Dans l’ombre du conflit: Reportage sur les efforts humanitaires en temps de guerre

Les journalistes d'Arab News ont voyagé avec l'agence humanitaire saoudienne KSrelief pour livrer des ambulances et de l'aide, documentant leurs voyages tout en aidant à évacuer les personnes de l'aéroport égyptien d'Al-Arish (Photo, Fournie).
Les journalistes d'Arab News ont voyagé avec l'agence humanitaire saoudienne KSrelief pour livrer des ambulances et de l'aide, documentant leurs voyages tout en aidant à évacuer les personnes de l'aéroport égyptien d'Al-Arish (Photo, Fournie).
Les journalistes d'Arab News ont voyagé avec l'agence humanitaire saoudienne KSrelief pour livrer des ambulances et de l'aide, documentant leurs voyages tout en aidant à évacuer les personnes de l'aéroport égyptien d'Al-Arish (Photo, Fournie).
Les journalistes d'Arab News ont voyagé avec l'agence humanitaire saoudienne KSrelief pour livrer des ambulances et de l'aide, documentant leurs voyages tout en aidant à évacuer les personnes de l'aéroport égyptien d'Al-Arish (Photo, Fournie).
L'équipe de secours du KS en Égypte était présente pour assister à la livraison de l'aide dans le cadre des efforts saoudiens déployés en Palestine lors de diverses crises humanitaires (Photo, Mohammed Sulami).
L'équipe de secours du KS en Égypte était présente pour assister à la livraison de l'aide dans le cadre des efforts saoudiens déployés en Palestine lors de diverses crises humanitaires (Photo, Mohammed Sulami).
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Publié le Lundi 25 décembre 2023

Dans l’ombre du conflit: Reportage sur les efforts humanitaires en temps de guerre

  • Au cours des dernières semaines, quatre journalistes d'Arab News ont accompagné l'agence d'aide saoudienne KSrelief pour livrer des ambulances et des secours
  • En raison des restrictions sur les reportages externes, le monde a principalement pu suivre ces événements grâce aux journalistes locaux 

JEDDAH: Au cours des deux derniers mois, tous les regards étaient tournés vers Gaza, cette étroite bande de terre à l'extrémité sud de l'ancienne Palestine, alors que des obus et des missiles ont dévasté la région, entraînant le déplacement de millions de personnes et causant des milliers de blessés et de pertes humaines.

En raison des restrictions sur les reportages externes, le monde a principalement pu suivre ces événements grâce aux journalistes locaux qui, équipés de caméras, ont documenté les réalités difficiles auxquelles leur communauté est confrontée.

Les journalistes et reporters de la région arabe et au-delà ont depuis longtemps considéré la Palestine comme un sujet essentiel à couvrir. L'évolution de la technologie militaire n'a fait qu'accentuer la brutalité de l'assaut que les Palestiniens ont enduré face à l'armée israélienne. Le bombardement le plus récent sur la bande de Gaza, autrefois moins visible pour les médias occidentaux, a désormais atteint le monde grâce aux efforts de journalistes et de photographesopérant depuis l'intérieur de la zone assiégée.

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 On voit un patient allongé sur une civière avant de monter à bord d'un vol d'évacuation à destination d'Abou Dhabi (Photo, Fournie).

Au cours des dernières semaines, quatre journalistes d'Arab News ont accompagné l'agence d'aide saoudienne KSrelief pour livrer des ambulances et des secours, apportant leur aide au ministère des Affaires étrangères des Émirats arabes unis. Pendant leur mission, ils ont documenté leurs voyages et contribué à l'évacuation de personnes depuis l'aéroport d'Al-Arichen Égypte.

Ghadi Joudah, Abdelrahman Chalhoub, Cherouk Maher et Mohammed Soulami ont voyagé aux côtés de convois d'aide et d’équipes médicales, offrant leur assistance tout en partageantdes comptes rendus et des témoignages de leurs expériences.

Pour les journalistes, la possibilité de couvrir la Palestine, surtout en période de conflit actif, est à la fois rare et périlleuse. Le récent bombardement massif a transformé cette région enl'un des endroits les plus dangereux pour les journalistes, nombreux ayant été empêchés d'y accéder.

Les organisations d'aide internationales ont plaidé en faveur de l'ouverture des frontières pour faciliter l'acheminement de l'aide essentielle à Gaza. Malgré les défis, y compris les interdictions sporadiques d'Israël et le risque d’immobilisation des camions aux postes frontaliers tels que Rafah, les efforts visant à envoyer une aide humanitaire se poursuivent. Des pays tels que l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis se sont engagés à soutenir la population de Gaza, en envoyant des ambulances, des aides médicales, et en facilitant l’accès aux soins médicaux pour les enfants palestiniens blessés ou malades, ainsi que les patients atteints de cancer.

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L'agence humanitaire saoudienne KSrelief a livré 20 ambulances entièrement équipées dans la bande de Gaza via la frontière de Rafah (Photo, Fournie).

Le 9 novembre, la journaliste basée à Riyad, Ghadi Joudah, et le photographe AbdelrahmanShalhoub, ont pris place à bord du neuvième avion saoudien d'aide décollant de l'aéroport international du Roi Khalid de Riyad. Ils ont voyagé à bord d'un des quatre avions cargos transportant des ambulances destinées à franchir la frontière de Rafah pour rejoindre Gaza.

«En arrivant à l'avion-cargo, l'équipe au sol s’activait, chargeant méticuleusement les ambulances à bord de l’appareil qui attendait. Leurs mouvements étaient presque chorégraphiés, témoignant de leurs années d'expérience. L'atmosphère dans l'avion oscillait délicatement entre l'urgence et la tranquillité. L'équipage, composé d'individus dévoués, travaillait sans relâche de concert pour s'assurer que chaque aspect de la mission humanitaire était exécuté avec précision et efficacité», a partagé Joudah.

«Je ne savais pas à quoi m'attendre lorsque j'ai été appelée pour me rendre à Al-Arish. J'avais des sentiments mitigés, de l'anxiété, mais j'étais heureux de faire le voyage, même si j'entrais en territoire inconnu», a ajouté Chalhoub.

«À mesure que nous approchions de l'espace aérien égyptien, j'étais tétanisé en voyant par le hublot une épaisse fumée noire s'élever à une courte distance, mais pas assez proche pour discerner la bande de Gaza. Pourtant, je savais que je survolais Gaza; je savais que j’étais témoin d'un acte d'horreur totale. Bien que je ne puisse distinguer aucun repère, l'épaisseur de la fumée était évidente.»

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L'agence humanitaire saoudienne KSrelief a livré 20 ambulances entièrement équipées dans la bande de Gaza via la frontière de Rafah (Photo, Fournie).

Une fois arrivés à Al-Arish, un aéroport isolé au beau milieu du désert du Sinaï, Joudah et Chalhoub ont observé le déchargement des ambulances prêtes à se diriger vers Gaza, tout enéchangeant avec le porte-parole de KSrelief, Samer al-Jetaïli, qui a livré un compte rendu de la situation, et avec Moubarak al-Dosari, responsable de l'équipe spécialisée de KSrelief en Égypte, qui a offert une perspective sur les efforts saoudiens visant à soulager les conditions dans le territoire assiégé.

Alors qu'ils étaient à l'aéroport militaire, à seulement quarante-cinq minutes de la frontière de Rafah, un fort sentiment de nostalgie s’empare de la jeune journaliste qui se remémorait un souvenir d'enfance.

Être à Al-Arish a ému Joudah jusqu'aux larmes, lui rappelant sa visite en 1999 avec sa famille alors qu'ils franchissaient la frontière de Rafah pour entrer à Gaza. Elle évoque également d'autres moments où elle se tenait accroupie près de l'un des hublots de l'avion survolant Gaza, une étroite bande de terre qui a dominé l'actualité mondiale ces derniers mois, mais qui demeure toujours présente dans l’esprit de nombreux Palestiniens, Arabes et membres de la communauté internationale.

Elle souligne son désir d'y retourner, affirmant que «c'était une expérience profondément humble de comprendre que l'on contribue, même modestement, à l'ampleur des efforts humanitaires déployés par l'Arabie saoudite.»

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Un vol d'Etihad Airways a évacué 120 Palestiniens blessés et leurs familles (Photo, Fournie). 

Pour Chalhoub, avoir participé à la livraison des ambulances si nécessaires revêtait une grande importance.

Il a déclaré: «C'était très significatif pour moi. J'ai pu contribuer à livrer quelque chose qui pourrait sauver une vie. C'est mon humble contribution, et ça m’a procuré une grande satisfaction.»

«J'aurais souhaité pouvoir accomplir davantage; l'idée de pénétrer dans la bande de Gaza me tenait à cœur. La photographie est certes puissante, et j'aurais pu exposer au monde la réalité de Gaza à travers mon objectif. Cependant, si seulement j'avais pu franchir la frontière et partager un moment avec un enfant, lui arracher un sourire, faire quelque chose pour alléger ne serait-ce que quelques instants de sa douleur, cela aurait été d'une valeur inestimable pour lui.»

«Un mois plus tard, le 1er décembre, Maher s'est rendue au nouvel aéroport international d'Abu Dhabi après avoir embarqué à bord du quatrième vol des Émirats arabes unis destiné àévacuer des enfants palestiniens blessés et des patients atteints de cancer, accompagnés deleurs familles, depuis l'aéroport d'Al-Arish en Égypte après leur évacuation de Gaza via la frontière de Rafah.» 

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Des patients de la bande de Gaza évacués d'Al-Arish ont atterri à Abou Dhabi (Photo, Fournie).

«C'était le jour où la trêve d'une semaine avait pris fin, et Israël avait repris son intense bombardement sur Gaza, principalement à Khan Younès et Rafah dans le sud, ce matin-là. Seuls quelques évacués ont eu la chance de traverser la frontière ce jour-là, des frappes aériennes touchant la zone», a déclaré Maher.

«J'ai observé des hommes vêtus d’élégants costumes d'affaires prêts pour un voyage profesisonnel, et des familles joyeuses attendant de prendre leur vol pour célébrer Noël avec leurs proches chez eux, ou profiter des festivités dans une nouvelle destination de vacances», a-t-il ajouté.  

«Je me demandais s'ils savaient qu'au terminal VIP, à dix minutes du check-in de la premièreclasse/classe affaires, un avion charter Boeing 777 d'Etihad Airways était en cours de préparation pour évacuer des patients touchés par la guerre vers une région plus sûre et leur offrir la chance d’une nouvelle vie.»

En attendant d’embarquer, une équipe de 30 volontaires, médecins et infirmiers de trois hôpitaux d'Abu Dhabi – l'hôpital Burjeel, l'hôpital royal NMC et la Cité médicale Sheikh Khalifa – était arrivée avec d'importants stocks d'équipements médicaux, sous la supervision et la coordination du département de la santé d'Abu Dhabi. L'équipe, composée de professionnels possédant des compétences diversifiées, dont des anesthésistes, des technologues respiratoires, des assistants administratifs et des infirmiers, s'est assurée du bien-être des patients, garantissant qu'ils étaient dans un état stable avant leur arrivée à Abu Dhabi.

«À bord du vol vers Al-Arish, un étrange sentiment de chaleur, de solidarité et de sécurité a imprégné l’atmosphère en ces temps tourmentés. C’est la première fois, depuis que j'ai commencé à couvrir intensivement la guerre en ligne, que j'ai pu témoigner d'un aspect magnifique de l'humanité», a déclaré Maher.

Les équipes du gouvernement des Émirats arabes unis et du personnel médical bénévole, issues de nationalités et horizons divers, ont travaillé avec passion et détermination, en pleine coordination, pour réconforter les patients et les soulager, veillant à ce que la mission soit menée avec le plus grand niveau de précision. Ils ont souligné qu'une partie importante de leur travail consistait à instaurer un sentiment de sécurité chez les patients, tout en répondantà leurs besoins médicaux.

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La Palestinienne Sabra Moussa a été évacuée de la bande de Gaza vers Abu Dhabi (Photo, Fournie).

Pendant le vol, Maher a eu l'occasion de rencontrer Etimad Hassouna, une infirmière pédiatrique palestinienne qui a quitté son domicile pour se lancer dans une carrière médicale. Intriguée d'en savoir plus, Maher a demandé à l'infirmière comment elle trouvait la force de travailler tout en étant témoin de la souffrance endurée par sa patrie.

Selon Maher, «elle (Hassouna) a exprimé sa reconnaissance d'avoir l’opportunité d'aider de quelque manière que ce soit, aussi petite soit-elle, face à une crise de cette ampleur. Depuis le début de cette mission, Hassouna a partagé qu'elle avait réussi à surmonter les premiers sentiments d'impuissance qu'elle avait ressentis au début de la guerre.»

«Alors que certains membres de l'équipe à bord de l'avion avaient déjà une expérience dans des zones de guerre, d'autres spécialement formés pour les urgences médicales, faisaient face pour la première fois à des blessures traumatiques de guerre. Cependant, tous partageaient une expérience commune: traiter des blessures graves qu'ils n'avaient jamais rencontrées, même lors de conflits antérieurs à Gaza.»

«Le calme et le silence étrange du désert contrastaient vivement avec les bombardements intenses qui se déroulaient derrière le passage de Rafah, à cinquante-cinq km et à environ quarante-cinq minutes de l'aéroport d'Al-Arish. Le ciel sombre était illuminé d'étoiles, cette nuit-là, mais la seule lumière visible pour les habitants de Gaza était celle des roquettes et des missiles qui pleuvaient sur leurs maisons», a-t-elle ajouté. 

Rien n'aurait pu préparer Maher à ce qu'elle s'apprêtait à voir: des patients fatigués, épuisés et âgés arrivant dans des ambulances égyptiennes et transportés sur le tarmac en fauteuils roulants.

Les enfants, certains âgés de deux ans à peine, des hommes et des femmes frigorifiés et seuls:c'était une scène déchirante de ceux qui avaient franchi les portes du passage en quête d'une nouvelle vie, laissant derrière eux leurs proches.

Maher a partagé: « En regardant cette scène se dérouler, la seule question qui me taraudaitétait la suivante: qu'avaient donc fait ces individus pour être ainsi contraints de quitter leur foyer dans un tel état – privés des besoins essentiels tels que la nourriture, l'eau, les médicaments, leurs familles, leurs souvenirs et leurs rêves?»

«Les médecins et infirmiers m'ont expliqué que la première mesure à prendre pour certains cas critiques consiste à les hydrater et leur administrer des analgésiques, une première depuis des semaines à la suite de l'effondrement du système de santé à Gaza et à la rareté des équipements médicaux. Les patients arrivés n'avaient eu accès ni à des analgésiques ni à une alimentation ou une eau appropriés depuis le début de la guerre le 7 octobre.»

De retour dans l'avion, Maher se souvient des visages de passagers arborant des traits communs: des yeux cernés de cercles noirs intenses, des silhouettes frêles, chacun portant un petit sac en plastique avec quelques effets personnels, «et un regard qui capturait simultanément un mélange d'émotions – soulagement, culpabilité et espoir».

Maher a échangé avec de nombreux passagers lors de leur retour à Abu Dhabi. Tous avaient perdu des membres de leur famille, avaient été déplacés au moins quatre fois (Israël a fait la guerre à Gaza cinq fois depuis 2007), et tous étaient incertains de pouvoir jamais retourner voir leurs proches.

Ils étaient les quelques chanceux ayant survécu aux bombardements intenses et obtenu l'autorisation de passer par Rafah après avoir surmonté un processus fastidieux.

Beaucoup n'ont pas eu cette chance

Amna Hashem Saeed, une patiente âgée atteinte d'un cancer du pancréas, était assise seule dans l'avion, racontant avec des larmes à Maher ses derniers moments avec sa seule fille. «Jesuis condamnée à mourir ici, maman», répéta Amna, reprenant la phrase de sa fille alors que la ville en arrière-plan s'effondrait. Le mari de Amna a été victime d'un accident vasculaire cérébral et n’a pas pu recevoir les soins nécessaires. Amna elle-même s'était vu refuser sept fois le droit de traverser Rafah pour un traitement en Turquie en raison de la situation sécuritaire, avant que son évacuation vers les Émirats arabes unis ne soit finalement acceptée.

Alors que l'avion volait, Maher se souvient avoir vu des adolescents avec leurs accompagnateurs âgés ou cherchant eux-mêmes un traitement, parcourir les couloirs de l’avion, hébétés, comme s'ils portaient les problèmes du monde sur leurs épaules.

Sur le dernier tronçon du vol, Maher a raconté comment elle a vu plusieurs enfants, trop jeunes pour comprendre la situation, soit se tortillant de douleur, soit jouant joyeusement dans l'avion.

Parmi les enfants se trouvait Mohammed, âgé de 2 ans, qui n'avait personne d'autre que sa grand-mère malade dans l'avion. «Avec ses yeux rêveurs et son sourire innocent, il a grimpé sur mes genoux et a joué sur le petit écran de l'avion avant de s'endormir paisiblement dans mes bras jusqu'à notre arrivée», a déclaré Maher.

«Il était déconcertant d'imaginer que des milliers d'enfants comme lui iraient se coucher sans la certitude de se réveiller le lendemain.» 

En passant et en voyant l'enfant dormir dans mes bras, Joe Coughlan, le commandant médical du vol, a demandé: «Où voudrais-tu être en ce moment?»

Ma réponse était: «Nulle part ailleurs.»


L'UE condamne les frappes israéliennes au Liban, exige le respect du cessez-le-feu

Un soldat de l'armée libanaise discute avec un ouvrier alors qu'il déblaye les décombres d'un site visé pendant la nuit par une frappe aérienne israélienne dans le village d'Et Taybeh, dans le sud du Liban. (AFP)
Un soldat de l'armée libanaise discute avec un ouvrier alors qu'il déblaye les décombres d'un site visé pendant la nuit par une frappe aérienne israélienne dans le village d'Et Taybeh, dans le sud du Liban. (AFP)
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  • L’Union européenne condamne les frappes israéliennes au sud du Liban et appelle Israël à respecter la résolution 1701 ainsi que le cessez-le-feu signé avec le Hezbollah en novembre 2024
  • L’UE exhorte toutes les parties libanaises, notamment le Hezbollah, à éviter toute escalade et à préserver les progrès réalisés vers la stabilité régionale

BRUXELLES: L'Union européenne a condamné les récentes frappes israéliennes sur le sud du Liban et appelé à respecter le cessez-le-feu conclu en novembre 2024 avec le Hezbollah, dans un communiqué publié samedi par sa diplomatie.

"L'UE appelle Israël à mettre fin à toutes les actions qui violent la résolution 1701 et l'accord de cessez-le-feu conclu il y a un an, en novembre 2024", souligne Anouar El Anouni, porte-parole de l'UE pour les Affaires étrangères.

"Dans le même temps, nous exhortons tous les acteurs libanais, et en particulier le Hezbollah, à s'abstenir de toute mesure ou réaction susceptible d'aggraver encore la situation. Toutes les parties doivent s'attacher à préserver le cessez-le-feu et les progrès accomplis jusqu'à présent", insiste le porte-parole.

De nouvelles frappes ont été menées jeudi sur le sud du Liban par Israël, qui a dit viser des cibles du mouvement pro-iranien Hezbollah, accusé de vouloir se réarmer.

L'armée israélienne avait appelé auparavant des habitants de quatre villages à évacuer des bâtiments en prévenant qu'elle allait frapper des infrastructures militaires du mouvement libanais.

L'armée libanaise a elle estimé que les raids israéliens visaient à "empêcher l'achèvement" de son déploiement dans cette région, conformément à l'accord de cessez-le-feu qui avait mis fin il y a près d'un an à la guerre entre le Hezbollah et Israël.

Ces frappes israéliennes ont déjà été condamnées par le président libanais Joseph Aoun et par l'Iran, qui a dénoncé vendredi des "attaques sauvages" et appelé la communauté internationale à réagir.


Le Soudan au bord du gouffre, selon un haut responsable de l’ONU

Le conseiller spécial des Nations unies pour la prévention du génocide a déclaré vendredi que le Soudan pourrait être proche d'un point de basculement vers des atrocités, alors que les informations faisant état de meurtres et d'attaques généralisés contre des civils à El-Fasher se multiplient. (AFP)
Le conseiller spécial des Nations unies pour la prévention du génocide a déclaré vendredi que le Soudan pourrait être proche d'un point de basculement vers des atrocités, alors que les informations faisant état de meurtres et d'attaques généralisés contre des civils à El-Fasher se multiplient. (AFP)
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  • Des attaques directes contre les civils” soulignent la nécessité d’une action urgente, alerte Chaloka Beyani
  • L’ONU met en garde contre l’aggravation de la situation au Darfour-Nord, où des centaines de milliers de personnes font face à des pénuries aiguës de nourriture, d’eau et de soins médicaux

NEW YORK : Le conseiller spécial de l’ONU pour la prévention du génocide a déclaré vendredi que le Soudan pourrait être sur le point de basculer dans des atrocités massives, alors que se multiplient les rapports faisant état de meurtres et d’attaques contre des civils à El-Fasher.

Mettant en garde contre le fait qu’“un seuil est sur le point d’être franchi”, Chaloka Beyani a affirmé que “lorsque notre bureau tire la sonnette d’alarme, c’est que la situation dépasse largement les violations ordinaires des droits humains ou du droit humanitaire international.”

Il a ajouté que “l’ampleur des atrocités montre qu’une action précoce doit être engagée.”

Beyani a dénoncé de “graves violations massives du droit international des droits de l’homme” et de “nouvelles attaques directes contre les civils” perpétrées par les belligérants au Darfour.

Des rapports et vidéos, apparus fin octobre, montrent des atrocités présumées commises par les Forces de soutien rapide (RSF) après leur prise de contrôle d’El-Fasher sur les troupes gouvernementales, mettant fin à un siège qui durait depuis plus de 500 jours.

Le coordinateur des secours d’urgence de l’ONU, Tom Fletcher, a récemment déclaré devant le Conseil de sécurité que “l’horreur se poursuit” au Darfour, avertissant que les civils restaient piégés dans une spirale de violences généralisées.

Le bureau de Beyani a indiqué que plusieurs indicateurs de risque d’atrocités étaient désormais présents au Soudan, tout en rappelant que seule une cour internationale pourrait déterminer si un génocide avait été commis.

La Cour pénale internationale (CPI) a également fait part de sa “profonde inquiétude” cette semaine, précisant qu’elle recueillait des éléments de preuve concernant des massacres, viols et autres atrocités présumés à El-Fasher.

Parallèlement, plusieurs sources indiquent que les RSF ont accepté un “cessez-le-feu humanitaire” proposé par les États-Unis, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis.

L’ONU a par ailleurs averti que les conditions humanitaires continuaient de se détériorer au Darfour-Nord, où des centaines de milliers de déplacés d’El-Fasher souffrent de pénuries extrêmes de nourriture, d’eau et de soins médicaux.

Les agences humanitaires installent de nouveaux camps à Tawila et dans d’autres zones voisines, mais plus de 650 000 personnes restent dans un besoin urgent d’aide.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le Conseil de sécurité de l’ONU lève les sanctions contre le président syrien Ahmad al-Chareh

Le président syrien Ahmed al-Chareh rend visite au secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres (hors champ) lors de l'Assemblée générale au siège des Nations unies à New York, le 24 septembre 2025. (AFP)
Le président syrien Ahmed al-Chareh rend visite au secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres (hors champ) lors de l'Assemblée générale au siège des Nations unies à New York, le 24 septembre 2025. (AFP)
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  • Résolution présentée par les États-Unis, qui retirent également de la liste le ministre de l’Intérieur Anas Hasan Khattab, adoptée avec 14 voix pour, aucune contre ; la Chine s’abstient
  • L’envoyé américain à l’ONU, Mike Waltz, déclare que le Conseil envoie « un signal politique fort reconnaissant que la Syrie entre dans une nouvelle ère » après la chute du régime Assad en décembre dernier

NEW YORK: Le Conseil de sécurité des Nations unies a voté jeudi la levée des sanctions visant Ahmad al-Chareh, retirant ainsi le président syrien de la Liste des sanctions Daech et Al-Qaïda, dans une décision largement considérée comme un signe de reconnaissance internationale du nouvel ordre politique post-Assad en Syrie.

La résolution 2729, déposée par les États-Unis, a été adoptée par 14 voix pour, aucune contre, et une abstention, celle de la Chine. Elle retire également le ministre syrien de l’Intérieur, Anas Hasan Khattab, auparavant désigné dans le cadre du même régime de sanctions.

Agissant en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations unies, le Conseil a déclaré jeudi que les deux responsables ne sont plus soumis aux gels d’avoirs ni aux interdictions de voyager imposés par les précédentes mesures de lutte contre le terrorisme.

Al-Chareh est arrivé jeudi à Belém, au Brésil, pour la Conférence des Nations unies sur le changement climatique de 2025 (COP 30), et doit rencontrer le président américain Donald Trump à la Maison-Blanche à Washington lundi.

Al-Chareh a dirigé la coalition Hayat Tahrir Al-Sham lors de l’offensive de décembre 2024 qui a renversé le régime Assad, après quoi il est devenu le dirigeant de facto de la Syrie.

Washington exhortait depuis plusieurs mois les quinze membres du Conseil de sécurité à assouplir les sanctions visant la Syrie et les responsables de son nouveau gouvernement.

Le représentant permanent des États-Unis auprès de l’ONU, Mike Waltz, a déclaré qu’en adoptant la résolution, le Conseil envoyait « un signal politique fort reconnaissant que la Syrie est entrée dans une nouvelle ère depuis que Assad et ses associés ont été renversés en décembre 2024 ».

Il a ajouté : « Il existe aujourd’hui un nouveau gouvernement syrien, dirigé par le président Ahmad al-Chareh, qui travaille dur pour remplir ses engagements en matière de lutte contre le terrorisme et les stupéfiants, d’élimination de tout reste d’armes chimiques, et de promotion de la sécurité et de la stabilité régionales, ainsi que d’un processus politique inclusif, conduit et possédé par les Syriens eux-mêmes.

« Comme le président Trump l’a précédemment indiqué, la Syrie a désormais sa chance de grandeur. »

En rendant sa décision, le Conseil de sécurité a rappelé une série de résolutions précédentes visant Daech, Al-Qaïda et les groupes qui leur sont affiliés, et a réaffirmé son « engagement fort en faveur de la souveraineté, de l’indépendance, de l’intégrité territoriale et de l’unité nationale de la République arabe syrienne ».

Le texte de la résolution, consulté par Arab News, souligne que le retrait des responsables syriens de la liste est conforme aux efforts visant à promouvoir « la reconstruction à long terme, la stabilité et le développement économique » du pays, tout en maintenant l’intégrité du cadre mondial des sanctions antiterroristes.

La résolution salue l’engagement de la République arabe syrienne à garantir « un accès humanitaire complet, sûr, rapide et sans entrave » conformément au droit humanitaire international ; à lutter contre le terrorisme, y compris les combattants terroristes étrangers, ainsi que les individus, groupes, entreprises et entités affiliés à Daech ou Al-Qaïda ; à protéger les droits humains et à assurer la sécurité de tous les Syriens, quelle que soit leur appartenance ethnique ou religieuse ; à poursuivre les efforts de lutte contre les stupéfiants ; à promouvoir la justice transitionnelle ; à œuvrer pour la non-prolifération et l’élimination des restes d’armes chimiques ; à renforcer la sécurité et la stabilité régionales ; et à mener un processus politique inclusif, dirigé et possédé par les Syriens eux-mêmes.

Le Conseil a exprimé son attente que les autorités syriennes respectent ces engagements et contribuent à la stabilité régionale.

Al-Chareh avait été sanctionné par l’ONU en mai 2014, lorsque Hayat Tahrir Al-Sham, alors affiliée à Al-Qaïda, avait été ajoutée à la Liste des sanctions Daech et Al-Qaïda. Cette désignation imposait une interdiction de voyager et un gel des avoirs qui devaient rester en vigueur pendant plus d’une décennie.

Le vote de jeudi au Conseil de sécurité fait suite à la décision de Washington, en mai, de lever la plupart des sanctions américaines contre la Syrie. Ces mesures, instaurées en 1979 et considérablement élargies après le déclenchement de la guerre civile syrienne en 2011, limitaient le commerce, l’investissement et les exportations d’énergie. Bien que la majorité de ces restrictions aient été levées, certaines dispositions du Congrès restent en place dans l’attente d’un examen ultérieur.

En retirant officiellement Ahmad al-Chareh de la liste, la résolution du Conseil de sécurité est considérée comme un tournant dans l’engagement international envers les nouvelles autorités syriennes.

Des diplomates ont décrit cette décision à la fois comme une reconnaissance pragmatique des nouvelles réalités sur le terrain et comme une incitation à poursuivre la coopération en matière d’accès humanitaire, de lutte contre le terrorisme et de réforme politique.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com