Reconfinement et vaccination: double pression sur le gouvernement

En termes de nouveaux cas et de pression sur les hôpitaux, la moitié Est de la France - Grand-Est, Bourgogne Franche-Comté ou Alpes-Maritimes - est particulièrement menacée par un rebond. (AFP)
En termes de nouveaux cas et de pression sur les hôpitaux, la moitié Est de la France - Grand-Est, Bourgogne Franche-Comté ou Alpes-Maritimes - est particulièrement menacée par un rebond. (AFP)
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Publié le Mardi 29 décembre 2020

Reconfinement et vaccination: double pression sur le gouvernement

  • Un conseil de défense présidé par Emmanuel Macron a eu lieu mardi matin, et les décisions qui y ont été prises seront annoncées par le ministre de la Santé Olivier Véran au journal télévisé de 20h00 de France 2
  • Le nombre de nouveaux cas détectés chaque jour est de 12 000 en moyenne sur les sept derniers jours, loin de l'objectif des 5000 fixé par le gouvernement

PARIS: faut-il un reconfinement local dans l'Est? La vaccination contre le Covid-19 va-t-elle assez vite? A trois jours de 2021, le gouvernement fait face à un double front: les Français sont suspendus à d'éventuelles annonces et des voix réclament qu'on vaccine plus rapidement.

Un conseil de défense présidé par Emmanuel Macron a eu lieu mardi matin, et les décisions qui y ont été prises seront annoncées par le ministre de la Santé Olivier Véran au journal télévisé de 20h00 de France 2.

«Nous sommes dans une situation aujourd'hui qui de toute façon nécessite une réaction», a plaidé sur Europe 1 le maire (PS) de Nancy, Mathieu Klein, à l'unisson d'autres élus de la région Grand-Est, particulièrement touchée.

M. Klein s'est entretenu ces derniers jours avec M. Véran. Ce dernier lui a dit que «plusieurs scénarios étaient sur la table, parmi lesquels un reconfinement local, régional, parmi lesquels un durcissement de couvre-feu, et parmi lesquels aussi une solution d'attente, qui consiste à renvoyer à début janvier des décisions», a affirmé l'élu.

«Je lui ai fait part pour ce qui concerne notre territoire de l'enjeu de ne pas attendre parce que nous voyons la situation se dégrader de façon régulière depuis le début du mois de décembre», a insisté Mathieu Klein.

En termes de nouveaux cas et de pression sur les hôpitaux, la moitié Est de la France - Grand-Est, Bourgogne Franche-Comté ou Alpes-Maritimes - est particulièrement menacée par un rebond.

- «Sur-mesure» -

Au niveau national, le nombre des personnes hospitalisées et des cas graves en réanimation à cause du Covid-19 est reparti à la hausse (24 645 et 2694 selon les chiffres de lundi).

Le nombre de nouveaux cas détectés chaque jour est de 12 000 en moyenne sur les sept derniers jours, loin de l'objectif des 5000 fixé par le gouvernement.

Après les brassages de population des vacances de Noël, des professionnels de santé veulent des mesures strictes pour éviter une explosion de l'épidémie en janvier.

«Il faudrait revenir à un confinement tel qu'on l'a connu le 16 mars (...) mais pour une durée beaucoup plus courte, d'une quinzaine de jours à trois semaines maximum», a estimé sur RTL le Pr Djillali Annane, chef du service de réanimation à l'hôpital Raymond-Poincaré de Garches.

Mais un confinement national est une décision difficile à prendre, qu'il soit strict comme celui de mars à mai ou plus souple comme celui de novembre/mi-décembre.

Il faut «éviter absolument» un troisième confinement, qui «serait un très très gros problème, non seulement économique mais aussi psychologique, éducatif, culturel», a estimé sur Cnews l'ex-ministre socialiste Ségolène Royal, qui souhaite «du sur-mesure» pour les «régions les plus touchées».

- «Marathon» -

En attendant d'éventuelles annonces, la campagne de vaccination débutée dimanche se poursuit dans des Ehpad, seules structures concernées par la première phase.

Mardi, ce sont par exemple 14 résidents de l'Ehpad des Hortillons d'Amiens qui ont reçu le vaccin de BioNTech/Pfizer, le premier disponible.

Sur les trois premières journées, moins de cent personnes ont été vaccinées en France. Alors que l'objectif est d'arriver à un million d'ici la fin février, des critiques commencent à s'élever contre un rythme jugé trop lent par rapport à d'autres pays comme l'Allemagne, les Etats-Unis ou Israël.

«Si notre pays ne modifie pas sa stratégie en ouvrant des "vaccinodromes", en réquisitionnant les personnes aptes à vacciner, en autorisant aux gouvernants et aux people qui le souhaitent de se faire vacciner pour montrer l'exemple, le coût économique, social et psychologique sera terrible», a twitté l'économiste Nicolas Bouzou.

Un point de vue qui est également celui de nombreux soignants. 

«On n'est pas parti pour un 100 mètres mais pour un marathon», se défend-on au ministère de la Santé.

«Face à un très fort scepticisme dans la population française, nous avons fait le choix de prendre le temps nécessaire pour installer cette vaccination», a ajouté le ministère, interrogé par l'AFP.

Un sondage Ipsos Global Advisor/Forum économique mondial publié mardi fait d'ailleurs de la France la «championne du monde" des pays réfractaires: seuls 4 Français sur 10 accepteraient de se faire vacciner contre le Covid.

«Le démarrage est certes timide, mais on va progressivement monter en puissance et vacciner très largement. Cependant, on n'y arrivera pas en brusquant», a poursuivi le ministère, en se défendant de tout «problème d'approvisionnement»: «500 000 doses arrivent cette semaine, 500 000 la semaine prochaine et 500 000 la suivante».

«C'est bien qu'on n'aille pas plus vite» dans un premier temps car cela «donne le temps de faire les choses bien en termes de sécurité, d'efficacité, d'organisation et d'éthique avec le consentement», avait déjà fait valoir lundi soir sur Europe 1 le Pr Alain Fischer, le «monsieur vaccin» nommé par le gouvernement.


Les députés approuvent la mise en place d'une taxe de deux euros pour les «petits colis»

L'Assemblée nationale a approuvé mercredi la mise en place d'une taxe de deux euros ciblant les "petits colis" d'une valeur inférieure à 150 euros d'origine extra-européenne, qui servira à financer les dispositifs pour contrôler ces produits. (AFP)
L'Assemblée nationale a approuvé mercredi la mise en place d'une taxe de deux euros ciblant les "petits colis" d'une valeur inférieure à 150 euros d'origine extra-européenne, qui servira à financer les dispositifs pour contrôler ces produits. (AFP)
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  • La mesure a suscité de vifs débats, le Rassemblement national dénonçant une "taxe sur la consommation populaire et les classes moyennes"
  • Ces discussions interviennent alors que la plateforme de commerce en ligne d'origine chinoise Shein est sous le feu des critiques, accusée de vendre de nombreux produits non conformes et illicites

PARIS: L'Assemblée nationale a approuvé mercredi la mise en place d'une taxe de deux euros ciblant les "petits colis" d'une valeur inférieure à 150 euros d'origine extra-européenne, qui servira à financer les dispositifs pour contrôler ces produits.

208 députés contre 87 ont approuvé cette mesure proposée par le gouvernement dans le cadre de l'examen en première lecture du budget de l'Etat. Le RN a voté contre, la gauche, la coalition gouvernementale et le groupe ciottiste UDR, allié de Marine Le Pen, pour.

La mesure a suscité de vifs débats, le Rassemblement national dénonçant une "taxe sur la consommation populaire et les classes moyennes", quand la ministre Amélie de Montchalin (Comptes publics) a défendu une "redevance" destinée à contrôler des produits souvent "dangereux".

Ces discussions interviennent alors que la plateforme de commerce en ligne d'origine chinoise Shein est sous le feu des critiques, accusée de vendre de nombreux produits non conformes et illicites.

"Ce n'est pas une taxe pour empêcher la concurrence déloyale chinoise, c'est une taxe sur la consommation populaire et les classes moyennes", a dénoncé le député Jean-Philippe Tanguy (RN).

"Faire croire aux Français qu'en taxant les petits colis, vous arriverez à augmenter de manière spectaculaire le nombre de contrôles, c'est se moquer du monde", a renchéri la présidente du groupe, Marine Le Pen, soulignant que "l'année dernière, 0,125 % de colis ont été vérifiés".

La France insoumise s'est également dite soucieuse des répercussions de la taxe sur les consommateurs, exigeant pour les protéger que les plateformes soient taxées directement et non les colis, et menaçant de voter contre la mesure.

Le gouvernement a déposé un amendement destiné à répondre à cette préoccupation, permettant que la taxe soit payée via "le tuyau de la TVA", qui est "alimenté par les plateformes". Cela a convaincu LFI de soutenir la proposition gouvernementale.

La taxe devrait rapporter environ 500 millions d'euros, destinés selon Mme de Montchalin à financer l'achat de scanners pour contrôler les colis et embaucher des douaniers.

Elle s'est félicitée que la France mette en oeuvre la taxe "dès le 1er janvier", comme la Belgique, les Pays-Bas, le Luxembourg, neuf mois plus tôt que les autres pays de l'UE.

"Ceux qui ce soir ne voteront pas cette taxe (...) n'ont pas choisi la France, ils n'ont pas choisi nos commerçants, ils auront choisi la Chine et sa submersion", a-t-elle tonné.

Elle a par ailleurs rappelé que les ministres des Finances de l'Union européenne se sont accordés la semaine dernière pour supprimer l'exonération de droits de douane dont bénéficient ces petits colis.

Juste avant minuit, les députés ont en revanche supprimé un autre article du projet de loi, visant à fiscaliser l'ensemble des produits à fumer, avec ou sans tabac ou nicotine.

"Nous sommes 700. 000 personnes à avoir réussi à arrêter de fumer grâce à la cigarette électronique", une alternative efficace pour "sauver des vies" qui est "bien moins dangereuse que la cigarette", a argumenté le député Renaissance Pierre Cazeneuve. Parmi elles, de nombreux députés, dont lui-même.


Macron fustige les «bourgeois des centres-villes» qui financent «parfois» le narcotrafic

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  • Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international"
  • La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic

PARIS: Le président Emmanuel Macron a estimé mercredi lors du Conseil des ministres que ce sont "parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants", selon des propos rapportés par la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon lors de son compte-rendu.

Le chef de l'État a appuyé "l'importance d'une politique de prévention et de sensibilisation puisque, je reprends ses mots, +c'est parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants+", a précisé Maud Bregeon, ajoutant: "on ne peut pas déplorer d'un côté les morts et de l'autre continuer à consommer le soir en rentrant du travail".

Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international". La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic.

 


Amiante dans les écoles: plus de 50 personnes et sept syndicats portent plainte à Marseille

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
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  • "La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu
  • Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent"

MARSEILLE: Ils sont parents d'élèves, enseignants, agents municipaux: une cinquantaine de personnes, toutes exposées à l'amiante dans des écoles des Bouches-du-Rhône, vont déposer mercredi à Marseille une plainte contre X pour "mise en danger délibérée de la vie d'autrui".

Sept syndicats et trois associations de victimes de l'amiante sont aussi plaignants dans ce dossier, qui concerne 12 établissements scolaires, la plupart à Marseille.

"La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu, qui représente ces plaignants d'une douzaine d'établissements scolaires et dont la plainte va être déposée à 14h.

Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent".

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire.

"Une collègue est décédée en avril 2024 des suites d’un cancer lié à l’amiante, reconnu comme maladie professionnelle", a expliqué dans un dossier de presse le collectif stop amiante éducation, dans lequel sont réunis les syndicats et associations plaignants.

Le collectif dénonce "de nombreuses défaillances", notamment une absence d'information sur l'amiante, malgré les obligations réglementaires, ou encore une absence de protection pendant les travaux.

En mars, les syndicats enseignants avaient révélé que plus de 80% des bâtiments scolaires en France étaient potentiellement concernés par la présence d'amiante.

Un rapport du Haut Conseil de la Santé Publique publié en 2014, prévoit que d’ici 2050, 50.000 à 75.000 décès par cancer du poumon dus à l’amiante aient lieu, auxquels s’ajoutent jusqu'à 25.000 décès par mésothéliome (un autre type de cancer).