtout des civils, le mouvement islamiste et ses alliés ont capturé quelque 250 personnes.

En représailles, Israël a lancé une offensive aérienne, maritime et terrestre dans la bande de Gaza, qui a fait 18.800 morts, essentiellement des femmes et des mineurs, selon le ministère de la santé du Hamas, au pouvoir à Gaza.

Le mouvement islamiste palestinien Hamas a libéré 80 otages israéliens ou binationaux en échange de 240 Palestiniens détenus dans les prisons israéliennes, en vertu d'un accord de trêve fin novembre.

De parts et d'autres, les personnes libérées étaient des femmes ou des mineurs.

Mohamed a été arrêté en même temps que trois de ses cousins, Moataz, 15 ans, Ahmed, 14 ans, et Ayham, 13 ans.

Ce dernier est depuis assigné à résidence. Les autres ont passé environ quatre mois en prison, après avoir été accusés -sans être inculpés- d'avoir jeté des pierres sur une colonie juive près de leur quartier.

"Où vais-je aller ? (...) Je vais rester à la maison. Je ne peux pas travailler parce que j'ai moins de 18 ans", regrette Ahmed. Moataz, lui, craint de devoir redoubler.

Mais c'est Mohamed qui semble plus durement affecté, puisqu'il devait obtenir son diplôme l'année prochaine.

«Pas d'avenir»

La décision d'interdiction d'école concerne 48 mineurs. Le ministère israélien de l'Education a précisé à l'AFP que les adolescents libérés ne seraient pas autorisés à retourner dans les écoles avant la fin des vacances d'hiver, le 10 janvier. Après cette date, leur sort sera réexaminé.

La municipalité de Jérusalem a ajouté dans un communiqué qu'elle "évaluait et examinait les besoins pédagogiques et psychologiques de chaque élève, et mettait en place des programmes éducatifs individuels visant à empêcher la répétition d'actes illégaux à l'avenir".

Mardi, le père d'Ahmed, Nayef al-Salaymeh a été convoqué par la municipalité qui a suggéré, selon lui, "que les adolescents soient transférés vers d'autres écoles".

"Nous avons refusé parce qu'ils ont tous grandi dans cette école de notre quartier", a déclaré le père, exprimant des craintes de voir "des jeunes dans la rue, sans avenir", a-t-il poursuivi.

"Ils détruisent leurs rêves et leurs ambitions, pour faire de nous un peuple rétrograde", a-t-il déploré.

«Seule arme»

Contrairement aux Salaymeh, Amin al-Abbasi, 17 ans, a choisi d'aller dans une école gérée par l'Autorité palestinienne, qui exerce un contrôle administratif partiel sur la Cisjordanie occupée.

Il explique avoir choisi une autre école pour "ne pas perdre l'année" et tente de convaincre ses anciens compagnons de cellule de le rejoindre, même si l'école est éloignée et difficile d'accès, selon sa mère, Abir.

Amin purgeait une peine de 20 mois pour avoir participé à des affrontements dans son quartier de Silwan, adjacent à la vieille ville de Jérusalem, où des tensions avaient déjà éclaté entre les habitants palestiniens et les colons juifs.

Il a purgé 13 mois de sa peine avant d'être libéré.

Selon l'avocat Khaled Zabarqa, qui s'était chargé de ce genre de dossiers dans le passé, l'interdiction aux anciens détenus de retourner à l'école est contraire à la loi israélienne sur l'enseignement obligatoire.

"L'éducation, en tant que droit humain, ne devrait pas être soumise à des considérations politiques", a-t-il estimé.

Tal Hassin, de l'Association pour les droits civils en Israël, a indiqué que l'association attendait la fin des vacances pour voir quelles décisions allaient être prises et quelles voies légales pourraient être suivies.

D'ici là, Mohamed s'accroche à l'espoir de retourner à l'école. "Mon éducation est ma seule arme", a-t-il dit.


Retailleau engage la procédure de dissolution d'Urgence Palestine

Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau intervient lors d'un débat sur le narcotrafic à l'Assemblée nationale française à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau intervient lors d'un débat sur le narcotrafic à l'Assemblée nationale française à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • A la veille du 1er mai, Bruno Retailleau a annoncé  mecredi l'engagement de la procédure de dissolution du groupe Urgence Palestine.
  • Le groupe organise régulièrement des manifestations, qui ont parfois été interdites par les autorités.

PARIS : A la veille du 1er mai, Bruno Retailleau a annoncé  mecredi l'engagement de la procédure de dissolution du groupe Urgence Palestine, ainsi que de Lyon Populaire, qui appartient à l'ultra droite, après avoir lancé mardi celle du groupe antifasciste La Jeune Garde.

Invité de CNews/Europe 1, le ministre de l'Intérieur a justifié la dissolution d'Urgence Palestine en affirmant qu'il fallait « taper sur les islamistes ». « L'islamisme est une idéologie qui essaie d'instrumentaliser une religion. Il y a une défiguration de la foi », a-t-il dit.

« Il ne faut pas défigurer la juste cause des Palestiniens », a poursuivi M. Retailleau, qui a insisté sur le fait que « beaucoup de nos compatriotes musulmans professent une foi parfaitement compatible avec les valeurs de la République ».

Créé au lendemain de l'attaque sans précédent du Hamas dans le sud d'Israël le 7 octobre 2023, qui a déclenché la guerre à Gaza, le collectif Urgence Palestine dit rassembler « des citoyens, des organisations et mouvements associatifs, syndicaux et politiques mobilisés pour l'auto-détermination du peuple palestinien ». 

Le groupe organise régulièrement des manifestations, qui ont parfois été interdites par les autorités.

« À l'heure où le peuple palestinien est confronté au génocide, à la famine, où les Israéliens cherchent à détruire et à anéantir le peuple palestinien, que fait le gouvernement français ? Il veut dissoudre notre collectif, c'est insupportable », a réagi Omar Al Soumi, l'un des militants d'Urgence Palestine.

« C'est la réalité d'une France complice du génocide », a-t-il accusé dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux.

Urgence Palestine a reçu de nombreux messages de soutien de la part d'organisations de l'extrême gauche et de la gauche radicale. 

« Non à la dissolution d'Urgence Palestine », a écrit sur Instagram le Nouveau Parti Anticapitaliste, dénonçant « des prétextes pour faire taire les voix solidaires avec la Palestine ! ».

L'eurodéputée insoumise Rima Hassan a également critiqué les dissolutions engagées contre la Jeune Garde et Urgence Palestine.

« La dérive autoritaire et fasciste de Macron est aussi réelle, tangible et concrète », a-t-elle réagi sur X.

Tsedek!, qui se présente comme un « collectif juif décolonial », a aussi apporté son soutien à ces deux organisations.

« Le gouvernement qui appelle à la dissolution d’Urgence Palestine, c’est la République qui reprend ses droits et réaffirme que l’antisémitisme ne passera pas en France », s'est au contraire félicitée Sarah Aizenman, présidente du collectif « Nous vivrons », auprès de l'AFP. 

« Cette organisation ne défend pas les droits des Palestiniens, elle soutient une organisation terroriste », a accusé Mme Aizenman.

Les annonces de procédures de dissolution contre La Jeune Garde et Urgence Palestine interviennent à la veille des rassemblements du 1er-Mai et pourraient tendre le climat des manifestations, notamment à Paris, selon un haut responsable de la police.

Le ministre de l'Intérieur et le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, ont par avance prévenu qu'aucun débordement ne serait toléré.

Environ 15 000 personnes sont attendues jeudi pour la manifestation parisienne.


Syrie: 11 morts dans de nouveaux affrontements confessionnels près de Damas

Les affrontements se sont étendus dans la nuit à Sahnaya, à quelque 15 kilomètres au sud-ouest de la capitale, et opposent des forces affiliées aux autorités à des combattants locaux druzes, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). (AFP)
Les affrontements se sont étendus dans la nuit à Sahnaya, à quelque 15 kilomètres au sud-ouest de la capitale, et opposent des forces affiliées aux autorités à des combattants locaux druzes, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). (AFP)
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  • Lundi, des affrontements meurtriers dans la localité voisine à majorité druze de Jaramana, aux environs de Damas, avaient fait 17 morts, selon un nouveau bilan de l'OSDH: huit combattants druzes et neuf membres des groupes armés qui ont donné l'assaut
  • En soirée, un accord avait été scellé entre des représentants du gouvernement syrien et les responsables druzes de Jaramana pour mettre un terme aux affrontements

BEYROUTH: Au moins deux personnes ont été tuées dans de nouveaux affrontements à caractère confessionnel aux environs de Damas, a annoncé mercredi une ONG, au lendemain d'accrochages meurtriers dans une localité syrienne voisine à majorité druze qui ont fait 17 morts.

Les affrontements se sont étendus dans la nuit à Sahnaya, à quelque 15 kilomètres au sud-ouest de la capitale, et opposent des forces affiliées aux autorités à des combattants locaux druzes, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).

"Nous n'avons pas dormi de la nuit (...) les obus de mortier s'abattent sur nos maisons", a déclaré à l'AFP au téléphone Samer Rafaa, un habitant et militant actif de Sahnaya, où une partie de la population est druze.

Selon l'OSDH, basée en Grande-Bretagne mais qui dispose d'un solide réseau de sources en Syrie, l'un des deux morts à Sahnaya est un combattant druze.

Lundi, des affrontements meurtriers dans la localité voisine à majorité druze de Jaramana, aux environs de Damas, avaient fait 17 morts, selon un nouveau bilan de l'OSDH: huit combattants druzes et neuf membres des groupes armés qui ont donné l'assaut à la localité.

En soirée, un accord avait été scellé entre des représentants du gouvernement syrien et les responsables druzes de Jaramana pour mettre un terme aux affrontements.

Ces violences ont réveillé le spectre des affrontements confessionnels, après des massacres qui ont visé en mars la minorité alaouite dont était issu le président déchu Bachar al-Assad, renversé en décembre par la coalition islamiste au pouvoir.

L'attaque contre Jaramana a été menée par des groupes affiliés au pouvoir après la diffusion sur les réseaux sociaux d'un message audio attribué à un druze et jugé blasphématoire à l'égard du prophète Mahomet.

L'AFP n'a pas pu vérifier l'authenticité du message et les chefs spirituels de la minorité druze ont condamné toute atteinte au prophète.


Vision 2030: le Cabinet remercie les agences impliquées

Le prince héritier d'Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane, assiste à la session du Cabinet, mardi. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane, assiste à la session du Cabinet, mardi. (SPA)
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  • Le Conseil des ministres a souligné que la sécurité du Moyen-Orient exigeait d'accélérer la recherche d'une solution juste et globale à la question palestinienne
  • Le Conseil a affirmé que le Royaume poursuivait ses efforts pour accélérer le redressement économique de la République arabe syrienne

RIYAD: Le Conseil des ministres a salué les efforts des agences gouvernementales ayant contribué aux avancées réalisées dans le cadre de la Vision saoudienne 2030, alors que le Royaume se rapproche de l’atteinte de ses objectifs clés, a rapporté mardi l’Agence de presse saoudienne (SPA).

D’après le rapport annuel 2024 de la Vision, 93% des principaux indicateurs de performance ont été entièrement ou partiellement atteints depuis le lancement de l’initiative il y a neuf ans.

Le ministre des Médias, Salman al-Dosari, a précisé que le cabinet avait discuté de la troisième et dernière phase de la Vision 2030, qui débutera en 2026. Cette phase visera à pérenniser l’impact des transformations déjà engagées tout en exploitant de nouvelles opportunités de croissance.

Le Conseil des ministres a également salué le don généreux d’un milliard de riyals saoudiens (266,6 millions de dollars; 1 dollar = 0,88 euro) effectué par le prince héritier Mohammed ben Salmane, destiné à soutenir des projets de logement pour les bénéficiaires saoudiens éligibles et les familles dans le besoin.

Le cabinet a souligné que ce don illustre l’engagement constant du prince héritier à améliorer la qualité de vie des citoyens, ainsi que son intérêt soutenu pour le secteur du logement et les initiatives visant à offrir des logements décents aux familles méritantes à travers le Royaume.

Le prince Mohammed a également informé le Conseil de sa rencontre avec le roi Abdallah II de Jordanie, ainsi que de ses échanges avec le Premier ministre indien Narendra Modi.

Le cabinet a salué les résultats de la deuxième réunion du Conseil de partenariat stratégique saoudo-indien, soulignant le développement continu des relations économiques, commerciales et d’investissement entre les deux pays.

Le Conseil des ministres a souligné que la sécurité du Moyen-Orient exigeait d'accélérer la recherche d'une solution juste et globale à la question palestinienne, conformément aux résolutions de la légitimité internationale, à l'initiative de paix arabe et à la création d'un État palestinien indépendant le long des frontières de 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale.

Le Conseil a affirmé que le Royaume poursuivait ses efforts pour accélérer le redressement économique de la République arabe syrienne et a renouvelé son appel aux institutions financières régionales et internationales pour qu'elles reprennent et étendent leurs opérations dans le pays.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com