Dans l’ombre du conflit: Reportage sur les efforts humanitaires en temps de guerre

Les journalistes d'Arab News ont voyagé avec l'agence humanitaire saoudienne KSrelief pour livrer des ambulances et de l'aide, documentant leurs voyages tout en aidant à évacuer les personnes de l'aéroport égyptien d'Al-Arish (Photo, Fournie).
Les journalistes d'Arab News ont voyagé avec l'agence humanitaire saoudienne KSrelief pour livrer des ambulances et de l'aide, documentant leurs voyages tout en aidant à évacuer les personnes de l'aéroport égyptien d'Al-Arish (Photo, Fournie).
Les journalistes d'Arab News ont voyagé avec l'agence humanitaire saoudienne KSrelief pour livrer des ambulances et de l'aide, documentant leurs voyages tout en aidant à évacuer les personnes de l'aéroport égyptien d'Al-Arish (Photo, Fournie).
Les journalistes d'Arab News ont voyagé avec l'agence humanitaire saoudienne KSrelief pour livrer des ambulances et de l'aide, documentant leurs voyages tout en aidant à évacuer les personnes de l'aéroport égyptien d'Al-Arish (Photo, Fournie).
L'équipe de secours du KS en Égypte était présente pour assister à la livraison de l'aide dans le cadre des efforts saoudiens déployés en Palestine lors de diverses crises humanitaires (Photo, Mohammed Sulami).
L'équipe de secours du KS en Égypte était présente pour assister à la livraison de l'aide dans le cadre des efforts saoudiens déployés en Palestine lors de diverses crises humanitaires (Photo, Mohammed Sulami).
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Publié le Lundi 25 décembre 2023

Dans l’ombre du conflit: Reportage sur les efforts humanitaires en temps de guerre

  • Au cours des dernières semaines, quatre journalistes d'Arab News ont accompagné l'agence d'aide saoudienne KSrelief pour livrer des ambulances et des secours
  • En raison des restrictions sur les reportages externes, le monde a principalement pu suivre ces événements grâce aux journalistes locaux 

JEDDAH: Au cours des deux derniers mois, tous les regards étaient tournés vers Gaza, cette étroite bande de terre à l'extrémité sud de l'ancienne Palestine, alors que des obus et des missiles ont dévasté la région, entraînant le déplacement de millions de personnes et causant des milliers de blessés et de pertes humaines.

En raison des restrictions sur les reportages externes, le monde a principalement pu suivre ces événements grâce aux journalistes locaux qui, équipés de caméras, ont documenté les réalités difficiles auxquelles leur communauté est confrontée.

Les journalistes et reporters de la région arabe et au-delà ont depuis longtemps considéré la Palestine comme un sujet essentiel à couvrir. L'évolution de la technologie militaire n'a fait qu'accentuer la brutalité de l'assaut que les Palestiniens ont enduré face à l'armée israélienne. Le bombardement le plus récent sur la bande de Gaza, autrefois moins visible pour les médias occidentaux, a désormais atteint le monde grâce aux efforts de journalistes et de photographesopérant depuis l'intérieur de la zone assiégée.

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 On voit un patient allongé sur une civière avant de monter à bord d'un vol d'évacuation à destination d'Abou Dhabi (Photo, Fournie).

Au cours des dernières semaines, quatre journalistes d'Arab News ont accompagné l'agence d'aide saoudienne KSrelief pour livrer des ambulances et des secours, apportant leur aide au ministère des Affaires étrangères des Émirats arabes unis. Pendant leur mission, ils ont documenté leurs voyages et contribué à l'évacuation de personnes depuis l'aéroport d'Al-Arichen Égypte.

Ghadi Joudah, Abdelrahman Chalhoub, Cherouk Maher et Mohammed Soulami ont voyagé aux côtés de convois d'aide et d’équipes médicales, offrant leur assistance tout en partageantdes comptes rendus et des témoignages de leurs expériences.

Pour les journalistes, la possibilité de couvrir la Palestine, surtout en période de conflit actif, est à la fois rare et périlleuse. Le récent bombardement massif a transformé cette région enl'un des endroits les plus dangereux pour les journalistes, nombreux ayant été empêchés d'y accéder.

Les organisations d'aide internationales ont plaidé en faveur de l'ouverture des frontières pour faciliter l'acheminement de l'aide essentielle à Gaza. Malgré les défis, y compris les interdictions sporadiques d'Israël et le risque d’immobilisation des camions aux postes frontaliers tels que Rafah, les efforts visant à envoyer une aide humanitaire se poursuivent. Des pays tels que l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis se sont engagés à soutenir la population de Gaza, en envoyant des ambulances, des aides médicales, et en facilitant l’accès aux soins médicaux pour les enfants palestiniens blessés ou malades, ainsi que les patients atteints de cancer.

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L'agence humanitaire saoudienne KSrelief a livré 20 ambulances entièrement équipées dans la bande de Gaza via la frontière de Rafah (Photo, Fournie).

Le 9 novembre, la journaliste basée à Riyad, Ghadi Joudah, et le photographe AbdelrahmanShalhoub, ont pris place à bord du neuvième avion saoudien d'aide décollant de l'aéroport international du Roi Khalid de Riyad. Ils ont voyagé à bord d'un des quatre avions cargos transportant des ambulances destinées à franchir la frontière de Rafah pour rejoindre Gaza.

«En arrivant à l'avion-cargo, l'équipe au sol s’activait, chargeant méticuleusement les ambulances à bord de l’appareil qui attendait. Leurs mouvements étaient presque chorégraphiés, témoignant de leurs années d'expérience. L'atmosphère dans l'avion oscillait délicatement entre l'urgence et la tranquillité. L'équipage, composé d'individus dévoués, travaillait sans relâche de concert pour s'assurer que chaque aspect de la mission humanitaire était exécuté avec précision et efficacité», a partagé Joudah.

«Je ne savais pas à quoi m'attendre lorsque j'ai été appelée pour me rendre à Al-Arish. J'avais des sentiments mitigés, de l'anxiété, mais j'étais heureux de faire le voyage, même si j'entrais en territoire inconnu», a ajouté Chalhoub.

«À mesure que nous approchions de l'espace aérien égyptien, j'étais tétanisé en voyant par le hublot une épaisse fumée noire s'élever à une courte distance, mais pas assez proche pour discerner la bande de Gaza. Pourtant, je savais que je survolais Gaza; je savais que j’étais témoin d'un acte d'horreur totale. Bien que je ne puisse distinguer aucun repère, l'épaisseur de la fumée était évidente.»

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L'agence humanitaire saoudienne KSrelief a livré 20 ambulances entièrement équipées dans la bande de Gaza via la frontière de Rafah (Photo, Fournie).

Une fois arrivés à Al-Arish, un aéroport isolé au beau milieu du désert du Sinaï, Joudah et Chalhoub ont observé le déchargement des ambulances prêtes à se diriger vers Gaza, tout enéchangeant avec le porte-parole de KSrelief, Samer al-Jetaïli, qui a livré un compte rendu de la situation, et avec Moubarak al-Dosari, responsable de l'équipe spécialisée de KSrelief en Égypte, qui a offert une perspective sur les efforts saoudiens visant à soulager les conditions dans le territoire assiégé.

Alors qu'ils étaient à l'aéroport militaire, à seulement quarante-cinq minutes de la frontière de Rafah, un fort sentiment de nostalgie s’empare de la jeune journaliste qui se remémorait un souvenir d'enfance.

Être à Al-Arish a ému Joudah jusqu'aux larmes, lui rappelant sa visite en 1999 avec sa famille alors qu'ils franchissaient la frontière de Rafah pour entrer à Gaza. Elle évoque également d'autres moments où elle se tenait accroupie près de l'un des hublots de l'avion survolant Gaza, une étroite bande de terre qui a dominé l'actualité mondiale ces derniers mois, mais qui demeure toujours présente dans l’esprit de nombreux Palestiniens, Arabes et membres de la communauté internationale.

Elle souligne son désir d'y retourner, affirmant que «c'était une expérience profondément humble de comprendre que l'on contribue, même modestement, à l'ampleur des efforts humanitaires déployés par l'Arabie saoudite.»

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Un vol d'Etihad Airways a évacué 120 Palestiniens blessés et leurs familles (Photo, Fournie). 

Pour Chalhoub, avoir participé à la livraison des ambulances si nécessaires revêtait une grande importance.

Il a déclaré: «C'était très significatif pour moi. J'ai pu contribuer à livrer quelque chose qui pourrait sauver une vie. C'est mon humble contribution, et ça m’a procuré une grande satisfaction.»

«J'aurais souhaité pouvoir accomplir davantage; l'idée de pénétrer dans la bande de Gaza me tenait à cœur. La photographie est certes puissante, et j'aurais pu exposer au monde la réalité de Gaza à travers mon objectif. Cependant, si seulement j'avais pu franchir la frontière et partager un moment avec un enfant, lui arracher un sourire, faire quelque chose pour alléger ne serait-ce que quelques instants de sa douleur, cela aurait été d'une valeur inestimable pour lui.»

«Un mois plus tard, le 1er décembre, Maher s'est rendue au nouvel aéroport international d'Abu Dhabi après avoir embarqué à bord du quatrième vol des Émirats arabes unis destiné àévacuer des enfants palestiniens blessés et des patients atteints de cancer, accompagnés deleurs familles, depuis l'aéroport d'Al-Arish en Égypte après leur évacuation de Gaza via la frontière de Rafah.» 

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Des patients de la bande de Gaza évacués d'Al-Arish ont atterri à Abou Dhabi (Photo, Fournie).

«C'était le jour où la trêve d'une semaine avait pris fin, et Israël avait repris son intense bombardement sur Gaza, principalement à Khan Younès et Rafah dans le sud, ce matin-là. Seuls quelques évacués ont eu la chance de traverser la frontière ce jour-là, des frappes aériennes touchant la zone», a déclaré Maher.

«J'ai observé des hommes vêtus d’élégants costumes d'affaires prêts pour un voyage profesisonnel, et des familles joyeuses attendant de prendre leur vol pour célébrer Noël avec leurs proches chez eux, ou profiter des festivités dans une nouvelle destination de vacances», a-t-il ajouté.  

«Je me demandais s'ils savaient qu'au terminal VIP, à dix minutes du check-in de la premièreclasse/classe affaires, un avion charter Boeing 777 d'Etihad Airways était en cours de préparation pour évacuer des patients touchés par la guerre vers une région plus sûre et leur offrir la chance d’une nouvelle vie.»

En attendant d’embarquer, une équipe de 30 volontaires, médecins et infirmiers de trois hôpitaux d'Abu Dhabi – l'hôpital Burjeel, l'hôpital royal NMC et la Cité médicale Sheikh Khalifa – était arrivée avec d'importants stocks d'équipements médicaux, sous la supervision et la coordination du département de la santé d'Abu Dhabi. L'équipe, composée de professionnels possédant des compétences diversifiées, dont des anesthésistes, des technologues respiratoires, des assistants administratifs et des infirmiers, s'est assurée du bien-être des patients, garantissant qu'ils étaient dans un état stable avant leur arrivée à Abu Dhabi.

«À bord du vol vers Al-Arish, un étrange sentiment de chaleur, de solidarité et de sécurité a imprégné l’atmosphère en ces temps tourmentés. C’est la première fois, depuis que j'ai commencé à couvrir intensivement la guerre en ligne, que j'ai pu témoigner d'un aspect magnifique de l'humanité», a déclaré Maher.

Les équipes du gouvernement des Émirats arabes unis et du personnel médical bénévole, issues de nationalités et horizons divers, ont travaillé avec passion et détermination, en pleine coordination, pour réconforter les patients et les soulager, veillant à ce que la mission soit menée avec le plus grand niveau de précision. Ils ont souligné qu'une partie importante de leur travail consistait à instaurer un sentiment de sécurité chez les patients, tout en répondantà leurs besoins médicaux.

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La Palestinienne Sabra Moussa a été évacuée de la bande de Gaza vers Abu Dhabi (Photo, Fournie).

Pendant le vol, Maher a eu l'occasion de rencontrer Etimad Hassouna, une infirmière pédiatrique palestinienne qui a quitté son domicile pour se lancer dans une carrière médicale. Intriguée d'en savoir plus, Maher a demandé à l'infirmière comment elle trouvait la force de travailler tout en étant témoin de la souffrance endurée par sa patrie.

Selon Maher, «elle (Hassouna) a exprimé sa reconnaissance d'avoir l’opportunité d'aider de quelque manière que ce soit, aussi petite soit-elle, face à une crise de cette ampleur. Depuis le début de cette mission, Hassouna a partagé qu'elle avait réussi à surmonter les premiers sentiments d'impuissance qu'elle avait ressentis au début de la guerre.»

«Alors que certains membres de l'équipe à bord de l'avion avaient déjà une expérience dans des zones de guerre, d'autres spécialement formés pour les urgences médicales, faisaient face pour la première fois à des blessures traumatiques de guerre. Cependant, tous partageaient une expérience commune: traiter des blessures graves qu'ils n'avaient jamais rencontrées, même lors de conflits antérieurs à Gaza.»

«Le calme et le silence étrange du désert contrastaient vivement avec les bombardements intenses qui se déroulaient derrière le passage de Rafah, à cinquante-cinq km et à environ quarante-cinq minutes de l'aéroport d'Al-Arish. Le ciel sombre était illuminé d'étoiles, cette nuit-là, mais la seule lumière visible pour les habitants de Gaza était celle des roquettes et des missiles qui pleuvaient sur leurs maisons», a-t-elle ajouté. 

Rien n'aurait pu préparer Maher à ce qu'elle s'apprêtait à voir: des patients fatigués, épuisés et âgés arrivant dans des ambulances égyptiennes et transportés sur le tarmac en fauteuils roulants.

Les enfants, certains âgés de deux ans à peine, des hommes et des femmes frigorifiés et seuls:c'était une scène déchirante de ceux qui avaient franchi les portes du passage en quête d'une nouvelle vie, laissant derrière eux leurs proches.

Maher a partagé: « En regardant cette scène se dérouler, la seule question qui me taraudaitétait la suivante: qu'avaient donc fait ces individus pour être ainsi contraints de quitter leur foyer dans un tel état – privés des besoins essentiels tels que la nourriture, l'eau, les médicaments, leurs familles, leurs souvenirs et leurs rêves?»

«Les médecins et infirmiers m'ont expliqué que la première mesure à prendre pour certains cas critiques consiste à les hydrater et leur administrer des analgésiques, une première depuis des semaines à la suite de l'effondrement du système de santé à Gaza et à la rareté des équipements médicaux. Les patients arrivés n'avaient eu accès ni à des analgésiques ni à une alimentation ou une eau appropriés depuis le début de la guerre le 7 octobre.»

De retour dans l'avion, Maher se souvient des visages de passagers arborant des traits communs: des yeux cernés de cercles noirs intenses, des silhouettes frêles, chacun portant un petit sac en plastique avec quelques effets personnels, «et un regard qui capturait simultanément un mélange d'émotions – soulagement, culpabilité et espoir».

Maher a échangé avec de nombreux passagers lors de leur retour à Abu Dhabi. Tous avaient perdu des membres de leur famille, avaient été déplacés au moins quatre fois (Israël a fait la guerre à Gaza cinq fois depuis 2007), et tous étaient incertains de pouvoir jamais retourner voir leurs proches.

Ils étaient les quelques chanceux ayant survécu aux bombardements intenses et obtenu l'autorisation de passer par Rafah après avoir surmonté un processus fastidieux.

Beaucoup n'ont pas eu cette chance

Amna Hashem Saeed, une patiente âgée atteinte d'un cancer du pancréas, était assise seule dans l'avion, racontant avec des larmes à Maher ses derniers moments avec sa seule fille. «Jesuis condamnée à mourir ici, maman», répéta Amna, reprenant la phrase de sa fille alors que la ville en arrière-plan s'effondrait. Le mari de Amna a été victime d'un accident vasculaire cérébral et n’a pas pu recevoir les soins nécessaires. Amna elle-même s'était vu refuser sept fois le droit de traverser Rafah pour un traitement en Turquie en raison de la situation sécuritaire, avant que son évacuation vers les Émirats arabes unis ne soit finalement acceptée.

Alors que l'avion volait, Maher se souvient avoir vu des adolescents avec leurs accompagnateurs âgés ou cherchant eux-mêmes un traitement, parcourir les couloirs de l’avion, hébétés, comme s'ils portaient les problèmes du monde sur leurs épaules.

Sur le dernier tronçon du vol, Maher a raconté comment elle a vu plusieurs enfants, trop jeunes pour comprendre la situation, soit se tortillant de douleur, soit jouant joyeusement dans l'avion.

Parmi les enfants se trouvait Mohammed, âgé de 2 ans, qui n'avait personne d'autre que sa grand-mère malade dans l'avion. «Avec ses yeux rêveurs et son sourire innocent, il a grimpé sur mes genoux et a joué sur le petit écran de l'avion avant de s'endormir paisiblement dans mes bras jusqu'à notre arrivée», a déclaré Maher.

«Il était déconcertant d'imaginer que des milliers d'enfants comme lui iraient se coucher sans la certitude de se réveiller le lendemain.» 

En passant et en voyant l'enfant dormir dans mes bras, Joe Coughlan, le commandant médical du vol, a demandé: «Où voudrais-tu être en ce moment?»

Ma réponse était: «Nulle part ailleurs.»


Un an après la chute d’Assad, les Syriens affichent un fort soutien à al-Chareh

Des citoyens syriens brandissent leurs drapeaux nationaux lors des célébrations marquant le premier anniversaire du renversement de l'ancien président Bachar al-Assad à Damas, lundi. (AP)
Des citoyens syriens brandissent leurs drapeaux nationaux lors des célébrations marquant le premier anniversaire du renversement de l'ancien président Bachar al-Assad à Damas, lundi. (AP)
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  • Un sondage révèle un optimisme croissant et un large soutien aux progrès du gouvernement après la chute d’Assad
  • L’Arabie saoudite apparaît comme le pays étranger le plus populaire, Trump reçoit également un soutien marqué

LONDRES : Alors que les Syriens ont célébré cette semaine le premier anniversaire de la chute de Bachar Al-Assad, une enquête menée dans le pays révèle un soutien massif au nouveau président et place l’Arabie saoudite comme principal partenaire international apprécié.

L’ancien président avait fui le pays le 8 décembre 2024, après une offensive éclair de l’opposition jusqu’à Damas, mettant fin à 14 ans de guerre civile.

La campagne était menée par Ahmad al-Chareh, aujourd’hui président du pays, qui s’efforce de stabiliser la Syrie et de rétablir des relations avec ses partenaires internationaux.

Ces efforts ont été salués dans un sondage récemment publié, montrant que 81 % des personnes interrogées ont confiance dans le président et 71 % dans le gouvernement national.

Les institutions clés bénéficient également d’un fort soutien : plus de 70 % pour l’armée et 62 % pour les tribunaux et le système judiciaire.

L’enquête a été menée en octobre et novembre par Arab Barometer, un réseau de recherche américain à but non lucratif.

Plus de 1 200 adultes sélectionnés aléatoirement ont été interrogés en personne à travers le pays sur une large gamme de sujets, notamment la performance du gouvernement, l’économie et la sécurité.

Le large soutien exprimé envers al-Chareh atteint un niveau enviable pour de nombreux gouvernements occidentaux, alors même que la Syrie fait face à de profondes difficultés.

Le coût de la reconstruction dépasse les 200 milliards de dollars selon la Banque mondiale, l’économie est dévastée et le pays connaît encore des épisodes de violence sectaire.

Al-Chareh s’efforce de mettre fin à l’isolement international de la Syrie, cherchant l’appui de pays de la région et obtenant un allègement des sanctions américaines.

Un soutien clé est venu d’Arabie saoudite, qui a offert une aide politique et économique. Le sondage place le Royaume comme le pays étranger le plus populaire, avec 90 % d’opinions favorables.

Le Qatar recueille lui aussi une forte popularité (plus de 80 %), suivi de la Turquie (73 %).

La majorité des personnes interrogées — 66 % — expriment également une opinion favorable envers les États-Unis, saluant la décision du président Donald Trump d’assouplir les sanctions et l’impact attendu sur leur vie quotidienne.

Après sa rencontre avec al-Chareh à Washington le mois dernier, Trump a annoncé une suspension partielle des sanctions, après en avoir déjà assoupli plusieurs volets.

Le sondage montre que 61 % des Syriens ont une opinion positive de Trump — un niveau supérieur à celui observé dans une grande partie du Moyen-Orient.

En revanche, l’enthousiasme est bien moindre concernant les efforts américains pour normaliser les relations entre la Syrie et Israël.

Seuls 14 % soutiennent cette démarche, et à peine 4 % disent avoir une opinion favorable d’Israël.

Lors du chaos provoqué par la chute d’Assad, l’armée israélienne a occupé de nouveaux territoires dans le sud de la Syrie et a mené de fréquentes attaques au cours de l’année écoulée.

Plus de 90 % des Syriens considèrent l’occupation israélienne des territoires palestiniens et les frappes contre l’Iran, le Liban et la Syrie comme des menaces critiques pour leur sécurité.

Dans Foreign Policy, Salma Al-Shami et Michael Robbins (Arab Barometer) écrivent que les résultats de l’enquête donnent des raisons d’être optimiste.

« Nous avons constaté que la population est pleine d’espoir, favorable à la démocratie et ouverte à l’aide étrangère », disent-ils. « Elle approuve et fait confiance à son gouvernement actuel. »

Mais ils notent aussi plusieurs sources d’inquiétude, notamment l’état de l’économie et la sécurité interne.

Le soutien au gouvernement chute nettement dans les régions majoritairement alaouites.

La dynastie Assad, au pouvoir pendant plus de 50 ans, était issue de la minorité alaouite, dont les membres occupaient de nombreux postes clés.

L’économie reste la principale préoccupation : seuls 17 % se disent satisfaits de sa performance, et beaucoup s’inquiètent de l’inflation, du chômage et de la pauvreté.

Quelque 86 % déclarent que leurs revenus ne couvrent pas leurs dépenses, et 65 % affirment avoir eu du mal à acheter de la nourriture le mois précédent.

La sécurité préoccupe aussi : 74 % soutiennent les efforts du gouvernement pour collecter les armes des groupes armés et 63 % considèrent l’enlèvement comme une menace critique.

À l’occasion de l’anniversaire de la chute d’Assad, lundi, al-Chareh a affirmé que le gouvernement œuvrait à construire une Syrie forte, à consolider sa stabilité et à préserver sa souveraineté.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Israël mène une série de frappes contre le Hezbollah au Liban

Des soldats libanais debout sur un véhicule militaire à Alma Al-Shaab, près de la frontière avec Israël, dans le sud du Liban. (AFP)
Des soldats libanais debout sur un véhicule militaire à Alma Al-Shaab, près de la frontière avec Israël, dans le sud du Liban. (AFP)
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  • Israël a frappé vendredi plusieurs sites du Hezbollah au sud et à l’est du Liban, ciblant notamment un camp d’entraînement de sa force d’élite al-Radwan, malgré le cessez-le-feu conclu en novembre 2024
  • Ces raids interviennent alors que l’armée libanaise doit achever le démantèlement des infrastructures militaires du Hezbollah le long de la frontière israélienne d’ici le 31 décembre

BEYROUTH: Israël a mené une série de frappes aériennes contre le sud et l'est du Liban vendredi matin, selon les médias officiels, l'armée israélienne affirmant viser des objectifs du Hezbollah pro-iranien dont un camp d'entrainement.

Malgré un cessez-le-feu conclu en novembre 2024 avec le groupe islamiste libanais, Israël continue de mener des attaques régulières contre le Hezbollah, l'accusant de se réarmer.

Selon l'Agence nationale d'information (Ani), les raids de vendredi, qualifiés en partie de "violents", ont visé une dizaine de lieux, certains situés à une trentaine de km de la frontière avec Israël.

Dans un communiqué, l'armée israélienne a affirmé avoir "frappé un complexe d'entrainement" de la force d'élite du Hezbollah, al-Radwan, où des membres de la formation chiite apprenaient "l'utilisation de différents types d'armes", devant servir dans "des attentats terroristes".

L'armée israélienne a également "frappé des infrastructures militaires supplémentaires du Hezbollah dans plusieurs régions du sud du Liban", a-t-elle ajouté.

L'aviation israélienne avait déjà visé certains des mêmes sites en début de semaine.

Ces frappes interviennent alors que l'armée libanaise doit achever le démantèlement le 31 décembre des infrastructures militaires du Hezbollah entre la frontière israélienne et le fleuve Litani, situé à une trentaine de km plus au nord, conformément à l'accord de cessez-le-feu.

Les zones visées vendredi se trouvent pour la plupart au nord du fleuve.

Le Hezbollah a été très affaibli par la guerre, avec notamment l'assassinat de son chef historique, Hassan Nasrallah, par une frappe israélienne en septembre 2024 à Beyrouth.

Depuis, les Etats-Unis ont accru la pression sur les autorités libanaises pour désarmer le groupe.


Pluies diluviennes et vents puissants ajoutent au chaos qui frappe Gaza

Sous des trombes d'eau, l'océan de toile et de bâches s'est transformé en marécage. Tous les auvents dégoulinent à grosses gouttes. (AFP)
Sous des trombes d'eau, l'océan de toile et de bâches s'est transformé en marécage. Tous les auvents dégoulinent à grosses gouttes. (AFP)
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  • A al-Zawaida, dans le centre de la bande de Gaza, des mares forcent les gens à marcher dans l'eau stagnante, qui leur arrive aux chevilles, ou à sauter d'un îlot de sable émergé à un autre
  • Selon un rapport de l'ONU, 761 sites, abritant environ 850.000 déplacés, présentent un risque élevé d'inondation dans la bande de Gaza

GAZA: Pelle à la main, des Palestiniens portant des sandales en plastique et des pulls fins creusent des tranchées autour de leurs tentes dans le quartier de Zeitoun, à Gaza-ville, rempart dérisoire face aux pluies torrentielles qui s'abattent depuis des heures.

Dès mercredi soir, la tempête Byron a balayé le territoire palestinien, bordé par la mer Méditerranée, inondant les campements de fortune et ajoutant à la détresse de la population, déplacée en masse depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas, le 7 octobre 2023.

A Zeitoun, le campement planté au milieu des décombres a des allures cauchemardesques, sous un ciel chargé de gros nuages gris et blancs.

Sous des trombes d'eau, l'océan de toile et de bâches s'est transformé en marécage. Tous les auvents dégoulinent à grosses gouttes.

Accroupis sur des briques posées dans la boue, un groupe d'enfants mangent à même des faitouts en métal devant l'ouverture d'un petit abri en plastique, en regardant le ciel s'abattre sur le quartier.

"Nous ne savions pas où aller" 

A al-Zawaida, dans le centre de la bande de Gaza, des mares forcent les gens à marcher dans l'eau stagnante, qui leur arrive aux chevilles, ou à sauter d'un îlot de sable émergé à un autre.

"La nuit dernière a été terrible pour nous et pour nos enfants à cause des fortes pluies et du froid, les enfants ont été trempés, les couvertures et les matelas aussi. Nous ne savions pas où aller", raconte à l'AFP Souad Mouslim, qui vit sous une tente avec sa famille.

"Donnez-nous une tente décente, des couvertures pour nos enfants, des vêtements à porter, je le jure, ils ont les pieds nus, ils n'ont pas de chaussures", implore-t-elle.

"Jusqu'à quand allons-nous rester comme ça? C'est injuste", dit-elle en élevant la voix pour couvrir le bruit des gouttes frappant la toile.

Selon un rapport de l'ONU, 761 sites, abritant environ 850.000 déplacés, présentent un risque élevé d'inondation dans la bande de Gaza.

Le territoire connait généralement un épisode de fortes pluies en fin d'automne et en hiver, mais la dévastation massive due à la guerre l'a rendu plus vulnérable.

"La situation est désespérée", résume Chourouk Mouslim, une déplacée originaire de Beit Lahia, dans le nord de Gaza, elle aussi sous une tente à al-Zawaida.

"Nous ne pouvons même pas sortir pour allumer un feu" pour cuisiner ou se chauffer, déplore-t-elle, avant d'ajouter qu'elle n'a de toutes les manières ni bois, ni gaz.

Dans ce territoire dont les frontières sont fermées, où l'aide humanitaire arrive en quantité insuffisante selon l'ONU, malgré l'entrée en vigueur d'une trêve le 10 octobre, les pénuries empêchent une population déjà démunie de faire face à ce nouveau problème.

Lointaine reconstruction 

Sous les tentes, les plus chanceux bâchent le sol ou le recouvrent de briques pour empêcher que le sable humide ne détrempe leurs affaires. Dans les zones où le bitume n'a pas été arraché, des bulldozers continuent de déblayer les décombres des bâtiments détruits.

Beaucoup de gens restent debout, à l'entrée des abris, plutôt que de s'asseoir une surface mouillée.

"La tempête a eu un impact grave sur la population, des bâtiments se sont effondrés et une grande partie des infrastructures étant détruite, elles ne permettent plus d'absorber cet important volume de pluie", note Mahmoud Bassal, le porte-parole de la Défense civile de Gaza.

Cette organisation, qui dispense des premiers secours sous l'autorité du Hamas, a affirmé que la tempête avait causé la mort d'une personne, écrasée par un mur ayant cédé. Elle a ajouté que ses équipes étaient intervenues après l'effondrement partiel de trois maisons durant les fortes pluies.

La Défense civile a averti les habitants restés dans des logements partiellement détruits ou fragilisés par les bombardements qu'ils se mettaient en danger.

"Les tentes, c'est inacceptable", estime M. Bassal, "ce qui doit être fourni maintenant, ce sont des abris qu'on peut déplacer, équipés de panneaux solaires, avec deux pièces, une salle de bain et toutes les installations nécessaires pour les habitants. Seulement à ce moment-là, la reconstruction pourra commencer".