En pleine expansion en 2023, la mode saoudienne participe à la diversification économique du Royaume

Un mannequin présente une création de la créatrice saoudienne Honayda Serafi lors de la Fashion Week de Riyad dans le quartier financier du roi Abdallah (KAFD), dans la capitale Riyad, le 22 octobre 2023. (AFP)
Un mannequin présente une création de la créatrice saoudienne Honayda Serafi lors de la Fashion Week de Riyad dans le quartier financier du roi Abdallah (KAFD), dans la capitale Riyad, le 22 octobre 2023. (AFP)
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Publié le Samedi 30 décembre 2023

En pleine expansion en 2023, la mode saoudienne participe à la diversification économique du Royaume

  • En octobre 2023, la Riyad fashion Week a collaboré avec Snapchat pour présenter les pièces de cinq créateurs saoudiens dans le cadre de l’exposition Tasawar
  • «Le rêve de mon père devient réalité avec la première Fashion Week de Riyad», avait confié à Arab News Abdallah Akbar, le fils du créateur Adnan Akbar, considéré comme le premier créateur de mode d’Arabie saoudite

L’année 2023 fut indéniablement faste pour les créateurs de mode saoudiens. Soutenus par la Vision 2023 dont les plans de réforme et les ambitions de diversification touchent tous les secteurs de l’économie, jeunes espoirs et talents confirmés se sentent pris au sérieux et donnent tout ce qu’ils ont pour faire briller Riyad sur les podiums du monde. 

Parmi les initiatives lancées par le ministère de la Culture, via la Commission saoudienne de la mode, figure la toute première Semaine de la mode de Riyad, organisée du 20 au 23 octobre 2023. L'objectif est de «figurer parmi les semaines de la mode les plus populaires dans le monde», avait indiqué à Arab News, la veille de l’événement, le PDG de la Saudi Fashion Commission, Burak Cakmak. En tête des outils créés par la Commission de la mode pour aider les jeunes créateurs figure également l'initiative «100 marques saoudiennes», créée en 2021 pour offrir aux designers saoudiens débutants, conseils et ressources en vue de lancer leur carrière à l'international. 

Depuis qu’ont été levées certaines lois restrictives, comme l’obligation pour les femmes de se couvrir la tête, de nombreux événements prestigieux ont pu avoir lieu, comme le premier défilé de mode de Dolce & Gabbana à AlUla, ainsi que des présentations de haute joaillerie, notamment par Chaumet et Van Cleef & Arpels. 

Snapchat, déserts de dunes et streetwear

En octobre 2023, la Riyad fashion Week a collaboré avec Snapchat pour présenter les pièces de cinq créateurs saoudiens dans le cadre de l’exposition Tasawar, tenue parallèlement à la semaine de la mode dans le quartier financier du roi Abdallah. Cette exposition utilisait la réalité augmentée pour relier les espaces physique et numérique. Les marques saoudiennes présentées à cet événement étaient Aram Designs, Atelier Hekayat, Hindamme, Kaf by Kaf et Abadia. Chacune avait choisi une projection différente, en réalité augmentée, pour illustrer la thématique de ses pièces et déployer un contexte, le plus souvent historique et traditionnel, pour la présentation de ses créations.

Lors de cette semaine de la mode, le grand public a notamment pu découvrir les silhouettes structurées emblématiques de Tima Abid qui s’inspirent des paysages naturels du Royaume: ses déserts de dunes, ses oasis luxuriantes et ses terres montagneuses.

Certaines des mannequins portaient le batoola, un masque de métal traditionnellement porté par les femmes musulmanes arabes. La créatrice de haute couture Tima Abid, née à Djeddah a créé sa marque il y a près de vingt ans. Elle a depuis réalisé des robes pour de nombreuses personnalités, notamment la robe de mariée de la chanteuse émiratie et yéménite Balqees Fathi. En 2020, elle avait présenté sa collection en marge de la Fashion Week de Paris.

Le streetwear n’était pas en reste lors de cet événement qui présentait au monde la crème de la crème de la créativité et du style saoudien. Mazrood, la marque de vêtements décontractés du créateur saoudien Saoud Alajaji, s’était offert une incursion dans les vêtements de soirée chahutés par l'esthétique streetwear emblématique de cette marque unisexe. Mazrood avait démarré en force avec des blazers surdimensionnés, des chemises associées à des shorts, des pantalons moulants et des doudounes – accessoirisés de pochettes flashy et fluo.

Adnan Akbar et Mohamed Ashi, deux pionniers à 50 ans de distance

«Le rêve de mon père devient réalité avec la première Fashion Week de Riyad», avait confié à Arab News Abdallah Akbar, le fils du créateur Adnan Akbar, considéré comme le premier créateur de mode d’Arabie saoudite. Ce dernier avait fondé la première maison de couture du Royaume à son retour de France en 1970. Souvent décrit par les médias comme «le Saint Laurent du Moyen-Orient», il a étudié la broderie au Liban et au Pakistan avant d’obtenir un contrat de licence pour les tissus de luxe brodés avec l’entreprise textile française Bianchini-Férier. En 1989, il lançait une collection de prêt-à-porter aux États-Unis.

Le génial Mohammed Ashi, en quelque sorte chef de file de la jeune scène de la mode saoudienne puisqu’il en est depuis plus de dix ans une référence internationale, a été le premier Saoudien à présenter sa collection lors de la semaine parisienne de la haute couture, en juillet 2023. Sous son label Ashi Studio, le créateur a habillé entre autres célébrités Kylie Minogue et Beyoncé. Dans la foulée, en septembre 2023, une centaine de marques saoudiennes ont débarqué à Milan pour présenter leurs créations dans le cadre de White Milano, l'un des événements les plus attendus de la Semaine de la mode milanaise. La scène de la mode saoudienne était en outre représentée à la fashion week de New York.

Phénomène relativement récent, l'essor des créateurs de mode saoudiens a été accéléré par une multitude d'initiatives parrainées par le gouvernement, notamment la Commission de la mode du ministère de la Culture, créée en 2020 pour diriger l'expansion du secteur. La mode saoudienne est apparue comme un important moteur de la croissance et de la diversification économiques, conformément au programme de réformes Vision 2030 du prince héritier, Mohammed ben Salmane, lancé en 2016 pour permettre au Royaume de sortir son pays de la dépendance aux hydrocarbures. 

 

(Avec Arab News)


L'Arabie saoudite condamne les actions d'Israël à Gaza devant la CIJ

 Le représentant du Royaume, Mohamed Saud Alnasser, s'exprime devant la Cour. (Capture d'écran)
Le représentant du Royaume, Mohamed Saud Alnasser, s'exprime devant la Cour. (Capture d'écran)
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  • Tel-Aviv "continue d'ignorer" les décisions de la Cour internationale de justice, déclare le représentant du Royaume
  • M. Alnasser a ajouté qu'"Israël a transformé Gaza en un tas de décombres", soulignant la dévastation généralisée et les souffrances infligées aux civils.

DUBAI : L'Arabie saoudite a condamné mardi devant la Cour internationale de justice la campagne militaire israélienne en cours à Gaza, l'accusant de défier les décisions internationales et de commettre de graves violations des droits de l'homme.

S'exprimant devant la Cour, le représentant du Royaume, Mohamed Saud Alnasser, a déclaré qu'Israël "continue d'ignorer les ordres de la Cour" et a insisté sur le fait que "rien ne justifie les violations commises par Israël à Gaza".

M. Alnasser a ajouté qu'"Israël a transformé Gaza en un tas de décombres", soulignant la dévastation généralisée et les souffrances infligées aux civils.

Ses remarques ont été formulées au deuxième jour des audiences de la CIJ sur les obligations humanitaires d'Israël à l'égard des Palestiniens, qui se déroulent dans le cadre d'un blocus israélien total de l'aide à la bande de Gaza, qui dure depuis plus de 50 jours.

Ces audiences s'inscrivent dans le cadre d'efforts plus larges visant à déterminer si Israël a respecté les responsabilités juridiques internationales dans sa conduite lors de la guerre contre Gaza.

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com


Syrie: neuf morts dans des affrontements entre forces de sécurité et combattants druzes près de Damas

Mardi matin, quelques commerces ont ouvert leurs portes mais les rues de Jaramana, au sud-est de Damas, à majorité druze mais compte également des familles chrétiennes, étaient quasiment désertes, ont rapporté des habitants. (AFP)
Mardi matin, quelques commerces ont ouvert leurs portes mais les rues de Jaramana, au sud-est de Damas, à majorité druze mais compte également des familles chrétiennes, étaient quasiment désertes, ont rapporté des habitants. (AFP)
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  • Dans un communiqué, les autorités religieuses druzes locales ont "vivement dénoncé l'attaque armée injustifiée contre Jaramana (...) qui a visé les civils innocents", faisant assumer aux autorités syriennes "l'entière responsabilité "
  • "La protection de la vie, de la dignité et des biens des citoyens est l'une des responsabilités les plus fondamentales de l'Etat et des organismes de sécurité", a ajouté le communiqué

DAMAS: Neuf personnes ont été tuées dans des affrontements entre les forces de sécurité syriennes et des combattants de la minorité druze à Jaramana, dans la banlieue de Damas, sur fond de tension confessionnelle, selon un nouveau bilan mardi d'une ONG.

Ces violences interviennent un mois après des massacres qui ont visé la minorité alaouite, faisant des centaines de morts, dans le pays où la coalition islamiste qui a pris le pouvoir en décembre est scrutée par la communauté internationale.

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), "les forces de sécurité ont lancé un assaut" contre la banlieue à majorité druze de Jaramana, après la publication sur les réseaux sociaux d'un message vocal attribué à un druze et jugé blasphématoire envers l'islam.

L'OSDH, basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un solide réseau de sources en Syrie, a précisé que six combattants locaux de Jaramana et trois "assaillants" avaient été tués.

Plusieurs habitants de Jaramana joints au téléphone par l'AFP ont indiqué avoir entendu des échanges de tirs dans la nuit.

"Nous ne savons pas ce qui se passe, nous avons peur que Jaramana devienne un théâtre de guerre", a affirmé Riham Waqaf, une employée d'une ONG terrée à la maison avec son mari et ses enfants.

"On devait emmener ma mère à l'hôpital pour un traitement, mais nous n'avons pas pu" sortir, a ajouté cette femme de 33 ans.

Des combattants locaux se sont déployés dans les rues et aux entrées de la localité, demandant aux habitants de rester chez eux, a dit à l'AFP l'un de ces hommes armés, Jamal, qui n'a pas donné son nom de famille.

"Jaramana n'a rien connu de tel depuis des années". La ville est d'habitude bondée, mais elle est morte aujourd'hui, tout le monde est à la maison", a-t-il ajouté.

Mardi matin, quelques commerces ont ouvert leurs portes mais les rues de Jaramana, au sud-est de Damas, à majorité druze mais compte également des familles chrétiennes, étaient quasiment désertes, ont rapporté des habitants.

 "Respecter l'ordre public" 

Dans un communiqué, les autorités religieuses druzes locales ont "vivement dénoncé l'attaque armée injustifiée contre Jaramana (...) qui a visé les civils innocents", faisant assumer aux autorités syriennes "l'entière responsabilité de ce qui s'est produit et de toute aggravation de la situation".

"La protection de la vie, de la dignité et des biens des citoyens est l'une des responsabilités les plus fondamentales de l'Etat et des organismes de sécurité", a ajouté le communiqué.

Il a dénoncé dans le même temps "toute atteinte au prophète Mahomet" et assuré que le message vocal était fabriqué "pour provoquer la sédition".

Le ministère de l'Intérieur a souligné mardi "l'importance de respecter l'ordre public et de ne pas se laisser entraîner dans des actions qui perturberaient l'ordre public".

Il a ajouté qu'il enquêtait sur le message "blasphématoire à l'égard du prophète" Mahomet pour identifier l'auteur et le traduire en justice.

Les druzes, une minorité ésotérique issue de l'islam, sont répartis notamment entre le Liban, la Syrie et Israël.

Dès la chute du pouvoir de Bachar al-Assad le 8 décembre en Syrie, après plus de 13 ans de guerre civile, Israël multiplié les gestes d'ouverture envers cette communauté.

Début mars, à la suite d'escarmouches à Jaramana, Israël avait menacé d'une intervention militaire si les nouvelles autorités syriennes s'en prenaient aux druzes.

Ces propos ont été immédiatement rejetés par les dignitaires druzes, qui ont réaffirmé leur attachement à l'unité de la Syrie. Leurs représentants sont en négociation avec le pouvoir central à Damas pour parvenir à un accord qui permettrait l'intégration de leurs groupes armés dans la future armée nationale.

Depuis que la coalition islamiste dirigée par Ahmad al-Chareh, qui a été proclamé président intérimaire, a pris le pouvoir, la communauté internationale multiplie les appels à protéger les minorités.

Début mars, les régions du littoral dans l'ouest de la Syrie ont été le théâtre de massacres qui ont fait plus de 1.700 tués civils, en grande majorité des alaouites, selon l'OSDH.


Gaza 2025: 15 journalistes tués, selon le Syndicat des journalistes palestiniens

 Les violences contre les journalistes interviennent dans le cadre d'une nouvelle campagne militaire israélienne à Gaza, à la suite de l'échec d'un accord de cessez-le-feu avec le Hamas. (AFP)
Les violences contre les journalistes interviennent dans le cadre d'une nouvelle campagne militaire israélienne à Gaza, à la suite de l'échec d'un accord de cessez-le-feu avec le Hamas. (AFP)
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  • Le dernier rapport du syndicat fait état d'une augmentation des arrestations, des menaces et du harcèlement des journalistes par les Israéliens
  • Le syndicat a également enregistré 49 menaces de mort proférées à l'encontre de journalistes

LONDRES: Au moins 15 professionnels des médias ont été tués à Gaza depuis le début de l'année 2025, selon un nouveau rapport publié par le Syndicat des journalistes palestiniens.

Le rapport, publié ce week-end par le comité des libertés du syndicat chargé de surveiller les violations commises par Israël à l’encontre des journalistes, souligne la persistance du ciblage direct des professionnels des médias.

Sept journalistes ont été tués en janvier et huit en mars, selon le rapport.

Par ailleurs, les familles de 17 journalistes ont été endeuillées, tandis que les habitations de 12 autres ont été détruites par des tirs de roquettes et d’obus. De plus, 11 personnes ont été blessées au cours de ces attaques.

Le rapport note que la violence à l'encontre des équipes de journalistes ne se limite pas aux attaques mortelles. Il fait état de l'arrestation de 15 journalistes, à leur domicile ou alors qu'ils étaient en mission. Certains ont été libérés quelques heures ou quelques jours plus tard, tandis que d'autres sont toujours en détention.

Le syndicat a également enregistré 49 menaces de mort proférées à l'encontre de journalistes, dont beaucoup ont été avertis d'évacuer les zones qu'ils couvraient.

Le rapport relève également une intensification du harcèlement judiciaire, avec plus d’une dizaine de cas où des journalistes – en majorité issus du quotidien Al-Quds, basé en Cisjordanie – ont été convoqués pour interrogatoire et se sont vu interdire de couvrir des événements aux abords de la mosquée Al-Aqsa et dans la vieille ville de Jérusalem.

En Cisjordanie occupée, environ 117 journalistes ont été victimes d'agressions physiques, de répression ou d'interdictions de reportage, en particulier à Jénine et à Jérusalem. La commission a également recensé 16 cas de confiscation ou de destruction de matériel de travail.

Les violences à l'encontre des journalistes surviennent dans le cadre d'une nouvelle campagne militaire israélienne à Gaza, à la suite de l'échec d'un accord de cessez-le-feu avec le Hamas. Les forces israéliennes ont intensifié leur offensive, coupant les approvisionnements vitaux des 2,3 millions d'habitants de Gaza, laissant l'enclave au bord de la famine.

Les actions d'Israël font désormais l'objet d'audiences à la Cour internationale de justice de La Haye, où Tel-Aviv est accusé de violer le droit international en restreignant l'aide humanitaire à Gaza.

Le bilan humanitaire est catastrophique.

Selon le ministère de la santé de Gaza, plus de 61 700 personnes ont été tuées à Gaza depuis qu'Israël a lancé son offensive le 7 octobre 2023. Plus de 14 000 autres sont portées disparues et présumées mortes, les civils constituant la grande majorité des victimes.

Le Comité pour la protection des journalistes, organisme de surveillance de la liberté de la presse basé à Washington, a également lancé un signal d’alarme face au nombre élevé de journalistes tués, indiquant qu’au moins 176 d’entre eux – en grande majorité des Palestiniens – ont perdu la vie depuis le début de l’offensive israélienne sur les territoires occupés.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com