Protestations électorales à Belgrade, Moscou dénonce une «déstabilisation» occidentale

Des manifestants serbes dénonçant des fraudes électorales ont paralysé lundi plusieurs rues à Belgrade (Photo, AFP).
Des manifestants serbes dénonçant des fraudes électorales ont paralysé lundi plusieurs rues à Belgrade (Photo, AFP).
Short Url
Publié le Mardi 26 décembre 2023

Protestations électorales à Belgrade, Moscou dénonce une «déstabilisation» occidentale

  • A Belgrade, les manifestants, majoritairement des étudiants de l'organisation «Borba» (Combat), réclament la révision des listes électorales
  • Principal allié de Belgrade, Moscou est monté au créneau: «Il est évident que l'Occident dans son ensemble cherche à déstabiliser la situation»

BELGRADE: Des manifestants serbes dénonçant des fraudes électorales ont paralysé lundi plusieurs rues à Belgrade, notamment devant le gouvernement, tandis que Moscou accusait l'Occident de chercher à "déstabiliser" la Serbie.

Le président serbe Aleksandar Vucic a fustigé les violences dans la capitale la veille au soir et affirmé avoir des preuves qu'elles avaient été "fomentées à l'étranger".

Principal allié de Belgrade, Moscou est monté au créneau: "Il est évident que l'Occident dans son ensemble cherche à déstabiliser la situation" en Serbie, a déclaré la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, citée par l'agence publique RIA Novosti.

Elle a comparé ces manifestations à celles du Maïdan à Kiev, qui ont abouti à l'arrivée au pouvoir de pro-Occidentaux en Ukraine début 2014.

"Les tentatives de forces tierces, y compris depuis l'étranger, de provoquer de tels troubles à Belgrade sont évidentes", lui a fait écho le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, lors de son point de presse quotidien.

Lors du scrutin du 17 décembre, le parti de M. Vucic (SNS, droite nationaliste) a obtenu plus de la moitié des 250 sièges du Parlement.

Mais la plus grande coalition d'opposition, La Serbie contre la violence, a, dès le lendemain, dénoncé des fraudes électorales, parmi lesquelles le fait d'avoir permis aux électeurs serbes de la Bosnie voisine de voter illégalement dans la capitale.

L'Union européenne et l'Allemagne ont critiqué la situation, Berlin qualifiant les allégations rapportées d'"inacceptables" pour un pays espérant rejoindre l'Union européenne.

A la tête de son pays, Aleksandar Vucic, a néanmoins été particulièrement habile à équilibrer les liens entre l'Est et l'Ouest, promettant de maintenir la Serbie sur la voie de l'adhésion à l'UE, tout en restant très proche de la Russie et en courtisant la Chine autant que Washington.

Mais, depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie en février 2022, Belgrade n'a jamais appliqué de sanctions contre la Russie, d'où elle importe notamment du gaz.

Aussi, tout comme Belgrade, Moscou, ne reconnaît pas l'indépendance du Kosovo, ancienne province serbe ayant proclamé sa rupture d'avec la Serbie en 2008, après une campagne de bombardements aériens de l'Otan visant à mettre un terme à la répression serbe contre les Albanais kosovars.

Les succès de M. Vucic dans son pays ont principalement tourné autour de l'économie, dans un des pays les plus pauvres du continent européen, qui a vu l'inflation atteindre 16% au printemps avant de décroître autour de 8% en novembre.

Pour ses partisans, les années au pouvoir de Vucic ont toutefois ramené de l'ordre - et des milliards d'investissements. Entre 2012 et 2022, les investissements directs étrangers en Serbie sont passés de 1 à 4,4 milliards d'euros.

Résistance

A Belgrade, les manifestants, majoritairement des étudiants de l'organisation "Borba" (Combat), réclament la révision des listes électorales qui, selon eux, sont à l'origine de la fraude électorale.

"Je suis né en 2002 et je ne pensais pas qu'il faudrait, comme mes parents l'ont fait, se battre pour la démocratie dans la rue", a dit Emilija Milenkovi,c une étudiante de la Faculté de sciences politiques.

"Mais je dois le faire", a ajouté la jeune femme de 21 ans portant un badge du mouvement historique étudiant Otpor (Résistance), qui avait participé à la contestation contre le pouvoir de Slobodan Milosevic dans les années 2000.

Ce scrutin a suscité de nombreuses critiques après que des observateurs internationaux, notamment de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) - ont dénoncé une série d'"irrégularités", notamment "l'achat de voix" et "le bourrage des urnes".

Des centaines de personnes ont depuis manifesté quotidiennement devant la Commission électorale serbe et les condamnations internationales ont afflué. Des membres de la principale liste d'opposition, Serbie sans violence, ont entamé une grève de la faim avec pour but d'annuler les résultats.

Dimanche, des manifestants contestant ces résultats ont attaqué la mairie de Belgrade, brisant des fenêtres à coups de pierre, avant d'être repoussés par la police.

Le président Vucic a affirmé que deux policiers avaient été "grièvement blessés" pendant cette manifestation lors de laquelle au moins 35 protestataires ont été arrêtées.

Le député d'opposition Radomir Lazovic, qui a été frappé par la police lors des incidents de dimanche, a dit à l'AFP qu'il y avait "toujours une possibilité de tout arrêter s'ils avouent la fraude et annulent les élections".


L'Inde cherche à porter la voix du « Sud global » entre le G7 et le Brics

Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
Short Url
  • L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.
  • « Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

PARIS : Invitée du G7 qui débute dimanche, mais aussi membre fondateur des Brics, l'Inde souhaite porter la voix du « Sud global », se posant en « passerelle » entre les différents acteurs de la scène internationale, affirme son ministre des Affaires étrangères dans un entretien à l'AFP.

L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.

« Nous avons été un pays invité depuis plusieurs années et je pense que ça a été bénéfique pour le G7 », déclare à l'AFP Subrahmanyam Jaishankar depuis Paris, où il a clos samedi une visite en France, se félicitant d'avoir « la capacité de travailler avec différents pays sans qu'aucune relation ne soit exclusive ». 

Avec une population en passe de devenir la quatrième économie mondiale, l'Inde est l'un des pays les plus peuplés du globe. Elle siège à la table de nombreuses organisations, avec les Occidentaux au G7 ou au sein du « Quad » (Dialogue quadrilatéral pour la sécurité, avec les États-Unis, le Japon, l'Australie), mais aussi avec la Chine, la Russie et l'Iran au sein des Brics et du Groupe de Coopération de Shangaï.

« Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

Ancienne colonie britannique, indépendante depuis 1947, l'Inde se pose, avec le Brésil, en héraut du « Sud global », qui réunit « des pays qui ont été victimes de l'ordre mondial ces dernières années, ces derniers siècles ». 

« Dans les pays du Sud, il existe un fort ressentiment face aux inégalités de l'ordre international, une volonté de le changer, et nous en faisons pleinement partie », explique le ministre en poste depuis 2019.

« Aujourd'hui, pour des pays comme les nôtres, il est important de nous exprimer, de mener, de faire sentir notre présence. »

Cette voix passe aussi par les BRICS, devenue « l'une des principales plateformes de rassemblement pour les pays non occidentaux », dont les chefs d'État se réuniront en juillet.

Partisan de « négociations directes » pour résoudre la guerre entre l'Ukraine et la Russie, qui a frappé durement les pays du Sud, M. Jaishankar affiche son scepticisme face aux politiques de sanctions occidentales : « Ça n'a pas vraiment marché jusqu'à présent, non ? » 

Partenaire commercial et allié politique de la Russie, l'Inde pourrait se retrouver exposée en cas de sanctions contre Moscou.

« L'économie mondiale est sous tension. Plus on ajoute des facteurs de tensions, plus les difficultés seront grandes. »

Dans l'ordre mondial actuel, l'Inde doit composer avec la « discontinuité » posée par Donald Trump.

Des négociations en cours sur le sujet ont « bien avancé ».L'Inde doit également chercher « un équilibre » avec la Chine. 

Pékin soutient Islamabad, que New Delhi accuse de soutenir les activités de « terroristes » islamistes sur son sol.

Le 22 avril, une attaque au Cachemire indien a déclenché une confrontation militaire de quatre jours entre les deux pays, la plus grave depuis 1999. Narendra Modi a promis une « riposte ferme » à toute nouvelle attaque « terroriste », renforçant le spectre d'une escalade entre les deux puissances nucléaires.

« En 2008, la ville de Mumbai a été attaquée (plusieurs attentats jihadistes ont fait 166 morts) et nous avons commis l'erreur de ne pas réagir avec fermeté. Nous sommes déterminés à ne pas répéter ces erreurs. Si des terroristes pénètrent en Inde depuis et grâce au soutien d'un pays voisin, nous les poursuivrons et nous les châtierons ».

Mais l'Inde n'a jamais envisagé de recourir à l'arme nucléaire, assure-t-il : « Ces inquiétudes émanaient de personnes mal informées ».

 


Israël appelle les Iraniens à évacuer les zones proches de sites militaires

Des soldats et des membres d'une équipe de recherche et de sauvetage se rassemblent près de voitures endommagées dans la ville de Tamra, dans le nord d'Israël, à la suite d'une attaque à la roquette lancée par l'Iran dans la nuit du 15 juin 2025. (Photo par AHMAD GHARABLI / AFP)
Des soldats et des membres d'une équipe de recherche et de sauvetage se rassemblent près de voitures endommagées dans la ville de Tamra, dans le nord d'Israël, à la suite d'une attaque à la roquette lancée par l'Iran dans la nuit du 15 juin 2025. (Photo par AHMAD GHARABLI / AFP)
Short Url
  • L'armée a « demandé à toutes les personnes se trouvant actuellement dans des installations militaires en Iran, ou à proximité, d'évacuer immédiatement les lieux, précisant que leur vie était en danger ».
  • Le communiqué ne précise pas de coordonnées géographiques et n'est accompagné d'aucune carte permettant de localiser ces zones.

JERUSALEM : Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a déclaré dimanche dans un communiqué de son bureau avoir ordonné à l'armée israélienne d'émettre des avis d'évacuation à l'intention des habitants de Téhéran vivant à proximité de sites militaires.

Après cet ordre, l'armée israélienne a appelé les Iraniens à évacuer les zones « à proximité d'installations militaires » dans un communiqué publié sur le réseau social X en persan et en arabe.

L'armée a « demandé à toutes les personnes se trouvant actuellement dans des installations militaires en Iran, ou à proximité, d'évacuer immédiatement les lieux, précisant que leur vie était en danger ».

Le communiqué ne précise pas de coordonnées géographiques et n'est accompagné d'aucune carte permettant de localiser ces zones, contrairement aux communiqués de l'armée israélienne adressés aux Palestiniens de la bande de Gaza, où elle est en guerre contre le mouvement islamiste Hamas.

Cette décision fait partie d'un plan « visant à faire pression sur le régime » en créant des déplacements de population, a déclaré à l'AFP une source sécuritaire israélienne.


La Russie s'apprête à construire la première centrale nucléaire du Kazakhstan

Une vue aérienne montre le village d'Ulken (au premier plan) et le site proposé pour la centrale nucléaire près du village d'Ulken, situé sur les rives du lac Balkhash, à environ 400 kilomètres au nord d'Almaty, le 22 septembre 2024. (Photo de Ruslan PRYANIKOV / AFP)
Une vue aérienne montre le village d'Ulken (au premier plan) et le site proposé pour la centrale nucléaire près du village d'Ulken, situé sur les rives du lac Balkhash, à environ 400 kilomètres au nord d'Almaty, le 22 septembre 2024. (Photo de Ruslan PRYANIKOV / AFP)
Short Url
  • « Rosatom a été désigné chef de file du consortium international pour la construction de la première centrale nucléaire au Kazakhstan », a indiqué l'agence kazakhe pour l'énergie atomique.
  • Le Kazakhstan, immense ex-république soviétique et allié de Moscou, est le premier producteur mondial d'uranium (43 %) et le troisième fournisseur d'uranium naturel de l'Union européenne.

ALMATY, KAZAKHSTAN : Le géant russe du nucléaire Rosatom sera le principal constructeur de la première centrale nucléaire du Kazakhstan, ont annoncé samedi les autorités de ce pays d'Asie centrale, premier producteur mondial d'uranium, un chantier que convoitaient la France, la Chine et la Corée du Sud.

« Rosatom a été désigné chef de file du consortium international pour la construction de la première centrale nucléaire au Kazakhstan », a indiqué l'agence kazakhe pour l'énergie atomique.

Le Kazakhstan, immense ex-république soviétique et allié de Moscou, est le premier producteur mondial d'uranium (43 %) et le troisième fournisseur d'uranium naturel de l'Union européenne, mais souffre d'un manque cruel d'électricité pour sa consommation intérieure.

L'agence kazakhe dit désormais « étudier la question de l'obtention de financements publics à l'exportation aux dépens de la Fédération de Russie, conformément aux propositions de Rosatom ». 

Rosatom a salué la décision kazakhe dans un communiqué et promis « la construction d'une centrale nucléaire selon le projet le plus avancé et le plus efficace au monde, basé sur des technologies russes ».

« Les réacteurs VVER-1200 de troisième génération combinent des solutions techniques éprouvées avec les systèmes de protection active et passive les plus récents. Ces derniers ont été développés en stricte conformité avec les normes internationales de sécurité », a ajouté la société.

Rosatom (Russie), China National Nuclear Corporation (Chine), EDF (France) et Korea Hydro & Nuclear Power (Corée du Sud) faisaient partie des quatre entreprises pressenties.

L'agence ajoute qu'elle « continuera à travailler avec des partenaires étrangers pour former un consortium international efficace », sans donner plus de précisions. 

Ce projet de consortium international, qui n'a jamais été spécifié, s'inscrit dans la volonté du dirigeant kazakh Kassym-Jomart Tokaïev de maintenir de bonnes relations avec les grandes puissances.

Moscou, puissance historique en Asie centrale, a ainsi remporté cet appel d'offres aux dépens de la Chine, désormais incontournable dans la région. Cette annonce intervient quelques jours avant la venue du président chinois Xi Jinping au Kazakhstan pour un sommet « Asie centrale-Chine ».

La centrale, dont la construction a été validée lors d'un référendum sans surprise à l'automne, doit être bâtie près du village abandonné d'Ulken, dans le sud du pays, sur les bords du lac Balkhach, le deuxième plus grand d'Asie centrale.

En Ouzbékistan voisin, le géant russe Rosatom va construire une petite centrale nucléaire et a proposé au Kirghizistan un projet similaire.