Le Boeing 737 MAX retrouve le ciel des Etats-Unis après 20 mois au sol

Le vol 718 d'American Airlines, un Boeing 737 Max, prend de l'aéroport international de Miami en route pour New York le 29 décembre 2020 à Miami, en Floride. (AFP)
Le vol 718 d'American Airlines, un Boeing 737 Max, prend de l'aéroport international de Miami en route pour New York le 29 décembre 2020 à Miami, en Floride. (AFP)
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Publié le Mardi 29 décembre 2020

Le Boeing 737 MAX retrouve le ciel des Etats-Unis après 20 mois au sol

  • Après avoir passé 20 mois au sol, sur des tarmacs d'aéroports ou dans des entrepôts, le 737 MAX est de nouveau autorisé à voler aux Etats-Unis depuis mi-novembre
  • L'appareil doit effectuer mardi après-midi, dans la foulée, son vol retour vers Miami, avec la quasi-totalité de ses 172 sièges occupés, a dit à l'AFP une porte-parole d'American Airlines

MIAMI: le Boeing 737 MAX a repris du service mardi aux Etats-Unis sous les couleurs d'American Airlines, pour son premier vol commercial dans le pays depuis mars 2019 et deux accidents mortels qui avaient entraîné son immobilisation au sol.

L'avion assurant le vol AA718 a atterri à l'aéroport LaGuardia de New York à 13H12 (18H12 GMT), avec près de 20 minutes d'avance, selon le site internet de l'aéroport et une porte-parole de la compagnie aérienne.

Il avait décollé, peu après 10H40 (15H40 GMT), avec une centaine de passagers à son bord, de Miami, où le tapis rouge avait été déroulé pour célébrer le retour de l'aéronef vedette de Boeing.

Après avoir passé 20 mois au sol, sur des tarmacs d'aéroports ou dans des entrepôts, le 737 MAX est de nouveau autorisé à voler aux Etats-Unis depuis mi-novembre.

Les deux accidents rapprochés qui avaient fait 346 morts, Lion Air en octobre 2018 (189 morts) et Ethiopian Airlines en mars 2019 (157 morts), sont évidemment dans tous les esprits.

Le numéro 2 d'American Airlines, Robert Isom, s'est toutefois voulu rassurant mardi, relevant que le 737 MAX «est un avion qui a été plus scruté que tout autre, jamais auparavant. Nous sommes convaincus que cet avion est le plus sûr dans le ciel», a-t-il déclaré peu avant le départ du vol, à l'aéroport de Miami.

- Eclaircie pour Boeing -

L'appareil doit effectuer mardi après-midi, dans la foulée, son vol retour vers Miami, avec la quasi-totalité de ses 172 sièges occupés, a dit à l'AFP une porte-parole d'American Airlines.

La même rotation sera effectuée mercredi 30 décembre et jeudi 31 décembre.

Le tout premier vol commercial de l'avion star de Boeing depuis que les autorités ont donné leur feu vert avait eu lieu le 9 décembre au Brésil, opéré par la compagnie brésilienne low cost Gol, entre Sao Paulo et Porto Alegre.

Le retour du 737 MAX est une éclaircie dans le ciel du constructeur aéronautique américain, confronté à une crise sans précédent depuis que cet avion, qui était sa vache à lait, avait été cloué au sol.

Les doutes sur la fiabilité de l'avion avaient conduit de nombreuses compagnies aériennes, partout dans le monde, à annuler leurs commandes. Puis la crise du Covid-19, qui pénalise lourdement le secteur aérien, est venue enfoncer le clou.

Boeing a encore essuyé en novembre 63 annulations nettes de commandes du 737 MAX.

Mais l'horizon semble s'éclaircir, et la compagnie aérienne irlandaise Ryanair a annoncé le 3 décembre une commande ferme de 75 appareils 737 MAX.

Cet avion est reconnaissable à ses ailes pointues et permet des économies de carburant plus importantes que son prédécesseur, le 737 NG.

- Doutes des familles de victimes -

Les autorités américaines ont autorisé le 18 novembre le 737 MAX à revoler après des mois d'inspection et de révélations sur le développement et la certification chaotiques de cet aéronef, qui représentait le gros des bénéfices de Boeing avant les accidents.

Mais sa remise en service effective prend du temps car il faut de nouveau former les pilotes, et vérifier les appareils.

Pour les familles de victimes cependant, cet avion n'aurait jamais dû être autorisé à voler de nouveau.

«Evitez-le, n'achetez pas un billet qui pourrait être un aller simple», ont dénoncé dans un communiqué des proches de personnes décédés dans l'accident du 737 MAX d'Ethiopian Airlines.

Le 25 décembre, un 737 MAX d'Air Canada, qui effectuait un vol d'essai entre l'Arizona (Etats-Unis) et Montréal avec trois membres d'équipage à bord, a connu un problème de réacteur qui l'a forcé à atterrir peu après son décollage. 

United Airlines et Southwest, plus grosse cliente du 737 MAX avant les accidents, ne prévoient pas de reprendre les vols avant 2021, le 11 février pour la première, tandis que la seconde a évoqué le deuxième trimestre 2021.

S'il a obtenu le feu vert des Etats-Unis et du Brésil, le MAX attend encore la décision des autres autorités de l'aviation civile à travers le globe.

L'Union européenne et le Canada devraient se prononcer l'année prochaine et penchent vers une remise en service de l'avion. Une inconnue demeure sur la décision de la Chine, un des plus importants marchés aéronautique au monde.


Tanzanie : la présidente investie malgré les violences électorales

Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan. (AFP)
Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan. (AFP)
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  • Mme Hassan, 65 ans, avait été promue à la tête de la Tanzanie à la mort de John Magufuli en 2021
  • Saluée au début pour avoir assoupli les restrictions instaurées par son prédécesseur, elle a été accusée ensuite de réprimer ses détracteurs, notamment en amont du scrutin

NAIROBIE: Samia Suluhu Hassan a été investie lundi présidente de la Tanzanie, où l'internet reste coupé depuis les manifestations réprimées dans le sang contre son élection, l'opposition évoquant au moins 800 morts.

Mme Hassan, 65 ans, avait été promue à la tête de la Tanzanie à la mort de John Magufuli en 2021. Saluée au début pour avoir assoupli les restrictions instaurées par son prédécesseur, elle a été accusée ensuite de réprimer ses détracteurs, notamment en amont du scrutin.

"Moi, Samia Suluhu Hassan, jure que je remplirai mes fonctions de présidente de la République (...) avec diligence et un cœur sincère", a-t-elle affirmé. La cheffe de l'Etat, qui portait un voile rouge et un long vêtement noir, a également prôné dans un discours "l'unité et la solidarité".

Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan.

La cérémonie, qui n'était pas ouverte au public, contrairement aux précédentes, s'est tenue dans un espace ressemblant à un terrain de parade militaire de la capitale Dodoma, où quelques podiums dressés ne réussissaient pas à masquer un grand vide.

Des chanteurs et chanteuses se sont succédé, avant l'arrivée de la présidente, pour chanter les louanges de "Mama Samia", son surnom parmi ses soutiens, devant un parterre de dignitaires et de militaires. Parmi les invités étaient notamment présents les présidents de la Zambie, de la Somalie et du Burundi.

Mme Hassan a, selon la commission électorale, obtenu 97,66% des suffrages. L'élection a été qualifiée de "parodie de démocratie" par l'opposition, les deux principaux opposants ayant été soit emprisonné, soit disqualifié.

L'opposition a également dénoncé d'importantes tricheries le jour de l'élection, mais aussi sur le taux de participation de 87% selon la commission électorale.

Le scrutin a surtout été marqué par un fort niveau de violence, des manifestations anti-régime ayant été réprimées dans le sang et la Tanzanie mise sous cloche: l'internet reste coupé depuis mercredi, ce qui ralentit considérablement la sortie d'informations.

Cadavres 

De premières photos et vidéos de cadavres, parfois empilés les uns sur les autres, mais aussi d'hommes en uniforme usant de leur arme à feu, commencent à apparaître sur les réseaux sociaux.

Le service de fact-checking de l'AFP a pu vérifier que certaines d'entre elles n'avaient jamais été postées auparavant. Plusieurs éléments montrent qu'elles ont été prises en Tanzanie.

Un porte-parole du principal parti d'opposition, Chadema, a estimé vendredi qu'au moins 700 manifestants hostiles au régime ont été tués en Tanzanie en trois jours. Un chiffre estimé crédible par une source sécurité, qui a alors mentionné "des centaines de morts".

Le samedi, ce porte-parole, John Kitoka, a ensuite fait état d'au moins 800 tués.

Des informations crédibles corroborent l'idée que des centaines, et peut-être même des milliers de personnes ont été tuées lors des violences électorales, a de son côté estimé une source diplomatique interrogée par l'AFP.

D'après des "rapports préoccupants", la police utilise également le blocage d'internet pour "traquer les membres de l'opposition et les manifestants qui pourraient avoir des vidéos" de ses atrocités, a poursuivi cette source.

La Mission d'observation électorale de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC), dont la Tanzanie fait partie, a pointé lundi dans un rapport préliminaire "un faible nombre d'électeurs dans tous les bureaux de vote" où ses observateurs se trouvaient, avec parfois "plus de policiers que de votants", des irrégularités et des incidents violents "au cours desquels des membres de la police ont fait usage d'armes à feu".

Les écoles restent fermées lundi et les transports publics à l'arrêt. La capitale économique Dar es Salaam et les principales villes du pays ont retrouvé un peu de calme depuis le week-end.

Dimanche, le pape Léon XIV a indiqué prier "pour la Tanzanie" et évoqué les "nombreuses victimes" des affrontements ayant éclaté après les élections.

L'élection présidentielle était couplée avec les législatives.

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a réclamé vendredi une "enquête minutieuse et impartiale sur les accusations d'utilisation excessive de la force".


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.