Turquie - A chacun son Rumi: ferveur, spiritualité et mégashow

Yunus Girgic travaille dans un atelier avec des moules utilisés pour fabriquer le chapeau symbolique "Sikke", porté par les derviches tourneurs à Konya le 17 décembre 2023 (Photo, AFP).
Yunus Girgic travaille dans un atelier avec des moules utilisés pour fabriquer le chapeau symbolique "Sikke", porté par les derviches tourneurs à Konya le 17 décembre 2023 (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 19 décembre 2023

Turquie - A chacun son Rumi: ferveur, spiritualité et mégashow

  • Au son de la flûte en roseau et du tambourin, le derviche se défait de son long manteau noir - son enveloppe corporelle - mais garde sa toque, le sikké
  • Mevlana - selon son appellation commune en Turquie - fait la fortune de cette ville d'Anatolie

KONYA: Jaune, puis mauve, vert et enfin bleu pour le final. Dans l'immense arène du Centre culturel Mevlana flambant neuf de Konya, au coeur de la Turquie, les voiles blanches des derviches tournoient en technicolor.

Chaque année, les cérémonies du "Seb-i Arus" - littéralement la Nuit de noces - qui célèbrent la mort du poète et mystique soufi Jalaluddin Rumi, le 17 décembre 1273 à Konya, attirent tellement de monde que les loges traditionnelles de ses disciples seraient bien incapables de les accueillir.

Pèlerins, touristes, adeptes de la méditation ou simplement curieux, Mevlana - selon son appellation commune en Turquie - fait la fortune de cette ville d'Anatolie où Rumi a passé l'essentiel de sa vie, chassé de son Afghanistan natal par les invasions mongoles.

Ses écrits, toujours enseignés dans les écoles afghanes et iraniennes, ont peu à peu été diffusés bien au-delà de l'Asie centrale et de l'Orient et conquis les lecteurs occidentaux.

"Les écrits de Rumi ont été traduits dans à peu près toutes les langues et rien qu'aux Etats-Unis, plus de 250 livres lui sont consacrés", relève le Dr Nuri Simsekler, spécialiste de littérature persane à l'université Selçuk de Konya.

Madonna et Beyonce 

"Rumi parle à tous les êtres humains et nous parle de nous", avance-t-il pour expliquer son succès à travers les siècles, jusqu'à Madonna qui a adapté un de ses poèmes et Beyonce qui a donné son nom à sa fille.

Quant au rituel prisé des "semas", les cérémonies de derviches qui le célèbrent en tournoyant au bord de la transe en haute toque de feutre camel, bras levés vers les cieux, il a été arrêté principalement par son fils et ses descendants et définitivement réglé autour de 1.500, précise-t-il.

Au son de la flûte en roseau et du tambourin, le derviche se défait de son long manteau noir - son enveloppe corporelle - mais garde sa toque, le sikké, qui figure une pierre tombale et entame ses rotations elliptiques la main droite tendue vers le ciel, la gauche vers le sol, comme un lien entre les deux.

"Rumi est la première personne sur terre dont la mort n'est pas pleurée mais célébrée", fait valoir le Dr Simsekler.

De la fenêtre de son bureau, Esin Celebi Bayru aperçoit le dôme turquoise qui coiffe le mausolée de son illustre ancêtre. La foule accourue de Turquie, d'Iran mais aussi d'Angleterre ou de Singapour s'y presse pour célébrer la 750è nuit de noces de Rumi avec Dieu - et la mort.

"Une occasion supplémentaire de le faire connaître, plus encore que les années précédentes", commente la descendante de la vingt-deuxième génération du poète, qui copréside avec son frère la Fondation internationale Mevlana, créée en 1996 à Konya pour perpétuer son héritage.

"En ces temps de conflits, nombreux sont ceux qui se tournent vers Rumi. Chacun de ses mots nous apporte un peu de lumière" pense-t-elle, souriant de ses yeux turquoise, assortis à son écharpe.

prière ou méditation 

Une pensée si nécessaire qu'elle s'est rendue récemment en faire "lectures à Hawaï, en Australie, en Inde, au Pakistan". "Les gens viennent aussi de Russie et de Chine", précise-t-elle.

Mme Celebi Bayru reçoit chaque année de nombreux scénarios et ne désespère pas voir un jour un biopic de Rumi porté à l'écran.

Partout en ville, les souvenirs à l'effigie de Rumi ou des derviches, jusqu'aux guirlandes lumineuses, triomphent aux étals.

Paradoxal pourtant, que le plus célèbre des maîtres du soufisme, qui prêche l'amour et la tolérance quel que soit le chemin suivi pour rejoindre Dieu - "Viens qui que tu sois, croyant ou incroyant" - soit vénéré dans l'une des villes sunnites les plus conservatrices de Turquie.

Devant son immense tombeau vert et or, au coeur du mausolée, un pèlerin grincheux peste devant les nombreuses adeptes de Rumi assises à même le sol, les yeux clos, pouce et index reliés et tournés vers le ciel.

"Ce n'est pas un lieu pour la méditation ici, c'est pour la prière".

Mais l'incident fait sourire le cheikh Mehmet Fatih Citlik. Sous sa coiffe bordée de vingt mètres de rubans verts tressés, il préside à des "semas" plus spirituelles dans l'enceinte du Centre d'études et de recherches Irfan à Konya, où les prières entrecoupent chants et danses.

"Qu'est ce que vous croyez! on ne fait pas que virevolter toute la journée" rit le cheikh qui s'est récemment produit à Oxford, invité par le département d'histoire de l'Art.

"Mais tant qu'on s'en tient à notre discipline, le public ne nous gêne pas" poursuit-il, en expliquant que "Mevlana, entre l'art et l'amour nous a offert une troisième voie" - incitant à ne pas choisir.

"Mevlana, tout le monde l'interprète à sa façon" constate-t-il. "Mais s'il était si bien compris que ça, le monde serait-il dans cet état aujourd'hui?".


La Saudi League en passe de rejoindre le top 3 mondial, selon le patron de la FIFA

La ligue est en passe de devenir l'une des trois meilleures au monde, a-t-il ajouté.  (Fourni)
La ligue est en passe de devenir l'une des trois meilleures au monde, a-t-il ajouté. (Fourni)
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  • Gianni Infantino souligne qu’un championnat national au rayonnement mondial attire plusieurs des meilleurs joueurs de la planète
  • Le football féminin dans le Royaume est également promis à une croissance accrue

DOHA : Gianni Infantino, président de la Fédération internationale de football association (FIFA), a déclaré que l’Arabie saoudite est devenue un pôle majeur sur la scène mondiale du football.

Il a salué les évolutions dynamiques observées ces dernières années, qui ont permis au Royaume d’acquérir une présence internationale significative et de développer un championnat national à la dimension mondiale, réunissant certaines des plus grandes stars du football, au premier rang desquelles Cristiano Ronaldo.

La ligue est en passe de devenir l'une des trois meilleures au monde, a-t-il ajouté. 

Dans un entretien exclusif accordé à Asharq Al-Awsat, publication sœur d’Arab News, le président de la FIFA a affirmé que l’équipe nationale saoudienne, après son exploit retentissant face à l’Argentine lors de la Coupe du monde 2022, demeure capable de rééditer de telles performances, potentiellement face à l’Espagne lors du Mondial 2026.

Il a souligné que le football saoudien a réalisé des progrès remarquables, non seulement au niveau de l’équipe nationale senior, mais également dans les catégories de jeunes. Il a également indiqué que le football féminin dans le Royaume est appelé à se développer davantage, grâce à l’attention croissante que lui portent les instances dirigeantes du football ces dernières années.

Gianni Infantino a par ailleurs exprimé sa satisfaction personnelle quant à l’organisation de la Coupe du monde 2034 en Arabie saoudite, décrivant le Royaume comme un pays accueillant, doté d’une culture riche, d’une cuisine savoureuse et d’un peuple remarquable — autant d’éléments qui, selon lui, contribueront au succès de ce grand événement footballistique.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le festival Winter at Tantora revient à AlUla et célèbre un riche patrimoine culturel

Le festival tire son nom du Tantora, un cadran solaire antique situé au centre de la vieille ville. (SPA)
Le festival tire son nom du Tantora, un cadran solaire antique situé au centre de la vieille ville. (SPA)
Le festival tire son nom du Tantora, un cadran solaire antique situé au centre de la vieille ville. (SPA)
Le festival tire son nom du Tantora, un cadran solaire antique situé au centre de la vieille ville. (SPA)
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AlUla : Le festival Winter at Tantora a été lancé jeudi à AlUla. Il se déroulera jusqu’au 10 janvier et propose une saison culturelle célébrant le riche héritage civilisationnel, culturel et historique de la région.

Le programme du festival comprend une large palette d’activités culturelles, artistiques et traditionnelles, a rapporté l’Agence de presse saoudienne (SPA).

Parmi les attractions figurent Old Town Nights, Shorfat Tantora, When Shadow Tracks Us et le Carnaval d’Al-Manshiyah.


Le Forum d’Asilah distingué par le Prix du Sultan Qaboos pour la culture

Hatim Betioui, secrétaire général du Forum d’Asilah, reçoit le Prix et la Médaille du Sultan Qaboos pour la culture, les sciences, les arts et les lettres. (Photo: fournie)
Hatim Betioui, secrétaire général du Forum d’Asilah, reçoit le Prix et la Médaille du Sultan Qaboos pour la culture, les sciences, les arts et les lettres. (Photo: fournie)
Les lauréats du Prix du Sultan Qaboos avec le Dr Mohammed bin Saïd Al-Maamari, ministre omanais des Awqaf et des Affaires religieuses, et Habib bin Mohammed Al-Riyami, président du Centre supérieur du Sultan Qaboos pour la culture et les sciences. (Photo: fournie)
Les lauréats du Prix du Sultan Qaboos avec le Dr Mohammed bin Saïd Al-Maamari, ministre omanais des Awqaf et des Affaires religieuses, et Habib bin Mohammed Al-Riyami, président du Centre supérieur du Sultan Qaboos pour la culture et les sciences. (Photo: fournie)
Le prix est décerné en alternance : une année réservée aux Omanais, et l’année suivante ouverte à l’ensemble du monde arabe. (Photo: fournie)
Le prix est décerné en alternance : une année réservée aux Omanais, et l’année suivante ouverte à l’ensemble du monde arabe. (Photo: fournie)
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  • Hatim Betioui, secrétaire général du Forum d’Asilah, a été récompensé à Mascate par le Prix du Sultan Qaboos 2025 dans la catégorie des institutions culturelles privées
  • Cette distinction prestigieuse célèbre l’excellence culturelle arabe et souligne le rôle d’Oman dans la promotion de la pensée, des arts et des lettres

MASCATE: Lors d’une cérémonie organisée dans la capitale omanaise, Mascate, Hatim Betioui, secrétaire général du Forum d’Asilah, a reçu le Prix du Sultan Qaboos pour les institutions culturelles privées.

Hatim Betioui, secrétaire général de la Fondation du Forum d’Asilah, a été distingué mercredi soir à Mascate par le Prix des institutions culturelles privées (catégorie Culture), à l’occasion de la cérémonie de remise du Prix du Sultan Qaboos pour la culture, les arts et les lettres, dans sa douzième édition (2025). La cérémonie s’est tenue sous le patronage du Dr Mohammed bin Saïd Al-Maamari, ministre omanais des Awqaf et des Affaires religieuses, agissant par délégation de Sa Majesté le Sultan Haitham bin Tariq.

Lors de cette édition, le prix a également été attribué, aux côtés de la Fondation du Forum d’Asilah, à l’artiste égyptien Essam Mohammed Sayed Darwish dans le domaine de la sculpture (catégorie Arts), ainsi qu’à Hikmat Al-Sabbagh, connue sous le nom de Yumna Al-Eid, dans le domaine de l’autobiographie (catégorie Lettres).

Au cours de la cérémonie, Habib bin Mohammed Al-Riyami, président du Centre supérieur du Sultan Qaboos pour la culture et les sciences, a prononcé un discours dans lequel il a souligné le rôle et l’importance de ce prix, affirmant que cette célébration constitue une reconnaissance du mérite des lauréats, appelés à devenir des modèles d’engagement et de générosité intellectuelle.

Al-Riyami a également indiqué que l’extension géographique atteinte par le prix, ainsi que l’élargissement constant de la participation des créateurs arabes à chaque édition, résultent de la réputation dont il jouit et de la vision ambitieuse qui sous-tend son avenir. Il a mis en avant le soin apporté à la sélection des commissions de présélection et des jurys finaux, composés de personnalités académiques, artistiques et littéraires de haut niveau, spécialisées dans les domaines concernés, selon des critères rigoureux garantissant le choix de lauréats et d’œuvres prestigieux.

La cérémonie a également été marquée par la projection d’un film retraçant le parcours du prix lors de sa douzième édition, ainsi que par une prestation artistique du Centre omanais de musique.

En clôture de la cérémonie, le ministre des Awqaf et des Affaires religieuses a annoncé les domaines retenus pour la treizième édition du prix, qui sera exclusivement réservée aux candidats omanais. Elle portera sur : la culture (études sur la famille et l’enfance au Sultanat d’Oman), les arts (calligraphie arabe) et les lettres (nouvelle).

Il convient de rappeler que ce prix vise à rendre hommage aux intellectuels, artistes et écrivains pour leurs contributions au renouvellement de la pensée et à l’élévation de la sensibilité humaine, tout en mettant en valeur la contribution omanaise — passée, présente et future — à l’enrichissement de la civilisation humaine.

Le prix est décerné en alternance : une année réservée aux Omanais, et l’année suivante ouverte à l’ensemble du monde arabe. Chaque lauréat de l’édition arabe reçoit la Médaille du Sultan Qaboos pour la culture, les sciences, les arts et les lettres, assortie d’une dotation de 100 000 rials omanais. Pour l’édition omanaise, chaque lauréat reçoit la Médaille du mérite, accompagnée d’une dotation de 50 000 rials omanais.

Le prix a été institué par le décret royal n° 18/2011 du 27 février 2011, afin de reconnaître la production intellectuelle et cognitive et d’affirmer le rôle historique du Sultanat d’Oman dans l’ancrage de la conscience culturelle, considérée comme un pilier fondamental du progrès civilisationnel.