Rétrospective: Trop de crises dans le Sahel en cette fin d’année 2023

La ceinture sahélienne de l'Afrique, qui s'étend du Mali à l'ouest au Soudan à l'est, a été propulsée sous les feux de la rampe au début de l'année 2023 par une vague de bouleversements politiques, de défis humanitaires et de menaces pour la sécurité (Photo, Arab News).
La ceinture sahélienne de l'Afrique, qui s'étend du Mali à l'ouest au Soudan à l'est, a été propulsée sous les feux de la rampe au début de l'année 2023 par une vague de bouleversements politiques, de défis humanitaires et de menaces pour la sécurité (Photo, Arab News).
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Publié le Dimanche 24 décembre 2023

Rétrospective: Trop de crises dans le Sahel en cette fin d’année 2023

  • Des millions de migrants et de réfugiés ont été déplacés en 2023 après l’éclatement d’une guerre au Soudan et un coup d’État au Niger
  • Les bouleversements politiques et les menaces qui pèsent sur la sécurité de la région sont devenus une préoccupation majeure pour l’Europe et le monde arabe

NOUAKCHOTT: Alors que l’attention du monde est rivée sur la guerre qui sévit à Gaza entre Israël et le groupe militant palestinien Hamas, les conflits qui se déroulent ailleurs, en particulier la violence au Soudan et l’instabilité dans le Sahel, risquent d’être oubliés.

La ceinture sahélienne de l'Afrique, qui s'étend du Mali à l'ouest au Soudan à l'est, a été propulsée sous les feux de la rampe au début de l'année 2023 par une vague de bouleversements politiques, de défis humanitaires et de menaces pour la sécurité.

La bande sahélienne de l’Afrique, qui s’étend du Mali à l’ouest au Soudan à l’est, a été propulsée sous les feux de la rampe au début de l’année 2023 en raison d’une vague de bouleversements politiques, de défis humanitaires et de menaces sécuritaires.

Compte tenu de son importance stratégique pour l’Europe, le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, la récente vague de coups d’État et d’insurrections extrémistes et la prolifération des routes migratoires ont fait de cette région une source d’inquiétude particulière pour les décideurs politiques.

Les acteurs internationaux, qu’il s’agisse des anciennes puissances coloniales, telles que la France, ou d’organismes multilatéraux tels que l’Union africaine, sont de plus en plus préoccupés par le manque d’intérêt perçu pour la région et l’incapacité à contribuer à la résolution des problèmes.

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En avril 2023, des combats entre l’armée soudanaise et les forces paramilitaires de Mohammed Dagalo ont éclaté, provoquant la fuite de dizaines de milliers de personnes. (AFP)

La crise au Soudan

Le premier grand bouleversement de la région en 2023 s’est produit au Soudan, où des violences ont éclaté à la mi-avril entre les Forces armées soudanaises et les Forces paramilitaires de soutien rapide (FSR), déclenchant une vague massive de déplacements vers les pays voisins.

La capitale, Khartoum, la région troublée du Darfour et d’autres parties du pays ont terminé l’année ravagés par les combats et les déplacements massifs, provoquant un effondrement économique, une désintégration du système de santé et un risque croissant de famine.

Le recrutement de combattants étrangers dans l’ensemble du Sahel, dont beaucoup sont des enfants et des agriculteurs démunis poussés au désespoir, fait craindre que le conflit ne s’étende à toute la région, favorisant la prolifération d’armes légères et déstabilisant les États voisins.

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Le conflit au Soudan a ravivé les craintes concernant l’exploitation des enfants par les belligérants pour qu’ils participent aux combats. (Photo, AFP)

L’Arabie saoudite et les États-Unis ont organisé plusieurs séries de pourparlers en vue de parvenir à un cessez-le-feu entre les parties belligérantes du Soudan, tandis que l’Autorité intergouvernementale pour le développement, un bloc commercial composé de huit pays africains, s’est également efforcée de trouver une solution.

En ce qui concerne la résolution interne du conflit, les espoirs initiaux d’un gouvernement non militaire au Soudan ont été pratiquement anéantis après que les militaires ont renversé le gouvernement civil à la fin de 2021.

Les organisations humanitaires ont lancé des appels répétés aux parties belligérantes pour qu’elles cessent de perpétrer des violences contre les civils, en particulier les femmes et les jeunes filles, mettant ainsi en lumière les dimensions humanitaires des troubles.

Par ailleurs, les experts ont mis en garde contre le fait que le conflit et l’effondrement de l’autorité gouvernementale qui en résulte pourraient être exploités par des groupes extrémistes tels que Daech et Al-Qaïda, ou ouvrir la voie à la création de nouvelles organisations radicales ayant des objectifs similaires.

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Les experts ont mis en garde contre le fait que le conflit et l’effondrement de l’autorité gouvernementale qui en résulte pourraient être exploités par des groupes extrémistes tels que Daech et Al-Qaïda afin de réaliser leurs objectifs. (Photo, AFP)

Le coup d’État au Niger

Alors que l’attention se focalisait sur le Soudan, la communauté internationale a été prise au dépourvu en juillet lorsqu’un coup d’État au Niger est venu s’ajouter à une série de prises de pouvoir militaires dans la région, le Mali et le Burkina Faso ayant connu leurs propres coups d’État ces dernières années.

Ce développement a mis en évidence la fragilité des structures de gouvernance au Sahel, ce qui amène à s’interroger sur l’efficacité des efforts internationaux visant à promouvoir la stabilité et les institutions démocratiques.

Le Niger, pays enclavé de 25 millions d’habitants, bénéficiait de programmes occidentaux visant à empêcher les migrants de se rendre plus au nord. Cependant, la junte a tourné le dos à l’Occident, s’alignant sur le sentiment général de l’opinion publique selon lequel peu de cet argent avait été distribué aux communautés locales.

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Le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) du Niger a pris le pouvoir dans ce pays d’Afrique de l’Ouest en juillet 2023, exacerbant la crise politique dans la région (Photo, AFP).

Le coup d’État a eu des répercussions plus larges, notamment sur le flux de migrants transitant par la région.

Avant le coup d’État, le Niger avait travaillé avec les gouvernements occidentaux pour gérer ces routes migratoires. En conséquence, les États européens se sont tournés vers la Tunisie et la Libye pour contrôler l’immigration clandestine à travers la mer Méditerranée.

Parallèlement à ces développements, le soutien aux politiciens anti-immigration s’est accru dans toute l’Europe. De leur côté, les modérés ont été contraints de proposer des protections accrues aux frontières et des politiques d’asile révisées pour éviter les défis électoraux.

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Des migrants attendent d’être secourus par le navire de sauvetage Aquarius géré par SOS Méditerranée et Médecins sans frontières au large de la Libye, en Méditerranée, le 2 août 2017 (Photo, AFP).

Tempêtes et séismes

Outre les conflits et les coups d’État, la nature a montré sa capacité de dévastation en septembre, lorsque le Maroc a été secoué par un tremblement de terre catastrophique et que la Libye a subi des inondations cataclysmiques, faisant des milliers de morts et de nombreux disparus.

Ces deux catastrophes ont déclenché une réponse humanitaire mondiale. Cependant, l’aide apportée aux Marocains en détresse a été très différente de celle apportée à la Libye, qui est restée fermée au monde alors que les milices s’attaquaient à la population locale et au grand nombre de migrants qui transitaient par le pays.

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Un homme fouille les décombres dans le village d’Imi N’Tala, dans le centre du Maroc, le 5 octobre 2023. (Photo, AFP)

Déplacement

Le résultat de ces catastrophes multiples et simultanées a été le déplacement massif de la population du Sahel, la rendant vulnérable à l’exploitation. Les organisations internationales ont notamment attiré l’attention sur le recrutement continu d’enfants soldats dans tout le Sahel.

La propagation de l’exploitation des enfants a ajouté une dimension sinistre à un ensemble déjà complexe de défis et a souligné la nécessité d’une coopération internationale afin deprotéger les plus vulnérables en temps de crise.

Dans le même temps, l’ONU a exprimé son inquiétude face à la crise de la faim qui s’aggrave au Soudan. Cette situation d’urgence humanitaire a renforcé le besoin critique d’assistance et d’aide alimentaire pour répondre aux défis croissants auxquels la population est confrontée.

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Des enfants font la queue pour recevoir de la nourriture dans un centre pour les personnes déplacées par la guerre au Soudan, enjuillet 2023. (Photo, AFP)

En novembre, des avertissements ont de nouveau été lancés quant à la possibilité d’un génocide au Darfour, au Soudan, faisant écho aux tragédies passées dans la région. Selon les analystes, ce développement inquiétant met l’accent sur la nécessité de s’attaquer aux causes profondes du conflit, ce qui a suscité de nouveaux appels en faveur d’initiatives diplomatiques et d’efforts de maintien de la paix.

L’année s’est achevée avec la chute de la ville soudanaise de Wad Madani aux mains des FSR, malgré les récents pourparlers pour un cessez-le-feu et les avertissements préalables des États-Unis. Cette dernière victoire des FSR sur le champ de bataille fait suite à trois jours de combats intenses, qui ont entraîné un exode massif des habitants vers le sud et la suspension des opérations des organisations humanitaires.

Le résultat tragique de ces déplacements massifs de population n’est apparu que trop clairement le 16 décembre dernier, lorsque 61 migrants, pour la plupart originaires du Soudan, du Soudandu Sud, d’Éthiopie et d’Érythrée, se sont noyés dans la mer Méditerranée, au large de la Libye, après que l’embarcation à bord de laquelle ils voyageaient a fait face à des difficultés.

Des signes d’espoir

La seule nouvelle positive émanant de la région dans les derniers jours de 2023 a peut-être été l’aide apportée par les États-Unis pour favoriser la réconciliation entre l’Algérie et le Maroc dans le cadre du conflit du Sahara occidental.

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L’envoyé de l’ONU pour le Sahara occidental, Staffan de Mistura (G), serre la main du chef du Polisario, Brahim Ghali (D), dans la ville algérienne de Tindouf, dans le sud-ouest du pays. (Photo, AFP)

Source de discorde persistante entre les deux voisins arabes, la nature contestée du territoire revêt également une importance pour les acteurs extérieurs en raison de son rôle de point de transit pour les Africains qui migrent vers l’Espagne.

Les analystes estiment que si une leçon peut être tirée des douze derniers mois, c’est bien la nécessité de trouver des solutions globales, qui s’attaquent à la fois aux causes profondes des nombreux conflits simultanés dans le Sahel et à leur impact plus large sur les mouvements migratoires.

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com


La municipalité de Riyad confirme qu'une seule entreprise est responsable des récents cas d'intoxication alimentaire

La municipalité de Riyad a conclu vendredi qu'un seul établissement alimentaire avait été jugé responsable de la vague d'intoxications alimentaires causées par le clostridium botulinum le 25 avril 2024. (Shutterstock/File Photo)
La municipalité de Riyad a conclu vendredi qu'un seul établissement alimentaire avait été jugé responsable de la vague d'intoxications alimentaires causées par le clostridium botulinum le 25 avril 2024. (Shutterstock/File Photo)
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  • Les autorités ont déclaré que la chaîne de restauration rapide pourrait être condamnée à une amende en raison de l'épidémie qui a entraîné l'hospitalisation de dizaines de personnes
  • Le ministère saoudien de la Santé a déclaré que 75 personnes avaient été touchées par l'épidémie, dont une est décédée

RIYAD : La municipalité de Riyad a confirmé vendredi que les résultats d'une enquête préliminaire menée par les autorités sanitaires suggèrent qu'une seule entreprise est responsable de plusieurs cas d'intoxication alimentaire la semaine dernière, causés par la bactérie Clostridium botulinum, qui ont nécessité l'hospitalisation de dizaines de personnes.

Elle a également confirmé que la chaîne pourrait être condamnée à une amende pour cette épidémie, révélée le 25 avril, et que toutes ses succursales et ses installations de transformation des aliments à Riyad et à Al-Kharj restaient fermées.

Le montant de l'amende sera fixé conformément à la législation en vigueur, sur la base d'une enquête complète et en tenant compte de la gravité des effets de l'incident sur les personnes malades, a ajouté la municipalité.

Elle n'a pas précisé combien de temps les succursales et autres installations de l'entreprise resteraient fermées, mais a indiqué que tous les produits alimentaires qu'elles contenaient seraient détruits et que le processus de nettoyage et de désinfection de tous les bâtiments, outils et machines serait supervisé par des fonctionnaires de la municipalité.

« Nous confirmons la sécurité des produits alimentaires pour les restaurants, les cuisines, les cafés et les traiteurs de la région de Riyad, car aucun cas n'a été enregistré en dehors de la source susmentionnée », a déclaré la municipalité.

La déclaration de vendredi n'a pas nommé la société impliquée, mais Arab News a rapporté la semaine dernière qu'un certain nombre de cas d'intoxication alimentaire semblaient liés à la chaîne de restauration rapide Hamburgini.

La municipalité de Riyad a déclaré que les équipes de surveillance sanitaire avaient pris des mesures rapides pour enquêter et surveiller la situation dès qu'elles ont commencé à recevoir des rapports sur les cas d'intoxication alimentaire.

Le 26 avril, Nawaf Al-Fozan, fondateur et PDG de Hamburgini, a partagé une vidéo sur la page Instagram de la chaîne qui confirme son implication dans l'épidémie.

Dans un communiqué distinct publié vendredi, le ministère saoudien de la Santé a également déclaré que tous les cas d'intoxication alimentaire étaient liés à la même source.

Le ministère de la Santé a déclaré que 75 personnes avaient été touchées par l'épidémie, et qu’un décès avait enregistré, et qu'aucun nouveau cas n'avait été signalé au cours des cinq derniers jours.

« Le nombre total de cas recensés s'élève à 75, dont 69 ressortissants saoudiens et 6 non saoudiens », a déclaré le porte-parole du ministère, le Dr Mohammed Al-Abd Al-Aly, dans un communiqué diffusé sur le réseau social X vendredi.

Le communiqué précise que 50 des cas ont été diagnostiqués comme étant causés par la bactérie Clostridium botulinum. Le ministère a expliqué que 43 patients avaient complètement récupéré et étaient sortis de l'hôpital, que 11 étaient actuellement en cours de traitement et que 20 cas étaient étroitement surveillés dans des unités de soins intensifs (USI).

« Le ministère continue de suivre de près les cas hospitalisés et de leur fournir les soins nécessaires, tout en leur souhaitant un prompt rétablissement », indique le communiqué. Il a souligné « l'importance de se fier aux sources officielles pour les instructions et les informations, et de ne pas répandre de rumeurs et de fausses informations ».

 

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com

 


Les événements de la Semaine de l'environnement mettent en lumière le rôle de leader de l'Arabie saoudite

Des experts et des défenseurs participent à une table ronde à l'occasion de la Semaine de l'environnement à Riyad. (Photo UNCCD)
Des experts et des défenseurs participent à une table ronde à l'occasion de la Semaine de l'environnement à Riyad. (Photo UNCCD)
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  • Riyad accueille une série de discussions sur les défis posés par la sécheresse, la désertification et la dégradation des sols
  • Les pratiques agricoles non durables, le surpâturage, la déforestation et l'érosion des sols contribuent à la désertification

RIYAD : La région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord est connue pour son climat chaud et sec et ses faibles ressources en eau. Les conditions climatiques difficiles sont un facteur contribuant au fléau permanent de la région que sont la sécheresse, la désertification et la dégradation des sols.

Ces problèmes entraînent des déséquilibres dans les différents écosystèmes, qui nuisent particulièrement au secteur agricole et imposent des difficultés économiques aux populations locales. L'importance croissante de ce problème régional a incité l'Arabie saoudite à organiser des discussions régulières.

Cette semaine, la Semaine de l'environnement a été l'occasion de faire le point sur les défis à relever et les progrès accomplis jusqu'à présent. Les événements organisés pendant la Semaine de l'environnement ont mis en lumière le rôle de chef de file de l'Arabie saoudite en matière de préservation de l'environnement et de développement durable.

Des experts et des défenseurs participent à une table ronde à l'occasion de la Semaine de l'environnement à Riyad. (Photo UNCCD)
La désertification, processus par lequel des terres fertiles se transforment en déserts arides, est un défi important auquel sont confrontés les pays du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord. (Shutterstock)

Les écologistes ont eu l'occasion d'échanger sur une série de sujets, l'accent étant naturellement mis sur la sécheresse, la désertification et la dégradation des sols. A cette occasion, Arab News a interviewé Ibrahim Thiaw, secrétaire exécutif de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification à Riyad.

« Il est devenu extrêmement difficile pour l'humanité de faire face à la fréquence des défis », a-t-il déclaré. « L'Arabie saoudite joue évidemment un rôle très important. Il ne s'agit pas d'une petite économie, c'est pourquoi la demande de soutien de la part de l'Arabie saoudite augmente également ».

Ibrahim Thiaw, secrétaire exécutif de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification
Ibrahim Thiaw, secrétaire exécutif de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification (fourni)

Thiaw a évoqué certaines des conséquences de la dégradation des sols et de la sécheresse, telles que l'augmentation des migrations irrégulières. « On assistera probablement à une concurrence accrue pour les terres et l'eau, et donc à une augmentation des conflits », a-t-il déclaré.

La sécheresse, un problème majeur dans de nombreux pays du Moyen-Orient, a mis les ressources en eau sous pression, parallèlement à la hausse des températures. Les réserves d'eau de surface et d'eau souterraine diminuent en raison de la baisse des précipitations et de l'augmentation des taux d'évaporation.

Une photo montre le lit asséché de la rivière al-Kalal dans la ville de Badrah, près de la frontière iranienne, le 28 août 2023. La sécheresse en Irak reflète une baisse du niveau des cours d'eau en raison du manque de pluie et de la diminution des flux provenant des pays voisins en amont, l'Iran et la Turquie. (AFP)
Une photo montre le lit asséché de la rivière al-Kalal dans la ville de Badrah, près de la frontière iranienne, le 28 août 2023. La sécheresse en Irak reflète une baisse du niveau des cours d'eau en raison du manque de pluie et de la diminution des flux provenant des pays voisins en amont, l'Iran et la Turquie. (AFP)

En conséquence, les rivières et les lacs s'assèchent et les pénuries d'eau sont devenues un grave problème. De plus, pour de multiples raisons environnementales, dont la sécheresse, la région connaît de fréquentes tempêtes de sable.

« Il y a environ 50 pays qui sont des sources de tempêtes de poussière, mais il y a 150 pays qui sont touchés par ce phénomène. C'est donc devenu un problème mondial », a déclaré Thiaw, en parlant de l'impact des tempêtes de poussière d'un pays sur un autre.

« On peut citer un pays pour mettre en lumière les tempêtes de poussière, mais il s'agit d'un phénomène mondial auquel nous devons tous nous attaquer. Pour ce faire, il faut des traités mondiaux tels que la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification, qui compte actuellement 197 parties. Il s'agit donc d'une institution universelle qui organise un sommet, une réunion, tous les deux ans ».

« La prochaine réunion se tiendra ici à Riyad en décembre 2024, où les 197 pays se réuniront au niveau des chefs d'État, des ministres et des experts, des communautés et ONG ainsi que des organisations de la société civile, pour discuter justement de cela, à savoir des conséquences de la dégradation des terres et de la sécheresse sur la vie et les moyens de subsistance des communautés. »

En outre, les experts soulignent que la sécheresse et la désertification s'influencent mutuellement.

La désertification, processus par lequel des terres fertiles se transforment en déserts arides, est un autre défi important auquel sont confrontés les pays du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord. Les pratiques agricoles non durables, le surpâturage, la déforestation et l'érosion des sols sont autant de facteurs qui contribuent au problème.

Par conséquent, les terres arables disparaissent et la production alimentaire diminue, ce qui aggrave le problème de l'insécurité alimentaire. Selon Thaiaw, la désertification entraîne également le déplacement de communautés, les populations étant forcées de migrer à la recherche de zones plus hospitalières.

À l'occasion de la Semaine de l'environnement à Riyad, Elizabeth Mrema, directrice exécutive adjointe du Programme des Nations unies pour l'environnement, a donné son point de vue sur la crise de la désertification à Arab News.

Elizabeth Mrema, directrice exécutive adjointe du Programme des Nations unies pour l'environnement. (Fourni)
Elizabeth Mrema, directrice exécutive adjointe du Programme des Nations unies pour l'environnement. (Fourni)

« En ce qui concerne l'Arabie saoudite, le pays a clairement perçu l'impact de la désertification et en a fait une priorité pour cette année. Je dis « cette année » parce que, lors de l'Assemblée des Nations unies pour l'environnement qui s'est tenue fin février, l'Arabie saoudite a pris la tête d'une initiative visant à lutter contre la dégradation. Cette initiative a été adoptée, et ce au niveau mondial », a expliqué Mrema.

« En outre, le mois prochain, le 5 juin, ce pays accueillera la Journée mondiale de l'environnement.

Cette journée est célébrée chaque année. Elle est mondiale car elle a été adoptée par l'Assemblée générale des Nations unies. Cette année, c'est l'Arabie saoudite qui l'accueille ».

« Cette année, l'Arabie saoudite accueillera la conférence des Nations unies sur la lutte contre la désertification. Elle se déroulera ici sur le thème « Notre terre, notre avenir », qui met à nouveau l'accent sur la terre.

En outre, la combinaison de la sécheresse et de la désertification dans une même région entraîne une dégradation des terres, ce qui aggrave encore la crise environnementale au Moyen-Orient. L'érosion des sols, la salinisation et l'épuisement des nutriments du sol sont quelques-uns des résultats de la dégradation des sols.

Alors que la productivité agricole diminue dans le monde entier, les agriculteurs sont confrontés à des défis majeurs pour assurer leur subsistance, sans compter que les problèmes environnementaux augmentent la vulnérabilité des écosystèmes, ce qui entraîne également une perte de biodiversité et un déséquilibre des écosystèmes.

« L'Arabie saoudite montre au monde qu'il s'agit d'un problème mondial.  Les initiatives prises par le gouvernement ces dernières années témoignent de son engagement à traiter ces questions », a souligné Mme Mrema.

La Journée de l'initiative verte saoudienne reflète la vision de l'Arabie saoudite et sa volonté de promouvoir une culture de la durabilité (SPA).
La Journée de l'initiative verte saoudienne reflète la vision de l'Arabie saoudite et sa volonté de promouvoir une culture de la durabilité (SPA).

« Je me penche sur la Vision 2030 saoudienne, sur les stratégies environnementales de 2018, sur l'Initiative verte saoudienne. Je me réfère à l'Initiative verte pour le Moyen-Orient, qui s'engage à atteindre un niveau régional pour planter 50 milliards d'arbres, dont 10 que l'Arabie saoudite s'est engagée à planter dans ce pays. Il ne s'agit pas de s'engager verbalement, mais de mettre en place une institution pour s'assurer que cela se produise ».

Pour relever les trois défis de la sécheresse, de la désertification et de la dégradation des sols au Moyen-Orient, il faut adopter une approche à multiples facettes. Thiaw et Mrema sont d'avis que les gouvernements, les organisations internationales et les communautés locales doivent collaborer pour mettre en œuvre des stratégies de gestion durable de l'eau, promouvoir des technologies d'irrigation efficaces et investir dans les sources d'énergie renouvelables.

En outre, les efforts de reboisement et la protection des habitats naturels peuvent contribuer à réduire la désertification et la dégradation des sols.

La sensibilisation à l'importance des pratiques d'utilisation durable des terres et le soutien aux communautés touchées constituent une étape importante vers des solutions à long terme pour la région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord et pour le monde entier.

En résumé, les pays du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord souffrent des effets de l'intensification de la sécheresse, de la désertification et de la dégradation des sols. Une action urgente est nécessaire pour inverser cette tendance et assurer la durabilité environnementale de la région.

En adoptant des méthodes durables, en investissant dans la gestion de l'eau et en promouvant des actions de conservation, les populations de la région seront en mesure de réduire la gravité de ces défis et de s'assurer un avenir plus stable.

 

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com

 


Gaza: des groupes armés ont dérobé 66 millions d'euros à la Banque de Palestine, selon Le Monde

Des employés palestiniens font la queue devant un distributeur de billets à l'extérieur de la Banque de Palestine alors qu'ils attendent de retirer leur salaire, dans la ville de Gaza, le 9 avril 2018. (Photo de Mahmud Hams / AFP)
Des employés palestiniens font la queue devant un distributeur de billets à l'extérieur de la Banque de Palestine alors qu'ils attendent de retirer leur salaire, dans la ville de Gaza, le 9 avril 2018. (Photo de Mahmud Hams / AFP)
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  • Le 16 avril, des employés «ont constaté qu'un trou avait été foré dans le plafond de la salle des coffres», explique le journal, précisant que «les malfaiteurs ont mis la main sur des cassettes de distributeurs de billets
  • Le Monde décrit en outre les difficultés, en raison de la guerre, pour la Banque de Palestine de mettre à l'abri ses liquidités et pour les Gazaouis de se procurer de l'argent liquide

PARIS : Des groupes armés palestiniens, dont l'un se revendiquant du groupe islamiste Hamas, ont dérobé le mois dernier un total de 66 millions d'euros dans les coffres de plusieurs agences bancaires de Gaza, rapporte samedi Le Monde.

Le quotidien français a eu accès à un document transmis par la Banque de Palestine «à certains partenaires internationaux» qui décrit des casses spectaculaires dont celui survenu dans sa principale agence dans la ville de Gaza.

Le 16 avril, des employés «ont constaté qu'un trou avait été foré dans le plafond de la salle des coffres», explique le journal, précisant que «les malfaiteurs ont mis la main sur des cassettes de distributeurs de billets, contenant l'équivalent de 2,8 millions d'euros en shekels israéliens».

Le Monde poursuit: «Dès le lendemain matin, le 17 avril, +des groupes armés+ munis d'explosifs se sont de nouveau rendus dans le bâtiment» pour faire sauter le caisson de ciment coulé la veille pour protéger l'argent et ont ouvert trois coffres, «emportant l'équivalent de 29 millions d'euros en différentes devises».

Le 18 avril, c'est la seconde agence, la plus importante du centre-ville, qui a été assaillie par un «commando» d'hommes se réclamant «des plus hautes autorités à Gaza», une formule qui désigne le Hamas, rappelle le journal, et est reparti «avec l'équivalent de 33,6 millions d’euros en shekels israéliens».

Par ailleurs, l'armée israélienne a de son côté saisi dans l'enclave «une importante somme d'argent appartenant à l'institution», selon les informations du Monde. Le quotidien cite aussi des médias israéliens, qui «avaient rapporté en février que le montant confisqué se chiffrait à plusieurs dizaines de millions de dollars et que l'opération visait à éviter que le Hamas ne mette la main sur cette somme».

Le Monde décrit en outre les difficultés, en raison de la guerre, pour la Banque de Palestine de mettre à l'abri ses liquidités et pour les Gazaouis de se procurer de l'argent liquide.

«Seuls deux distributeurs de billets fonctionnent encore, à Rafah et à Deir Al-Balah (Sud), lorsqu'ils sont alimentés en électricité», souligne le journal.

Enfin, «selon des témoignages de Gazaouis, corroborés par des enregistrements de caméras de surveillance, des hommes armés et masqués rançonnent les clients devant les distributeurs, exigeant un pourcentage de leurs retraits», explique le journal.